Le manga a la cote en ce moment en Algérie. Plusieurs sorties sont venus démontrer que le jeune public était respectif à ce genre graphique et qu’il y avait un marché en devenir à capter. Plusieurs créateurs se sont engouffrés dans la brèche.
C’est le cas des promoteurs du journal Laabstore, en plein développement, mais aussi, de Selim Zerdani, jeune auteur de 30 ans, Architecte, qui a créé en 2008, Kaza Editions. Celui-ci était présent au Festival International de la bande dessinée d’Alger où son stand a rencontré un succès impressionnant et prometteur. Rencontre avec l’avenir de la BD algérienne.
- Vous avez choisi la voie du manga, est ce le résultat d’une influence particulière du fait de vos lectures ?
Absolument pas ! En fait, je suis très franco-belge dans mes références de jeunesse. J’ai beaucoup lu Roba, Franquin, Goscini, Uderzo, Morris … Il y avait également la bande dessinée algérienne, en particulier Slim et le personnage de Bouzid, et Richa qui a aussi marqué notre enfance. Mais le métier de dessinateur ne m’a jamais effleuré. Quand on est enfant et que l’on dessine, on n’est jamais pris au sérieux. Les artistes qui ont percé n’étaient pas considérés comme des modèles. Contrairement au Japon, où les gosses, dès leur jeune âge, rêvent de devenir comme maître Miyazaki par exemple. Enfin, bref, je m’inspire de tous les styles, c’est la qualité principale d’un autodidacte, d’ailleurs. Je ne suis pas prisonnier d’un courant quelconque, et j’observe beaucoup. De fait, mon style dans le manga est plutôt ancienne école, je dessine en « one piece », sans trop de détail au niveau des yeux, etc.
- Vous avez choisi la voie du manga, est ce le résultat d’une influence particulière du fait de vos lectures ?
Absolument pas ! En fait, je suis très franco-belge dans mes références de jeunesse. J’ai beaucoup lu Roba, Franquin, Goscini, Uderzo, Morris … Il y avait également la bande dessinée algérienne, en particulier Slim et le personnage de Bouzid, et Richa qui a aussi marqué notre enfance. Mais le métier de dessinateur ne m’a jamais effleuré. Quand on est enfant et que l’on dessine, on n’est jamais pris au sérieux. Les artistes qui ont percé n’étaient pas considérés comme des modèles. Contrairement au Japon, où les gosses, dès leur jeune âge, rêvent de devenir comme maître Miyazaki par exemple. Enfin, bref, je m’inspire de tous les styles, c’est la qualité principale d’un autodidacte, d’ailleurs. Je ne suis pas prisonnier d’un courant quelconque, et j’observe beaucoup. De fait, mon style dans le manga est plutôt ancienne école, je dessine en « one piece », sans trop de détail au niveau des yeux, etc.
- Pensez vous que la mauvaise image des dessinateurs dans la société algérienne a évolué de nos jours ?
Oui, tout de même ! Il y a une prise de conscience en ce sens. Il va y avoir une filière « bandes dessinées » à l’école des beaux arts d’Alger, c’est le signe d’un début de révolution. Et puis, l’ampleur prise par le Festival International de BD d’Alger, qui est vraiment en train de prendre son envol, après deux éditions. Enfin, le succès du magazine Laabstore qui constitue un jolis succès de librairie… Tout cela donne de l’espoir.
- Qu’en est-il de vous, de votre carrière ?
Je ne fais que ça ! Dessiner et éditer ! J’ai lancé ma maison d’édition en 2008, sous le nom de Kaza éditions. J’ai toujours voulu devenir mon propre éditeur. Auparavant, en 2003 – 2004, j’étais caricaturiste sur Canal Algérie. Je suis quelqu’un qui dessine assez vite, cela aide pour ce type de métier. Puis, j’ai fait les 18 mois de service militaire avant de travailler dans la réalisation de dessins animés, avec une boîte qui s’appelle Numidia Art durant 18 mois également.
- Quelles sont vos ambitions en devenant éditeur ?
Produire des BD à bon marché car elles sont hors de prix en Algérie. Elles sont toutes importées ! Mais c’est difficile, car il y a eu un grand vide durant 25 ans, ce qui fait qu’une certaine culture du 9ème art s’est perdue. L’objectif est de contrôler toute la chaîne du livre : depuis l’administration, l’impression, le dessin, le scénario jusqu’à la distribution. Tout cela est épuisant, mais c’est nécessaire. Il y a, je le répète, une éducation à refaire. Beaucoup de gens ne savent pas, y compris chez les libraires. Certains confondent les mangas noir et blanc avec des cahiers de coloriage. Tout cela implique un effort d’explication permanent. C’est parfois décourageant, mais heureusement que ma femme me soutient.
- Quel est votre bilan, un an après en terme de production ?
