mardi 30 avril 2013

Monde arabe - Bob l'éponge, icône révolutionnaire

Le petit héros de dessin animé est omniprésent au Moyen-Orient depuis les soulèvements dans les pays arabes. Au point de devenir le nouveau Che Guevara ?
Bob l'éponge à toute vitesse dans les rues du Caire, en Egypte - Tumblr Spongebob on the Nile.
Bob l'éponge à toute vitesse dans les rues du Caire, en Egypte - Tumblr Spongebob on the Nile.

Lors d'un récent voyage en Haute-Egypte [sud du pays], Andrew Leber s'est rendu dans une boutique. Il voulait prendre des photos pour un projet commencé il y a quelques mois. Un passant, appuyé contre sa moto, y trouva à redire. Il lui fonça dessus, sortit un pistolet de sa ceinture et exigea de savoir ce qui se passait.

Andrew et le commerçant lui expliquèrent, paniqués, en quoi consistait le projet. L'homme changea alors complètement d'attitude. Un large sourire sur le visage, il insista pour qu'Andrew prenne une autre photo.
Le projet, c'est un blog sur Tumblr intitulé Bob l'éponge sur le Nil. Animé par Andrew Leber et Elizabeth Jaquette, deux étudiants américains, il cherche à répertorier toutes les apparitions de Bob l'éponge en Egypte et au Moyen-Orient en général.
Si vous ne connaissez pas les dessins animés modernes, Bob l'éponge est une petite éponge jaune anthropomorphique qui vit au fond de la mer avec sa bande de copains. Sa popularité a explosé en Egypte et dans le monde arabe au cours des deux dernières années. Le magazine Vice s'est même demandé récemment si Bob l'éponge n'était pas "le nouveau Che Guevara". Bob l'éponge sur le Nil collecte des photos du personnage en Egypte et dans la région, avec l'aide de contributeurs égyptiens et étrangers. Celles-ci vont du banal (tee-shirts, autocollants, peluches) au bizarre – mention spéciale à la gamme de parfums Bob l'éponge.

Les aventures de Bob l'éponge en Syrie ou en Palestine
Andrew et Elizabeth sont allés chercher des photos de l'éponge insouciante et de ses copains jusqu'en Palestine ou d'un homme déguisé en Bob l'éponge en Libye, au milieu des célébrations de l'anniversaire de la révolution sur la place des Martyrs. Mais ce n'est pas tout. En Arabie Saoudite, le chroniqueur Saleh Al-Chihi a déploré qu'un char Bob l'éponge ait été l'un des rares divertissements des célébrations de l'Aïd. Dans la province nord de Bahreïn, un groupe d'artistes appelé Bob l'éponge s'est produit en concert lors d'une fête nationale en février. En Syrie et en Egypte, il existe des campagnes (humoristiques) pour l'élection de Bob l'éponge à la présidence. Le personnage a été décrétéharam (interdit) par le cheik koweïtien Kamil Al-Awadi, en raison de son comportement trop féminin.
Je voulais savoir pourquoi Bob l'éponge était devenu omniprésent dans les pays arabes. Est-il vraiment le nouveau Che Guevara ? J'ai donc demandé à Elizabeth Jaquette pourquoi, à son avis, ce personnage pour enfants est devenu si populaire et suscite presque une ardeur révolutionnaire. "Je ne sais pas vraiment pour quelles raisons les gens pensent que Bob l'éponge est un tel phénomène. La plupart des gens sont aussi sidérés que nous", m'a-t-elle répondu.
“Poping-Spongy Candy.” Put down your Halls, ladies and gentlemen, it doesn’t get much better than this. Cairo, April 2013.Pas découragé, je prends contact avec un homme qui vend des articles Bob l'éponge dans une boutique de la bande de Gaza. Je lui demande par téléphone si celui-ci est vraiment un symbole de révolution et de résistance – des sujets qu'il doit connaître. Il réfléchit un peu. "Une révolution Bob l'éponge ? Je ne l'avais jamais entendue celle-là. En Amérique peut-être, mais ici, tout ce que je fais, c'est vendre des peluches aux enfants."

