lundi 28 juillet 2014

Nime. Bédéiste : Porte-flambeau de la nouvelle génération

Pour un bédéiste comme toi qui est quand même une référence pour la nouvelle génération à Oran, y a-t-il réellement un marché éditorial pour le 9e art ? 

PictureIl y a un problème d'édition de BD, notamment à Oran où, à ma connaissance, aucun éditeur n'accepte de nous publier. Il y a une certaine réticence de ce côté-là. Les rares exceptions concernent le mouvement associatif comme le Petit lecteur qui publie les illustrations des contes pour enfants mais, là aussi, dès qu'on parle de BD on tire le frein à main. Je ne comprends pas pourquoi. A Alger, il y en a quelques-uns, pas beaucoup, mais ça existe. Ça commence à bouger. Il y a Dalimen et Zlink, même si ce dernier est plutôt orienté vers le manga et les jeux vidéo, mais sa revue Laabstore est assez régulière.
On peut dire qu'il n'y a pas d'édition spécifique, pas de critiques, pas de presse spécialisée, pas de librairies spécialisées. Mais en revanche, contrairement à une idée reçue, je trouve qu'il y a quand même un public car les Algériens aiment la BD, pourvu qu'on leur propose des produits de qualité. Sinon il y a Internet. C'est un excellent support de publication car, en plus d'être gratuit, il permet un retour d'écoute, des commentaires. On peut voir ce qui marche, ce qui plaît aux gens et on peut expérimenter des choses. On a aussi les statistiques des pages consultées et surtout une diffusion internationale.

- Que penses-tu du festival de la BD d'Alger (FIBDA) ?

J'ai participé aux toutes premières éditions à partir de 2008. Une chose est sûre, depuis que le Fibda existe, beaucoup de bédéistes ont émergé et d'autres pointent encore du nez dans l'espoir de bénéficier d'une publication. Seulement à mon avis, aujourd'hui, comme il n'avait aucune dynamique auparavant, on commence à publier un peu tout et n'importe quoi. Pour moi, parmi tous ces jeunes qui arrivent, il y en a qui font du très bon travail, mais d'autres ne font que du remplissage. Je dis cela parce que le festival est tenu d'assurer un certain nombre de publications, un quota à remplir pour justifier le budget alloué à cet aspect de l'organisation. Le vide aidant, on a été amené à faire dans le quantitatif.

- As-tu participé à des événements internationaux ?

J'ai été à Angoulême la première fois par le biais du FIBDA car j'étais parmi les primés. C'était extraordinaire. Ensuite, j'ai entendu parler de la maison des auteurs, une aide aux créateurs en mettant à leur disposition un atelier et un studio d'hébergement. A mon retour à Oran, je leur ai écrit et soumis mon projet d'album qui a été retenu. J'ai passé six mois grâce aussi à une aide de l'Institut français qui m'a permis de couvrir les frais du séjour (factures et charges diverses). Le projet est actuellement au stade de finalisation et est appelé à être édité. Je l'ai intitulé Anecdote et ce n'est pas moins de 200 planches représentant un recueil de petites histoires élaborées autour de thèmes variés.

- Quelles sont tes influences et comment peut-on caractériser ton style ?

Comme tout le monde, j'étais bercé dans ma jeunesse par Tintin, Astérix, etc., mais après j'ai découvert des auteurs comme Gilles Roussel, Marion Montaigne ou Black Frog. Tous ces gens qui ne sont pas scénaristes à la base mais, et c'est le style que j'ai adopté, s'inspirent de leur vécu pour élaborer des histoires ou des situations, de l'autofiction en somme. Mais cela reste un tremplin pour dénoncer ce qui ne va pas dans notre société. Etre scénariste de bande dessinée, c'est un métier à part entière mais moi je fais tout, d'autant plus que chez moi, paradoxalement, c'est le texte qui m'attire. A la limite, mes dessins peuvent être ennuyeux mais c'est la construction de l'histoire qui m'emballe.
Des auteurs algériens comme Sofiane Belaskri, Amine Benali ont des scénaristes avec qui ils travaillent. Ils sont souvent dans l'ombre, mais ils font des choses très intéressantes. Moi j'ai un personnage qui est censé être moi et que j'utilise comme un noyau autour duquel tourne ce que j'ai envie d'exprimer. Je ne cherche pas vraiment à acquérir un style. J'essaye de m'amuser graphiquement au maximum.
Le style n'est pas forcément dans le dessin, car il peut se révéler aussi dans la façon de raconter une histoire. Dans mon projet, j'ai privilégié les deux. Avant d'aller à la maison des auteurs, j'ai préparé plein de thèmes et, une fois là-bas, j'ai essayé de voir un peu ce qui se faisait ailleurs par les autres résidents, voir comment ils abordaient les choses. Ensuite, je me suis remis dans ma bulle pour travailler.

- Y a-t-il des débouchés dans la presse pour les bédéistes de la nouvelle génération, comme cela se faisait dans le temps ?

Quand j'ai commencé à alimenter mon blog mettant en avant la vision que j'ai de la société, j'ai été contacté par El watan Week-end qui m'a proposé de faire des strips une fois par semaine. Tout de suite je leur ai dit que je ne faisais pas de la politique, mais ils m'ont rassuré en me disant que j'étais totalement libre de faire ce que je voulais.
Une totale liberté d'expression et c'est comme ça que j'ai eu ma tribune. J'étais un peu réticent au départ car, souvent, je me disais que si je touchais à tel sujet, peut-être qu'ils allaient me censurer. Mais, à chaque fois j'étais agréablement surpris de constater que tout passait. Je n'ai pas continué avec eux parce que j'étais appelé à faire un autre projet ailleurs. Sinon, c'était une excellente expérience. Bien sûr, j'ai conscience que cela reste limité comme possibilités pour les bédéistes en général. 


