La bande dessinée tunisienne est un peu aux abonnés absents depuis quelques années. Rares sont les auteurs à avoir été publiés dans le pays ou à l’étranger, à l’exception de Sabri Kasbri qui fait carrière en Belgique.
La tentative de l’éditeur Apollonia de monter une collection spécialisée en BD a fait long feu et a du s’arrêter en 2003 après une dizaine de titres. L’irruption de Gihèn Ben Mahmoud avec son premier album « La Revanche du phénix », dans ce petit monde fut donc une surprise en 2008. Seule femme ou presque de la BD maghrébine, Gihèn est consciente du chemin qui reste à parcourir. Rencontre avec un(e) auteur(e), impressionnante par sa volonté de réussir envers et contre tout dans un milieu traditionnellement peu ouvert aux femmes.
Entretien avec Christophe Cassiau-Haurie, Alger le 17 octobre 2009.
Comment avez-vous commencé dans la profession ?
J’ai commencé avec Apollonia, maison d’édition tunisienne pour laquelle, j’avais monté un projet. Je ne connaissais rien du monde de la BD. J’avais 18-19 ans, c’était en 2000, je venais d’avoir mon bac, je les ai vus à la télévision, donc je les ai contactés. Je savais dessiner et j’étais portée sur les métiers du secteur artistique en général, et le cinéma en particulier. Je faisais du dessin depuis toujours et j’écrivais, donc le dessin en fonction du récit : cela donnait tout simplement de la BD.
Qu’est devenu ce projet ?
Il n’a pas abouti sous forme de BD pour différentes raisons qui me dépassent. C’est devenu un film. J’avais cependant plein de matériaux inexploités, de la documentation et quelques planches. J’ai décidé de les utiliser, d’en faire une autre histoire. La mienne… J’ai mis 5-6 ans pour sortir la BD. Je travaillais en parallèle comme infographiste dans une boîte de communication et étudiais à la Fac pour devenir traductrice – interprète. Maintenant je travaille aussi sur un autre projet : Le Rêve Oriental, une histoire de pharaons en style réaliste, avec des aventures entre thriller et fantastique. J’ai mis du temps à l’écrire. En faite je suis en train de proposer ça pour le marché franco-belge. Pour plus de détail c’est disponible en aperçu sur mon blog (http://gihenbenmahmoud.blogspot.com).
Vous aviez donc une histoire complète sous la main dans votre première BD?
Non, non, j’ai tout recommencé, dessins et scénario. C’est la raison pour laquelle elle n’est sortie qu’en 2008. Je voulais parler des pays de la Méditerranée, situer l’action dans ce contexte. Le travail le plus délicat s’est situé en amont quand il s’est agi de construire les personnages, leur donner une identité. Mais je trouve que c’est la part la plus surprenante et amusante. Voir ses propres créatures prendre vie ! J’ai terminé le travail au début de 2007, après avoir enfin trouvé un éditeur qui a finalement cru en moi : MC éditions. On s’était déjà rencontré quelques temps auparavant quand je voulais publier un roman, « La Vallée des Vignes ». Je n’ai pas abandonné l’idée, mais là aussi il y a beaucoup de travail à faire. Je suis en effet intéressé par tous les aspects de la littérature et de l’art !
Comment avez-vous commencé dans la profession ?
J’ai commencé avec Apollonia, maison d’édition tunisienne pour laquelle, j’avais monté un projet. Je ne connaissais rien du monde de la BD. J’avais 18-19 ans, c’était en 2000, je venais d’avoir mon bac, je les ai vus à la télévision, donc je les ai contactés. Je savais dessiner et j’étais portée sur les métiers du secteur artistique en général, et le cinéma en particulier. Je faisais du dessin depuis toujours et j’écrivais, donc le dessin en fonction du récit : cela donnait tout simplement de la BD.
Qu’est devenu ce projet ?
Il n’a pas abouti sous forme de BD pour différentes raisons qui me dépassent. C’est devenu un film. J’avais cependant plein de matériaux inexploités, de la documentation et quelques planches. J’ai décidé de les utiliser, d’en faire une autre histoire. La mienne… J’ai mis 5-6 ans pour sortir la BD. Je travaillais en parallèle comme infographiste dans une boîte de communication et étudiais à la Fac pour devenir traductrice – interprète. Maintenant je travaille aussi sur un autre projet : Le Rêve Oriental, une histoire de pharaons en style réaliste, avec des aventures entre thriller et fantastique. J’ai mis du temps à l’écrire. En faite je suis en train de proposer ça pour le marché franco-belge. Pour plus de détail c’est disponible en aperçu sur mon blog (http://gihenbenmahmoud.blogspot.com).
Vous aviez donc une histoire complète sous la main dans votre première BD?
Non, non, j’ai tout recommencé, dessins et scénario. C’est la raison pour laquelle elle n’est sortie qu’en 2008. Je voulais parler des pays de la Méditerranée, situer l’action dans ce contexte. Le travail le plus délicat s’est situé en amont quand il s’est agi de construire les personnages, leur donner une identité. Mais je trouve que c’est la part la plus surprenante et amusante. Voir ses propres créatures prendre vie ! J’ai terminé le travail au début de 2007, après avoir enfin trouvé un éditeur qui a finalement cru en moi : MC éditions. On s’était déjà rencontré quelques temps auparavant quand je voulais publier un roman, « La Vallée des Vignes ». Je n’ai pas abandonné l’idée, mais là aussi il y a beaucoup de travail à faire. Je suis en effet intéressé par tous les aspects de la littérature et de l’art !
