lundi 25 janvier 2010

Les jeux vidéos et l'Afrique - Le grand oublié du jeu vidéo.

Depuis leur création, les jeux vidéos puisent dans les thèmes venant de légendes occidentales ou asiatiques pour nous transporter dans des mondes merveilleux mais il y a un continent qui est quasiment absent des inspirations scénaristiques : l'afrique. Quels en sont les raisons ?

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Pourquoi une sous représentation de l'Afrique? 

Cette sous représentation peut être expliqué en plusieurs points 

1 : Un marché du jeu vidéo proche du néant. 
Le jeu vidéo pour les africains est souvent un pur fantasme sauf dans les pays les plus développé comme l'Afrique du Sud. Nombre de pays peinent souvent a avoir l'électricité (Seulement 23% de l'Afrique Subsaharienne en ont , selon une étude de l'Agence Internationale de l'Energie , datant de 2007 ) , alors posséder une console ou même un ordinateur relève d'un signe de richesse dans ce continent. L'Europe et l'Asie sont des marchés très forts donc puisez dans leurs histoires et légendes peut permettre de toucher un assez grand public dans ces territoires, chose impossible en Afrique. 

2 : Pas de studio de développements. 
Souvent pour mettre en chantier un jeu puisant dans les histoires et les légendes , rien ne vaut que de le faire soi même, mais malheureusement l'Afrique n'est pas une terre de haute technologie et monter un studio de développement relève de l'utopie compte tenu des coûts que cela occasionne pour un continent qui souffre énormément de la pauvreté. Il y a bien le studio Ubisoft Casablanca mais il n'est pas indépendant et est surtout utilisé pour des portages et des jeux de moindres importances. 

3 : Une culture trop méconnu des occidentaux et des asiatiques. 
Alors si la solution locale n'a pas de possibilité , pourquoi ne pas imaginer qu'un gros studio occidental ou asiatique puisse se lancer dans un projet exploitant ces thématiques là? Je ne le crois pas et je pense qu'il y a une grande méconnaissance de ses cultures dans les pays industrialisés ; pour l'Amerique du Sud on pourrait citer les aztèques,les maya ou les incas ; en Asie on pourrait parler des samurai et des légendes contés dans un jeu comme Okami , pour l'Europe il y a la mythologie grecques , les mythes nordiques (les Vikings par exemple) ou même la seconde guerre mondiale qui se déroule souvent , en grande partie dans les jeux , en Europe. Mais je remarque que ,concernant l'Afrique , il n'y a pas un mythe ou une légende assez universelle pour qu'un gros studio mise dessus et fasse un jeu. 

Quelques suggestions pour que l'Afrique ait sa place dans le jeu vidéo. 

Néanmoins il y a des possibilités pour que , dans le futur peut être , l'Afrique puisse avoir un peu de place dans le jeu vidéo. 

1 : Les plateformes de téléchargement. 
A l'heure actuelle , et sans doute pendant de longues années , il y a peu de chance pour qu'un studio africain se lance dans un énorme projet mais , par contre pourquoi ne pas imaginer qu'un studio sud-africain se développe et fasse des jeux pour le xbox live , le PSN ou , voir même , Steam. Ce serait une excellente façon pour que le continent ait sa place dans les jeux vidéo et puisse , peut être , développer des jeux puisant ses sources dans la culture et les mythes africains. 

2 : Valorisation des créateurs. 
Une autre possibilité existe : la valorisation des créateurs africains dans les grands studios occidentaux. Il y a des grandes chances pour que certains studios aient , dans leurs effectifs , des employés d'origine africaine qu'ils débauchent pour leur compétence. Alors peut être pourrions nous voir , dans le futur , un créateur d'origine africaine a qui on donnerait la possibilité de développer son jeu avec sa vision et nous aurions la chance d'avoir un jeu puisant dans la culture africaine. Après tout l'Asie a énormément de créateur reconnu (Miyamoto , Kojima) , tout comme les Anglo-Saxons (Peter Molyneux , Will Wright) , sans oublier les francais (Michel Ancel,Eric Chahi) , alors pourquoi ne pas voir une tête pensante émerger et imposer ses idées pour un jeu. 

