jeudi 30 mai 2013

France - Le Muslim Show de retour

Samedi 1er juin débarque le 3e tome du Muslim Show. Une bande dessinée qui croque avec humour le quotidien des musulmans de France
Avant la sortie de ce nouveau volet sur les voisins, Norédine Allam, son créateur, nous parle des changements apportés et des difficultés persistantes, pour se faire distribuer. En bonus, une planche inédite du nouveau tome.

LCDA : Après le Tome 1 sur le Ramadan et le Tome 2 sur le Mariage, le 3ème Tome débarque le 1er juin. Pourquoi avoir choisi le thème des voisins ?
NA : Principalement, pour 2 raisons : La première, le voisin a une place toute particulière dans la communauté musulmane. Il a des droits sur le musulman, et ce dernier a des devoirs envers lui … notamment la bienveillance. Notre Prophète a insisté lourdement à ce sujet.
La deuxième, c'est que dans un pays comme la France (ou tout autre pays où les musulmans sont en minorité) il existe quelques « tensions » entre croyants et non croyants, bien que la plupart du temps ils soient « voisins ». Il était donc intéressant de traiter ce sujet et de « décompresser » la situation avec une légère pointe d'humour.


Y-a-t-il des grandes évolutions (dessins, ton, etc…) comparées aux deux premiers tomes ?
Oui il y a des évolutions assez importantes. Les évolutions se basent sur le fait que depuis l'année dernière nous tenons une page facebook où nous diffusons régulièrement des épisodes inédits.
Cette confrontation « directe » avec nos lecteurs nous a donc permis de mieux saisir ce qu'ils attendaient de la série. Un outil qui nous a permis d'affûter le ton du Muslim Show.

Hormis les bandes dessinées, on peut retrouver régulièrement vos dessins sur le net. Le succès est-il toujours au rendez-vous ?
Rien n’est plus « volatile » que le succès. Pourquoi un dessin fonctionne plus qu'un autre ? Aucune idée. C'est souvent (toujours) lié à des choses qu'on ne contrôle pas. Et à la limite, cela ne nous intéresse pas forcément. En général, la première chose qu'on fait quand on a finit un dessin, c'est de réfléchir au suivant.

N’est-il pas difficile de réussir à se renouveler ?
C’est une question qu'on nous pose régulièrement... J'aurais tendance à dire que la nature humaine est tellement complexe et profonde, que le sujet me paraît inépuisable. La chose que nous devons surtout renouveler, nous auteurs, c'est notre regard sur la Société.

Avez-vous toujours autant de mal à être distribué en France ? Le boycott continue ?
Malheureusement oui, nous avons toujours autant de mal. Ce n’est pas forcément un « boycott », mais une incompréhension du monde de la BD qui n'arrive pas à situer la série Muslim Show. Une sorte d'OVNI dans la production littéraire française.
Est-ce que ça fait grincer des dents de parler des musulmans par le biais de dessins humoristiques ? En dehors et à l'intérieur de la communauté.
A l'intérieur, oui … car certains nous trouvent trop durs en vers les musulmans, et pas assez en vers les non-musulmans. Et à l'extérieur, également … car beaucoup nous trouvent trop durs en vers les non-musulmans, et pas assez en vers les musulmans. Vous voyez un peu la situation ?

Tout ce qui touche à la communauté musulmane est-il toujours aussi sensible dans notre pays ?
Tant que les médias et le monde politique continueront à le présenter comme tel, oui.




Propos recueillis par Jonathan Ardines - Source de l'article Le Courrierdelatlas

vendredi 24 mai 2013

Hygiène : ‘’Arclean’’, le jeu vidéo qui combat l’insalubrité

Pour mieux lutter contre l'insalubrité de nos villes, des étudiants, lauréats du premier prix de l'environnement et du développement de l'hygiène dans les villes, ont mis sur le marché un jeu vidéo. Une innovation qui permettra aux acteurs de mieux géolocaliser les zones sales. 

