dimanche 29 décembre 2013

Appel à participation aux journées du film d’animation d’Alger

Prévues du 8 au 11 janvier prochain, les journées du film d’animation d’Alger lance un appel à participation aux artistes algériens spécialisés dans la 2D et l’animation.
animTout(e) artiste algérien(ne) ayant déjà réalisé une animation en 2D ou 3D, quel que soit le domaine (Dessin animé, film d’animation, film scientifique, film d’entreprise, clip publicitaire, clip artistique…) est appelé à participer aux Journées internationales du film d’animation d’Alger.
Pour ce faire, il suffit d’envoyer l’œuvre réalisée accompagnée d’une mini biographie de l’auteur(e) à l’adresse email mezianim@hotmail.com et ce, au plus tard le 3 janvier prochain.
Les lauréats seront connus et récompensés lors de la journée de clôture. Parmi les prix offerts aux vainqueurs, notons celui consistant en une formation diplômante dans le domaine de l’animation.
Prévues du 8 au 11 janvier au niveau de l’Office Riad El Feth, les Journées Internationales du Film d’Animation feront connaitre les œuvres produites au niveau local et encourageront par la même occasion les jeunes talents à se lancer.
Infos pratiques :
Commissariat des Journées du Film d’animation d’Alger
Office Riadh el Feth Centre socioculturel
Place de la Victoires El Madania, Alger – B.P 385 El Mouradia, Alger, Algérie

Par Yasmine Bouchène - Source de l'article Vinyculture

dimanche 1 décembre 2013

BD. Kililana song de Benjamin Flao - tome 1 et 2

Kililana song de Benjamin FlaoAux confins de l’archipel kenyan, Lamu, Kililana song de Benjamin Flao nous fait suivre le jeune Naïm âgé de 11 ans. Poursuivi à longueur de journée par son frère tentant de le ramener dans les rangs de l’école coranique, dans sa course effrénée, il nous fait rencontrer de nombreux personnages.

Il y a d’abord Hassan, son frère tentant vainement de le remettre dans le droit chemin. Il pense ainsi s’acheter une place là-haut, dans le ciel.

Maïmounia, son adorable tante, sa mère adoptive. Naïm est orphelin de père et de mère.

Nacuda, le vieil homme handicapé que Naïm fournit en Qat – feuilles à mâcher produisant des effets euphorisants et stimulants similaires aux amphétamines.

Il y a également Günter, marin hollandais à l’esprit fourbe compromis dans une histoire louche de trafic de majijuana. Il doit la maudite somme de 70 000 dollars à la douane kenyane.

Puis, les touristes occidentaux dont Naïm se moque et qui représentent pour lui et ses amis une source de revenu. Et d’autres occidentaux parvenus, artistes perdus ou nouveaux riches complètent ce tableau bigarré.

L’un, Jean-Philippe, baba cool du XXIème siècle, sombre progressivement dans la drogue dure. D’autres cherchent à faire de bons investissements - immobiliers ou pétroliers - quitte à détruire ce paysage pourtant déclaré patrimoine mondial de l’Unesco.


Il y a aussi Ali, un vieux pêcheur mis en demeure de laisser le terrain qu’il occupe à ces entrepreneurs véreux. Ils construiront là un complexe hôtelier bon à faire rêver tout occidental à des kilomètres à la ronde. On découvre ainsi un florilège de personnages hauts en couleurs.

En parallèle, plusieurs intrigues se dessinent autour de Günter, Ali et d’un personnage ancestral faisant son entrée vers la fin du tome 1 : Liongo Fumo. Il est un mythe kenyan, mi-poète, mi-héros des temps anciens. Il réussit à défier la toute puissance de son frère, le roi de Shanga. Cette figure mythique apparaît à point nommé. Il est alors question dans le récit de tout-puissants. Le retour incantatoire de Liongo Fumo serait le bienvenu et le seul moyen d’inverser le cours de l’histoire semblant déjà bien avancée !
Kililana Song - tome 2.


Entre attraits de la modernité et croyances ancestrales, Kililana song nous révèle une Afrique au visage ambigu.

Dans l'archipel romancé de la BD Kililana song de Benjamin Flao, des personnages très différents se côtoient. Il semble que chacun ait son pendant opposé.

Naïm appuie son savoir sur son expérience et son observation à l’école de la rue. Son frère Hassan est son opposé. C’est un fervent croyant dont la connaissance s’appuie sur les textes coraniques.

