"Tuffix" est une jeune dessinatrice de bandes-dessinées autodidacte qui utilise ses dessins pour créer un dialogue entre les communautés et dénoncer avec humour les clichés.
Derrière "Tuffix", se cache Soufeina Hamed, une jeune tuniso-allemande, née à Tunis et qui a grandi à Berlin, élevée par son père tunisien et sa mère allemande.
Ses Bandes-dessinées tournent autour des thèmes de l'identité, du racisme et de l'islamophobie mais toujours avec humour: "Je propose également des ateliers et des discussions sur ces thèmes. J'ai une maîtrise en psychologie interculturelle qui m'a aidé à réfléchir et à comprendre ces sujets d'une façon plus objective" affirme-t-elle au HuffPost Tunisie.
À l'origine de sa première oeuvre, le racisme: "La première œuvre que j'ai partagé en ligne était liée au racisme et a émané d'une forme de frustration que je ressentais. J'ai remarqué que la publication a donné lieu à une discussion très honnête sur les musulmans en tant qu'individus - pas dans le cadre de cet "Islam" dont nous entendons constamment parler aux infos" se rappelle-t-elle.
"La première fois que j'ai partagé en ligne mon expérience personnelle en tant qu'artiste, j'avais remarqué le pouvoir de l'art et de la narration. Des outils si puissants pour moi et pour les autres, pour créer de l'empathie et un dialogue interculturel" affirme Soufeina avant d'ajouter: "J'ai donc décidé de l'utiliser consciemment, avec humour, sensibilité et le niveau de gravité nécessaire".
De là est née son personnage phare, une jeune femme voilée dont on suit l'évolution, la vie, le quotidien entre joies et galères, spiritualité, déceptions, attentes, frustrations... "Le personnage principal s'inspire surtout de moi. Mes œuvres sont inspirées de ma vie quotidienne, de mes pensées et de mes sentiments. Cependant, certains personnages ou évènements sont également inspirés par des expériences d'amis et de membres de la famille" explique-t-elle.
À travers ses bulles, Soufeina souhaite passer trois messages: "D'abord que l'islam est une religion qui enrichit ma vie et cela est aussi significatif pour moi que pour les autres" débute-t-elle. "Ensuite que les musulmans adorent Netflix, font du vélo, sont normaux et ennuyeux comme tous les autres. On est bien plus humains que ce que les autres essayent de nous faire croire". Et enfin, "le racisme et la discrimination existent et ils ne sont pas nécessairement liés à de mauvaises intentions, ils sont structurels et subtils" affirme-t-elle.
Face aux sujets que traite son personnage, Soufeina a été confrontée à de nombreuses réactions: "Je remarque deux types de réactions: les non-musulmans ont vu mon art comme une fenêtre, une invitation ouverte pour en savoir plus sur cette vie prétendument mystérieuse, exotique et stricte de 'musulmans'. Ils étaient amusés et intéressés, posant des questions timidement alors qu'ils n'étaient pas capables ou n'osaient pas le faire avant".
"De l'autre côté, les musulmans et les personnes de couleur semblaient quant à eux heureux que je dépeigne leurs luttes" raconte-t-elle.
Si elle ne préfère garder que le positif, elle a tout de même connu des commentaires négatifs: "Bien sûr, en plus de ces réactions, j'ai également eu des expériences négatives- des deux côtés, musulmans et non musulmans" affirme-t-elle, "mais heureusement, ces voix sont minoritaires".
Source de l'article Huffpostmaghreb
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