Abderrazek Ben Jemâa vient de réaliser « Les trésors
de la langue arabe », premier court métrage tunisien en 3D distribué gratuitement
sur Internet. Cette initiative constitue la suite logique d’une démarche
initiée par le réalisateur dans son livre « Contribution à une mise à niveau du
cinéma tunisien », livre téléchargeable gratuitement sur le site :
tunisiancreativity.com.
Avec ce court métrage en 3D, Abderrazek Ben Jemâa
propose un nouveau modèle économique de production et de distribution, en vogue
depuis l’avènement du numérique et de l’expansion d’Internet.
Abderrazek Ben Jemâa a une maîtrise en langues
françaises (Faculté des Lettres de Tunis), un diplôme de 3ème cycle en gestion
financière (Institut Supérieur de Gestion de Tunis) ainsi qu’un autre de 3ème
cycle en management (Paris I, Sorbonne). Auteur de plusieurs livres
(Infomatique et société, essai publié par la Fondation Nationale de Recherche
Scientifique, Tadémaît fille du Hoggar, roman publié par M.T.E., Contribution à
une mise à niveau du cinéma tunisien), il se prépare à publier dans quelques
semaines sur Internet, le premier long métrage tunisien dédié totalement à la
politique internationale (Coup d’Etat) en trois langues (arabe, français,
anglais). Accessoirement, Abderrazek Ben Jemâa est diplômé en arts martiaux de
l’Aikikai de Tokyo et expert en Real Aïkido. Il a aussi obtenu récemment le
diplôme d’entraîneur 1er degré de la Fédération Nationale Tunisienne de Judo.
Pour expliquer les tenants de cette démarche
volontariste, le réalisateur offre aux lecteurs d’Afriqu’Echos Magazine les
quatre clés de compréhension d’une démarche qui ouvre des perspectives aux créateurs
africains.
1.
Pourquoi le choix d’un film d’animation en 3D ?
Le cinéma d’animation est aujourd’hui l’un des
cinémas les plus porteurs et les plus exportés dans le monde.
• Le cinéma d’animation en 2 D a rapporté au Japon
1.4 milliards de dollars. D’autres pays comme la France et la Corée du Sud
s’engouffrent avec bonheur dans cette niche.
En France, pour un épisode de 26 minutes, les prix
pratiqués sont les suivants :
• Scénario : 4.000 à 6.000 euros.
• Design : 7.500 à 12.000 euros.
• Décor : 4.500 à 20.000 euros.
• Recherche couleurs : 7.000 à 9.500 euros.
• Feuille d’exposition : 4.500 à 5.500 euros.
• Animatique : 1.000 à 1.200 euros.
Les prix de sous-traitance du lay out, de
l’animation, de la mise en couleurs et du compositing, toujours pour un épisode
de 26 minutes, et pratiqués dans les pays asiatiques oscillent entre 65.000 et
80.000 euros pour la Chine et entre 95.000 et 140.000 euros pour la Corée du
Sud.
• Le cinéma d’animation en 3 D est dominé par les
Etats-Unis. Un film comme Shrek a rapporté pour les épisodes 1 et 2 autour de 2
milliards de dollars. Les Français ont rapidement compris l’ampleur de ce
marché et leur pôle d’animation à Angoulême est devenu en quelques années très
actif, autant dans le domaine 2 D que 3 D, grâce entre autres, au Programme
Magelis.
En France, pour un épisode de 26 minutes, les prix
pratiqués sont les suivants : • Série pré-school (programmes de qualité
inférieure) : 200.000 euros.
• Série 3 D : 350.000 euros.
• La sous-traitance à Taiwan, Corée du Sud, Hong
Kong, Inde, s’élève en moyenne à 50% des tarifs français.
Le créneau est donc très rentable et à la portée de
la main-d’œuvre tunisienne, moyennant une formation spécialisée.
2.
Pourquoi le choix d’un film sur la culture et les proverbes arabes ?
La thématique culturelle du film se justifie par le
fait que le patrimoine mérite l’attention des cinéastes. Mais ce choix n’est
pas totalement désintéressé puisque plusieurs télévisions arabes manquent
cruellement de films d’animation en rapport avec la culture arabe. D’ailleurs,
le choix de la durée du film (3 minutes) indique qu’il a été produit et réalisé
dans l’optique d’une série.
Le choix a été porté sur les proverbes arabes plutôt
que ceux strictement tunisiens qui disposent d’un marché Internet, d’un marché
cinématographique et d’un marché télévisé moins important. Trente autres
scénarii sur les proverbes arabes sont à la disposition de tout producteur
intéressé.
3.
Pourquoi le choix d’une distribution sur Internet ?
Internet est en train de devenir la plus grande
salle de cinéma dans le monde. On y distribue désormais des films, soit
gratuitement, soit accompagnés d’insertions publicitaires, soit payants.
D’ailleurs, mêmes les salles de cinéma traditionnelles dans le monde sont en
train de se lier à Internet d’une manière ou d’une autre.