Quelques idées de jeux a développer 

En réfléchissant bien , développer un jeu autour de mythe et légende africaine avec un gameplay actuel est fort possible. Voici deux exemples : 

-Un point and click 
Ce serait , je pense , le genre de jeu par excellence qui siérait bien a cette thématique. On pourrait même envisager , par exemple , un volet des aventures de George Stobbart (les chevaliers de Baphomet) qui aurait comme trame des légendes africaines pour inciter a approfondir le sujet. De plus , généralement , les point and click ne sont pas vraiment coûteux donc un petit studio pourrait tenter le coup. 

-Un jeu dans la veine d'Okami. 
Voila l'autre idée qui serait intéressante a développer : imaginez une grande fresque poétique prenant place dans la savane au lieu des grandes plaines japonaises où on incarnerait un animal issu des légendes africaines et devant sauver le monde d'un grand danger. Ne serait ce pas un magnifique hommage a toute cette grande culture , à la hauteur de l'hommage aux mythes japonais que rend Okami? 

Conclusion 

Espérer que le jeu vidéo s'inspire de certaines thématiques , se rapportant a l'Afrique , dans un proche avenir , est encore un doux rêve ; mais sait on jamais dans un futur un peu plus lointain (5 à 10 ans) peut être verrons nous un studio sud africain qui pourrait tenter de développer des jeux grâce a l'expansion des plateformes de téléchargement. Et puis un créatif africain pourrait émerger et , peut être , donner un élan de créativité en ce sens la. Le cinéma a déjà évoqué la culture et les mythes africains dans certaines oeuvres comme "Kirikou et la sorcière" donc le jeu vidéo pourrait très bien se lancer dans cette thématique a son tour.

Source de l'article Gameblog

mardi 12 janvier 2010

A token of respect


Bakkar, a special 15-minute Ramadan cartoon, is entering its second year on TV. Will its indigenous hero win the popularity sweepstakes? Yes, believe the 52 animation and computer graphics experts who have been working since last Ramadan to produce this season's Bakkar. "It's taken us a year to complete 20 episodes," says director Mona Abul-Nasr.

BakkarBakkar's production team are proud of the cartoon. Abul-Nasr explains that this is the first time children can watch a wholly Egyptian cartoon on TV, as opposed to imported, dubbed products like Tom and Jerry or Donald Duck.

Not only is Bakkar Egyptian, in fact, he is from Upper Egypt: "Bakkar comes from the south, from the beautiful city of Aswan. He links people in urban areas with those from the south," Abul-Nasr notes. "We wanted to show an Egyptian environment, and stay away from western forms," she explains. Bakkar, in fact, seems to have transcended not only geographical expanses, but also cultural barriers and political boundaries. The series received a warm welcome at cultural festivals in the United Arab Emirates and Tunisia.

Most of Bakkar's adventures take place in the Pharaonic temples or the mud huts of his small village. The second year sees the little boy and his friends dealing with often complex issues that encourage children to think about the world around them. For instance, in one episode, Habiba, a blind girl, saves her schoolmates from a great danger. The importance of literacy, and the need to eliminate the vendettas endemic to Upper Egypt, are other lessons children can learn. But the approach is rarely demagogic or heavy-handed.

Abul-Nasr herself is pleased that the cartoon is consistent with government policies on Upper Egypt. "Bakkar, as a child from the south, is in line with the national goal of paying more attention to Upper Egypt," she explains. "The show reflects the depth and authenticity of that region. Bakkar represents one aspect of a common Egyptian identity, she adds -- even if this particular aspect has been long neglected.

Perhaps the show's popularity is also due to Abul-Nasr's insistence that colloquial Egyptian Arabic, interspersed with some Nubian words, be used throughout. Besides downplaying the differences between the children of the country's biggest cities and those of the rural south, this decision has been a refreshing change for many children alienated by the consistent use of classical Arabic in the dubbed (western) cartoons that are such a staple of Egyptian children's TV.