Une éponge sans frontières
C'est là que j'ai compris que la popularité de Bob l'éponge est intéressante car totalement banale. Les habitants du monde arabe aiment Bob l'éponge pour les mêmes raisons que les autres : parce que c'est un personnage amusant et sympathique.
Même s'il n'est pas une icône révolutionnaire, Bob l'éponge est un phénomène au Moyen-Orient. Ignorant les conflits et les frontières, il parcourt allégrement le monde arabe, et tout le monde l'aime (ou presque). En ce moment, le ministère des Affaires étrangères britannique recommande d'éviter tout déplacement en Syrie, au Yémen, à Gaza, en Somalie et dans certaines parties de la Libye. Mais une rapide recherche sur Internet permet de découvrir Bob l'éponge vêtu à la yéménite, Bob l'éponge sur des tee-shirts en Somalie et des cadeaux Bob l'éponge en vente à Gaza. En Syrie, il a fait son apparition sur le mur d'un bâtiment ravagé par les bombes, à côté d'un graffiti qui proclame : "Demain sera un meilleur jour."
Cette éponge ne respecte pas les frontières nationales. C'est ça, son acte révolutionnaire.

Par Raphael Gormack Source de l'article Courrier International

jeudi 25 avril 2013

Maroc: Un jeune développeur traduit des jeux classiques en arabe

Rendre un contenu numérique accessible à tout le monde en brisant la barrière linguistique est devenu l’objectif de beaucoup de passionnés de la technologie.

C’est dans cette optique qu’un jeune marocain s’est mis à la traduction de plusieurs jeux vidéos. Des classiques comme « Super Mario Bros » ou encore « The Legend of Zelda : Ocarina of Time« . C’est ce dernier projet qui attire l’attention.


En effet, Mouhssine Zaouia alias Megamanz développeur et traducteur agé de 27 ans, y a passé trois ans et a traduit la totalité du jeu en arabe. Le menu, les titres de mission, les éléments et objets de l’écran, les dialogues du jeu, tout y passe. Deux semaines après l’achèvement de ce projet son patch est téléchargé plus d’une centaine de fois.


Ocarina of Time est sa dixième traduction. Sur son compte Youtube on voit des versions traduites d’autres jeu classiques comme Street Fighter entre autres. Le jeune marocain essaie ainsi d’alerter les éditeurs de jeu vidéos à penser aux langues qui ne sont pas d’origines occidentales ou japonaises.



Aux autres développeurs africains de relever le défi: à quand un « Mortal Kombat » ou « Final Fanatsy » en peulh ou en haoussa? En attendant une petite vidéo de la version traduite de « The Legend of Zelda ».

Source de l'article AfriqueITNews.com


jeudi 18 avril 2013

Bande dessinée : défis égyptiens

Une censure toujours menaçante, un lectorat restreint et des investissements encore insuffisants... Les difficultés demeurent nombreuses pour développer le neuvième art au Caire.

Dans un pays plus habitué au Journal de Mickey qu'à Largo Winch, les dessinateurs se battent pour donner à la bande dessinée ses lettres de noblesse. Les initiatives personnelles se multiplient, et plusieurs fanzines comme El Doshma, El Bostagy et Tok Tok Magazine ont fait leur apparition, s'inspirant de l'actualité bouillonnante du pays. Une des raisons principales de leur succès ? L'ancrage dans la culture locale. « On s'inspire des arts populaires traditionnels : la calligraphie, les dessins naïfs de l'artisanat local », explique Andeel, caricaturiste politique et l'un des créateurs de Tok Tok. « L'argot égyptien, le parler de la rue, est aussi de plus en plus présent dans nos oeuvres, et il est très apprécié, car il traduit plus fidèlement l'esprit égyptien et la réalité du pays », précise Shennawi, autre dessinateur de Tok Tok.

Malgré le talent de ces artistes et la qualité des oeuvres, les comics peinent cependant à se démocratiser, et la bande dessinée reste l'apanage d'une minorité d'initiés, artistes des arts visuels, graphistes et étudiants des beaux-arts. « En Occident, le public de la bande dessinée est éclectique. En Égypte, ce n'est pas encore le cas », déplore Andeel, qui ajoute que l'un des objectifs principaux de Tok Tok est de populariser la bande dessinée. « Les oeuvres de certains artistes sont peut-être trop avant-gardistes pour le grand public. Nous devrions commencer par avoir notre propre Spirou », reconnaît sur un ton amusé Magdy El Shafee, auteur deMétro, le premier roman graphique arabe, publié en 2008 et immédiatement interdit par le régime de Moubarak.