Source de l'article Djazairess et Elwatan

dimanche 27 juillet 2014

Afrique: nouvelles technologies et contenus locaux au cœur des startups

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"Les startups africaines devraient se focaliser sur les besoins locaux avant d'envisager la conquête du monde", a déclaré Matthew Papakipos, directeur technique de Facebook, lors de l'édition 2014 du Pivot East au Kenya. 

"Montrez aux investisseurs la preuve que vous avez un produit à succès à l'échelle locale avant de parler d'extension dans d'autres pays", a-t-il lancé. Les technologies sont au cœur du développement de nombreuses start-up en Afrique. La nouvelle génération d'entrepreneurs africains est constituée de férus de high tech qui initient des projets créatifs et innovants.



Jeux vidéo "Made in Afrique"

Ainsi dans le secteur des jeux, des jeunes entrepreneurs se sont lancés dans la conception des jeux made in Afrique en vue de promouvoir des super héros africains. Au Cameroun, Olivier Madiba a créé Kiro'o games qui revendique être le premier studio de jeux vidéo d'Afrique centrale. Pour finaliser le développement du projet, la start-up a déjà levé 84.000 euros sur les 183.000 euros nécessaires. Pour s'autofinancer, la petite société a décidé de vendre des actions. Le projet a été divisé en 1000 parts dont 300 sont mises en ventes au prix de 610€ l'action. 140 parts sur les 300 ont été vendues auprès de 30 actionnaires effectifs répartis dans le monde.

Résultat de recherche d'images pour "Afrique jeu vidéo"Pour sa part, le Ghanéen Eyram Tawia a fondé la structure Leti Arts qui vise à créer un jeu vidéo auquel tous les jeunes Africains pourraient s'identifier. Dans ce bouleversement technologique africain, les femmes ne sont pas en reste. Awa C., Awa G. et Binta sont trois jeunes sénégalaises passionnées d'informatiques. Elles ont mis en place Jiguene Tech Hub, première entreprise féminine spécialisée dans le réseau technologique. Elles ont également développé ensemble Dakar Madness le premier jeu vidéo sénégalais. En 2013, les trois jeunes femmes ont participé à la finale mondiale de la l'Imagine Cup à New York. Elles ont pour ambition de développer des jeux vidéo et des applications utiles pour leur pays et surtout pour les femmes.

Toujours au Sénégal, Seynabou Sylla a créé la start-up Cauriolis dans le but de réinventer le jeu vidéo en lui donnant un sens africain. La jeune entreprise a terminé première lors du concours de Start-up TEKKI 48 qui s'est déroulé au mois de juin à Dakar. Cauriolis développe le projet "Mansah", une série de jeux vidéo mettant en scène des héros de l'histoire africaine.

Le e-commerce

Résultat de recherche d'images pour "jumia"Le secteur du e-commerce est également en plein développement en Afrique. Le site de vente en ligne Afromania fait partie des startups qui ont connu une grande progression dans le secteur. Ce site de e-commerce africain, d'abord très orienté high-tech, propose aujourd'hui des milliers de produits (meubles, vêtements, vins, etc.). L'objectif de son propriétaire, le burkinabé Thierry Kiatenga, est d'atteindre un chiffre d'affaires de 6 millions de francs CFA fin 2014. Ce qui ne semble pas irréaliste au regard du développement du secteur du e-commerce en Afrique symbolisé notamment par le succès fulgurant de Jumia, site de vente en ligne créé en 2012 au Nigeria. Le site est également présent en Égypte, au Kenya, en Côte d'Ivoire et au Maroc.

L'audiovisuel

Résultat de recherche d'images pour "Yeelenpix"Le domaine de l'audiovisuel connaît également des innovations digitales. Lancée en 2013,Yeelenpix
(Yeelen signifie lumière en dioula et pix pour pixels) se veut la première banque d'images 100% africaine. Le site en version alpha propose près de 10.000 images et illustrations exclusives et variées dans la droite ligne de Getty Images ou Shutterstock.

De son côté, le nigérian de 33 ans Jason Njoku a bouleversé le circuit de distribution des films de Nollywood en créant Iroko TV. Avant la création de cette plateforme, les films produits au Nigeria n'étaient distribués que sur DVD. Iroko TV diffuse plus de 5.000 films gratuitement et reçoit un million de visiteurs uniques par mois. Le site est en partie financé par la publicité en ligne. En outre, un système d'abonnement donne accès aux films les plus récents, pour 7,99 dollars par mois. Pour sa part, Iroking est la version musicale d'Iroko TV.

L'écosystème numérique est en plein explosion en Afrique, où des jeunes entrepreneurs développent des startups grâce aux nouvelles technologies. Ancrées dans des contextes locaux, ces nouvelles entreprises ont l'ambition de révolutionner leurs secteurs respectifs et de contribuer au développement durable des pays où elles été créées. Plus que jamais, l'Afrique demeure une terre d'opportunités pour les investisseurs

Par Patrick Ndungidi - Source de l'article Huffingtonpost