Résultat de recherche d'images pour "http://www.lwn-mag.com/arclean-pour-une-ville-plus-propre/"Les lauréats du premier prix de l'environnement et du développement de l'hygiène dans les villes (Yapelé, Benjamin Yapelé, Dodja Matiasso et Oumou Khaïry Sow) ont présenté, hier, leur projet intitulé ''Arclean'', pour soutenir l'assainissement de l'environnement et le développement de l'hygiène dans les villes. 
Arclean est une application de jeu vidéo mise en ligne pour permettre aux municipalités, ramasseurs d'ordures et sociétés de nettoyages, de géolocaliser les zones sales. «Il faut s'inscrire pour participer au jeu. 
Grâce à notre système de repérage, le joueur peut identifier les dépôts d'ordures et télécharger la photo qui peut être visionnée par les sociétés de ramassage d'ordures et les municipalités qui auront accès au jeu», expliquera Dodja Matiasso, chef de projet de l'équipe Shinsekaï. 
A travers cette application, a-t-il poursuivi, leur partenaire, outre un aperçu des ordures à ramasser, saura comment gérer son temps. Mieux, les populations pourraient, à leur tour, participer à l'économie locale et au développement du tourisme. «Mes camarades et moi sommes partis du constat qu'il y a une pollution des sols et des nappes phréatiques, entres autres conséquences des ordures», a précisé Dodja Matiasso. 
Etudiants de l'Université Cheikh Anta Diop et d'autres établissements de Dakar, ces artistes de la citoyenneté souhaitent trouver des partenaires financiers, techniques, pour permettre à la population de lutter contre l'insalubrité. Au total, 81 participants, répartis dans 43 pays, ont pris part à ce concours régional en Afrique sub-saharienne, lancé par Ericsson, entreprise suédoise de télécommunications. 
L'Ericsson Application Awards l'(EAA) est un concours régional annuel de développeurs d'applications organisé par Ericsson Research. Le thème de cette année est : ''Apps for African City Life'' (L'application de la vie urbaine en Afrique). 
 
Par Fanta Diallo - Source de l'article Slate Afrique

lundi 20 mai 2013

« Nos films d'animation Iranien puisent dans la mémoire collective et les poèmes ».

Entretien avec Daryoush Dalvand  réalisé par Sébastien Thibault


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Le marché du film est plein de surprises. Alors que nous y allions pour parler d’Abbas Kiarostami et d’Asghar Farhadi, le stand iranien du Festival nous fait comprendre qu’il n’a pas été installé « pour ça ». Son objectif ? Vendre de l’animation 3D ! 


Une raison suffisante pour reconsidérer la raison de notre présence et s’engouffrer dans une brèche plutôt inattendue. Découverte.

Pouvez-vous vous présenter et nous dire pourquoi vous êtes à Cannes ?
Mon nom est Daryoush Dalvand. Je suis le PDG d’Aria Animation Studio, une entreprise située en Iran, et je promeus l’animation iranienne à l’étranger. C’est la raison pour laquelle je suis à Cannes, pour ouvrir de nouveaux marchés.

Depuis quant fait-on du cinéma d’animation en Iran ?
L’Iran fait de l’animation depuis 60 ans environ, mais notre studio en fait depuis 17 ans.
Et cela s’exporte depuis peu, je présume…
…oui, cela fait trois ans que nous essayons d’exporter l’animation en dehors du pays. Jusqu’à présent nous avons des marchés porteurs en Indonésie, au Maroc et en Tunisie.

Essentiellement des pays musulmans ?
Nos premiers clients sont en Asie et dans les pays musulmans, effectivement. Mais il y a maintenant des demandes en Russie, en Allemagne, en Pologne, en Belgique, aux États-Unis et au Canada. En tout, nous traitons avec plus d’une centaine de pays.

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La France en fait partie ?
Ce n’est pas un gros marché, non.

Parlez-moi de vos films, pour qui sont-ils ?
Pour les enfants et les parents. Ce sont surtout des films familiaux. Nous souhaitons nous conformer aux attentes d’un public très large.

Et de quoi parlent-ils ?
D’histoire et d’éthique. Nous prenons l’éthique très au sérieux…

C’est-à-dire ?
Nous ne montrons pas de violence, par exemple. Les parents veulent des films légers pour leurs enfants avec des héros, de vrais héros.