Those used to Tom and Jerry's antics, however, may be lulled into a stupor by the pace of the Bakkar series. Abul-Nasr argues that, while western cartoons are based on action, "here the idea itself imposes its own rhythm. Bakkar is a Nubian child who loves drawing and lives in a village." She admits, however, that financing -- or, more precisely, the lack thereof -- does have something to do with the characters' laid-back attitude and somewhat lethargic movements: "We have a limited budget compared to western countries."

Cairo Cartoon is the production company established 10 years ago by Abul-Nasr to produce cartoons for children. She and her team have produced three series so far: Kani and Mani, Sindbad, and Bakkar. Cairo Cartoon receives financial support from the Radio and Television Union, but Abul-Nasr has her "own way of supervising the work, which cannot be applied at the Television Cartoon Section because of bureaucratic procedures," she says. "We work about twenty hours a day in order to meet deadlines," agrees one animator, busy putting the final touches on her sketches.

Abul-Nasr's company produces about four hours of cartoons a year -- not much, but not bad, either, considering that TV production is approximately the same. Hassan Nour, a young animator who works on Bakkar, blames the Television Union for not increasing production by hiring more talented young graduates. "Most of my colleagues in graphics work as teachers, because they can't find work as animators," he explains. With the involvement of businessmen in cinema, however, Abul-Nasr hopes animation will take off too. She now hopes to get funding for a feature-length cartoon.

Not everyone loves Bakkar, of course. Some argue it is unsophisticated, others that it is unauthentic. Bakkar is not tailored for a specific age category, Abul-Nasr says; "I think children of all ages will enjoy watching the series." Hala El-Sharouni, a writer of children's books, disagrees: "I expected it would deal with more sophisticated issues such as outer space, the ozone layer, or computer technology, not just adventures," she remarks.

Idris Ali, a Nubian novelist whose novel Dunqula was recently translated into English, also criticises Bakkar's adventures, which "have nothing to do with reality: Upper Egypt is not full of armed gangs," he scoffs. The Nubian lifestyle, according to Ali, is completely different. He also disapproves of the accent used by the Nubian characters. "Bakkar uses very few Nubian terms. How can children believe that he comes from Upper Egypt?" he wonders. Scriptwriter Amr Samir, on the other hand, argues that if he uses more Nubian terms, the children will not understand.

The children, at any rate, are not complaining. "I like Bakkar because he always does good things. He always beats the bad guys. I also like his Nubian accent, because it is different," says 10-year-old Mennatallah Hossam. "The problem is that it always comes on at 5.00pm, which is when we sit down to Iftar. Also, the episodes are very short. I would like to watch cartoons like Bakkar all year, not just during Ramadan," she adds.

Amir Ragi, 12, likes the idea that the events take place outside Cairo. "Sometimes, while watching Bakkar, I hear strange Pharaonic names. I ask my grandpa who or what they are, or look up the information in a book or encyclopaedia," he says. "I would like to watch more Egyptian cartoons like Bakkar, because I don't like most of the western cartoons."

By Rania Khallaf - Published in AL-AHRAM

vendredi 8 janvier 2010

Rencontre avec Gihèn Ben Mahmoud (Tunisie)

La bande dessinée tunisienne est un peu aux abonnés absents depuis quelques années. Rares sont les auteurs à avoir été publiés dans le pays ou à l’étranger, à l’exception de Sabri Kasbri qui fait carrière en Belgique.

 La tentative de l’éditeur Apollonia de monter une collection spécialisée en BD a fait long feu et a du s’arrêter en 2003 après une dizaine de titres. L’irruption de Gihèn Ben Mahmoud avec son premier album « La Revanche du phénix », dans ce petit monde fut donc une surprise en 2008. Seule femme ou presque de la BD maghrébine, Gihèn est consciente du chemin qui reste à parcourir. Rencontre avec un(e) auteur(e), impressionnante par sa volonté de réussir envers et contre tout dans un milieu traditionnellement peu ouvert aux femmes.

Entretien avec Christophe Cassiau-Haurie, Alger le 17 octobre 2009.