Afficher l'image d'origine

Ali est un personnage hors du temps, gardien de la dépouille du mythique Liongo Fumo. Il semble vivre dans une autre époque, dans un autre monde, en parallèle d’une partie des habitants de l’archipel.

Quelques occidentaux au portefeuille frétillant et faisant fi de toute coutume ancestrale, sont ses plus emblématiques antagonistes.

Ainsi, plusieurs mondes coexistent mais ne semblent pas se comprendre. Un paradoxe fascinant et déroutant caractéristique de nombre de villes africaines : s’y côtoient de multiples personnages aux modes de vie très différents.

Par Eva Dréano - Source de l'article Africavivre

BD - Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley de Maryse et Jean-François Charles et Frédéric Bihel

Africa DreamsLa série Africa Dreams, par sa précision historique et ses qualités graphiques, séduira tous les amoureux de l’histoire de l’Afrique et du Congo.
L’album Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley commence un beau jour de 1903 par la visite d’un jeune journaliste Belge (curieuse d’ailleurs, la houppe de ce journaliste…) parti interviewer Stanley, âgé, handicapé, vivant ses derniers jours.

Prétexte à retracer ses aventures, nous plongeons au cœur de l’Afrique équatoriale en suivant le récit que fait l’explorateur de ses prouesses de conquistador des temps modernes.

Ce personnage est pour le moins complexe et vraiment peu sympathique. Né en Angleterre sous le nom de John Rowlands, véritable bâtard, considéré comme un rebut de la société britannique de l’époque, il est placé en maison de correction aux « méthodes pédagogiques » particulièrement violentes. Il s’enfuit et se retrouve à La Nouvelle-Orléans, où il prend dans des conditions peu claires le nom de Stanley.

Débrouillard à l’extrême, spécialiste de la survie, il fait la guerre de Sécession dans les rangs des sudistes, puis devient journaliste correspondant de guerre, retrouve Livingstone pour le compte de son journal et devient explorateur patenté.


Se liant avec Tippo Tip, esclavagiste musulman de Zanzibar, il entreprend de traverser l’Afrique d’est en ouest et publie des livres à succès sur ses expéditions. 

Résultat de recherche d'images pour "BD - Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley de Maryse et Jean-François Charles et Frédéric Bihel"Ces récits éveillèrent l’attention du jeune roi Léopold de Belgique qui souhaitait, lui aussi, doter la Belgique de quelques colonies. Les deux hommes se rencontrèrent et l’affaire fut faite.Stanley fut officiellement chargé de conquérir des terres pour le compte du roi qui agit alors non comme souverain de la Belgique, mais à titre strictement personnel. Léopold obtint ce privilège exorbitant en 1884 à la conférence de Berlin organisée par Bismarck principalement en contrepartie de son engagement à lutter contre l’esclavage.

En 1886, Stanley, à la demande de Léopold II qui souhaitait plaire aux Anglais, laissa le Congopour se consacrer à la dernière grande expédition privée de l’histoire africaine.

Et c’est là où commence l’action de ce troisième tome de la série Africa Dreams. Il se déroule au moment où Stanley est mandaté pour secourir Emin Pacha, gouverneur d’un état du sud Soudan - Equatoria - coincé par les forces mahdistes, une révolte musulmane menée par Muhammad Ahmad ibn Abd Allah Al-Mahdi. 

Résultat de recherche d'images pour "BD - Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley de Maryse et Jean-François Charles et Frédéric Bihel"Ce chef religieux et militaire qui fonda même un état théocratique se présentait comme le « mahdi », celui qui est annoncé et qui sauvera l’Islam à la fin des temps.

Il faut noter que ledit Emin Pacha n’était pas plus émir que pacha, mais un authentique citoyen allemand, médecin de profession : Isaak Eduard Schnitzer. Explorateur à la vie mouvementée, il devint gouverneur de la province d’Equatoria quand il finit par subir les assauts de la rébellion mahdiste.

Le contexte étant planté, cet album nous présente un Stanley qui mérite bien son surnom de Boula Matari (casse-pierre) que les Congolais lui ont donné. Autocrate et assez ignoble dans ses manières, il ne recule devant aucun moyen brutal de la chicotte aux massacres à la mitrailleuse.


Verso de la BD Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley, tome 3 de la série.

Cette époque attirait l’argent facile, les conquêtes avantageuses et toutes sortes de gens de sac et de corde, mercenaires sans scrupule qui s’enrichirent au détriment des populations, mais qui profitèrent essentiellement au plus puissant d’entre eux : Léopold II.

