mardi 26 mars 2019

FICAM 2019: Des couvertures du "New Yorker" à "L'Âge de glace", le dessinateur Peter de Sève se confie

Le dessinateur Peter de Sève montre un dessin du personnage de Sid, dans
Le dessinateur Peter de Sève montre un dessin du personnage de Sid, dans "L'Âge de glace".


Il est un des invités d’honneur de l’édition 2019 du Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM). Peter de Sève a travaillé avec les plus grands studios d’animation comme Pixar, Disney et Blue Sky, et a dessiné certains des personnages les plus connus de l’animation, dont ceux de la saga “L’Âge de glace”, notamment Scratch l’écureuil préhistorique -même s’il avoue préférer Sid. 

Depuis les années 90, Peter de Sève est aussi un des dessinateurs de la célèbre revue américaine The New Yorker. Certaines de ses couvertures ont d’ailleurs été exposées dans le hall de l’Institut français de Meknès, aux côtés des dessins réalisés pour “L’Âge de glace”.

Une carrière de plus de 30 ans qu’il a résumée au cours d’une masterclasspendant le festival, dans laquelle il a parlé de ses influences, son travail, mais aussi de certains des dessins réalisés pour des studios d’animation, comme pour “Le Bossu de Notre Dame”. “Ils n’ont pas utilisé beaucoup de mes idées, mais c’était très amusant de travailler dessus”, confie le dessinateur américain au HuffPost Maroc. A l’occasion de son passage à Meknès, nous avons rencontré cette figure indépendante de l’animation et du dessin de presse aux États-Unis.

HuffPost Maroc: Comment avez vous entendu parler du Festival international de cinéma d’animation de Meknès?

Peter de Sève: Par mon ami Carlos Saldanha (réalisateur de “L’Âge de Glace”, ndlr), qui est venu l’année dernière au festival avec sa famille et m’en a dit le plus grand bien. Il a parlé de moi à Mohamed Beyoud (le directeur artistique du festival, ndlr), qui m’a invité à venir cette année.

Vous avez travaillé avec beaucoup de grands studios. N’avez-vous jamais signé avec un seul?

Non, mais j’ai toujours été surpris que l’on ne m’ait jamais demandé l’exclusivité. Je suis surpris que Blue Sky (la société de production de “L’Âge de Glace”, ndlr) par exemple ne m’ait jamais demandé de ne travailler pour personne d’autre, ce qui est génial car cela m’a donné l’occasion de travailler sur plusieurs choses différentes et d’être indépendant. En tant qu’indépendant, je suis bien traité car je suis toujours un invité, ce qui n’aurait pas été le cas si j’avais signé avec un seul studio. J’aime être un invité, je me sens gâté.

Être indépendant est plutôt un luxe dans cette industrie…

Je n’oublie jamais que j’ai beaucoup de chance de pouvoir être un indépendant. Ce n’est pas toujours facile, car je ne sais jamais quand et d’où viendra mon prochain boulot. Mais je le fais depuis plus de 30 ans et je me suis débrouillé jusqu’à maintenant, mais je ne dirai pas que c’est facile tous les jours.

Vous êtes illustrateur, créateur de personnages, dessinateur... Pourquoi multiplier ainsi les casquettes?

La variété garde le travail intéressant. Je pense que si je ne me concentrais que sur une chose, le travail deviendrait vite ennuyeux et frustrant. Ce qui est bien quand on est freelance, c’est qu’à chaque fois que le téléphone sonne, il y a toujours la possibilité d’une nouvelle aventure, ce qui est très excitant.

Ces dernières années, les dessinateurs sont de plus en plus encouragés à respecter les sensibilités de certaines communautés. Comment votre travail a évolué dans ce contexte?

Mon travail est plutôt inoffensif, mais je dois être de plus en plus conscient de cela, et il est nécessaire de représenter différentes ethnicités quand je peux, ce qui n’a pas toujours été évident pour moi, un homme blanc issu d’un quartier majoritairement blanc. C’est ce que j’ai connu dans mon enfance. Je cherche aussi à représenter plus de femmes, il y a une sensibilité autour de ce sujet aux Etats-Unis, mais il y a une bonne raison pour cela, et je suis heureux de le faire.

Exposition Peter de Sève dans le hall de l'Institut français de Meknès

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Dans les couvertures exposées par le FICAM, on remarque qu’un des sujets dont vous aimez bien vous moquer est la figure du hipster américain. Pourquoi en avoir fais une de vos cibles préférées?

Ils sont assez irrésistibles, et ils sont drôles et faciles à caricaturer. Ce n’est pas que je les cible particulièrement, mais il est sûr qu’ils se prêtent à l’illustration.


Dans ce contexte actuel aux Etats-Unis, sous l’ère Trump, est-ce facile de le caricaturer?

J’y pense souvent. J’ai réalisé un seul dessin que j’aime bien de Donald Trump, celui où l’on voit l”Oncle Sam avec un alien qui sort de sa poitrine (en référence au film “Alien”, ndlr) et c’est Trump. Cela a été difficile pour moi de penser à de bonnes idées sur lui, car je suis tellement en colère et dégoûté par lui que je ne le trouve pas amusant et je ne saisis rien sur la satire autour de lui. Je ne trouve pas cette situation drôle mais tragique. Il est lui même tellement une caricature. Vous ne pouvez pas caricaturer une caricature. Vous ne pourrez jamais être assez obscène et absurde pour illustrer à quel point il l’est dans la vraie vie.

Par Salma Kouja - Source de l'article Huffpostmaghreb

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