Qu’appelez-vous de « vrais héros » ?
Nous insistons sur les vieux héros persans, par exemple ceux issus des guerres médiques.

Est-ce pour promouvoir l’histoire perse ?
Non, nous voulons simplement honorer nos mythes pour ne pas les laisser dans l’oubli. Car pour faire un bon film d’animation, on a besoin d’un synopsis qui fasse rêver et de personnages issus de notre mémoire collective. C’est pour cela que nous puisons également chez les poètes historiques qui ont façonné notre patrimoine littéraire.

Chez quels poètes trouvez-vous l’inspiration ?
Nous nous retrouvons beaucoup dans Ferdowsî et son poème épique le Shâh Nâmeh. C’est l’un des plus grands poètes iraniens. Il y a aussi Saadi qui a écrit Le Golestân ou encore Djalāl ad-Dīn Rūmī avec le Masnavi-I Ma’navi. Á eux trois, ils représentent des centaines de milliers de vers qui sont au coeur de nos légendes. Nous faisons beaucoup attention à apporter un contenu populaire qui puisse satisfaire de façon ludique.
Diriez-vous que vos films sont éducatifs ?
Notre but n’est pas d’enseigner une leçon particulière sur l’histoire ou la culture, mais de montrer une représentation animée de nos héros. Nous voulons avant tout faire des film en 3D qui ravissent un public familial.

Quel film êtes-vous venus vendre à Cannes ? Et de quoi parle-t-il ?
Nous sommes en train d’ouvrir les discussions pour une série animée qui s’appelle Muhammad, the Last Messenger of God. Elle a mis quatre ans à être produite et prend la forme de vingt-six épisodes de vingt-deux minutes. Elle raconte l’histoire du Prophète, et pour ce faire, nous avons crée 1 750 personnages de cartoon dans le but d’enrichir la narration d’une inventivité nouvelle.

Á ce jour, quel est votre plus grand succès commercial ?
C’est The Battle of the kings (Rostam & Shorab). Nous sommes contents, cela veut dire beaucoup de travail et une très bonne réception. Vous le verrez ?

Certainement.
Alors merci à vous.
Source de l'article Dleditions

jeudi 16 mai 2013

« L’épouvantail », premier dessin animé palestinien en 3D



Un dessin animé en trois dimensions récemment achevé à Gaza raconte l’histoire d’une orpheline à la recherche de son épouvantail confisqué par l’armée israélienne, pour donner au monde « une image simple de la souffrance des Palestiniens ».
Un dessin animé en trois dimensions récemment achevé à Gaza raconte l'histoire d'une orpheline à la recherche de son épouvantail confisqué par l'armée israélienne, pour donner au monde "une image simple de la souffrance des Palestiniens".
Un dessin animé en trois dimensions récemment achevé à
Gaza raconte l'histoire d'une orpheline à la recherche de
son épouvantail confisqué par l'armée israélienne, pour
donner au monde "une image simple de la souffrance des Palestiniens".
 