Afficher l'image d'origineL’envoi de la colonne de secours en confiant son commandement à Stanley était, elle aussi, politiquement profitable en exigeant qu’elle partît de la côte ouest pour remonter le fleuve Congo. Ce chemin plus long et plus périlleux que de passer par la côte est de l’Afrique, lui permettait, en effet, d’annexer un territoire supplémentaire.

Le résultat fut conforme au pire, il perdit les deux tiers de ses hommes, mais l’honneur fut sauf, Emin Pacha rapatrié et l’Ituri fut annexée conformément à la volonté royale.

Pendant que Stanley s’affairait avec Emin Pacha, la situation au Congo ne s’arrangeait pas pour les Africains : prises d’otage, travail forcé, viols, mutilations continuèrent d’être le lot quotidien de l’exploitation de la main d’œuvre indigène.

Des photos et des témoignages circulèrent alors en Europe mettant en cause Leopold II, qui contre-attaqua par des campagnes de presse et des contre-vérités. Il ne put éviter qu’une commission d’enquête internationale se réunisse en 1904-1905 pour établir la vérité au sujet des exactions.

L’album Africa Dreams - ce bon monsieur Stanley de Maryse et Jean-François Charles et Frédéric Bihel se termine d’ailleurs sur une scène assez hypocrite, lors d’une conférence de presse, pendant laquelle Stanley réitère son attachement à la probité et à la bonté du roi des Belges.

Les conclusions de cette commission furent quand même telles que le roi ne pût rester propriétaire privé de cet empire colonial et il fut procédé à l’annexion du Congo par la Belgique en 1908. Quant à Léopold, il mourut, à la tête d’une fortune immense, l’année suivante après un règne de 44 ans.

La force de Africa Dreams est l’extrême attention apportée par les deux scénaristes de cette bande dessinée - Maryse et Jean-Francois Charles - au respect scrupuleux de la réalité historique et des enjeux humains et géopolitiques. On imagine sans mal la somme de travail que représente la documentation historique qui a servi de base au scénario.

Les dessins de Frédéric Bihel retracent bien les ambiances, les paysages et les personnes. Son style, très personnel, éloigné de la ligne claire chère à la bande dessinée belge, permet de rendre de façon subtile les expressions humaines et les paysages. Les couleurs sont appliquées en fines couches et rehaussent le dessin, facilitant l’expression des émotions et contribuant à l’ambiance des scènes.

Au fond de la forêt équatoriale comme au bord du Stanley pool, il arrive à recréer la magie qu’exercèrent ces paysages fabuleux sur l’imaginaire des hommes.


Léopold, grand organisateur de la conquête de son Congo.

Avec un talent politique consommé et une absence complète de scrupule, Léopold fit du Congo, l’instrument de sa richesse et de son pouvoir.

Les dégâts humains furent énormes : caoutchouc, ivoire furent exploités sans réserve au-delà de toute considération humaine pour les populations locales. Le bilan est atroce : on l’estime à 10 millions de morts sans parler des viols, des mutilations, du travail forcé variante occidentale de l’esclavage... Des contemporains comme Mark Twain et Conan Doyle et bien d’autres dénoncèrent ces massacres honteux.

Sa responsabilité directe est engagée, Léopold II était l’unique propriétaire d’un territoire riche et grand comme sept fois la Belgique et ne pouvait pas ne pas être au courant des exactions qui s’y passaient. Il est vrai que la vie humaine, une fois de plus, ne pesa pas lourd face aux enjeux économiques.

Sa fortune fut immense. Il la légua à la Belgique, mais sous condition que ce patrimoine ne fut pas vendu et resta exclusivement réservé à sa descendance. Ce qui est encore une façon intéressée d’offrir les choses : la jouissance des biens reste dans la famille, le pays assure l’entretien en tant que propriétaire... Tout le côté tordu et pervers du personnage se révèle dans cette disposition.

Léopold restera finalement dans l’histoire comme le premier des grands massacreurs du XXe siècle, qui d’ailleurs n’en manqua pas, précédant les Hitler, Staline, Mao et autres Pol Pot de sinistre mémoire.

Par 2Biville -  Source de l'article Africavivre

samedi 30 novembre 2013

How Western games are being 'culturalized' for Arabic countries

They do things differently in Saudi Arabia, in Abu Dhabi and in Egypt. In the countries of the Middle East, where Arabic is spoken and where, to a greater or lesser extent, religious mores shape much of daily life, different rules apply.


