mercredi 7 septembre 2016

Le manga « Booksterz » revisite les classiques littéraires

Rémi Guérin, Guillaume Lapeyre et Sylvain Dos Santos se réapproprient les plus grands personnages de la littérature, de Barbe-Bleue au Petit Chaperon rouge, pour créer un manga de combat ambitieux.


Le codex de Souleymane, un prodige de 13 ans, lui permet d’invoquer les personnages des contes de Perrault. © 2016 Lapeyre - Guérin – Dos Santos - Kana (Dargaud-Lombard S.A.)

Qui sortirait vainqueur d’un combat entre le Magicien d’Oz et Barbe-Bleue ? Les personnages conçus par Jules Verne prendraient-ils l’avantage sur les héros des contes de Charles Perrault ? 

Dans Booksterz, le manga français signé Guillaume Lapeyre, Rémi Guérin et Sylvain Dos Santos, les « bookmasters », des lecteurs dotés d’un livre magique, le codex, s’affrontent grâce à ces personnages littéraires. Des Contes du Graal aux Mille et une nuits en passant par les Fables de La Fontaine, les sources d’invocation ne manquent pas. Souleymane, alias « Soul », un prodige de 13 ans, doit momentanément oublier ses projets ambitieux pour se lancer à la poursuite du meurtrier d’un bookmaster de renom.

« De super personnages de jeu de baston »

Les lecteurs de City Hall, le précédent manga à succès de Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre, retrouveront dans Booksterz certains thèmes chers aux auteurs, à commencer par la réappropriation de références littéraires. Le duo s’est transformé en trio avec l’arrivée de Sylvain Dos Santos, un auteur plutôt spécialisé dans la série d’animation, qui est à l’origine du concept de ce manga pour adolescents :
« L’idée [de la série] m’est venue en feuilletant un magazine dans lequel il y avait une illustration d’“Alice au pays des merveilles” avec le Chapelier fou, Alice et le Lièvre de mars… mais en mode japanim. Je me suis dit que ça ferait de super personnages pour un jeu de baston. Et puis, de fil en aiguille, je me suis rendu compte que tous les héros des classiques de la littérature feraient eux aussi de super persos de jeu de baston ! La suite, l’idée des invocations, m’est apparue comme une évidence, en tant que grand fan de Yu-Gi-Oh… »


« Héros de toutes les couleurs et de toutes les cultures »

L’attrait principal de Booksterz réside dans le mélange réussi – et parfois improbable – entre des classiques de la littérature et des combats très codifiés, à mi-chemin entre Yu-Gi-Oh !, Shaman King et Pokémon, trois références revendiquées par le trio. Fait assez rare pour être souligné, le manga met en scène un héros d’origine arabe, une particularité essentielle pour Sylvain Dos Santos : « Mettre au centre de l’histoire un héros métis est plus qu’une liberté pour moi, c’est une volonté. J’essaie, dans toutes mes séries, de créer des héros qui ressemblent à la jeunesse française d’aujourd’hui, une jeunesse métissée, multiculturelle, issue des quatre coins du globe… donc des héros de toutes les couleurs et de toutes les cultures. »


Expérience en commun oblige, le sens du découpage de Rémi Guérin est bien servi par les traits dynamiques et précis de Guillaume Lapeyre : les chapitres s’enchaînent sans temps mort, même si l’on peut regretter certains clichés scénaristiques (sur le passé de Soul notamment).

Le potentiel de l’univers imaginé, qui se prête parfaitement à des déclinaisons sur d’autres supports (jeu vidéo, dessin animé…), compense toutefois largement ces quelques faiblesses : Booksterz parvient en effet à séduire le lecteur dès le premier volume, un exercice particulièrement difficile dans le monde du manga.

Par Alexis Orsini - source de l'article Le Monde

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