vendredi 24 septembre 2010

Une nouvelle association est née


Une nouvelle association est néeEt si l’art de l’animation était celui de tous ?
Le cinéma d’animation est tout un art, réalisé avec une patience de moine par des auteurs qui peuvent passer trois ans de leur vie pour dix minutes de film. 
Et si cet art était celui de tous, défendu et promu par des jeunes de moins de trente ans et qui viennent d’horizons différents ! Car nous venons d’apprendre qu’une nouvelle association est née. Elle a vu le jour le 9 juin 2010 et s’appelle : l’Association tunisienne du cinéma d’animation (Atca).

«Non, nous ne faisons pas double emploi avec l’autre association», déclare Wassim Ben Rhouma, le président de l’Atca, qui assure que son association travaille en parfaite collaboration avec la première, créée en 1995 par le vétéran du cinéma d’animation, Zouheïr Mahjoub, et dont l’objectif est de promouvoir cet art et les arts connexes. «Nos objectifs sont à peu près les mêmes. Mais nous intervenons de manière différente, et une association de plus ne peut que faire du bien à un secteur qui a grand besoin d’être enrichi, développé et promu», ajoute-t-il.

Le jeune Wassim ne fait donc pas cavalier seul. Il s’est même fait entourer de jeunes de son âge pour constituer le bureau. Mehdi Dahmen, étudiant en ressources humaines, est secrétaire général, Ilyes Labidi, étudiant en cinéma, est vice-président, Wafa Azabou, préparant son mastère en muséologie, est trésorière, et Hadhami Labidi, issue de l'Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) est attachée de presse. L’Atca, créée par des non-professionnels du cinéma d’animation, a pour objectif de promouvoir les films de ce genre, en Tunisie et à l’étranger, de créer une nouvelle génération de cinéphiles de cinéma d’animation, d’assurer la connexion entre les professionnels et les amateurs du domaine et d’organiser des ateliers de formation et des projections de films dans toute la République. D’ailleurs, l’Atca vient de clôturer 5 ateliers dont le coup d’envoi a été donné au mois d’avril 2010. Ces ateliers ont été organisés à Tunis, Bizerte, El Fahs, Monastir et Métouia, avec l’aide des fonds de la Bibliothèque d’Alexandrie (Bibalex) et la plateforme Tigweb.org.
Actuellement, l’équipe de l’Atca est en train de superviser le montage des films de fin de stage, créés par des jeunes de 17 à 26 ans.

C’est clair, la formation a l’air d’être la principale activité de l’Atca. Elle est, pour le moment, assurée par I. Labidi et W. Ben Rhouma, lui-même formé en Egypte, dans le cadre d’un atelier de 3 semaines, organisé par l’Arab Digital Expression Foundation (la fondation arabe de l’expression numérique).

Diplômé en chimie, Wassim a préféré abandonner la science pour se consacrer entièrement à l’art. Il a fait une expérience de théâtre pour enfants, puis il a joué quelques rôles dans la publicité, dans la fiction télé et au cinéma. Se découvrant une capacité de leader, il a décidé de réaliser ce projet de l’Atca, ravivant ainsi sa plus grande passion : le cinéma d’animation.
Wassim et ses amis nous donnent rendez-vous le 28 octobre 2010, à l’occasion de la Journée internationale du film d’animation qui se tiendra dans le cadre des prochaines Journées cinématographiques de carthage. L’International Animation Day (IAD) aura lieu à Mad’ART Carthage, espace de création et de représentation, également élu siège de l’Atca.
Nous y reviendrons.
Par Souad Ben Slimane – Source de l’article JetSetMagazine

mercredi 8 septembre 2010

Quand la BD planche sur le mois sacré..

Couverture du 'Mois sacré du ramadan', aux éditions BDoin.
ouverture du "Mois sacré du ramadan", aux éditions BDoin. 

À quelques jours de la fin du ramadan, une BD militante, « Le Mois sacré du Ramadan », revient avec beaucoup d’humour et d’autodérision sur l’un des plus importants piliers de l’islam. 
Rencontre avec le coauteur, Norédine Allam, qui espère bien sensibiliser ses coreligionnaires au respect du jeûne.