For video game companies, the region has traditionally been an afterthought, an add-on to its European efforts. English-language versions of games are shipped into Arabic countries or, if they contravene local beliefs to do with alcohol, sexual behavior or simulated violence, they are not. There is no need for a ratings agency like the ESRB because local distributors know perfectly well which games will provoke concern, and which games will not. They self-regulate.

Of course, anyone who wishes to buy a game that is not being distributed through official channels can do so easily, and many people do just that. Even in countries like Saudi Arabia, where rules and laws are taken very seriously, little attention is paid to imported or downloaded video games. People play the games they want to play.

On the whole, they play these games in English. But some companies are seeking ways to create Arabic versions of games. FIFA games are translated into Arabic and feature local teams and leagues. Ubisoft has set up a localization and culturalization office in Abu Dhabi and is retooling games for the vast Arabic market, estimated to be worth $1 billion a year, through official channels.

Yannick Theler is heading up the Ubisoft operation, which is also working on original content, due to be announced next year. For him, the biggest problem about localizing a game for the region isn't about the widely-assumed cultural differences between Middle East and West, it's about the language itself.

"It's mainly about user interface," he said. "What we see as a Westerner with our eyes, how we look at the computer when we play a game, it's not exactly the way they look at them here. That's something we're learning about and trying to integrate in our games."

The challenge is that Arabic is read from right to left. "It's not enough to just take the game and translate it into Arabic," he said. "Making sure that it reads right to left is just localization. Culturalization is asking yourself, where do people look? For me I look at the left side to find a certain button. They'll tend to look to the right side. That's what we try to address."

So entire UIs are being addressed to reshape game screens so that they more naturally adhere to Arabic reader-habits. "We need to understand how they look at the screen and what will be easiest for them, so they can automatically find what they're looking for."

It's not a simple matter of switching screens around. Many gamers are accustomed to reading English from left-to-right and to playing games with UIs that have been designed that way. But there are areas where a more Arabic feel is called for, most especially with children's games.

Theler said that the company worked hard to make its Smurfs game as fully Arabic as possible, and scored way higher sales than an English-language / UI version would have managed.

"We have 1.5 million players in Arabic, which was our first try. It's done very well. The first Smurfs was in English. I think only 400 people from the Arabic region were playing. It's good feedback from the market."


Clearly, there is an untapped pool of people who want to play games in their own language. But Arabic culture, and even language, is not a uniform thing.

Mohamed Mazloum is a gamer based in Egypt. "I've seen very few games which get localized into Arabic," he said. "It's definitely a challenge, because of the way Arabic reads, and also because of the many idiomatic uses which would probably not translate into Arabic. Another problem would be the various dialects in the Arab world, because localizing the game into formal Arabic would make the game seem quite stilted and, in my opinion, could damage the general tone developers aim for. So, just thinking about the idea of localizing for dialects boggles the mind."

Ideas of proper behavior and dress-codes, different to those we value in the West, are still a concern. Theler said that all references to booze must be eliminated and that skimpy clothing is replaced. But generally, games that tend towards themes like alcohol and sex are deemed inappropriate for official release. "Maybe we'll simply not publish that game in this region," he said. "We wouldn't be able to get a validation [from distributors] to publish the game."

Mazloum said that in Egypt, any and all games are freely available, but in Saudi Arabia, where he lived for two years, "there is a much stricter culture."

"I've seen several games banned from release for clashing too violently with the perceived norms of the country." he said. "For example, GTA is definitely a no-go there, due to its portrayal of alcohol, sex and drugs. God of War games have been banned before too, not on grounds of the violence, but because of the rampant nudity and because it includes the word 'God' in the title." He said that, nevertheless, gamers in all countries have little trouble securing whatever games they want.

Saleem Dabbous grew up in Kuwait and now lives in Canada. He recalls games being banned for their content (just as some games are banned or severely restricted in Western countries). "There is a huge import culture supported by specialty game stores," he said. "Most of these stores import games from the U.S. and Japan and sell them, usually with no regards to content. Most of these games fly under the government's radar, but with a game that's garnered enough attention the government will issue a ban on its import. Stores that carried the game would have to bribe officials and would sell the games at a premium due to scarcity and high demand."

Theler, who spent some years living in China, said that he is struck more by similarities between gaming culture in the Middle East and the West, than by differences. "In every mall center you have a shop selling video games and consoles," he said. "The teenagers and even adults are playing games. I think 50 percent of the population is below 25 years old and they like games."