"Si l'ancien dictateur a été renversé par la révolution en 2011, les artistes ne sont toujours pas à l'abri de la censure."
Tok Tok, un magazine qui s'inspire de l'actualité bouillante du pays.
Tok Tok, un magazine qui s'inspire de l'actualité bouillante du pays
Si l'ancien dictateur a été renversé par la révolution en 2011, les artistes ne sont toujours pas à l'abri de la censure. Et l'arrivée des Frères musulmans au pouvoir pose la question de savoir si de nouvelles limites seront imposées aux créateurs. « Nous sommes dans une période où on est en train de redéfinir les lignes jaunes. Nous avons affaire à un nouveau régime qui fonctionne différemment, nous ne savons pas encore ce qui sera autorisé et ce qui sera interdit », avance Ahmed Sayed, rédacteur en chef de la revue de bande dessinée pour enfants Bassem, une des plus célèbres du monde arabe. « Nous essayons de profiter de cette période d'incertitude pour nous exprimer librement et tester les limites. On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve », ajoute-t-il non sans humour. D'autres estiment cependant qu'il sera difficile au nouveau régime de leur imposer une quelconque censure. « Ces inquiétudes sont quelque peu exacerbées chez les artistes et les intellectuels égyptiens, d'autant plus qu'ils sont liés aux islamistes par une inimitié historique », relativise Andeel, qui indique : « Avec l'amélioration des conditions de vie socio-économiques des Égyptiens, nous devrions avoir moins d'inquiétudes concernant nos libertés. »

Ambitieux

Mais le problème essentiel auquel le neuvième art doit faire face reste la distribution. Les artistes sont unanimes : des investissements financiers importants sont nécessaires au développement d'une véritable industrie. « Il nous faut une institution puissante qui soit capable de soutenir activement l'art de la bande dessinée en Égypte », martèle Michel Maalouf, pionnier du domaine. Les comics pourraient aussi profiter de nouvelles stratégies de commercialisation plus ambitieuses. « Nous sommes 80 millions d'Égyptiens, nous avons des quotidiens qui se vendent à 1 million d'exemplaires et, malgré cela, nos tirages ne dépassent pas les 3 000 exemplaires », s'indigne Magdy El Shafee, qui indique : « Le public qui nous est naturellement acquis n'arrive pas à nous lire. Il suffit de voir les commentaires postés sur nos pages Facebook par des internautes à la recherche d'une certaine oeuvre. Et c'est sans compter le public qui pourrait être intéressé par notre travail s'il l'avait à sa disposition. »

L'espoir subsiste cependant, illustré par l'expérience d'Arab Comics. La première maison d'édition du pays spécialisée dans la publication de romans graphiques a vu le jour en 2011, peu de temps après la révolution. Depuis sa création, elle a publié trois livres, tirés à plus de 1 000 exemplaires, dont 18 Jours, qui relate le soulèvement populaire de janvier 2011. « Notre objectif est de contribuer au développement de l'art des comics et à sa popularisation auprès du public », explique Hani Abdallah, l'un des fondateurs d'Arab Comics, qui souligne que ce secteur peut à terme devenir financièrement rentable. « Nous n'en sommes pas encore à faire des bénéfices, mais nous amortissons déjà nos frais. »

Par Tony Gamal Gabriel - Source de l'article Jeuneafrique

vendredi 5 avril 2013

Regard sur le jeu vidéo africain

Cofondateur du studio Leti Games, Wesley Kirinya était invité à la Game Developers Conference 2013 pour parler de l’émergence du jeu vidéo africain. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de jeux vidéo situés en Afrique, mais bien de jeux développés sur le continent africain. 

En marge des grosses boîtes internationales, l’Afrique se découvre de nouveaux studios de développement indépendants tentant tous à leur façon de pousser le média pour le développer à travers 55 pays divisés en 3.000 cultures différentes pour un total d’1 milliard de personnes. Le défi semble de taille mais visiblement très excitant pour Leti Games créé en 2009 et les autres (Tasty Poison, Afroes,Kola Studios, Maliyo Games, Kuluya). Wesley Kirinya a eu l’amabilité de répondre à nos questions pour nous faire découvrir cette scène encore méconnue des joueurs occidentaux.

jeuxvideo.com > A quoi ressemble le paysage vidéoludique sur le continent africain ? Est-il dominé par le PC ? Les consoles ? Les mobiles ?

