vendredi 11 juillet 2008

Jordanie. Des superhéros arabes

Un jeune Jordanien vient de créer des personnages de BD 100 % arabes. Dotés de pouvoirs surnaturels, ces superhéros tolérants et foncièrement bons ont pour mission de sauver la planète du chaos, relate le quotidien Público.

Un soir, trois mois après les attentats du 11 septembre 2001, Suleiman Bakhit, âgé à l’époque de 25 ans, revenait au campus de l’université du Minnesota après avoir fait ses courses. “Quatre types blancs sont sortis d’un bar, raconte-t-il. Ils m’ont reconnu. J’étais président de l’association des étudiants étrangers et je participais à de nombreuses actions contre le racisme. Ils m’ont insulté, puis ils m’ont frappé.” Son visage et son cou subirent des opérations de chirurgie plastique et, aujourd’hui, il arbore une grande cicatrice avec la même vanité avec laquelle il exhibe ses tatouages. 
S’est-il vengé ? “Oui, à ma façon, souligne-t-il. Je suis intervenu dans plusieurs écoles primaires, un an après le 11 septembre, dans le cadre du programme d’une ONG. J’ai expliqué aux élèves les coutumes du Moyen-Orient. Je leur ai dit que tous les Arabes n’étaient pas des sympathisants d’Al-Qaida. Un jour, une fille m’a interpellé : ‘Avez-vous une Barbie arabe ? Un Superman arabe ?’” Bakhit est alors resté sans voix. “Je me suis rendu compte qu’effectivement nous n’avions pas de superhéros. Aussi, j’ai eu envie d’en créer un pour qu’il soit une source d’inspiration et d’espoir pour la jeunesse arabe, se souvient-il. J’ai contacté des personnes talentueuses, comme le dessinateur brésilien Eduardo Francisco, qui ont accepté de m’aider. J’ai ensuite quitté les Etats-Unis et suis rentré chez moi, en Jordanie.” 
C’est là qu’il a créé l’Aranim Media Factory (pour arabe et animation). Et Naar [“feu”, en arabe] fut le premier personnage à sortir de cette fabrique de superhéros. “Il y a beaucoup de personnages occidentaux qui ont le pouvoir de maîtriser le feu. J’ai voulu faire quelque chose de différent en m’appuyant sur la mythologie arabe”, explique son créateur. L’histoire relate une apocalypse dans un Moyen-Orient sans pétrole, en 2050. Un groupe d’enfants se réveillent dans une ville cachée sous les ruines de Pétra et découvrent qu’ils ont des pouvoirs surnaturels. Ils s’interrogent alors sur la manière de reconstruire un monde meilleur. La BD fut été très bien accueillie par le public.

“Mon objectif est de combattre l’extrémisme pour contrecarrer des idoles, tel Abou Moussad Al-Zarqaoui [Jordanien, leader d’Al-Qaida en Irak, tué en 2006]. Je veux favoriser chez la jeunesse des valeurs positives comme la tolérance, la persévérance ou le travail”, affirme Suleiman Bakhit.


Résultat de recherche d'images pour "Mansaf et Ozi"Abou Khadija est un autre superhéros de l’Aranim Media Factory. Il s’agit d’un boxeur jordanien au chômage. Ses enfants sont malades, et il boxe pour sauver sa famille. “Nous voulions faire une BD, mais des producteurs nous ont proposé d’en faire un film d’animation”, précise Suleiman Bakhit en espérant que tout soit prêt cet été. Ce devrait être le premier film d’animation arabe. Suleiman Bakhit regrette au passage “que les Américains aient malmené Aladin avec un stéréotype éloigné de l’histoire réelle et que les Japonais aient transformé Sindbad en un type stupide”. L’objectif de Bakhit est d’utiliser “des personnages, des thèmes et des styles authentiquement arabes, tout en réussissant à attirer des jeunes du monde entier”. Après la BD et les films d’animation, l’étape suivante devrait être celle des jeux vidéo, avec “beaucoup de guerriers arabes”, et le merchandising. L’ambition est d’atteindre les 200 millions de jeunes Arabes et, par la suite, le marché international.

Pour mettre en application ses rêves, Suleiman Bakhit a besoin de partenaires. Parmi eux, la King Abdullah Fund for Development. Avoir comme mécène une institution liée à la monarchie jordanienne ne limite-t-il pas la créativité ? “Pas du tout ! On est entièrement libre”, assure le patron d’Aranim. Certains investisseurs ont proposé à Suleiman Bakhit de financer un Disneyland arabe. C’était du temps où le père de Bakhit était Premier ministre de Jordanie. Le jeune créateur a alors refusé la proposition, convaincu que celle-ci était plutôt motivée par l’espoir d’obtenir quelques faveurs politiques.

“Heureusement, mon père n’est plus aujourd’hui qu’un simple parlementaire”, sourit Bakhit. En 2009, il espère que son entreprise – et ses quatre employés – deviendra bénéficiaire.

