lundi 18 avril 2011

Le cinéma d'animation, vecteur de changement

Alors que les jeunes se sont lancés dans des vagues de protestations, les cinéastes considèrent l'animation comme un moyen leur permettant de faire passer leurs messages.
[Naoufel Cherkaoui] Le CASANIM avait prévu des projections de films, des tables rondes et des ateliers avec de célèbres artistes graphiques. Le 2ème Festival international du film d'animation (CASANIM), qui a refermé ses portes le samedi 16 avril à Casablanca, avait pour objectif d'éveiller l'intérêt porté par un nombre croissant de jeunes à ce secteur particulier de l'image.
"Les jeunes peuvent transmettre des messages nobles par le biais de l'animation", a déclaré le directeur de l'association AniMaroc, Younes Mouslih. Son groupe avait organisé ce festival de quatre jours pour donner aux jeunes artistes de l'animation et aux futurs cinéastes une occasion de se rencontrer et d'échanger leurs expériences.
Les ateliers ont vu la participation de jeunes venus du Maroc, de Tunisie, du Yémen et de Jordanie, a expliqué Mouslih. Le CASANIM a attiré des réalisateurs, des producteurs, des enseignants, des étudiants, des responsables de studios, des artistes graphiques et des fans de films d'animation.
"La situation dans leurs pays n'a pas affecté leur volonté de développer leur expertise. Durant ces ateliers, ils ont bénéficié de la supervision de professionnels de renom, comme l'artiste japonais Maya Yonesho", a ajouté Mouslih.
Echanger des idées et apprendre à mieux connaître ce domaine de la part de spécialistes est essentiel, a-t-il affirmé. "Lorsque des étudiants intéressés rejoignent un institut de formation de niveau médiocre, leur enthousiasme s'estompe. Et lorsqu'ils débutent leur carrière, ils passent à la publicité, qui est un domaine purement lucratif, qui ne laisse aucune place à l'art. Dans de telles conditions, il est impossible de s'attendre à ce que le secteur de l'animation progresse", a-t-il déclaré.
Le président de l'Association tunisienne de l'animation cinématographique (ATAC) Wassim Ben Rhouma a indiqué à Magharebia que la situation est similaire dans tout le Maghreb. "Il y a des professionnels de l'animation, mais l'industrie du film d'animation est inexistante. La publicité est le seul domaine accessible."
"L'animation de film a encore beaucoup de chemin à faire avant d'atteindre le niveau souhaité", a reconnu Youssef Ousard, étudiant à l'Institut des beaux arts de Tétouan. "Le problème ne réside pas dans le potentiel humain, mais dans l'absence d'institutions de bon niveau, en mesure d'intégrer les jeunes souhaitant se spécialiser dans ce domaine."
"Ce domaine n'est pas reconnu au Maroc", a dit Hajar Amezian, étudiant dans l'art du 3D, à Magharebia. "C'est donc au travers de ce type de festival que nous apprenons à connaître plus étroitement les films d'animation."
Wassim Alansari, un autre étudiant, affirme que les jeunes devraient s'intéresser à ce domaine, parce qu'il "renforce les capacités mentales".
"Il leur offre également des possibilités d'emploi avec des revenus alléchants, s'ils atteignent un bon niveau de technologie et d'expertise, à un moment où il n'existe qu'une petite poignée de professionnels du film d'animation au Maroc", a-t-il ajouté.
D'autres manifestations comme le CASANIM doivent être organisées, a expliqué Zakaria Tamalah. "Un département du film d'animation devrait également être créé dans les écoles primaires, qui permettrait de développer l'esprit créatif et l'innovation chez les enfants. Pourquoi ne pas organiser des séminaires et des ateliers au sein de ces institutions ?"
Au vu des changements en cours au Maghreb, ils sont nombreux à affirmer qu'il est temps que cette industrie renaisse.
"L'animation a débuté dans la région du Maghreb dans les années 1960, mais a ensuite stagné par suite du manque de moyens, et de la mauvaise gestion du secteur de la culture", a expliqué l'animateur et producteur tunisien Ben Rhouma.
"Mais nous, les jeunes, nous ne resterons pas les mains liées, en attendant l'aide de l'Etat", a-t-il déclaré à Magharebia. "Nous allons nous mettre au travail, en ne comptant que sur nos propres moyens."
Par Naoufel Cherkaoui - Source de l'article Magharebia

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