Le premier roman graphique en arabe a fait couler beaucoup d’encre en Égypte. Publié en 2008, Metro raconte l’histoire d’un jeune informaticien, Shihab, qui décide de braquer une banque pour rembourser ses dettes et de cacher l’argent dans une station de métro…
Ambiance de polar sur fond de corruption et de violences policières, avec pour décor un Caire ultracontemporain, très éloigné du folklore qui habille habituellement la ville. L’auteur : Magdy el-Shafee, 48 ans, dont le trait élégant en noir et blanc n’est pas sans rappeler celui d’Hugo Pratt. L’éditeur : la maison d’édition alternative El-Malameh, fondée par Mohammed el-Sharqawi, l’un des blogueurs politiques dissidents les plus réputés en Égypte…
Magdy el-Shafee, qui s’est fait connaître avec ses BD pour enfants, a travaillé cinq ans sur Metro, sacré meilleure bande dessinée africaine par l’Unesco. Mais elle a déplu au pouvoir égyptien : en avril 2008, les bureaux de la maison d’édition sont mis à sac, les exemplaires confisqués et les librairies sommées de retirer l’ouvrage de la vente. L’auteur et l’éditeur sont brièvement emprisonnés, accusés d’« atteinte aux bonnes mœurs » et d’« atteinte à la décence publique ». « Ce qui choque, ce n’est pas le roman en lui-même, mais son accessibilité : tout le monde peut le lire, le comprendre, la jeunesse désabusée égyptienne peut s’identifier », explique Magdy. Certaines planches traduites en anglais sont aujourd’hui accessibles sur Internet (www.wordswithoutborders.org). Et le dessinateur n’a pas baissé les bras : il poursuit son rêve de donner à la bande dessinée pour enfants ses lettres de noblesse.
Par Olivia Marsaud - Source de l'article Jeuneafrique.
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