Comment avez-vous commencé dans la profession ?

J’ai commencé avec Apollonia, maison d’édition tunisienne pour laquelle, j’avais monté un projet. Je ne connaissais rien du monde de la BD. J’avais 18-19 ans, c’était en 2000, je venais d’avoir mon bac, je les ai vus à la télévision, donc je les ai contactés. Je savais dessiner et j’étais portée sur les métiers du secteur artistique en général, et le cinéma en particulier. Je faisais du dessin depuis toujours et j’écrivais, donc le dessin en fonction du récit : cela donnait tout simplement de la BD.

Qu’est devenu ce projet ?

Il n’a pas abouti sous forme de BD pour différentes raisons qui me dépassent. C’est devenu un film. J’avais cependant plein de matériaux inexploités, de la documentation et quelques planches. J’ai décidé de les utiliser, d’en faire une autre histoire. La mienne… J’ai mis 5-6 ans pour sortir la BD. Je travaillais en parallèle comme infographiste dans une boîte de communication et étudiais à la Fac pour devenir traductrice – interprète. Maintenant je travaille aussi sur un autre projet : Le Rêve Oriental, une histoire de pharaons en style réaliste, avec des aventures entre thriller et fantastique. J’ai mis du temps à l’écrire. En faite je suis en train de proposer ça pour le marché franco-belge. Pour plus de détail c’est disponible en aperçu sur mon blog (http://gihenbenmahmoud.blogspot.com).


Vous aviez donc une histoire complète sous la main dans votre première BD?

Non, non, j’ai tout recommencé, dessins et scénario. C’est la raison pour laquelle elle n’est sortie qu’en 2008. Je voulais parler des pays de la Méditerranée, situer l’action dans ce contexte. Le travail le plus délicat s’est situé en amont quand il s’est agi de construire les personnages, leur donner une identité. Mais je trouve que c’est la part la plus surprenante et amusante. Voir ses propres créatures prendre vie ! J’ai terminé le travail au début de 2007, après avoir enfin trouvé un éditeur qui a finalement cru en moi : MC éditions. On s’était déjà rencontré quelques temps auparavant quand je voulais publier un roman, « La Vallée des Vignes ». Je n’ai pas abandonné l’idée, mais là aussi il y a beaucoup de travail à faire. Je suis en effet intéressé par tous les aspects de la littérature et de l’art !

Quel en a été le résultat ?

L’album a été tiré à 2000 exemplaires et vendu à 10 €. Un an après, on en a vendu un peu plus d’1/4. Mais il n’était diffusé qu’en Tunisie, uniquement. C’était un album expérimental, conçu pour me présenter et pour « tester » le milieu. Cela m’a permis de me rendre compte qu’il fallait que je travaille encore beaucoup, pour apprendre et progresser. C’est la raison pour laquelle, j’ai commencé depuis une école de la BD, à Milan, ville où je vis pour le moment. Je suis actuellement dans la dernière des trois années de formation. Mais on ne vit pas de la BD, je suis donc traductrice-interprète de profession. Et j’attends impatiemment de faire l’artiste à plein temps !! (rires)


Quels sont vos projets dans le domaine ?


Je travaille toujours sur Le Rêve oriental. Celui-ci a été présenté sous forme d’exposition au Festival International de BD d’Alger. Et puis le tome 2 de « La revanche du phénix » est en cours d’élaboration, toujours pour MC éditions à Tunis. Pour ce qui est du Rêve oriental (Tome I) , je le propose aux éditeurs franco-belges. L’histoire est située parallèlement à Milan dans ces dernières années, et dans le monde des morts de l’ancienne Égypte. Les personnages sont tous des étrangers à part l’héroïne… Mais avec cet album, mon regard a complètement changé, l’approche a évolué. Je suis plus critique sur mon style. Plus sévère. Je fais très attention à la technique, à la narration, au contenu et au graphisme. Il faut se remettre en question, en particulier en matière de découpage. Dans le premier tome de « Passion Rouge » ( « La Revanche du Phénix »), j’ai fait preuve de naïveté, malgré ma bonne volonté, en particulier pour rentrer dans les scènes spectaculaires. Je n’avais pas assez de technique, j’étais limitée graphiquement. Et puis maintenant, je travaille beaucoup plus sur la couleur, le détail. Tout en maintenant la fraicheur des traits, la vivacité des couleurs et la spontanéité de l’ambiance.