Wesley Kirinya : On ne parle pas beaucoup de consoles. C’est un investissement pour se procurer une console, et à part jouer avec, il n’y a rien d’autre à en faire. Aux Etats-Unis, vous pouvez regarder la télé sur Xbox et vous avez le Xbox Live. Il y a donc bien plus d’intérêt à avoir une console en Occident qu’en Afrique où il s’agit du moyen de jouer le moins populaire. Le PC est présent, mais il n’est pas aussi pratique que les mobiles. Et vous savez, les téléphones deviennent de plus en plus puissants et ils sont plus facilement accessibles aux enfants, n’importe quand. Avec tous les services qui évoluent autour du mobile, les téléphones sont devenus un outil important. Et puisqu’ils peuvent de plus supporter le jeu, les mobiles sont devenus la principale plate-forme de jeux en Afrique.

jeuxvideo.com > Quelle est la proportion entre plates-formes Android et iOS ?

Wesley Kirinya : Android est bien plus important, simplement parce que c’est moins cher. Un téléphone iOS coûte environ 1.000 dollars tandis qu’un téléphone Android revient à 100 dollars. Le calcul est vite fait !

jeuxvideo.com > Quels sont les genres de jeux les plus populaires en Afrique ? Vous disiez lors de votre présentation que les jeux à teneur éducative étaient très importants…

Wesley Kirinya : L’éducation est très estimée. Si vous réalisez un jeu et que vous y placez un élément éducatif, les gens donneront de l’importance à votre jeu, qu’importe si le jeu est amusant. Le fun d’un jeu tout seul n’est rien. Si vous ajoutez un aspect éducatif, c’est plus facile à vendre et cela donne envie aux joueurs de l’essayer. Une fois qu’ils l’auront essayé, ils pourront alors apprécier le côté amusant.

jeuxvideo.com > En parlant de faire essayer vos jeux, par quelles voies de communication parlez-vous aux joueurs afin de mettre vos titres en avant ? Y a-t-il une presse ou des sites Internet spécialisés pour relayer les informations jusqu’aux joueurs ?

Wesley Kirinya : Dans le cas d’un jeu réalisé en partenariat avec un constructeur mobile, ce dernier peut se charger de faire le buzz autour du jeu. Il y a aussi les portails de jeux mobiles et mettre votre titre sur un portail donne de la valeur au service de tel ou tel constructeur. Le meilleur moyen de faire parler de son jeu est à travers ces partenaires qui se chargent de la publicité.

jeuxvideo.com > Mais en dehors de la publicité, avez-vous des journalistes qui se consacrent à couvrir l’actualité jeu vidéo ?

Wesley Kirinya : Nous n’avons pas de presse spécialisée dans le jeu vidéo car il n’y a pas assez de jeux pour couvrir une actualité régulière. Il y a peut-être un nouveau jeu qui sort tous les six mois… Il y a des blogs ou même des joueurs en ligne qui parlent de ce genre d’informations. Il y a aussi quelques personnes que je connais qui écrivent de temps en temps dans des journaux ou parlent à la télé. Les jeux vidéo sont encore quelque chose de nouveau pour le continent. Il s’agit d’un nouveau type d’industrie qui existe ailleurs mais qui arrive sur le continent. C’est excitant.

jeuxvideo.com > Quelles sont les différences que l’on peut observer dans la production de jeux à travers le continent ?

Wesley Kirinya : Le nord est logiquement bien plus proche de l’Europe et du Moyen-Orient avec de grandes influences arabes. Et au sud, c’est essentiellement l’Afrique du Sud qui est plus occidentalisé … non pas vraiment … disons que l’Afrique du Sud est plus exposée aux courants modernes que le reste de l’Afrique. Avec les connexions européennes au nord et l’exposition de l’Afrique du Sud au reste du monde, ces deux zones de l’Afrique se retrouvent à créer des jeux pour les pays occidentaux. Ubisoft a par exemple un studio au Maroc, très proche de l’Europe. Développer en Afrique du Sud entraîne aussi probablement des avantages financiers. C’est peut-être moins cher de développer là-bas. En tant qu’ancienne colonie, l’influence hollandaise est aussi très importante en Afrique du Sud. Le pays a obtenu son indépendance bien plus tard et a logiquement eu une plus grande exposition à la culture occidentale. Il est donc naturellement davantage tourné vers l’Europe.

jeuxvideo.com > Cela veut-il dire que les studios à l’est et à l’ouest n’ont pas de contact avec l’Occident ? Travaillez-vous d’ailleurs avec des studios européens ou autres ? Que ce soit pour un partenariat ou du travail de commande ?