MAHMUD HAMS AFP
Intitulé « L’épouvantail », ce premier film d’animation commercial palestinien en trois dimensions, selon ses auteurs, narre en 40 minutes l’odyssée de Rima, 9 ans, attachée à l’épouvantail légué par ses parents, disparus dans un accident de la circulation, qui symbolise le gardien fidèle de la terre.
Le drame se noue quand un soldat israélien enlève l’épouvantail du champ familial, dans un village près de la frontière avec Israël. La fillette commence alors avec ses camarades d’école une quête pour le retrouver, qui réveille beaucoup de souvenirs, évoquant la souffrance des réfugiés palestiniens, selon le réalisateur Khalil al-Mazen.
« Le monde est habitué à voir les enfants de Palestine au milieu de la mort, de la destruction et de la guerre, mais ce film se concentre sur leurs rêves ordinaires et repose sur l’image et les réactions. Le jugement appartient au spectateur », explique-t-il.
« Nous voulons simplement montrer au monde la souffrance des Palestiniens, en particulier des enfants, sous une dimension humaine et créative », insiste ce diplômé en réalisation cinématographique de l’Académie de Saint-Pétersbourg (Russie) qui a réalisé plusieurs films et documentaires.
L’équipe, composée de douze artistes et concepteurs, a reçu une formation de neuf mois à la production et la réalisation, avec un soutien financier de la Banque mondiale à hauteur de 147.000 dollars (112.000 euros), dont 40.000 dollars pour la production.
Oussaïd Madhi, 23 ans, qui a dessiné certains personnages et dirigé la lumière, dit vouloir « transmettre la brutalité de l’occupation qui n’épargne pas les enfants », affirmant se moquer de ne pas avoir été payé pendant des mois.
Pas de salle de cinéma à Gaza
Zaïnab Bakri, qui a dessiné le décor où évolue Rima, sa maison et son village, en plus des vêtements portés par la jeune fille et ses amis, ainsi que la tenue de sa grand-mère, une robe de paysanne inspirée du folklore palestinien, se dit confiante dans le succès du projet « parce que nous sommes plus intéressés par l’idée que par les retombées financières et le message du film est humanitaire ».
« L’imagination et le dessin animé sont plus accessibles que le documentaire ou la fiction », estime-t-elle.
« L’imagination est une merveilleuse façon de transmettre le message », approuve sa collègue Aya Abou Hamra, dessinatrice des personnages, espérant que malgré les nombreuses difficultés, comme les fréquentes coupures d’électricité et les problèmes de financement, le film trouvera son chemin jusqu’aux studios de Hollywood.
« Nous travaillons à la diffusion du film une fois qu’il aura été projeté à Gaza et sommes en négociations avec les chaînes satellitaires arabes pour le vendre », indique Nour al-Khodari, directrice de la Fondation Zeïtoun pour l’animation, à l’origine du projet.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Faute de salles de cinéma à Gaza -détruites par des groupuscules radicaux islamistes-, le dessin animé n’a pas encore pu y être montré.
Ce n’est pourtant pas la première fois que la bande de Gaza, gouvernée par le mouvement islamiste Hamas depuis juin 2007, se signale dans cette industrie de pointe.
En avril 2010, la branche armée du Hamas avait diffusé sur son site internet un clip animé de trois minutes en 3D qui montrait le père vieillissant du soldat israélien Gilad Shalit, alors détenu à Gaza, évoquant la possible mort en captivité du jeune militaire afin de faire pression sur Israël pour consentir à un échange de prisonniers.
Le soldat avait finalement été relâché en octobre 2011 en échange d’un millier de prisonniers palestiniens. Sa libération ne s’était néanmoins pas suivie d’un allègement du blocus israélien imposé à Gaza lors de sa capture en juin 2006.
Source de l'article AFP & 20 Minutes

mardi 14 mai 2013

Une production germano-arabe remporte le prix du dessin animé

Lors de la remise des prix de cette année du 20e Festival international du dessin animé de Stuttgart, cinq récompenses sont allées à des artistes et productions d'Allemagne. 

Last1Le projet de dessin animé germano-arabe Wanderland de Sarah Kaskas (Liban) et Michael Schwertel a reçu le « Prix de la coproduction pour les animations » (Forum Caucase et Monde Arabe 2013).

L'histoire du film est celle de deux jeunes qui ont grandi en Allemagne et qui se rendent pour la première fois au Liban, leur pays d'origine. Lorsque soudainement la guerre éclate, les deux protagonistes sont déchirés entre leurs peurs et leurs sentiments pour leur patrie.

Der Notfall (Déjà-moo) (« Cas d'urgence ») de Stefan Müller a reçu le prix de la « Meilleure animation pour les jeunes ». Le film rythmé et plein d'humour raconte l'histoire d'un jeune homme qui décide, en rentrant chez lui, de boire un dernier verre et qui se retrouve dans des situations abracadabrantes.

Schrecken ohne Ende (Nearest and Dearest) (« Peur sans fin ») de Max Stöhr et Michael Sieber a été récompensé comme « Meilleur court-métrage pour enfants ». Le film de la série pour enfants de la ZDF Siebensteinprésente un petit garçon qui élabore une stratégie pour dissuader sa grande soeur de déménager.