Quelles étaient vos ambitions avec ces titres ?

Pouvoir publier une image différente de « nous », les femmes arabes souvent mal comprises, ou mal interprétée. Donner un exemple aussi. On a si peu de références en matière d’héroïnes BD. Pour moi, l’image de la femme est très importante. Dans mes histoires, beaucoup de mes personnages sont des femmes, qu’elles soient principales ou secondaires. Mes héroïnes ne sont d’ailleurs pas typées. J’adore dessiner ces femmes belles, affranchies, fortes et fragile à la fois mais aussi battantes et modernes, qui obtiennent ce qu’elles veulent et qui s’inspirent de la culture occidentale sans renoncer à leurs origines orientales. Point de rencontre entre la force et le charme. Enfin bref, la femme est au centre de mon travail !


Comment ressentez vous les difficultés liées à la BD en Tunisie ?

Tout cela me rend un peu triste. C’est le problème du lectorat en Tunisie. Les gens ne lisent pas beaucoup. Ce phénomène touche l’ensemble de l’édition, pas uniquement la BD. Et quand les gens achètent de la Bd, c’est « Titeuf », « Tintin », « Astérix »… Que des classiques et connus! Mais il y a peu de vrais fans. C’est encore peu connu, et on pense encore que la BD c?est une littérature destinée au enfants. Apollonia a d’ailleurs arrêté de produire pour le moment. Pourtant il y a plein de dessinateurs dont quelques-uns ont des blogs comme Saif Eddine Nechi (Son blog est sur http://seifnechi.blogspot.com/) , mais aussi des scénaristes comme Tahar El Fazaa qui travaille pour Tunis hebdo et publie des très bons romans, et qui a déjà connu le succès auprés du public avec une grande fiction télévisée : Mahktoub.
Et puis il y a le problème de la distribution, nous sommes un petit pays et les éditeurs ont peur de risquer, foncer…etc. Enfin bref, au final, je suis la seule femme à faire de la BD dans mon pays, même si d’autres ont déjà fait les beaux arts, mais n’ont pas fait ce choix de carrière. Moi comme je suis portée vers le cinéma aussi, la BD est un peu un jeu comme au grand écran… et je trouve ça tout simplement magique !


Vous vous ressentez une affinité avec des auteurs en particulier ?


Disons que j’ai des auteurs favoris, des préférences, mais on ne peut parler réellement d’influences. Je lis très très peu de BD et je ne suis pas une grande connaisseuse si on peut dire. Mais pour la construction du récit, le style graphique, comme lectrice j’apprécie énormément Ana Mirallès (« Djinn »), Enrico Marini (« Le scorpion »), spécifiquement pour la narration et le genre, Juanjo Guarnido sublime(« Blacksad ») et Tsukasa H?j? avec son humour et mélange délicat de styles ( « City Hunter » ) .


Par Christophe Cassiau-Haurie - Source de l'article BDzoom


   

mardi 5 janvier 2010

Entretien avec Hex (Selim Zerdani), auteur et éditeur de BD algérien

Le manga a la cote en ce moment en Algérie. Plusieurs sorties sont venus démontrer que le jeune public était respectif à ce genre graphique et qu’il y avait un marché en devenir à capter. Plusieurs créateurs se sont engouffrés dans la brèche. 


C’est le cas des promoteurs du journal Laabstore, en plein développement, mais aussi, de Selim Zerdani, jeune auteur de 30 ans, Architecte, qui a créé en 2008, Kaza Editions. Celui-ci était présent au Festival International de la bande dessinée d’Alger où son stand a rencontré un succès impressionnant et prometteur. Rencontre avec l’avenir de la BD algérienne.