En dehors des titres de Sudoku, qui permettent de faire des ventes plus importantes, on a édité 6 titres. Une histoire, Le voyage de la mouette (Rihlet en’ nawress) a fait l’objet de trois tomes, qui viennent d’être regroupés en un seul volume. Il s’agit d’un manga, en langue arabe que j’avais écrit en français, à l’origine. L’histoire de la nièce d’un dey enlevé par des pirates et sauvés par des corsaires sur le navire le plus rapide au monde nommé La mouette. On a également lancé une revue, Fourtout, en édition expérimentale petit format, Il s’agit d’une revue de 16 pages, avec des gags à une planche, en style franco-belge, avec des articles, le jeu des sept erreurs, copié un peu sur l’esprit de Pif gadget. La grande version de Fourtout qui n’est pas encore sur le marché est un volume imprimé à 10 exemplaires seulement, afin, d’une part, chercher des sponsors et d’autre part pour participer au concours international de la meilleure revue de bande dessinée, organisé par le FIBDA
Le Fourtout grand format a gagné le premier prix international de la meilleure revue de BD, ex-æquo avec une revue libanaise.].
- Vous avez également visé un public beaucoup plus jeune…
Oui, il s’agit de Jasmine et le petit mouton, une histoire qui commence en conte et qui devient bande dessinée. Il s’agit d’une tentative d’initiation du public jeune à la bande dessinée. 2 à 3 vignettes maximum par page, le texte est dans un français simple, d’un caractère gras facile à lire, facile à comprendre. Le style graphique est inspiré des films d’animations américains comme Blanche neige ou des séries genre Candy.
- Pourquoi ce choix de l’arabe classique pour le voyage de la mouette ?
En Algérie, comme dans beaucoup d’autres pays, il existe un léger décalage entre arabe classique et arabe dialectal. J’aurais pu faire mes livres en arabe dialectal, mais l’arabe classique est beaucoup plus beau. Beaucoup de gens ne savent pas parler correctement cette langue, donc il est légitime d’orienter les lecteurs vers de la bonne lecture. J’avais écrit le premier volume de La mouette en français, langue dans laquelle j’ai fait mes études puis un traducteur spécialisé a traduit le texte. Cela m’a obligé à inverser les cases et le sens de l’histoire. Les volumes 2 et 3 ont été produit directement en arabe.
- C’est tout de même assez rapide, même dans le manga, trois épisodes en moins d’un an, en particulier pour un artiste seul…
En fait, au départ, il était prévu que j’en fasse un épisode par mois (32 pages) et ceci n’est pas étrange ni volumineux pour les mangakas japonais. Le problème à été la bonne distribution des articles, les gens n’ont pas la culture de la bd, donc n’achètent pas, et dans ce sens, il était absurde commercialement parlant, de produire quelque chose et le diffuser juste par plaisir.
Le voyage de la mouette était à la base un projet de dessin animé. 26 épisodes sont déjà sous forme de story-boards. En fait, Le découpage du tome 1 n’est pas très format BD. Tout est sous forme rectangulaire en format télé. Le tome 2 est déjà plus dynamique, plus souple.
- Comment la diffusion se passe t’elle ?
Je tire entre 500 et 1000 exemplaires par ouvrage. Au début, les ventes marchaient mal surtout dans les librairies. Au bout de deux mois, j’appelais celles-ci, j’en avais vendu 1 ou 2 exemplaires sur les 20 qui étaient placés. Maintenant, ça va mieux, j’arrive peu à peu à écouler mes stocks. J’essaie de m’adapter au marché. Beaucoup de gens me disent qu’il faudrait quand même imposer et diffuser du manga comme on l’aime, en noir et blanc, sur du papier journal, etc. Mais le problème reste commercial car ça ne se vend pas.
J’ai un principe que j’applique. J’aime le steak, mais lorsque je vais à la pèche, je mets un appât à poissons, non pas un steak, ce n’est pas que j’aime l’appât, mais le poisson, lui, l’aime. C’est en se sens que je m’adapte au marché, je fais de la BD, les gens aiment la couleur ? Ok ! je leur fais de la couleur, mais je reste dans la BD. De la même façon, le public demande des contes, les enfants s’identifient à ceux-ci, et, il y en a beaucoup dans la production locale, alors, j’ai fait Jasmine. Je crois que c’est de cette façon qu’on pourra réellement sensibiliser les gens à la BD. Commercialement, l’édition reste difficile. Même si l’éditeur ne prend presque rien, les prix sont hauts, 60 à 70 dinars, pour mes livres. L’impression coûte très cher et un tirage à 1000 exemplaires, c’est insuffisant pour négocier les prix. Les autres éditeurs ont souvent leur propre imprimerie et peuvent vendre à 30 dinars.
Mais, ceci n’est pas une raison pour y renoncer, j’ai un savoir-faire, alors, je m’en sers !
Entrevue réalisée par Christophe Cassiau-Haurie, Alger, le 16 octobre 2009.
Source de l'article BDzoom
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