« Comme beaucoup de jeunes de quartier, j’ai été marqué par les hommes en blanc qui faisaient le rappel de la religion dans la rue », se souvient Norédine Allam, 32 ans, qui a grandi à Amiens (nord), où il vit encore. « Ce rappel était très, très sévère. Quand on ne voulait pas aller à la mosquée, on nous jugeait. Moi, on me traitait de toxico… Ça m’a énormément blessé », confie ce petit-fils de harki.

Planche n°7 du Mois sacré du ramadan
© Éditions BDouin


Aujourd’hui, Allam est devenu dessinateur de BD et ne se fait plus prier pour se rendre à la mosquée. C’est même lui qui, désormais, bat le rappel. Mais à sa manière : en faisant des bulles « pour rapprocher les jeunes et les moins jeunes de la religion ». Sa société d’édition BDouin a ainsi sorti en juin Le Mois sacré du Ramadan, dont Allam a écrit les scénarios.
Premier tome de la série Muslim’Show, dédiée au quotidien des musulmans d’Occident, l’album est issu d’un concept militant. Il totalise 46 tranches de vie drôles, pédagogiques et parfois moralisatrices, avec quelques conseils pour observer le jeûne dans les règles.
« On ne peut pas diviser la religion et prendre seulement ce qu’on aime parce que la société française, ou une autre société, n’a pas été habituée aux traditions musulmanes et peut être choquée par certaines choses », prêche Allam, qui considère que le voile est un précepte religieux à respecter.



Plus de 9 000 exemplaires vendus
C'est pourquoi la plupart des musulmanes du Mois sacré du Ramadan sont voilées. Dans la rue, à la maison, et même dans les salles de classe… Pour Allam, rien que de très normal. Une position qui l’a conduit à bouder, en 2009, le prix « Talents des cités » que devait lui remettre la secrétaire d’État chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara.
« Ma femme est voilée, et que [Fadela Amara] dise que toutes les femmes voilées sont soumises, je ne peux pas l’accepter ! Je lui ai dit : “À moins que vous ne vous excusiez auprès de ma femme, je ne suis pas près d’accepter quoi que ce soit ou de vous serrer la main”. Apparemment, elle n’avait pas envie de s’excuser… »
Fin août, deux mois après sa sortie, près de 9 000 exemplaires du Mois sacré du Ramadan ont été écoulés. Sur le site du Studio 2HB (qui a colorisé les 33 albums d’Astérix sous la direction de Allam), les commentaires des musulmans sont souvent emprunts de gratitude.

Déficit d’image positive
Planche n°9 du Mois sacré du ramadan. 
© Éditions BDouin
Greg Blondin, le dessinateur, se souvient du témoignage émouvant d’une lectrice : « Elle racontait à quel point elle était soulagée et heureuse de pouvoir rire d’elle même, et de voir enfin un regard positif et tendre posé sur l'islam... Ça m’a scotché, car je ne me rendais pas compte à quel point certains musulmans souffraient du déficit d'image positive de leur religion. »
À la surprise des auteurs, l’engouement pour la BD a dépassé le cercle des musulmans pour s’étendre à des lecteurs désireux de mieux connaître l’islam. La BD pour combattre l’islamophobie ? « Elle peut permettre d’avoir un autre regard sur l’islam, estime Philippe Ostermann, directeur général délégué chez Dargaud, distributeur-diffuseur de la série Muslim’Show. Mais il ne faut pas donner à un livre plus de pouvoir qu’il n’en a. C’est plus en éduquant qu’on résoudra ce type de problèmes. »
Quoi qu’il en soit, le succès du Mois sacré du Ramadan encourage le binôme Allam-Blondin à plancher sur le deuxième tome. Celui-ci, consacré au mariage, sera l’occasion de rectifier quelque peu le tir. « Dans le tome 1, on s’est servi des clichés des non-musulmans sur l’islam, explique Norédine Allam. Dans le prochain, les non-musulmans poseront des questions aux musulmans. Ça permettra d’avoir un échange. »



Par Habibou Brangé - Source de l'article Jeuneafrique