Falk Schuster a reçu le « Mercedes Benz Classic Award » pour son dessin animé de deux minutes sur la première « Flèche d'Argent », la voiture de course Mercedes des années 30. Le comique Rick Kavanian a été récompensé comme « Meilleure voix dans un long-métrage d'animation » pour son intervention dans Ritter Rost - Eisenhart und voll verbeult (« Le Chevalier Sir Rouille - dur comme fer et complètement cabossé »).

Le Festival international du film d'animation de Stuttgart (Das Internationale Trickfilm-Festival Stuttgart, ITFS) est l'un des plus grands et des plus importants festivals du film d'animation du monde. Le festival décerne des prix d'une valeur totale de plus de 65 000 euros.

Source de l'article Goethe

mardi 7 mai 2013

Entretien avec Saad Chlyeh, spécialiste en animation 3D

Saad Chlyeh, Co-fondateur et Superviseur VFX à Mammoth studioLes animateurs 3D ont pour mission de donner vie à des personnages, des décors et des objets en 3 dimensions à l’aide de logiciels spécialisés en images de synthèse.
Ils sont appelés à réaliser des animations et des effets spéciaux pour le cinéma, la télévision, la production audio-visuelle (vidéoclips, publicités, vidéos éducatives, etc.), les films d’animation, les jeux interactifs et les logiciels de simulation.
Entretien avec Saad Chlyeh, Co-fondateur et Superviseur VFX à Mammoth studio, boite spécialisée dans le domaine de la postproduction et de l’animation 3D.
Pour débuter cette interview, pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire ?
J’ai passé un bac scientifique, ensuite j’ai fais une école spécialisée en design et art graphique. Parallèlement à ça j’ai développé en autodidacte une véritable passion pour la 3D. En réalité, je dessinais tout le temps, même en classe. Durant le lycée, il m’arrivait souvent de dessiner mes profs (sourire). Bien qu’à cette époque je ne savais pas que j’allais faire une carrière en 3D. Après le bac, vu qu’il n’y avait aucune formation axée sur la 3D, j’ai failli m’inscrire dans une école d’informatique, mais finalement mon choix s’est tourné vers une école de design. Pendant ce temps j’ai effectué un stage de fin d’études durant lequel j’ai réussi à faire mes preuves. Pour l’anecdote, j’avais réalisé à l’époque un spot de 5 secondes qui a été validé et qui est passé à la télé. Suite à ça, j’ai été recruté. Bref, j’ai découvert la 3D durant mes études supérieures, fin des années 90, et je me suis réellement formé grâce à internet.
Comment définiriez-vous l’animation 3D ?
C’est un moyen de donner vie à des personnages ou des objets dans un univers tridimensionnel qui s’approche de la réalité. Avant l’animation 3D, il y’avait l’animation 2D, communément appelée le dessin animé traditionnel, lequel consiste à dessiner un mouvement défini images par images à une cadence de 24 images par seconde. Jusque là tout se passait sur une page blanche en 2 dimensions. Avec l’avènement de l’ordinateur, les logiciels 3D ont vu le jour, et ont apporté une dimension supplémentaire. Il ne s’agissait plus de dessiner des personnages sur une feuille 2D, mais plutôt dans un espace virtuel à 3 dimensions, ce qui permet de reproduire fidèlement et avec plus d’aisance la notion de perspectives. C’est donc un support d’animation plus réaliste utilisant des procédés inspirés de la réalité. Par exemple, un personnage animé en 3D est d’abord sculpté en 3D, ensuite on lui applique des textures et des matériaux, puis on lui applique un squelette avec des articulations grâce auxquelles il est possible de le déformer et de lui donner des poses d’une manière plus réaliste.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce métier ?
C’est le dessin d’abord, puisque j’ai toujours été passionné par cette discipline. En même temps, j’étais à la fois passionné et curieux de comprendre comment on fabrique des effets spéciaux. Tout ceci m’a naturellement amené à me pencher vers ce métier.
Quelles sont d’après vous les qualités requises pour exercer ce métier ?
D’après moi, la qualité la plus importante est le sens de l’observation, et le meilleur moyen de développer le sens de l’observation est le dessin. Une personne qui dessine regarde la vie différemment. Le dessinateur observe les choses plus en détail afin de les reproduire fidèlement. A force de dessiner tout le temps, on éduque notre œil à regarder ce qui nous entoure dans les moindres détails. Grâce à ce processus, le dessinateur développe son coté créatif.