Wesley Kirinya : Le travail de commande à l’est et à l’ouest est principalement tourné vers d’autres studios africains. Il faut se rappeler que les pays à l’est et à l’ouest sont aussi d’anciennes colonies, mais des colonies qui ont obtenu leur indépendance bien avant l’Afrique du Sud. Les différents peuples ont alors tenté de retrouver leur propre culture. Dans notre cas, nous connaissons notre culture, et elle est comprise par l’ensemble de la population. Donc nous pouvons développer des jeux pour eux. Nous voyons le marché africain comme suffisamment grand pour nous. Même s’il n’est pas aussi vibrant qu’en Occident. Il est florissant et il nous suffit pour grandir. Donc nous souhaitons nous concentrer sur ce marché et continuer à le construire. Oui, nous pourrions travailler sur un produit de commande pour quelqu’un en dehors de l’Afrique, mais nous sommes si occupés à faire ce que nous faisons maintenant que nous n’avons même pas vraiment le temps d’essayer de mettre en place ce type de travail. Une autre raison est que nous n’avons pas les contacts pour être connectés avec le marché occidental. Le nord et le sud, parce qu’ils sont déjà connectés avec l’extérieur, ont probablement ce genre de contacts, donc c’est plus simple pour eux de travailler avec les studios occidentaux.

jeuxvideo.com > Comment se déroule la formation pour venir travailler dans le jeu vidéo ? Y a-t-il des écoles spécialisées ?

Wesley Kirinya : Nous avons des universités et des lycées qui enseignent l’informatique et le développement. En général, et je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème uniquement africain, la plupart des élèves qui terminent un cursus possèdent les bases mais pas l’expérience lorsqu’il s’agit de développer des jeux ou d’utiliser des programmes compliqués. Il nous faut trouver des gens qui ont une spécialité, comme les graphismes par exemple, mais qui comprennent aussi comment les ressources du système sont utilisées. Vous savez, parfois il vaut mieux laisser quelqu’un essayer quelque chose sur la durée. La plupart des personnes que nous avons engagées sont des personnes que nous avons formées nous-mêmes. Le cofondateur de Leti Games et moi-même nous sommes formés tout seuls sur une longue période de temps. Les gars de l’équipe, nous travaillons avec eux sur des projets, nous leur laissons voir notre code, nous les laissons jouer un peu avec et nous leur assignons des tâches spécifiques pour développer des jeux.

jeuxvideo.com > En mettant de côté les grosses structures, quelle est la taille moyenne d’un studio de développement en Afrique ?

Wesley Kirinya : De cinq à huit personnes environ.

jeuxvideo.com > Travaillez-vous parfois avec d’autres studios ?

Wesley Kirinya : Ah oui. Nous réalisons différentes parties d’un même jeu. L’avantage de notre compagnie est que nous sommes vraiment avancés techniquement et cela ne nous dérange pas de nous occuper de parties techniques. A l’inverse, nous ne sommes pas aussi doués dans certains domaines, le développement conceptuel, un peu le business, et il y a des compagnies qui sont bien meilleures à ce niveau. Oui, nous travaillons tous ensemble.

jeuxvideo.com > Vous parliez avant l’interview d’une Game Developers Conference en Afrique…

Wesley Kirinya : Oui, c’est quelque chose que nous pensons faire. Nous en sommes encore à la phase de préparation. Il y a plusieurs types de conférences qui commencent à se former, comme pour les comics. Nous pensons que si nous nous rassemblons tous, nous pourrions faire quelque chose.

jeuxvideo.com > Quand avez-vous commencé à travailler dans le milieu ? Quel jeu vous a donné envie de concevoir des jeux vidéo ?

Wesley Kirinya : Le premier jeu auquel j’ai joué… J’avais 10 ans. C’était Super Mario.

jeuxvideo.com > Sur la NES ?

Wesley Kirinya : Oui. A l’époque, il y avait quelques consoles par-ci par-là. Des copains en avaient et nous étions invités à la maison pour tous jouer à leurs jeux.


jeuxvideo.com > Y a-t-il une différence de prix en Afrique qui rend les machines encore plus chères qu’elles ne le sont déjà à la base ?

