lundi 21 janvier 2013

Le Studio « Malembe Maa » À La Conquête D’Hollywood

« Nous sommes déterminés à aider les jeunes auteurs africains à produire et à réaliser des films d’animation, au lieu de continuer éternellement à consommer des productions étrangères », tel est l’objectif que s’est assigné le studio « Malembe Maa » en organisant la nouvelle session de formation »Afriqu’Anim’Action ».

Studio Malembe Maa - Atelier projet Afriqu'Anim'Action - © Studio Malembe Maa

Au cours d’un entretien exclusif accordé à notre Rédaction, l’administrateur du studio « Malembe Maa », Jean-Michel Kibushi Ndjate Woote, a reconnu les capacités des pays africains à produire et réaliser leurs propres films d’animation.

« Il faudrait que nous aussi puissions arriver à réaliser nos propres films d’animation parce que nous avons des contes, des légendes comme les autres pays du monde », a souhaité le cinéaste congolais vivant en Belgique.

C’est dans ce souci qu’il a ajouté : « Nous tenons à ce qu’il y ait dans le paysage audiovisuel de l’Afrique centrale la présence de l’image animée, dans toutes ses formes : films courts, publicitaires, long métrage….

Il a tout de même déploré le fait qu’en République démocratique du Congo, « il est très difficile de voir ces rares expériences être permanentes à la télévision. Dans la publicité par exemple, on n’utilise que la prise de vue réelle, les éternelles danses de hanchement du bassin…Je ne suis pas contre mais, il y a moyen de proposer au public autre chose ».

La formation qui s’intitule « Afriqu’Anim’Action », a d’abord été organisé en août 2012 à Bujumbura (Burundi) et se poursuit à Kinshasa, puis elle va s’étendre jusqu’au mois de juillet 2013.

Avec l’appui de partenaires

Ce projet ambitieux bénéficie de l’appui de l’Union européenne et du secrétariat des pays ACP (Afrique Caraïbe Pacifique), à Bruxelles, ainsi que des partenaires africains, à savoir l’association burundaise des créateurs de l’image et du son (ABCIS); l’association « Afrikafilmfestival » ; l’association Folioscope, l’association « Imagine ». A cette liste s’ajoutent d’autres partenaires associés en Europe.

A en croire le réalisateur Jean-Michel Kibushi, cette formation a pour but de mettre à niveau les cinéastes porteurs de projets (formateurs) et des auxiliaires d’animation dans le domaine du dessin animé qui n’est qu’une des techniques du film d’animation.

Cette formation consiste concrètement à renforcer les capacités de jeunes cinéastes africains porteurs de projets sur l’écriture du scénario et la constitution de la bible graphique, le story-board, pour constituer un dossier complet que l’on peut donner à un producteur qui, à son tour, l’appréciera à sa juste titre pour réaliser le film.

D’après l’administrateur du studio « Malembe Maa », et des auxiliaires d’animation et les formateurs « que nous formons, tous travaillent pour la promotion et l’existence du cinéma d’animation en Afrique centrale ».

Résultat de recherche d'images pour "Le studio « Malembe Maa »"Il a déploré le fait que le cinéma d’animation est un genre de cinéma qui n’est pas très développé dans les pays du Sud, notamment en Afrique centrale. Jean-Michel Kibushi justifie sa thèse par le fait qu’en Afrique centrale, « nous n’avons pas des productions des films d’animation ».


« Pourquoi il y a cette absence ? C’est parce qu’on n’a ni école de formation en cinéma d’animation, ni des maisons de production et, l’animation, il faut l’avouer aussi, coûte extrêmement cher. Il faut avouer qu’une seconde vaut 24 images et qu’en animation, on filme image par image ; ensuite un dessin ou le déplacement d’une marionnette se fait par millimètre, donc étape par étape. Cela coûte très cher et demande beaucoup de moyens. Raison pour laquelle les gens ne se lancent pas vraiment dans l’animation ».

Dans le même ordre d’idées, il fait remarquer que comparativement à la vidéo, pour réaliser un documentaire ou la fiction, la camera tourne de façon continue. Tandis que dans le cinéma d’animation, on prend image par image, dessin par dessin, mouvement par mouvement. Et l’ensemble de ces mouvements qui constituent 24 images par seconde, que l’on donne l’illusion du mouvement ou d’animation. C’est comme cela qu’on dit « anima » : donner l’âme à quelque chose qui ne l’a pas.