•
Numérisation, Internet et exploitation :
Dans le nouveau modèle d’exploitation numérique, le
support physique (DVD CD-Rom, cassettes) ou le signal numérique est transmis
par un producteur (par satellite ou par câble) à une salle de cinéma où il est
stocké sur un serveur, c’est-à-dire un ordinateur doté d’une forte capacité de
stockage, directement relié au projecteur numérique auquel il transmet les
images numériques.
Il suffit pour ça que les salles équipées en
D-cinema disposent d’une liaison Internet haut débit ou encore mieux (pour
éviter les effets de saturation) d’antennes permettant de recevoir les films
via satellites. Mais cela nécessite d’abord des investissements lourds. Le coût
d’équipement d’une salle s’élève environ à 100.000 euros.
Par ailleurs, il est possible d’en sécuriser la diffusion
en cryptant les données transmises. A ce cryptage pendant la phase de transport
viendrait s’ajouter celui que demandent les studios hollywoodiens. Ce second
cryptage rend l’accès au fichier du film impossible non seulement pendant son
transport mais aussi une fois qu’il est parvenu sur le serveur du cinéma. Pour
lire le fichier qu’il a reçu, l’exploitant a impérativement besoin d’une clé,
spécifique au film et au serveur de son établissement (la clé et le fichier lui
ayant été envoyés séparément).
Le parc mondial de salles D-cinema a doublé entre
2006 et 2007 passant de 3.010 à 6.104 écrans équipés. Plus des deux tiers de
ces écrans numériques sont implantés en Amérique du nord dont le parc est passé
de 2.014 à 4.350 entre 2006 et 2007. Le nombre d’écrans numérisés en France
sera de 2000 salles en 2009 (prévision).
•
La video-on-demand (VOD) :
La VOD est un système offert par les sites Internet,
les fournisseurs d’accès et les câblo-opérateurs, permettant à l’utilisateur de
choisir, commander et regarder un contenu vidéo numérisé au moment où il le
souhaite.
La VOD s’apparente à un système de location, les
offres permettant un visionnage libre pendant 24 heures à partir du début de la
lecture. Même si certains services de VOD fonctionnent en stockant le contenu
sur un disque dur, ce stockage n’est que temporaire. Il ne s’agit donc pas d’un
acte d’achat.
En matière d’équipement, il est possible de
visionner un contenu en VOD à partir d’un PC, d’une télévision (un décodeur
généralement est alors nécessaire en plus du modem) ou d’un mobile.
L’utilisateur doit disposer d’une connexion Internet haut débit. Les contenus
sont cryptés, le paiement déclenchant pour l’utilisateur l’obtention de la clé
de décodage. Par ailleurs, les contenus sont protégés contre l’enregistrement,
la copie et le transfert, réduisant le risque de piratage.
Mais une œuvre cinématographique se regarde sur
grand écran et avec une bonne qualité sonore. Cela se vérifie dans les
progressions impressionnantes des foyers en Europe et aux Etats-Unis en
équipements Home cinéma. Le succès de la VOD accompagnera la commercialisation
d’appareils adaptés.
Certains auteurs n’hésitent même plus à diffuser
leurs films exclusivement sur Internet. A titre d’exemple, le service de
partage vidéo de Google France assure la distribution exclusive d’un long
métrage franco-américain, Autumn. Ra’up McGee, l’auteur, le réalisateur et le
producteur d’Autumn, a mis en ligne, sur le service de partage vidéo du moteur
de recherche, aux Etats-Unis d’abord (depuis janvier 2006) puis en France
(juillet 2006), son long métrage d’une heure et cinquante minutes et le
distribue uniquement via ce canal. De fait, à l’exception des avant-premières,
qui de part et d’autre de l’Atlantique ont eu lieu dans des cinémas, Autumn ne
pourra être visionné que sur le Net.
Rappelons que les principaux représentants de
l’industrie du cinéma et du contenu, des fournisseurs de services Internet et
des opérateurs de télécommunications de l’Union européenne et des États-Unis
ont signé le 23 mai 2006, au festival de Cannes, la charte européenne du cinéma
en ligne.
Video le premierourt métrage tunisien en 3D réalisé
Les trésors de la langue arabe - فيديو Dailymotion
www.dailymotion.com/video/x99a90_les-tresors-de...
4. Pourquoi le choix d’un film gratuit ?
De plus en plus de films sont distribués
gratuitement. Mais ces films véhiculent une publicité intégrée. Cela veut dire
que ces films sont sponsorisés par des entreprises qui diffusent ainsi leurs
messages. Ce type de formule est appelé à connaître de plus en plus de succès
malgré les voix qui s’élèvent contre ce type de pratique.
Le principe de la gratuité a de très grands
avantages : d’abord, il permet à l’auteur du film de toucher un public très
large. De plus, il lui donne l’opportunité d’être en contact direct avec son
public sans intermédiaires (vendeurs et distributeurs). Mais comme la gratuité
totale n’est pas viable économique, la sponsorisation est un mal nécessaire. A
l’auteur de trouver un équilibre entre son message personnel et le message
commercial du sponsor.|
Source de l’article la rédaction d’AEM