Quel en a été le résultat ?
L’album a été tiré à 2000 exemplaires et vendu à 10 €. Un an après, on en a vendu un peu plus d’1/4. Mais il n’était diffusé qu’en Tunisie, uniquement. C’était un album expérimental, conçu pour me présenter et pour « tester » le milieu. Cela m’a permis de me rendre compte qu’il fallait que je travaille encore beaucoup, pour apprendre et progresser. C’est la raison pour laquelle, j’ai commencé depuis une école de la BD, à Milan, ville où je vis pour le moment. Je suis actuellement dans la dernière des trois années de formation. Mais on ne vit pas de la BD, je suis donc traductrice-interprète de profession. Et j’attends impatiemment de faire l’artiste à plein temps !! (rires)
Quels sont vos projets dans le domaine ?
Je travaille toujours sur Le Rêve oriental. Celui-ci a été présenté sous forme d’exposition au Festival International de BD d’Alger. Et puis le tome 2 de « La revanche du phénix » est en cours d’élaboration, toujours pour MC éditions à Tunis. Pour ce qui est du Rêve oriental (Tome I) , je le propose aux éditeurs franco-belges. L’histoire est située parallèlement à Milan dans ces dernières années, et dans le monde des morts de l’ancienne Égypte. Les personnages sont tous des étrangers à part l’héroïne… Mais avec cet album, mon regard a complètement changé, l’approche a évolué. Je suis plus critique sur mon style. Plus sévère. Je fais très attention à la technique, à la narration, au contenu et au graphisme. Il faut se remettre en question, en particulier en matière de découpage. Dans le premier tome de « Passion Rouge » ( « La Revanche du Phénix »), j’ai fait preuve de naïveté, malgré ma bonne volonté, en particulier pour rentrer dans les scènes spectaculaires. Je n’avais pas assez de technique, j’étais limitée graphiquement. Et puis maintenant, je travaille beaucoup plus sur la couleur, le détail. Tout en maintenant la fraicheur des traits, la vivacité des couleurs et la spontanéité de l’ambiance.
Quelles étaient vos ambitions avec ces titres ?
Pouvoir publier une image différente de « nous », les femmes arabes souvent mal comprises, ou mal interprétée. Donner un exemple aussi. On a si peu de références en matière d’héroïnes BD. Pour moi, l’image de la femme est très importante. Dans mes histoires, beaucoup de mes personnages sont des femmes, qu’elles soient principales ou secondaires. Mes héroïnes ne sont d’ailleurs pas typées. J’adore dessiner ces femmes belles, affranchies, fortes et fragile à la fois mais aussi battantes et modernes, qui obtiennent ce qu’elles veulent et qui s’inspirent de la culture occidentale sans renoncer à leurs origines orientales. Point de rencontre entre la force et le charme. Enfin bref, la femme est au centre de mon travail !
Comment ressentez vous les difficultés liées à la BD en Tunisie ?
Tout cela me rend un peu triste. C’est le problème du lectorat en Tunisie. Les gens ne lisent pas beaucoup. Ce phénomène touche l’ensemble de l’édition, pas uniquement la BD. Et quand les gens achètent de la Bd, c’est « Titeuf », « Tintin », « Astérix »… Que des classiques et connus! Mais il y a peu de vrais fans. C’est encore peu connu, et on pense encore que la BD c?est une littérature destinée au enfants. Apollonia a d’ailleurs arrêté de produire pour le moment. Pourtant il y a plein de dessinateurs dont quelques-uns ont des blogs comme Saif Eddine Nechi (Son blog est sur http://seifnechi.blogspot.com/) , mais aussi des scénaristes comme Tahar El Fazaa qui travaille pour Tunis hebdo et publie des très bons romans, et qui a déjà connu le succès auprés du public avec une grande fiction télévisée : Mahktoub.
Et puis il y a le problème de la distribution, nous sommes un petit pays et les éditeurs ont peur de risquer, foncer…etc. Enfin bref, au final, je suis la seule femme à faire de la BD dans mon pays, même si d’autres ont déjà fait les beaux arts, mais n’ont pas fait ce choix de carrière. Moi comme je suis portée vers le cinéma aussi, la BD est un peu un jeu comme au grand écran… et je trouve ça tout simplement magique !
Vous vous ressentez une affinité avec des auteurs en particulier ?
Disons que j’ai des auteurs favoris, des préférences, mais on ne peut parler réellement d’influences. Je lis très très peu de BD et je ne suis pas une grande connaisseuse si on peut dire. Mais pour la construction du récit, le style graphique, comme lectrice j’apprécie énormément Ana Mirallès (« Djinn »), Enrico Marini (« Le scorpion »), spécifiquement pour la narration et le genre, Juanjo Guarnido sublime(« Blacksad ») et Tsukasa H?j? avec son humour et mélange délicat de styles ( « City Hunter » ) .
Par Christophe Cassiau-Haurie - Source de l'article BDzoom
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