A une époque où les industries vidéo ludiques génèrent de plus en plus de revenus astronomiques, le secteur intrigue de plus en plus en Afrique, un continent où le eSport fait ses premiers pas.
A Dakar, le 12 mai 2018, se tenait la dernière journée du Seed Hoop Forum, un événement annuel rassemblant des entreprises, des organisations à but non lucratif et d’autres acteurs utilisant le basketball comme moyen de développement en Afrique. Ce jour marquait également le 20e anniversaire de la fondation Seed Project, qui dirige la première académie officielle de la NBA en Afrique, basée à Thiès, ville du Sénégal. A l’heure de la digitalisation de l’industrie sportive, les débats se sont naturellement tournés vers l’e-Sport.
La NBA, par exemple, a fait des industries ludiques compétitives le prochain levier de croissance de sa marque. Dès les premiers mois de 2018, la ligue de basket-ball nord-américaine a fait prêter allégeance à pas moins de 102 joueurs pros qui défendront l’écusson de la NBA sur le jeu vidéo NBA 2K. Ainsi, les nouveaux sportifs de la NBA étrenneront désormais, au lieu de balles, des manettes de consoles de jeu vidéo, et leur valeur n’en est pas pour autant inférieure. La NBA a prévu, dans un premier temps, un budget de 35 000 dollars par tête pour couvrir pendant les 6 premiers mois les besoins des joueurs retenus. Rien d’étonnant quand on sait la mine d’or que représente le secteur du e-Sport. Le secteur atteindra les deux milliards de dollars de valeur en 2022, a rappelé le gabonais Eric Mickoto, acteur du secteur de l’entrepreneuriat gabonais. Ce qui explique les efforts faits, même du côté des éditeurs de jeux vidéo pour satisfaire le public le plus large possible.
A ce propos, on peut citer NBA Live 19, qui joue la carte de la promotion du genre en intégrant dans son mode carrière la possibilité de jouer avec un personnage féminin. Ce titre tente également de séduire les joueurs français en mettant en valeur la destination Paris, en ajoutant la possibilité de jouer une simulation du Quai 54, le célèbre tournoi de BasketBall de Rue et de Culture Urbaine organisé depuis 2002 en France. Il faut dire que les enjeux du jeu vidéo compétitif sont énormes, aussi bien pour les éditeurs, les marques et les joueurs que pour les organisateurs d’événements.
L'équipe e-sport XamXam Lions en entrainement sur FIFA18 avec leur coach Kofi sika LATZOO dans les locaux du Yaas Hotels au Sénégal. Credit photo Aljazeera Bureau de Dakar |
Pour Kofi Sika Latzoo, consultant en Gamification certifié par le gouvernement allemand et professionnel du secteur, avec déjà 74 évènements e-Sport organisés à son actif en Afrique, dont deux qualifications africaines (Sénégal et Togo) via des communautés de joueurs semi-pro aux championnats du monde de jeu vidéo compétitif (WESG 2016), organisé par le géant de l’e-commerce chinois Alibaba. Il est, pour lui, hors de question que l’Afrique rate le coche de cette transformation digitale d’une culture numérique que les générations Y et Z connaissent bien, parce que dans le reste du monde, l’engouement pour la discipline semble déjà prendre.
Il y a quelques mois, peu de personnes ont remarqué le moment symbolique, durant l’ouverture des jeux Olympique de Pyeongchang, lorsque l’équipe coréenne d’e-Sport KT Rolster a porté la flamme olympique, annonçant à ceux qui ne le savaient pas encore que la discipline vidéo ludique sportive réclamait désormais sa place dans l’agenda Olympique 2030. Le 21 juillet dernier, le Comité International Olympique (CIO) et l’Association Mondiale des Fédérations Internationales de s Sport (GAISF) ont accueilli au Musée Olympique de Lausanne un Forum sur l’eSport.
Selon Gaël Boukossou , ingénieur financier du secteur bancaire qui s’intéresse à l’économie de l’e-sport en France, ‘’Les grandes marques ne cessent de s’enthousiasmer pour le secteur. En effet, elles ont investi 964 millions de dollars dans le sponsoring d’évènements e-Sport durant l’année écoulée’’
À la fin de la rencontre, le président de la GAISF et membre du CIO, Patrick Baumann, a évoqué « une éventuelle coopération entre la famille olympique et la communauté de l’eSport ». Par ailleurs, « Les grandes marques ne cessent de s’enthousiasmer pour le secteur. En effet, elles ont investi 964 millions de dollars dans le sponsoring d’évènements e-Sport durant l’année écoulée » affirme le gabonais Gaël Boukossou, ingénieur financier du secteur bancaire qui s’intéresse à l’économie de l’e-sport en France . De quoi susciter des intérêts partout dans le monde. Des ligues et fédérations e-Sport naissent et se créent partout sur la planète et le secteur commence à pointer le bout du nez en Afrique. Mais pour que le continent profite de cette tendance, les nations africaines devraient prendre exemple sur des modèles émergents tels que celui du Brésil.
L’exemple brésilien : la GameXP
Au Brésil, du 6 au 9 septembre dernier, les joueurs ont pu apprécier lors de l’évènement Game XP, le premier parc de jeux vidéo du monde. Le parc olympique de Rio a été transformé pour l’occasion et a accueilli plusieurs tournois e-Sport , un hackathon sur l’agro -alimentaire et le plus grand écran géant au monde et plusieurs activités autour du monde du jeu vidéo . L’impact économique de l’évènement a été énorme. Game XP a généré plus de 13,5 millions de dollars et créé plus de 1000 emplois selon les données de Fundação Getúlio Vargas (FGV) et du ministère brésilien de la culture. Sur ce total, 9 millions de dollars US ont un impact direct et impliquent des dépenses d’hébergement, de nourriture et de transport. Les 4,5 millions de dollars restants concernent les activités des fournisseurs touchés par l’événement. Ces chiffres ont confirmé le leadership des autorités brésiliennes qui envisageraient d’investir 100 millions de dollars dans les industries créatives spécifiques de l’audiovisuel et du jeu vidéo.
La ferveur brésilienne et les chiffres de Game XP devraient inspirer l’Afrique sur l’opportunité à saisir. Ces revenus potentiels du e-Sport reflètent une alternative aux économies traditionnelles et illustrent l’impact de l’économie des industries créatives qui poussent le continent à revoir ses orientations dans une configuration géo-financière qui commence à s’essouffler. Une thématique qui sera certainement abordée lors du prochain Festival de l’Electronique et du Jeu vidéo d’Abidjan (FEJA) du 23 au 25 novembre 2018, le plus grand événement d’eSport et de jeu vidéo du continent africain.
Par Servan Ahougnon (Reporter Gamecampcities) -Source de l'article Gaboneco
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