Un festival de Bande Dessinée peut agir comme un accélérateur de créativité. Illustration avec l’Algérie, devenue le fleuron de la BD africaine depuis quelques années, et programmée au festival d'Angoulême jusqu'au 3 février.
L’Afrique francophone produit peu d’albums, une petite dizaine par an, tout au plus. Le manque de salons et de festivals spécialisés dans le neuvième art en est l’une des raisons. La création du Festival International de Bande Dessinée d’Alger (Fibda), en 2008, a commencé à changer la donne. Doté de moyens importants, soutenu par le Ministère de la culture, le Fibda a eu un effet levier non seulement pour la bande dessinée algérienne, mais aussi pour celle de l’ensemble du continent.
Plusieurs auteurs d’Afrique noire, comme les Camerounais Almo The Best, Simon-Pierre Mbumbo et Christophe Ngalle Edimo, ont ainsi pu se faire éditer par des éditeurs algériens ou au sein de la revue El Bendir, créée en parallèle du festival. Mais c’est la bande dessinée algérienne, moribonde depuis la guerre civile et la crise économique, qui a pu tirer parti au mieux de l’évènement. L’ancienne génération, des auteurs comme Slim, Mahfoud Aïder ou Sid Ali Melouah, s’y est vue récompensée par des prix et des expositions. La jeune relève a eu également l’opportunité de montrer son talent. Les ateliers pour jeunes artistes ont donné naissance à des collectifs comme Monstre(s) en 2011 et Waratha 1 et 2 en 2012. Certains de ses artistes en devenir ont ensuite publié leur premier album, comme Nawel Louerrad (Les vêpres algériennes) ou Mahmoud Benameur (Broderie pour un hold-up). Saïd Sabaou, 25 ans, va même jusqu’à publier chez trois éditeurs locaux différents.
Le Fibda a permis à d’autres tentatives d’émerger, comme celle du journal Laabstore. Créé par Salim Brahimi en 2007, le magazine se consacre aux jeux vidéo, au cinéma et au manga et diffuse à près de 10 000 exemplaires. Face à son succès, Brahimi a fondé sa propre maison d’édition, afin de publier les histoires éditées dans la revue. Z-linkcompte ainsi à son actif une dizaine de mangas dont Samy Kun deBrahimi et Marniche, Degga de Natsu, Ghost de Matougui Fella ouLe vent de la liberté de Sofiane Belaskri. d’une manière générale, la prolifération de titres publiés depuis quatre ans en Algérie de manga ou de BD traditionnelles doit beaucoup au festival, qui donne l’occasion aux auteurs de se faire connaître auprès des médias, au public de les découvrir et aux premiers de se frotter aux autres dessinateurs d’envergure internationale présents lors des différentes éditions. Cette combinaison entre un festival émergent et ambitieux et la volonté d’éditeurs d’investir dans ce domaine démontre bien que la BD a un avenir sur le continent africain. Souhaitons que d’autres évènements du même ordre viennent disputer à Alger le titre de capitale de la bande dessinée d’Afrique.
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