Claye Edou, le réalisateur du long-métrage « Minga et la Cuillère cassée », a voulu mettre en avant la richesse culturelle du pays.
Au cinéma CanalOlympia, à Douala, les applaudissements n’en finissent plus. Des enfants crient à tue-tête. La première projection de Minga et la Cuillère cassée, premier long-métrage d’animation 100 % camerounais, vient de s’achever. « C’est un très beau film,s’exclame Philip, 9 ans, dévoilant un sourire aux dents manquantes. J’ai appris qu’il ne faut pas faire de mal car Dieu te punit toujours. » Près de lui, sa petite sœur sourit, ravie.
Inspiré du célèbre conte « La Cuillère cassée » tirée des Contes du Cameroun, un livre enseigné durant de nombreuses années dans les établissements scolaires camerounais, le film raconte l’histoire de Minga, jeune orpheline vivant chez sa marâtre. Comme il se doit pour débuter toute bonne hsitoire, cette dernière lui mène la vie dure et n’hésite pas à la mettre hors de chez elle pour une cuillère cassée durant la vaisselle.
Minga entame alors un long périple à travers la forêt, où elle rencontre un sorcier, des animaux sauvages et, au bout du voyage, un prince charmant qui l’aidera à braver de nombreux obstacles et finira par l’épouser. Le film est ponctué de séquences musicales et le décor rappelle la période précoloniale. Les personnages s’expriment en français, agrémenté de quelques expressions en différentes langues locales.
« Dans les films d’animation venus d’Europe ou des Etats-Unis, on ne retrouve pas les valeurs de chez nous et encore moins nos langues. J’avais envie d’exprimer et de représenter la riche culture du Cameroun », raconte Claye Edou, réalisateur du film et directeur du studio Cledley Productions. Passionné de dessin, de musique et de cinéma depuis l’enfance, ce contrôleur de gestion de profession a décidé, en 2014, de réaliser son « grand rêve » : produire son premier film d’animation.
« J’avais lu le conte en classe de 6e et j’avais été marqué. J’ai écrit le scénario pendant deux mois. Je l’ai adapté à notre époque, sans perdre de vue notre tradition, explique-t-il. Je voulais construire un pont entre les temps anciens et les temps modernes, en employant des expressions qui n’existaient pas avant. C’est un clin d’œil aux jeunes. »
« Salle comble »
Pour réaliser cette « belle histoire artistique », Claye Edou s’est entouré d’une équipe d’une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des comédiens, des danseurs, des graphistes. Durant plus de trois ans, ils ont composé les musiques, créé les décors, dessiné les personnages, monté les scènes, composé les images et synchronisé la bande sonore aux mouvements. « Nous avons investi 25 millions de francs CFA [environ 38 100 euros] dans la production, en majorité mes fonds propres et ceux apportés par une vingtaine de coproducteurs qui m’ont fait confiance », raconte le réalisateur.
Après la première, le 25 novembre, le film a été projeté, les 2, 6 et 9 décembre, à Douala et Yaoundé, lors du festival de bande dessinée « Mboa BD ». Une autre projection est prévue samedi 30 décembre à Douala. En un mois, 900 spectateurs ont vu le film.
« Nous avons fait salle comble à chaque fois et le public a été très enthousiaste, se réjouit Claye Edou. Le film est très sollicité à l’étranger. Les internautes gabonais, ivoiriens, sénégalais veulent le voir, et même la diaspora africaine qui vit aux Etats-Unis, au Canada et en France. » Le réalisateur compte présenter le film dans un « maximum » de festivals à travers le monde. La sortie en DVD est prévue en 2019.
Par Josiane Kouagheu - Source de l'article Le Monde Afrique
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