- Vous avez choisi la voie du manga, est ce le résultat d’une influence particulière du fait de vos lectures ?

Absolument pas ! En fait, je suis très franco-belge dans mes références de jeunesse. J’ai beaucoup lu Roba, Franquin, Goscini, Uderzo, Morris … Il y avait également la bande dessinée algérienne, en particulier Slim et le personnage de Bouzid, et Richa qui a aussi marqué notre enfance. Mais le métier de dessinateur ne m’a jamais effleuré. Quand on est enfant et que l’on dessine, on n’est jamais pris au sérieux. Les artistes qui ont percé n’étaient pas considérés comme des modèles. Contrairement au Japon, où les gosses, dès leur jeune âge, rêvent de devenir comme maître Miyazaki par exemple. Enfin, bref, je m’inspire de tous les styles, c’est la qualité principale d’un autodidacte, d’ailleurs. Je ne suis pas prisonnier d’un courant quelconque, et j’observe beaucoup. De fait, mon style dans le manga est plutôt ancienne école, je dessine en « one piece », sans trop de détail au niveau des yeux, etc.

- Pensez vous que la mauvaise image des dessinateurs dans la société algérienne a évolué de nos jours ?
Oui, tout de même ! Il y a une prise de conscience en ce sens. Il va y avoir une filière « bandes dessinées » à l’école des beaux arts d’Alger, c’est le signe d’un début de révolution. Et puis, l’ampleur prise par le Festival International de BD d’Alger, qui est vraiment en train de prendre son envol, après deux éditions. Enfin, le succès du magazine Laabstore qui constitue un jolis succès de librairie… Tout cela donne de l’espoir.

- Qu’en est-il de vous, de votre carrière ?
Je ne fais que ça ! Dessiner et éditer ! J’ai lancé ma maison d’édition en 2008, sous le nom de Kaza éditions. J’ai toujours voulu devenir mon propre éditeur. Auparavant, en 2003 – 2004, j’étais caricaturiste sur Canal Algérie. Je suis quelqu’un qui dessine assez vite, cela aide pour ce type de métier. Puis, j’ai fait les 18 mois de service militaire avant de travailler dans la réalisation de dessins animés, avec une boîte qui s’appelle Numidia Art durant 18 mois également.

- Quelles sont vos ambitions en devenant éditeur ?
Produire des BD à bon marché car elles sont hors de prix en Algérie. Elles sont toutes importées ! Mais c’est difficile, car il y a eu un grand vide durant 25 ans, ce qui fait qu’une certaine culture du 9ème art s’est perdue. L’objectif est de contrôler toute la chaîne du livre : depuis l’administration, l’impression, le dessin, le scénario jusqu’à la distribution. Tout cela est épuisant, mais c’est nécessaire. Il y a, je le répète, une éducation à refaire. Beaucoup de gens ne savent pas, y compris chez les libraires. Certains confondent les mangas noir et blanc avec des cahiers de coloriage. Tout cela implique un effort d’explication permanent. C’est parfois décourageant, mais heureusement que ma femme me soutient.

- Quel est votre bilan, un an après en terme de production ?
En dehors des titres de Sudoku, qui permettent de faire des ventes plus importantes, on a édité 6 titres. Une histoire, Le voyage de la mouette (Rihlet en’ nawress) a fait l’objet de trois tomes, qui viennent d’être regroupés en un seul volume. Il s’agit d’un manga, en langue arabe que j’avais écrit en français, à l’origine. L’histoire de la nièce d’un dey enlevé par des pirates et sauvés par des corsaires sur le navire le plus rapide au monde nommé La mouette. On a également lancé une revue, Fourtout, en édition expérimentale petit format, Il s’agit d’une revue de 16 pages, avec des gags à une planche, en style franco-belge, avec des articles, le jeu des sept erreurs, copié un peu sur l’esprit de Pif gadget. La grande version de Fourtout qui n’est pas encore sur le marché est un volume imprimé à 10 exemplaires seulement, afin, d’une part, chercher des sponsors et d’autre part pour participer au concours international de la meilleure revue de bande dessinée, organisé par le FIBDA 
Le Fourtout grand format a gagné le premier prix international de la meilleure revue de BD, ex-æquo avec une revue libanaise.].


