Entretien de Christophe Cassiau-Haurie avec Gihèn Ben Mahmoud
C'est la raison pour laquelle, l'irruption en 2008 de Gihèn Ben Mahmoud avec son premier album La Revanche du phénix, fut une réelle surprise. Débutante et consciente du chemin qui lui reste à parcourir, Gihèn est animée par une volonté de réussir envers et contre tout dans un milieu traditionnellement peu ouvert aux femmes.
Comment avez-vous commencé dans la profession ?
J'ai commencé avec Apollonia, maison d'édition tunisienne pour laquelle j'avais monté un projet. Je ne connaissais rien du monde de la BD. J'avais 18-19 ans, c'était en 2000, je venais d'avoir mon bac. J'ai contacté les éditeurs après les avoir vus à la télévision. Je savais dessiner et j'étais portée sur les métiers du secteur artistique en général, et le cinéma en particulier. Je faisais du dessin depuis toujours et j'écrivais. Travailler le dessin en fonction du récit, cela donne tout simplement de la BD.
Qu'est devenu votre projet avec Apollonia ?
Il n'a pas abouti sous forme de BD pour différentes raisons qui me dépassent. C'est devenu un film. J'avais cependant plein de matériaux inexploités, de la documentation et quelques planches. J'ai décidé de les utiliser, d'en faire une autre histoire. La mienne… Il m'a fallu près de six ans pour sortir la BD. Je travaillais en parallèle comme infographiste dans une boîte de communication et étudiais à l'université pour devenir traductrice-interprète. À présent je travaille sur un autre projet : Le Rêve Oriental, une histoire de pharaons en style réaliste, avec des aventures qui se situent entre le thriller et le fantastique. J'ai mis du temps à l'écrire. Je cherche à le proposer au marché franco-belge. On peut en avoir un aperçu détaillé sur mon blog (1).
Vous aviez donc une histoire complète sous la main pour votre première BD ?
Quel en a été le résultat ?
Quels sont vos projets dans ce domaine ?
Quelles sont vos ambitions avec ces titres ?
Pouvoir publier une image différente de " nous ", les femmes arabes qui sommes souvent mal comprises ou mal perçues. Donner un exemple aussi. On a si peu de références en matière d'héroïnes BD. Pour moi, l'image de la femme est très importante. Dans mes histoires, beaucoup de mes personnages sont des femmes, que leurs rôles soient principaux ou secondaires. Mes héroïnes ne sont d'ailleurs pas typées. J'adore dessiner ces femmes belles, affranchies, fortes et fragiles à la fois mais aussi battantes et modernes, qui obtiennent ce qu'elles veulent et qui s'inspirent de la culture occidentale sans renoncer à leurs origines orientales. Point de rencontre entre la force et le charme, la femme est vraiment au centre de mon travail !
Comment ressentez-vous les difficultés liées à la BD en Tunisie ?
Ressentez-vous des affinités avec des auteurs en particulier ?
Disons que j'ai des auteurs favoris, des préférences, mais on ne peut parler réellement d'influences. Je lis très peu de BD et je ne suis pas une grande connaisseuse si on peut dire. Mais pour la construction du récit j'apprécie énormément le style graphique d'Ana Mirallès (Djinn), Enrico Marini (Le Scorpion), spécifiquement pour la narration et le genre, Juanjo Guarnido sublime dans Blacksad et Tsukasa Hojo pour son humour et son délicat mélange de styles dans City Hunter.
Source de l'article Afribd
(2) Son blog est sur [http://seifnechi.blogspot.com/]
Depuis octobre 2009 :
Gihèn a illustré deux contes pour enfants : Boipuso's de Hajer Zarrouk et Le lac des étoiles filantes de Marika Petruski. Elle a également réalisé des illustrations sur la révolution tunisienne pour Livret santé (Tunisie - magazine) et Folha de San Polo (Brésil - quotidien).
Passion rouge sort en pré-publication dans la revue tunisienne Tunivision. Le tome 2 est en cours de réalisation.
Elle participe également au projet multiculturel autour de la bande dessinée : bedeiste.com, avec l'écrivain et illustrateur Karim Mokhtar (visible sur [http://www.bedeiste.com/creators.php] )."
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