Repères

Parmi les autres personnages créés par Suleiman Bakhit, on trouve Mansaf et Ozi, dont les noms ont été inspirés par des plats nationaux jordaniens et qui ont connu un franc succès. Signalons également les aventures d’un héros jordanien ayant existé, devenu superhéros grâce à Bakhit : le lieutenant Muwaffaq Al-Salti, un pilote dont l’avion de chasse fut abattu par un Mirage israélien pendant la guerre des Six-Jours, en 1967. Avant la sortie de la BD, 50 000 exemplaires furent distribués gratuitement par des journaux jordaniens ; quelques jours après, on les trouvait à 1 dinar (89 centimes d’euro) au marché noir d’Amman. Finalement, il fut publié à 2,4 millions d’exemplaires, dans une région où il n’existe pas de tradition – ni de moyens – pour ce genre de publication.

Par Margarida Santos Lopes - Source de l'article Courrier International

lundi 7 juillet 2008

Algérie - Mohamed BOUKOURDANE, Producteur-Réalisateur Faire revivre les contes de nos grands-mères à travers le film animé

Asaru-Cinéma: Vous venez de réaliser un film animé intitulé Loundja, parlez-nous de ce film et de votre expérience dans le domaine du film animé?
A vrai dire, Loundja est ma première expérience dans le domaine du film d’animation, je la considère plutôt comme une tentative, un essai, plus qu’une finalité en soi.
Dans mon enfance, ma grande mère me racontait des contes puisés de notre riche patrimoine. Je me suis rendu compte que ces contes se transmettent oralement et par conséquent tendent à disparaître au grand dam de la nouvelle génération qui,
elle, est davantage attirée par la nouvelle technologie (télévision, internet, ordinateur.). Nous avons voulu joindre notre culture des contes à cette nouvelle technologie pour attirer et intéresser les enfants et, pourquoi pas, les adultes nostalgiques.
La première étape qui s’est imposée était la récolte des nombreuses versions du conte. Par la suite, nous avons écrit le scénario et établi le story-board. Nous avons formé petit-a-petit les dessinateurs aux techniques de l’image animée, du montage, du bruitage, du mixage…etc.

Loundja n’est pas encore dans les salles, pourquoi ?
Pour le moment, nous rencontrons des difficultés pour sa commercialisation….

Quels sont vos autres projets dans le domaine du film animé ?
Outre le film d’animation Loundja de 72 min, je travaille sur un autre projet, à caractère historique cette fois-ci : il s’agit de raconter l’histoire de RAIS HAMIDOU sous forme de film d’animation, ce qui est ma façon à moi de rendre hommage à la
richesse de notre patrimoine…

Parlez-nous un peu plus de Rais Hamidou...
Pour Rais Hamidou, le travail de récolte des textes a été plus sérieux, car le personnage est purement historique et les informations doivent être à chaque fois vérifiées, contrairement au conte Loundja où on pouvait laisser libre cours à son imagination. Pour le reste, nous avons travaillé  de la même manière que pour le film d’animation  Loundja. Bien sûr, nous avons profité de  ce second film d’animation pour introduire des améliorations à la qualité de l’image et à la technique d’animation.

Peut-on donc en déduire que vous faites du film animé une spécialité ?
Je crois que je ne peux pas oublier ma formation initiale dont j’ai également fais un métier,  à savoir le métier d’architecte.
L’architecture m’a toujours poussé à rechercher l’authenticité qui ne peut être séparée des traditions et de la culture de notre société. En ce sens, l’audiovisuel devient pour moi un outil d’expression essentiel pour la mise en valeur de notre patrimoine d’où je puise toutes mes références.

Avez-vous déjà participé à des festivals ?
Le festival du film amazigh reste pour mois le seul espace du genre qui m’ait ouvert ses portes, durant ces deux dernières éditions : la 7 ème édition, à Tlemcen en 2007, avec un documentaire LE M’ZAB, HISTOIRE ET PARADIGME ; et la 8ème, à Sétif en 2008, avec le film d’animation Loundja

Et concernant le festival du film animé d’Alger ?
Pour le festival de film d’animation d’Alger, je n’en ai jamais entendu parler jusqu’à récemment, comme tout le monde, en lisant le journal…

Quelles sont vos réalisations en dehors du film animé?
Comme je l’ai dis plus haut, l’essentiel de mes productions a pour dénominateur commun le patrimoine architectural de l’Algérie ; dans ce cadre, j’ai réalisé et produit:                                       
  • Documentaire : Tipaza - : l’histoire de la ville depuis la cité romaine à ce jour
  • Documentaire : Le M‘Zab, histoire et paradigme, l’histoire du patrimoine matériel et les traditions du mozabite
  • Documentaire : Les vagues historiques de la ville de Cherchell, l’histoire de la ville de Cherchell de sa création à ce jour
  • Documentaire sur la chaux traditionnelle et son utilisation
  • Documentaire sur le patrimoine immatériel à Ghardaïa : musique, folklore, fantasia, gastronomie, tradition…
Quant à mes productions en cours de réalisation, je travaille actuellement sur un documentaire sur l’histoire de la ville d’Alger des origines à nos jours.
Source Sudplanete