Les gens n’ont-ils pas une fausse idée de ce métier ?
Le grand public n’a pas forcement connaissance des ressorts de ce métier, ce qui par ailleurs peut se comprendre dans la mesure où c’est un métier nouveau au Maroc. Donc on a souvent tendance à croire que l’ordinateur fait tout le travail, et que derrière il y-a simplement une personne qui appuie sur des boutons. Cette croyance est tout-à-fait erronée car l’ordinateur n’est qu’un outil comme un autre. En réalité, derrière l’ordinateur il y-a des personnes qui combinent plusieurs connaissances techniques -notamment les mathématiques, les lois de la physique- à de grandes compétences artistiques.
A part ça, comment le métier de la 3D se porte-il au Maroc ?
Personnellement, ça fait 10 an je suis dans le métier, mais je constate qu’il n’est encore qu’à ses débuts comparé à d’autres pays. Ceci est dû au fait que l’animation en particulier et le monde de l’image en général ne sont pas ancrés dans notre culture. Le marché de la 3D se limite aujourd’hui au domaine de la publicité. Toutefois, j’estime que l’on pourra parler d’un vrai marché de la 3D le jour où ça touchera le 7éme art, ou du moins le monde de la série animée.
Justement, l’État et notamment le centre cinématographie marocain(CCM) ne doivent-ils pas intervenir pour changer la donne ?
En fait, le CCM devrait commencer à s’intéresser au monde du cinéma d’animation en appelant les jeunes créatifs ainsi que les Entreprises spécialisées à développer des scénarios destinés à l’animation 3D. En organisant par exemple des concours de scénarios, et en proposant des subventions pour les projets d’animation intéressants.
Le festival international du cinéma d’animation de Meknès est pratiquement le seul événement à mettre en avant le travail des spécialistes de la 3D. A part ça walou. Pourquoi un tel désintérêt de la part des autres acteurs culturels ?
Il existe d’autres manifestations de la 3D comme Casanim, mais il est vrai que le festival de Meknès reste de très loin le plus grand événement de l’animation. Il commence d’ailleurs à atteindre un très haut niveau d’organisation. Il s’agit donc d’un des événements phares de Meknès qui attire une bonne couverture médiatique nationale et internationale. Cela dit, il est vrai qu’à part ça la 3D reste peu présente dans la sphère culturelle, ce qui peut s’expliquer par le fait que c’est un métier nouveau, relativement méconnu des acteurs culturels. Dès lors, pour que ça puisse changer, il faudrait qu’il y ait de plus en plus d’initiatives de la part des jeunes troidéistes. Pour ça, il faudrait que ces derniers communiquent plus souvent à travers le média libre qu’est internet, diffuser leur création via les réseaux sociaux, créer le buzz pour finalement attirer le regard non seulement du grand public mais également des acteurs culturels.
Justement, en plus de l’importance de communiquer sur la toile, auriez-vous un conseil à donner aux jeunes intéressés par le métier d’animateur 3D ?
Ne pas donner trop d’importance à l’aspect technique que requiert ce métier, mais de privilégier le coté artistique. Vu que j’enseigne la 3D dans une école d’arts plastiques, je constate qu’il y-a des jeunes qui sont attirés par ce métier et qui sont beaucoup plus fascinés par l’apprentissage des outils techniques que par le développement de leur créativité. Et ça, c’est une grossière erreur car on fini toujours par apprendre la technique, mais sans des bases artistiques solides, la technique ne sert en fin de compte à pas grand-chose. Pour développer l’esprit artistique, je recommande aux jeunes de s’adonner à l’art du dessin, de lire énormément de bande dessinées, de développer une bonne culture cinématographique et de s’intéresser aux métiers de base qui sont à l’origine de l’animation 3D. J’entends par là la photo, le dessin, le cinéma, et pourquoi pas la lecture, si ce n’est pas trop leur demander (sourire).
Propos recueillis par Hamza Mekouar  - Source de l'article DailyMaroc
             http://mammoth-studio.com/