Phénomène - Capt'ain Majid, Grandayzar, Sanchiro... Les Marocains sont fans de mangas mais il l'ignorent. Les dessins animés du pays du levant sont diffusés sur la télé marocaine et ont bercé l'enfance de générations de Marocains.
Plus de trente ans après la diffusion des premiers mangas sur le petit écran, voilà qu'une génération de Marocains revendique sa passion pour cet univers.
Organisée au Morocco Mall en août 2015, la convention Manga Afternoon a attiré près de 35.000 spectateurs désireux de partager leur passion pour les bandes dessinées japonaises et par extension de la culture nippone dans son ensemble. Preuve de l'intérêt grandissant des marocains pour le sujet, la première édition du Manga Afternoon n'avait réuni que 100 personnes en 2010: "C'était assez mal vu d'être fan de mangas auparavant, explique Amine, le créateur de l'événement. Mais les mentalités ont évolué. Il y a beaucoup de communautés sur internet qui permettent aux passionnés d'échanger sur le sujet. Et ces conventions sont l'occasion pour eux de se rencontrer. A l'époque nous organisions nos événements dans des théâtres, cette année le Morocco Mall a fait le pari de nous accueillir".
Une recherche sur Facebook permet de trouver des groupes de fans marocains dédiés à des séries comme One Piece, Bleach, Dragon Ball ou encore des groupes plus généralistes qui regroupent plusieurs milliers de membres.
Pour Amine, le phénomène manga au Maroc a pris de l'importance avec l'arrivée d'internet dans les foyers au début des années 2000 : "Les gens ont commencé à regarder les épisodes d'animés en streaming, explique Amine. Chaque semaine, des fans traduisent les épisodes japonais, et les marocains ont ainsi pu découvrir de grandes sagas comme Naruto ou One Piece. En fait, nous sommes tous fans de mangas sans le savoir. Tout le monde regardait Olive et Tom et Capitane Flam sans savoir qu'ils s'agissaient d’œuvres japonaises".
Outre l'intérêt de rencontrer les autres membres de la communauté, les événements comme la Manga Afternoon permettent aux passionnés de faire leurs emplettes: "Il y a beaucoup de boutiques en ligne, mais avec les conventions ils peuvent vendre directement leurs produits". Se procurer au Maroc des objets liés à l'univers du manga peut en effet être compliqué: "Les livres sont difficiles à trouver, le choix est limité, les prix exorbitants comparés à l'Europe, et on en trouve qu'à la FNAC ou Virgin", raconte Abdellah, un lecteur de mangas 23 ans.
La communautés des cosplayeurs marocains
Lors des rassemblements dédiés au Japon, les visiteurs peuvent être sûrs de croiser des participants dans des accoutrements qui peuvent paraître de prime abord étranges. Il s'agit en fait d'adeptes du cosplay. Ce terme désigne la pratique qui vise à se déguiser comme son personnage de manga ou de jeux-vidéo favori.
Les cosplayeurs marocains étaient présents en masse lors de la manga afternoon. Il y a eu en tout plus de 250 déguisements différents durant toute la convention. Safia est une jeune cosplayeuse de 20 ans qui a commencé à se déguiser il y a quatre ans: "J'ai rencontré la communauté marocaine fan de mangas. J'ai commencé à m'y intéresser, et je suis devenue fan des animés japonais. Le cosplay est manière pour moi de m'amuser et de rencontrer des gens avec le même intérêt".
Safia, qui se fait appeler Flat Lolita dans la communauté, consacre en moyenne deux semaines à un mois pour la confection d'un costume, qui lui revient généralement aux environs de 500 DH: "Je commande les perruques sur internet, explique-t-elle. Et je fabrique les habits moi même. Mes amis et ma petite sœur m'aident à les faire. Je choisis toujours des personnages que j'aime et qui me correspondent".
Et forcément, un personnage de manga qui débarque dans les rues casablancaises a tendance à attirer les regards: "Les gens nous fixent comme si nous étions des extraterrestres, confie Safia. Mais il n'y a pas beaucoup de moqueries. Les passants sont au contraire très curieux. Des gens qui étaient au Morocco Mall pour faire leur shopping se sont arrêtés pour se prendre en photo avec nous".
La scène J-Rock marocaine
Si dans les pays francophones les génériques d'animés sont irrémédiablement liés à des mélodies et des paroles un brin ringardes, au Japon ces chansons sont composées par de grands groupes de rock. La culture du manga est donc intimement liée à celle du rock'n'roll japonais, appelé J-Rock.
Au Maroc, on compte quelques groupes dédiés à ce style de musique. Nanashi, un groupe casablancais, fait partie de cette scène. Fondé en 2009 par des étudiants de japonais, la formation fait le tour des événements liés au Japon: "Nous avons une longe liste de morceaux, raconte le batteur du groupe Soufiane. Comme les morceaux de Bleach, qui est un des premiers mangas a avoir véritablement été populaire au Maroc".
Les quelques japonais qui ont pu assister à un concert des Nanashi ont été charmés par le groupe: "Ils n'auraient jamais cru qu'un groupe marocain pouvait jouer ainsi en japonais, s'amuse Soufiane. Ils apprécient beaucoup l'initiative, c'est important pour nous d'avoir des avis positifs de leur part".
Par Mathieu Albertelli - Source de l'article Huffpostmaghreb
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