Wesley Kirinya : Les personnes qui vivent en ville peuvent s’offrir un PC car les prix ont vraiment baissé mais ils ne le font simplement pas. Moi-même, je n’ai pas de PC à la maison. Je n’ai pas de console non plus. J’ai le sentiment qu’il s’agit d’un gadget de plus à ajouter à la liste de choses à avoir. Le mobile est avec moi, il est toujours avec moi où que j’aille et vous savez, la plupart des jeux joués sont des jeux casual. Je ne passe pas du temps à brancher une machine, à l’allumer, à planifier une session de jeu… La plupart des jeux sur consoles exigent de passer une heure ou deux avant de pouvoir réellement être appréciés. La majorité des personnes n’ont pas ce temps à disposition. Les gens veulent juste jouer à quelque chose qui soit fun, rapide, pratique et qu’il est possible de continuer plus tard à sa propre convenance. Les gens ne choisissent pas de consacrer quelques heures à un jeu, c’est plutôt lorsqu’ils sont dans une file d’attente, ou dans le bus qu’ils se disent qu’ils n’ont qu’à s’occuper à faire autre chose, en l’occurrence jouer.

jeuxvideo.com > Le continent est divisé en plusieurs blocs de langues avec principalement deux gros blocs anglais et français, et de multiples autres langues moins répandues. Comment se déroule la localisation des jeux en Afrique ?

Wesley Kirinya : Quand vous prévoyez de développer un jeu, vous regardez à qui vous allez le vendre. Dans le cas d’une commande, on nous dit où il sera vendu. Généralement, les jeux sont simplement en anglais ou en français. Parfois, il y a d’autres langues, comme par exemple au Kenya où il y a l’anglais mais aussi le kiswahili. Le cœur du marché détermine quelles langues seront utilisées. Si le jeu vise des jeunes joueurs, l’anglais fonctionne très bien. Vous savez, de nombreuses personnes ne savent pas déchiffrer leur langue maternelle à l’écrit. Et si par bonheur ils y arrivent, ce n’est pas aussi simple à lire que l’anglais. Dès l’école, vous êtes habitué à lire en anglais et vous emmagasinez des mots assez rapidement. Même si le jeu cible une zone connue pour suivre sa culture traditionnelle, les gens connaissent l’anglais. Nous développerons donc le jeu en anglais. C’est aussi cette langue qu’ils lisent dans le journal. En revanche, si le jeu a besoin d’être réalisé dans leur langue maternelle, il sera alors probablement uniquement parlé. Moins de textes et plus de voix.

jeuxvideo.com > Vous parlez beaucoup de différents marchés visés pour tel ou tel jeu et vous mentionniez plus tôt les partenariats avec les constructeurs. Je suis curieux de connaître le processus initial de création d’un jeu. Avez-vous l’idée d’un jeu et vous cherchez alors un partenaire pour le financer ou est-ce l’inverse, une compagnie vous démarche pour développer un jeu ?

Wesley Kirinya : C’est un peu des deux en fait. Nous avons nos propres concepts que nous tentons de réaliser seuls mais nous cherchons aussi des partenaires pour nous aider à distribuer et à vendre le jeu. Lorsque quelqu’un nous contacte pour développer un titre, c’est généralement dans un but éducatif, un jeu pour enseigner quelque chose.

jeuxvideo.com > Quels genres d’enseignements ?

Wesley Kirinya : Nous en avons fait un pour une compagnie qui souhaitait que ses employés apprennent plus sur ses produits. Ils avaient beaucoup de produits et ils cherchaient un moyen de motiver leurs employés à mieux connaître leurs articles. Vous jouez au jeu, vous en apprenez plus sur les produits et vous êtes récompensé pour cela. Un autre jeu visait à apprendre à choisir de bons leaders en rassemblant des données sur les gens mais en gamifiant le processus. Vous deviez comprendre ce que les gens pensaient, et savoir si untel ferait un bon leader. Ce genre de choses. Lorsque les contrats viennent de compagnies externes, c’est principalement pour réaliser un jeu sérieux et éducatif.

jeuxvideo.com > Vous nous avez montré des concepts de Pharaon, d’Ananse et d’autres figures emblématiques de l’Histoire ou du folklore africain. Que comptez-vous faire avec ces personnages ? Quels types de jeux sont prévus ?

