La paix au Proche-Orient, à défaut de la vivre, on peut la dessiner ! C'est ce que s'acharnent à faire les créateurs d'AK comics. Rencontre avec des super-héros arabes aux formes rebondies et au combat éternel : celui de l'ordre contre le chaos...
Après la "guerre de 55 ans"qui a opposé de grandes puissances anonymes aux terroristes et aux criminels, le Proche-Orient est enfin pacifié. Une paix fragile, que quatre créatures aux pouvoirs surnaturels s’entêtent heureusement à préserver.
Dernier survivant du "bataillon des Pharaons", le professeur de philosophie Zein veille sur "la Ville des Origines", qui ressemble étrangement au Caire. Dans sa combinaison outrageusement moulante, Jalila combat l’injustice dans "la Ville de toutes les Fois"– comprenez Jérusalem – protégée par une immunitéaux radiations qu’elle doit àun accident nucléaire dont elle est sortie indemne. Guerrier médiéval invincible et qui a connu les invasions Moghols, Rakan utilise sa technique "sagesse et paix"pour contrer les forces du Mal. Dépourvue de supers pouvoirs et toujours étudiante, la belle Aya prône l’égalitédes genres et la justice.
Les supers-héros s’exportent
Ce scénario loufoque est le point de départ choisi par Ayman Kanddel, génial créateur de AK Comics, pour donner naissance aux premiers super-héros arabes. Des super-héros sans religion ni étiquette politique, dont le seul objectif est de préserver le délicat équilibre de la région.
Fidèles àcet esprit, les concepteurs affichent clairement leur neutralité, répétée en première page de chaque exemplaire : "l’objectif est de combler le fosséculturel qui s’est creuséces dernières années, en fournissant de nouveaux modèles arabes, qui puissent devenir source de fiertépour nos jeunes générations". Une neutralitéqui passe forcément par des caractères apolitiques et aux confessions secrètes, "pour qu’aucune religion ne soit considérée meilleure qu’une autre", rappelle encore la note en première page.
Crééau Caire en 2004, AK Comics publie en arabe et en anglais et s’exporte aujourd’hui jusqu’aux Etats-Unis, où chaque aventure se vend àplus de 15.000 exemplaires.
Ennemis bien réels
En donnant une place égale aux héros et aux héroïnes, en gommant les frontières et en traitant de sujets tels que la drogue ou l’écologie, les auteurs affichent leur ambition d’amorcer le dialogue, làoùla sociétéa parfois encore du mal àposer des mots et des actes.
Mais les ennemis les plus coriaces des supers-héros d’AK Comics sont, eux, bien réels.
Car si leurs aventures plaisent résolument aux lecteurs, leur libertéde ton dérange les censeurs. En Arabie Saoudite, seules les couvertures mettant en scènes les héros masculins sont autorisées, alors qu’ailleurs dans le Golfe les généreuses formes des héroïnes sont simplement masquées au marqueur. Super-héros contre tabous invisibles, la lutte promet d’être acharnée...
Par Arnaud SAINT JEAN - Source de l'article Lepetitjournal
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