vendredi 15 mai 2015

Jeu vidéo : Aurion, un Fantasy à l’africaine

La société Kiro'o Games lance Aurion, un jeu vidéo entièrement conçu au pays. Séduira-t-il les marchés américain et européen ?

L’idée d’Olivier Madiba, aujourd’hui à la tête de Kiro’o Games et de sa vingtaine d’employés, a germé en 2003, alors qu’il était encore sur les bancs de l’université de Yaoundé. Il a fallu patienter dix ans, au gré des formations et des investissements, pour que le studio devienne enfin opérationnel. "Nous avons eu des difficultés d’accès à internet et à l’électricité. Au début, nous avons même dû dormir sur place pendant deux mois", se souvient cet entrepreneur de 29 ans, qui indique l’emplacement de son ancien lit de camp, à quelques centimètres de son bureau.

Malgré le parrainage du ministère des Arts et de la Culture, la reconnaissance tarde à venir. "Beaucoup ne comprennent pas ce que nous faisons. Certains croient encore qu’on a ouvert une salle de jeu", s’amuse le jeune homme. Cela n’a pas empêché Kiro’o Games de franchir les étapes les unes après les autres. Pour boucler le financement, l’équipe a lancé mi-2013 un appel à contribution auprès de la communauté des joueurs, leur proposant d’acheter des parts du jeu selon un système proche du crowdfunding (financement participatif).


En ce début d’avril, la société a réussi à rassembler les 120 millions de F CFA (plus de 182 500 euros) nécessaires. Une somme relativement faible dans cet univers, mais qui a permis de poursuivre le développement du jeu et de commencer à le faire connaître. "Les joueurs qui l’ont testé en avant-première sur des sites spécialisés ont apprécié. Les commentaires sont très élogieux", se réjouit Olivier Madiba, qui entrevoit déjà le succès… en dehors du continent. "Il y a un marché en Afrique, mais il n’est pas organisé. On vise surtout les Européens et les Américains", reconnaît-il.

Ce jeu vidéo de fantasy à la mode africaine aura la lourde tâche de séduire un public occidental qui bénéficie déjà d’une offre abondante. L’histoire se veut donc exotique, mais accessible à toutes les cultures. Le personnage principal, Enzo Kori-Odan, prince de Zama, cherche en compagnie de sa fiancée, Erine Evou, à retrouver son trône, usurpé par son beau-frère.

Contraint à l’exil, le couple royal va parcourir le monde et, au fil de ses aventures, "acquérir des compétences guerrières" qui aideront Enzo à récupérer son héritage. "Aurion est assez différent des autres jeux de fantasy, explique Olivier Madiba. Il n’y a pas d’elfe, de nain ou de ninja… On a développé une thématique aux racines africaines. Le défi, c’est de rendre ce jeu universel."

"Open space"

En réunissant assez de soutiens auprès de ses utilisateurs, le premier volet d’Aurion a reçu début mars le feu vert pour une commercialisation via la plateforme américaine Steam, une référence dans le milieu. Une avancée de taille dans la conquête du marché américain, avant d’attaquer la scène continentale.

"Nous cherchons un partenaire dans la production de disques pour pouvoir être distribués au Cameroun, au Nigeria, en Afrique du Sud ou au Ghana", explique le dirigeant de Kiro’o Games, qui ambitionne de faire de sa société "le premier éditeur de jeux vidéo en Afrique".

Kiro’o Games veut lancer le premier jeu vidéo made in Cameroun au printemps 2015

"Nous verrons ensuite si nous étendrons notre activité aux secteurs des jeux mobiles et du dessin animé, tout en poursuivant la saga Aurion." Avant cela, le premier chantier sera plus terre à terre : Kiro’o Games a prévu de changer de locaux. Objectif : quitter la "grotte" et s’offrir un open space. Et, pourquoi pas, des panneaux solaires et une meilleure connexion à internet.

Par Mathieu Olivier - Source de l'article JeuneAfrique


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