Wesley Kirinya : Il s’agit de jeux réalisés en interne chez Leti Games. Pour ceux-là nous voulons développer des jeux de plates-formes action. Nous voulons qu’une gamme de comics sorte en parallèle des jeux. Les jeux et les comics seront distribués séparément mais suivront la même histoire.

jeuxvideo.com > Les jeux sont-ils prévus pour rester sur le sol africain ? Y a-t-il une chance de les voir arriver en Occident ?

Wesley Kirinya : Il y a bien une chance. Mais encore une fois nous voulons d’abord faire grandir le marché africain. Et exporter le jeu en Occident exige bien plus de ressources. Nous sommes une petite compagnie et nous avons le temps de grandir. Nous avons des personnes de talent. J’ajoute que les compagnies en dehors du continent ne comprennent pas aussi bien la culture africaine que nous pour réaliser ce que nous voulons faire. Donc avec tous ces avantages, nous ne nous sentons pas particulièrement menacés. Si nous nous sentons menacés un jour, alors il sera peut-être temps de chercher un bon et grand partenaire. Ceci dit, nous pensons que si nous réussissons bien en Afrique, les jeux commenceront à s’exporter d’eux-mêmes en dehors du continent.

jeuxvideo.com > C’est tout ce que l’on vous souhaite. Merci Wesley Kirinya.

Source de l'article Jeux Video

mercredi 3 avril 2013

ADIEFF to display animated cartoons

The animated films will be presented in cooperation of the International Association of Animated Films (ASIFA). Represented by its Egypt-headquartered Arab regional office, the leading umbrella organization that brings together several groups worldwide for the promotion of the art of animation, will contribute with films that focus on child environmental issues.
ASIFA’s Regional Director, Dr. Mohammed Ghazaleh said his organization will participate in two programs: one for short animated films for children and adults on the environment and environmental protection, and one for organizing a workshop on educating children on how animations are made by using environment friendly techniques and recycled material.
The two-hour long animation program will include a collection of varied films from around the world in addition to contributions by ASIFA’s members. The films are solely dedicated to the environment and nature. Other films cover themes such as the recycling of industrial waste in ASIFA’s projects. One is a long African film entitled “The Myth of the Kingdom of Heavens” whose production design used solely raw household consumed waste. The program will also screen a number of animated cartoons produced by UNESCO’s workshops in Africa that dealt with the protection of the environment and celebration of nature.
“We’re willing to participate in this festival that advocates an important and innovative mission for our Arab world: celebrating the environment,” said Dr. Ghazaleh stressing the consensus among all concerned, that the Festival’s aim is to raise public awareness.
“The diversity of our programs will reflect the richness of this part of the world,” he said.
Dr. Ghazaleh is looking forward to a program full of animated films produced by ASIFA’s artists, who are from many different cultures; although, Ghazaleh said, Arabic and African animated cartoons will be celebrated in particular, as “we are representing this region, understand its natural environment, and care to present those films that are closest to our environment and identity.”
As for the children’s workshop, Ghazaleh said it will be run by professional ASIFA artists who are experienced in dealing with children. “They will teach the children how to technically create cartoon movies, as a way of expressing their ideas about the environment and warning us of its problems.”
“It’s no secret, our Middle Eastern children are spending a great deal of their time watching foreign televised cartoons, that can present alien cultures. Our regional office here will celebrate local production and encourage Arab artists,” he said.
He underlined that these types of films are probably needed by “around one million Arab children”.
ASIFA’s participation is anticipated to attract many children, especially the children of the festival guests, to learn animation techniques, and to try, throughout the workshop, to produce a collective whole animated film that will in turn be screened at the end of the Festival.
ASIFA-Egypt was established in 2008 in Alexandria as the first Arab and African branch of the organization. Its mandate is to connect between animation artists in the Arab world, and those around the globe. It has invited many international animators to present workshops and films in several Arab and African countries, in similar festivals, events and workshops. It now has collaborative partnerships with academies and training centres in the Middle East and Africa.


mardi 2 avril 2013

Mai El Shoush - I created an Arab comic book heroine

When I covered the first Middle East Film & Comic Con (MEFCC) in Dubai last year, I came across amazing talent including manga artists, fantasy book writers, illustrators, action figure creators and, of course, the odd Superman and Captain America in full costume.

