Quatre jours de voyage à la découverte du monde de la bande dessinée au Maroc. C’est ce que propose l’École des beaux-arts de Casablanca en partenariat avec le service culturel de la ville.
Des planches extraites du projet «Royaume d’enfants» dont la sortie est prévue en avril prochain. |
Des ateliers d’écriture, des tables rondes et des conférences seront animés par des professionnels du domaine. «Il est question de tracer un projet sérieux que nous suivrons de mai 2012 jusqu’à mai 2013, à travers des activités et des formations afin d’avoir, 12 mois plus tard, de vrais albums dignes de ce nom dans nos librairies et bibliothèques», déclare Said Bouftass, directeur de la 1re édition du Festival de la BD à Casablanca.
Celui-ci ne manque pas de déplorer le fait que «la bande dessinée au Maroc est pratiquement inexistante, en dehors de quelques velléités de production, elle est totalement absente et c’est vraiment malheureux», a-t-il expliqué. Un art qui a pourtant le vent en poupe, car les potentialités ne manquent pas.
«Notre pays regorge de dessinateurs de talent, mais c’est cette conjugaison entre dessinateur et scénariste qui fait défaut». Ce festival a justement pour premier rôle de concilier entre les deux avec la grande complicité de l’École supérieure des beaux-arts de Casablanca. Pour ce faire, une extension géographique stratégique a été mise en place par les organisateurs. Le but étant de toucher un public vaste en proposant des expositions de bandes dessinées qui jalonneront plusieurs espaces de la ville.
Cette édition sera l’occasion de rendre hommage à un grand artiste marocain qui a beaucoup donné en tant que pédagogue et fervent défenseur de la BD. Il s’agit de Lehsen Bakhti. Il est aussi dessinateur de presse, caricaturiste et directeur artistique de ce festival.
L’événement donnera lieu à des expositions, des tables rondes et des conférences où le public aura la chance de redécouvrir son travail et son aventure.
Des invités nationaux et internationaux, représentant le monde de la BD, seront également présents pour animer cette fête de la BD. Isabelle Gremillet, directrice de l’Oiseau Indigo Diffusion (Arles), Driss Ksikes pour le sujet du dialogue et de l’écriture (dramaturgie), le scénariste et dessinateur Jean -François Chausson, l’artiste Nathalie Logié-Manche, pour n’en citer que quelques-uns, seront présents. Mohamed Beyoud (du FICAM, Festival international du cinéma d’animation à Meknès) abordera la question de l’écriture scénaristique dans le monde du dessin animé et de la bande dessinée. Seront également présents les dessinateurs de presse RIK (Bouidar Tarik) de l’Économiste et Slim d’Algérie. D’autres noms internationaux de la BD en France confirmeront leur présence dans les jours qui viennent, indiquent les organisateurs. Une initiative qui ne manquera pas de devenir un rendez-vous incontournable pour le débat et la création.
Question à : Said Bouftass, directeur du Festival «Une politique en dehors de l’art et de la culture est inconcevable»
Comment se situe ce festival par rapport à celui déjà existant à Meknès ?
Notre démarche, à travers ce Festival de la bande dessinée de Casablanca, est de provoquer un réel engouement pour la production de la bande dessinée dans notre pays. D’ailleurs, j’ai entamé une démarche universitaire et artistique dans ce domaine pour donner naissance à des formations professionnelles d’écriture spécialisées dans la BD et le dessin animé. Il faut savoir que les éditeurs ne manifestent pas un réel intérêt pour la bande dessinée, puisqu’il y a absence de réalisations et de projets dignes de ce nom. Le festival a pensé à apporter des solutions sérieuses à la création graphique et littéraire dans ce domaine. Pour cela, deux importants partenariats ont été mis en place. Ils concernent les éditions Alberti (seule maison spécialisée dans la BD et qui vient de voir le jour il y a 6 mois seulement) et l’imprimerie Beni Snassen à Rabat qui s’investissent toutes deux pour aider à réussir cet épanouissement tant attendu du 9e art.
Par Afaf Sakhi - Source de l'article Le Matin