By Colin Campbell - Source of article Polygon

lundi 25 novembre 2013

L’andalou, bédéiste algérien “Je suis certain qu’un artiste satisfait de son travail est un artiste éteint”

L’andalou, diplômé en design graphique de l’Ecole supérieures des beaux-arts d'Alger (ESBA), auteur de E=MCA, recueil de bandes dessinées et dessins de presse paru aux éditions Dalimen, raconte, dans cet entretien, son parcours.

Liberté : Pourquoi l’Andalou ? Et pourquoi est-il masqué ?
L’Andalou : L’Andalou vient d’une lointaine Andalousie… perdue et gâchée par notre soif de pouvoir, une Andalousie où régnaient la science, la littérature, la poésie, l’art, la tolérance… une utopie entre les religions, qui a été conquise par les Amazighs. Et à une certaine période, les hommes étaient masqués avec des chèches, c’était un signe de noblesse à l’époque… Mais moi c’est surtout par timidité (rire). En vérité, avoir un tel pseudo c’est pour inciter les gens à s’intéresser à mon travail plutôt qu’à ma personne, rester anonyme pour moi est une façon de rester libre.

Comment étaient vos débuts ?
Dans le monde de la presse, je n’ai qu’un an pile avec El Watan week-end, mais j’ai commencé à dessiner depuis bien longtemps. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai opté pour l’école supérieure des beaux-arts d’Alger, 5 années passées en design graphique m’ont poussé à m’intéresser de plus près à ce monde, et si j’ai appris quoi que ce soit d’utile c’est grâce à des efforts personnels et à des recherches acharnées dans les livres et sur internet, seulement il me reste beaucoup à apprendre…
Il y a peut-être un début mais je ne pense pas que ça a une fin. De toute façon, je suis toujours insatisfait de mon travail, je suis certain qu’un artiste satisfait de son travail est un artiste éteint, sauf qu’il ne le sait pas.