During one of my conversations with the organisers, Extra Cake PR, they said "you have to do something for next year" and were very encouraging. They suggested I find an idea that could be different. So I went and brainstormed.

I've grown up around henna. In Sudanese culture - and Middle Eastern culture as a whole - it's a big part of your everyday life. I believed it would be something unique, something that wasn't done before.

When I spoke to one of MEFCC's main featured guests, the US-based Jabal Entertainment founder Sohaib Awan, the creator of the comic series Jinnrise by IDW Publishing (GI Joe, Star Trek), he said he was trying to find home-grown comic book characters and stories. Sohaib is enthusiastic about exposing writers and artists from this region with new stories to tell of the various traditions and legends of Arabia, intended for international appeal. When I showed him my idea, he was confident it would be a hit and this feedback turned into a publishing contract with Jabal Entertainment. So here we are: this weekend I'll be in a booth at Comic Con with the teaser issue for Drawn, a graphic novel series exploring the complex history and mysticism surrounding the henna plant. The series follows the lead character Rayann Lawsonia as she unlocks a centuries-old secret following an encounter with an enigmatic henna artist. Rayann discovers the symbol woven on to her hand goes deeper than the aesthetics and it opens a doorway into another world.

I wanted Rayann to look distinctly different to other female characters. When I began browsing other comic books - and when you look at how the female characters are portrayed - you can see that they are very much objectified. The majority of the time, it's about their physical appearance. But with Ryannn, her strength isn't about her physical beauty or her sexuality. It's beyond that; it's about her inner strength.

After Comic Con I'll be hard at work on issue number one, which will be about 50 pages, and we're hoping to release it just after the summer.

I never thought I'd be writing a comic book. I've always wanted to do something in creative writing, because I've had a passion for it ever since school. But comic books? I had never even read a comic book before. It's great because Sohaib really got me outside my comfort zone.
Sometimes, when ideas cross our minds, we tend to say: "Oh, I'll never be able to do that," but until you really test yourself and are put in that situation, you don't know what you are capable of. Only you tell yourself whether you can or can't do something.

The extremely humbling experience has allowed me to work with some of the most amazing comic illustrators and artists such as Mark Torres (The Walking Dead 100: Hero Initiative, Conan the Barbarian), Siya Oum (Heroes), Paige Hartman and Ed Brisson to bring my characters to life. Jabal Entertainment aims to turn stories such as Drawn into a TV series or even full-length feature films - and we have already seen film producers express interest.

So, if you are attending MEFCC, make sure to stop by the Jabal Entertainment booth for a copy of Drawn.

For Details visit Facebook.com/DrawnTheSeries or www.jinnrise.com


Source Thenational

lundi 1 avril 2013

Canvas on Mixed Media de Jalal Maghout, Syrie

Concours de courts-métrages MADE in MED - Gagnant



Canvas on Mixed Media de Jalal Maghout, Syrie, 2012

Synopsis

Les corbeaux sont plus humains qu'on ne le croit. Il existe plusieurs raisons logiques qui peuvent pousser à penser que cet oiseau n’est pas de mauvais augure.

De nos jours, même si l’on croit plutôt aux superstitions traditionnelles, au milieu de toute cette destruction qui nous entoure, on continue d’implorer salut et espoir à cette créature sinistre.

Ici le corbeau ne collectionne pas les objets brillants, mais les objets brillants se dirigent d’eux même vers une zone déserte au lieu de toucher leurs cibles. Ils se perdent dans des coins obscurs pour que la vie puisse continuer.

Biographie

Jalal Maghout, réalisateur de films d’animation et artiste visuel syrien, est né à Damas en 1987. Il étudié à l’Université d’Arts appliqués de Damas où il a fini premier de sa promotion en 2010. Il enseignera dans cette même université en tant que professeur assistant pendant deux ans.

Son premier court métrage indépendant Creatures of Inexistence (15:28), sorti en 2010, a été projeté dans de nombreux festivals et autres évènements culturels en Syrie et au Liban. Canvas on Mixed Media (05:12) est son second film sorti en 2012.

En plus de l’animation, Maghout a travaillé dans plusieurs autres domaines tels que les clips vidéos, la photographie et la peinture.

"Une approche visuelle créative et puissante de l'horreur syrienne avec un soupçon d'humour noir"
Par Soudade Kaadan, membre du jury de MADE in MED.

Source de l'article Euromed Audiovisuel