- Vous avez également visé un public beaucoup plus jeune…
Oui, il s’agit de Jasmine et le petit mouton, une histoire qui commence en conte et qui devient bande dessinée. Il s’agit d’une tentative d’initiation du public jeune à la bande dessinée. 2 à 3 vignettes maximum par page, le texte est dans un français simple, d’un caractère gras facile à lire, facile à comprendre. Le style graphique est inspiré des films d’animations américains comme Blanche neige ou des séries genre Candy.

- Pourquoi ce choix de l’arabe classique pour le voyage de la mouette ?
En Algérie, comme dans beaucoup d’autres pays, il existe un léger décalage entre arabe classique et arabe dialectal. J’aurais pu faire mes livres en arabe dialectal, mais l’arabe classique est beaucoup plus beau. Beaucoup de gens ne savent pas parler correctement cette langue, donc il est légitime d’orienter les lecteurs vers de la bonne lecture. J’avais écrit le premier volume de La mouette en français, langue dans laquelle j’ai fait mes études puis un traducteur spécialisé a traduit le texte. Cela m’a obligé à inverser les cases et le sens de l’histoire. Les volumes 2 et 3 ont été produit directement en arabe.

- C’est tout de même assez rapide, même dans le manga, trois épisodes en moins d’un an, en particulier pour un artiste seul…
En fait, au départ, il était prévu que j’en fasse un épisode par mois (32 pages) et ceci n’est pas étrange ni volumineux pour les mangakas japonais. Le problème à été la bonne distribution des articles, les gens n’ont pas la culture de la bd, donc n’achètent pas, et dans ce sens, il était absurde commercialement parlant, de produire quelque chose et le diffuser juste par plaisir.

Le voyage de la mouette était à la base un projet de dessin animé. 26 épisodes sont déjà sous forme de story-boards. En fait, Le découpage du tome 1 n’est pas très format BD. Tout est sous forme rectangulaire en format télé. Le tome 2 est déjà plus dynamique, plus souple.



- Comment la diffusion se passe t’elle ?
Je tire entre 500 et 1000 exemplaires par ouvrage. Au début, les ventes marchaient mal surtout dans les librairies. Au bout de deux mois, j’appelais celles-ci, j’en avais vendu 1 ou 2 exemplaires sur les 20 qui étaient placés. Maintenant, ça va mieux, j’arrive peu à peu à écouler mes stocks. J’essaie de m’adapter au marché. Beaucoup de gens me disent qu’il faudrait quand même imposer et diffuser du manga comme on l’aime, en noir et blanc, sur du papier journal, etc. Mais le problème reste commercial car ça ne se vend pas.

J’ai un principe que j’applique. J’aime le steak, mais lorsque je vais à la pèche, je mets un appât à poissons, non pas un steak, ce n’est pas que j’aime l’appât, mais le poisson, lui, l’aime. C’est en se sens que je m’adapte au marché, je fais de la BD, les gens aiment la couleur ? Ok ! je leur fais de la couleur, mais je reste dans la BD. De la même façon, le public demande des contes, les enfants s’identifient à ceux-ci, et, il y en a beaucoup dans la production locale, alors, j’ai fait Jasmine. Je crois que c’est de cette façon qu’on pourra réellement sensibiliser les gens à la BD. Commercialement, l’édition reste difficile. Même si l’éditeur ne prend presque rien, les prix sont hauts, 60 à 70 dinars, pour mes livres. L’impression coûte très cher et un tirage à 1000 exemplaires, c’est insuffisant pour négocier les prix. Les autres éditeurs ont souvent leur propre imprimerie et peuvent vendre à 30 dinars.
Mais, ceci n’est pas une raison pour y renoncer, j’ai un savoir-faire, alors, je m’en sers !


Entrevue réalisée par Christophe Cassiau-Haurie, Alger, le 16 octobre 2009.
Source de l'article BDzoom