D'où tirez-vous votre inspiration ?
Il suffit de vivre tout simplement à Alger pour être inspiré, le mode d’emploi est très simple ; on a qu’à sortir de chez soi pour rencontrer certaines blagues en forme humaine, si je me sens à l’aise à l’intérieur des cafés caverneux de cow-boys dans les quartiers populaires algérois, et que j’ai la même aisance dans les endroits branchés, c’est que… oui, c’est une expérience personnelle ! On est un peuple à la fois burlesque et tragique… Rien de mieux pour être inspiré.
Que voulez-vous en réalité véhiculer comme message à travers vos dessins?
J’ai plutôt des dessins avec une moralité dans la presse et la BD en général, ce que j’estime être juste je le dessine espérant que ça pourrait faire réfléchir des esprits rétrogrades ou d’autres idiots qui vénèrent la pensée unique et qui ont une peur innée de la liberté d’expression et de la différence.
Vous avez bien fait de dire «en réalité » dans votre question, car il y a beaucoup de gens qui prennent mes dessins aux premiers degrés, et essayent tout de suite de me caser dans une catégorie… mais hélas, ils se sentent déroutés après.
Dans vos dessins c'est toujours la femme qui triomphe, pourquoi ce choix ?
Ah bon ? Je vous avoue que moi-même je n’ai pas remarqué ça (rire) ! C’est vrai qu’il y a souvent des femmes qui triomphent dans mes histoires, mais détrompez-vous elles ne triomphent pas contre les hommes, peut-être contre les imbéciles, oui… J’ai un respect indéfini pour les femmes intelligentes et dignes, et je trouve les femmes algériennes très drôles, elles ont un sens de l’humour très singulier. Or je ressens du mépris pour les féministes hystériques pseudos cultivées qui stigmatisent l’homme algérien sans penser à salir son image à l’extérieur, lavons notre linge sale entre –nous, c’est tout ! Donc vous devinez bien quelle catégorie de femmes je mets en valeur.
Vous êtes plus à l'aise dans les BD ou les dessins de presse ?
Je m’adapte facilement dans les deux arts, sauf que dans la BD ça prend beaucoup plus de temps et de réflexion, je ne m’en plains pas, car c’est ce qui fait le charme du 9e art !
Revenons-en à votre album « E=MCA », qui annonce votre premier album, par le titre vous faites un clin d’œil à la théorie d'Einstein…
Oui celle d’Einstein est bien connue, la fameuse équation émanant de la théorie de la relativité E=MC2, par contre ma théorie est connue par une élite mais inavouable par la masse, qui en vérité existe depuis des années, elle est à la fois politique et inavouable par beaucoup de personnes, le fait d’en parler dans notre société c’est comme parler de la mort, personne ne veut vraiment vous écouter, je l’ai nommée la théorie du vide, c’est simple suivez-moi :
La relation E=MCA exprime l'équivalence entre la masse et l'énergie. Si on multiplie la masse M d'un corps par la constante physique C (qui représente par ailleurs la vitesse de la lumière dans le “vide”), et on lui ajoute un A, alors on obtient une énergie ! L’énergie de toute une jeunesse algérienne.
Cela nous donne comme par hasard le nom de l’équipe algérienne de football MCA, et comme par enchantement en remplaçant le MC2 par MCA, la relation entre masse et énergie dans le vide devient on ne peut plus claire… pour celui qui veut !
Si toute cette énergie était dépensée dans la science la littérature et les arts, comme l’ont fait nos ancêtres en Andalousie berbéro-arabo-musulmane, on obtiendrait des résultats positifs dans tous les domaines scientifiques et artistiques... Et en toute logique le foot suivra ! Et ainsi on pourra gagner plusieurs coupes du monde le doigt dans le nez, prenons exemple du pays natal de l’inventeur de E=MC2.
J’ai toujours été sportif, et pourtant je ne comprends toujours pas cet amour exagéré pour le football en Algérie ! Le foot n’est qu’un sport où l’algérien doit entretenir son corps, et au mieux participer à des matchs intercontinentaux pour gagner ou perdre avec fair play. Mais de nos jours il n’y a que les esprits honnêtes qui avouent que ce sport particulièrement est devenu un opium… une nouvelle religion ! J’ai vraiment cru que la terre avait tremblé lorsqu’on a été sélectionné pour le mondial, et si au moins on l’avait gagné ce mondial ! Et puis l’histoire du pont aérien vers le Soudan pour se payer des égyptiens, le tout encouragé par les deux présidents ! J’hallucine ! Au lieu d’appeler à la sagesse et l’apaisement des cœurs… Tant d’énergie dans le vide ! Qu’avons-nous gagné ?
Au sujet de MCA je n’ai rien contre cette équipe, c’est simplement l’équipe où il y a le plus de monde, et surtout parce qu’elle contient les deux premières lettres de la théorie d’Einstein, car ceci est valable pour toutes nos équipes. Alors Chnawa calmez-vous mes frères, accepter cette réalité ne nous feras qu’avancer et nous élever tous plus haut.
Enfin, E=MCA n’est qu’un titre générique, mon album est un recueil expérimental de dessins de presse et de bandes dessinées.

Vous avez un style particulier, très coloré. Pourquoi ce choix des couleurs ?
Je trouve vos questions très pertinentes, c’est presque de la psychologie (rire). Vous savez, j’ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère, depuis mon enfance elle ne portait que des robes très colorées avec des ornements typiquement berbères et des couleurs chaudes, qui en quelque sorte représentent pour moi la gaieté et l’ambiance… Donc il est fort possible qu’en partie, inconsciemment, ces couleurs ont façonné ma vision des choses.

Mahfoud Aïder a préfacé votre album E=MCA. Pourquoi lui ?
Mahfoud Aïder est un personnage unique dans son genre ! Ça, je peux vous le certifier, je vous défie d’ailleurs de tenir 5 minutes en sa présence sans piquer un fou rire. C’est l’un des pionniers de la BD algérienne et le fondateur du journal satirique El-Menchar. J’ai grandi avec les BD de Aïder, que je lisais comme un assoiffé ; Les aventures de Sindbad El-Harrag par exemple, mais c’est surtout Les mésaventures du Djinn Pharaon, un djinn demi-taré qui sort d’une boîte de chique ! Mais alors j’ai bien rigolé moi ! Les dessins étaient de Ryad et le scénario de Aïder. Vous savez, être préfacé par une personne dont j’étais fan étant petit… est quelque part pour moi un accomplissement, une complétude, et surtout une façon de lui rendre hommage.
Quels sont vos rêves les plus chers pour votre carrière artistique ?
C’est d’être bien rémunéré, d’abord (rire) et puis la reconnaissance envers mon travail, pas envers ma personne, comme je l’ai dis auparavant, je m’en fiche d’être célèbre en tant que personne, c’est mon travail qui compte, c’est l’ultime complétude.
Par : Imène AMOKRANE - Source Liberté Algérie