La formation

La formation à la professionnalisation est articulée autour de six modules, à savoir Conception – recherche et développement de projets (R&D). Les stagiaires travaillent à la réalisation des projets sélectionnés : court métrage, pilote de série et publicité animée.

Ils apprennent par la prise de vue, le son, le montage en vue d’obtenir une première version du scénario communicable à des tiers. Ils reçoivent une formation à l’organisation et à la gestion de la réalisation d’un film d’animation. Dans le deuxième module, Traçage, scan et colorisation, les stagiaires saisissent des éléments graphiques ainsi que leur numérisation. La mise en couleur des éléments graphiques est effectuée dans le respect des modèles sheets.

Résultat de recherche d'images pour "Le studio « Malembe Maa »"Le troisième module qu’est la pré-animation, aide à assurer la cohérence du rythme, la continuité ainsi que le travail d’animation et de synchronisation. Les stagiaires déterminent une suite de poses clés définissant le mouvement et son rythme et établissent une charte précisant le nombre de dessins intermédiaires et leurs positions dans l’espace, ils élaborent la feuille d’exposition de leurs animations.

Dans le quatrième module, volume, les formateurs encadrent et supervisent la fabrication des personnages en volume, la fabrication des décors en volume à l’échelle requise. Ils organisent les plateaux de tournage.

Ils assurent une formation au moulage et à la capture des images via les logiciels appropriés. Dans le cinquième module, production – promotion, les stagiaires découvrent les procédures d’organisation et de production adaptées à l’animation. Ils apprennent à identifier et appréhender les différentes sources de financement ainsi que les principes du montage financier d’un projet. Enfin le dernier module sur la description de l’action.
A propos du studio « Malembe Maa »

Le studio «Malembe Maa » est une association sans but lucratif créée en 1988 à Kinshasa et fonctionnant également à Bruxelles depuis I996 dans le domaine de l’audiovisuel. Il a déjà organisé plusieurs formations sur le cinéma d’animation en Europe (Allemagne, Belgique, France) et en Afrique (Algérie, Burundi, Côte d’Ivoire, Maroc, RDC, Tanzanie).

La dernière formation qui s’est déroulée à Kinshasa et Bujumbura dans le cadre du 9ème FED, a remporté un vif succès auprès des jeunes professionnels. Les ateliers ont révélé de jeunes cinéastes talentueux capables de mettre pleinement à profit un soutien approfondi à leur travail.

Le studio «Malembe Maa » a pour objectifs, de continuer à oeuvrer pour l’émergence d’une industrie culturelle en Afrique centrale et de l’Est en apportant sa pierre à la préservation de la diversité culturelle.

Les formations proposées par le Studio Malembe Maa, axées sur la pratique et la professionnalisation, contribuent au développement économique et social de la région en favorisant l’émergence d’auteurs africains, de professionnels indépendants et rigoureux, capables de créer des oeuvres animées répondant aux normes internationales et aux besoins locaux.

Qui est Jean-Michel Kibushi ?

Jean-Michel Kibushi est originaire de Lubefu (Kasaï Oriental). Il a suivi des études d’Art dramatique à l’Institut national des Arts (INA) à Kinshasa et passé un Master en multimédia, gestion des projets (programme Leonardo De Vinci de la commission européenne) à l’Institut Saint Louis à Bruxelles. M. Kibushi N. W. est scénariste, réalisateur et producteur, spécialiste en ingénierie « stop motion ».

Il produit ses propres films dont « Prince Loseno », moyen métrage couronné à travers le monde dans plusieurs festivals, notamment au Fespaco en 2005. En 1988, il crée à Kinshasa le premier studio mobile d’initiation au cinéma d’animation (studio Malembe Maa).

Il participe à la promotion et à l’émergence d’un cinéma d’animation africain d’auteur à travers des formations initiales aux médias du cinéma d’animation. Il s’occupe depuis 2004 en RDC de la diffusion du cinéma africain en milieu rural à travers le festival « caravane du cinéma mobile pour le Sankuru ».

Membre du réseau Cintétoile depuis 2009. De 2009 à 2010, Jean Michel Kibushi a été chargé par l’Université catholique Leuven (Belgique) de conduire sous le label « Religion et colonisation : Congo 2010 », un projet de recherche et de collecte des sources orales concernant la réception et la perception des conceptions et pratiques religieuses au Congo et au Rwanda de 1885 à 1960.

Source de l'article Le Congolais







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