En passant au rayon librairie d'un grand supermarché d'une ville française de taille moyenne, j'ai été plus que surpris de voir à l'étalage la bande dessinée de Akim. Je croyais cette revue définitivement éteinte !
Akim ! Cette bande dessinée qui aura marqué beaucoup d'Algériens dans les années Boumediene. Une époque où le taux de croissance de l'Algérie avoisinait les 8 %, où le chômage était peu répandu, où l'éducation se généralisait, la santé gratuite, le prix du livre soutenu, où le cinéma algérien avait une réputation mondiale. Mais aussi une époque marquée par des échecs cuisants quant à la "révolution agraire", l'arabisation mal gérée, et une bureaucratisation du système devenue insupportable pour le citoyen..
C'est dans ce contexte que nombreux étaient les algériens qui étaient passionnés par ces bandes dessinées.
Il y avait aussi Blek Le Roc, ce trappeur américain partisan de la guerre d'indépendance des USA contres les anglais surnommés les "homards rouges". Blek et ses amis Roddy et le professeur Occultis qui se vouaient une admiration l'un pour l'autre.
On peut aussi citer les Kalar, Ivanohe, Popeye, Tartine, Cap'tain Swing, Rodeo, Mandrake le magicien, Le Fantome, Rocombole et bien d'autres bandes dessinées qui auront marqué toute une génération à une époque où il n' y avait pas d'ordinateur, ni d'internet, ni de téléphone portable, ni parabole. Même la télévision se faisait rare !
Ces bandes dessinées, bon marché, que se disputaient deux maisons d'édition, Lug et Mon Journal avec une concurrence impitoyable, avaient beaucoup d'amateurs. Chaque épisode se terminait par une scène où il fallait attendre le prochain numéro pour en connaître l'issue. Le langage utilisé était simple, mais sans fautes d'orthographe.
Ces albums étaient lus et avaient une très grande longévité. Après leur lecture, on les revendait pour en acheter d'autres, mais on les échangeait aussi.
Dans certaines familles, ils étaient purement et simplement interdits de lecture, considérés comme "revues de débauche" ! Certains les lisaient en les camouflant dans un livre plus "sérieux".
Dans un pays qualifié "en voie de développement" à cette époque, ces revues fascinaient les jeunes parce qu'ils les faisaient rêver. Les aventures des héros étaient racontées avec art. Le lecteur était tenu en haleine par le suspense des récits, les histoires d'amour mais aussi de trahison, la solidarité, le dévouement, le courage mais aussi la lâcheté. Une "sous-culture" que beaucoup appréciaient !
Bouzid et son fidèle ami kabyle Ameziane, mais aussi avec son ennemi juré Sid Esadik, exécrable intégriste qui tournait autour de Zina !
Ce succès était du en grande partie aux critiques acerbes de Slim contre le pouvoir. Les histoires de SLIM, en effet, collaient beaucoup à la réalité de cette époque où le caricaturiste, avec un style devenu sa marque de fabrique, dénonçait la corruption, la bureaucratie, le gaspillage, le piston, l'intégrisme et toutes les incohérences des orientations politiques du pouvoir.
La nostalgie; la fiancé des bons souvenirs qu'on éclaire à la bougie", disait grand Corps malade.
Par Youcef Elmeddah - Source de l'article Huffpostmaghreb
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