jeudi 25 février 2016

BD : l’abeille et le léopard

« La capitale zaïroise s'éveille, mais il fera presque jour quand elle pourra s'endormir… Quand on pense qu'en 1971 Don King sortait de trois ans de prison pour homicide. Ce qu'il a réalisé avec l'appui du guide-président-fondateur Mobutu est ici historique. Je vous rappelle que le combat n'aura lieu qu'à quatre heures du matin. Et cela pour permettre… »


Avec Chaos debout à Kinshasa, le dessinateur congolais Barly Baruti et le scénariste Thierry Bellefroid revisitent la capitale du Zaïre à l’heure du « combat du siècle » opposant Muhammad Ali à George Foreman, dans le stade du 20-Mai.

L’intrigue, totalement fictionnelle mais sérieusement étayée par des références historiques et géostratégiques, réunit une flopée de personnages très divers, de l’opposant chauffeur de taxi à l’homme à la toque de léopard en passant par le flambeur-loser de Harlem, l’ambigu agent belge et la prostituée-indic.

Maîtrisant aussi bien le dessin que la couleur dans un style classique et réaliste, Barly Baruti réussit avec ce moment d’histoire un magnifique portrait de Kinshasa. Ses couleurs font entendre tantôt le rythme de la rumba, tantôt le silence feutré du palais présidentiel, tantôt les hurlements des prisonniers politiques que l’on torture. La violence, alors, ne régnait pas que sur le ring.


>> Chaos debout à Kinshasa, de Barly Baruti et Thierry Bellefroid, éd. Glénat, 116 pages, 22 euros

Par Nicolas Michel -  Source de l'article Jeune Afrique

mardi 23 février 2016

Afrique : les jeux sur smartphone passent au niveau supérieur

L’Afrique devrait compter près de 350 millions de smartphones en 2017 et le taux de pénétration de l’internet mobile devrait doubler d’ici 2020, selon Deloitte. Les jeux rencontrent un grand succès auprès de la population, jeune et technophile.

Le jeu Candy crush

Les jeux en ligne constituent la première catégorie d’applications mobiles utilisée par les Africains. C’est l’un des enseignements de la dernière étude de la société de conseil Deloitte dédiée aux évolutions d’usages, de consommations et de marchés en Afrique, dans le domaine des technologies, des médias et des télécommunications.

Sur le continent, l’émergence de nouveaux modèles de smartphones low cost et le développement du marché de l’occasion constituent une réelle opportunité pour l’industrie des jeux, qui devrait compter plus de 400 millions d’utilisateurs en 2016. « C’est un marché en fort développement favorisé par l’accès de plus en plus facile aux smartphones et l’essor rapide de la couverture du haut débit mobile, combinés à une population africaine très jeune et technophile », explique Karim Koundi, associé responsable du secteur pour Deloitte Afrique francophone.

L’Afrique devrait compter près de 350 millions de smartphones en 2017 - un moyen de communication auprès de la jeunesse - et le taux de pénétration de l’internet mobile devrait doubler d’ici 2020, pour atteindre près de 40 % de la population. Les utilisateurs sont de plus en plus nombreux à abandonner la voix au profit de la data.

La consommation des jeux numériques est particulièrement dynamique en Afrique de l’est, du sud, du nord et dans des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal où les innovations technologiques sont rapidement introduites. L’année prochaine, 28 pays, soit plus de la moitié des Etats africains, auront lancé le passage à la technologie 4G. Le Sud-Africain Vodacom a été le premier à lancer ce service en Afrique. Cette tendance devrait se confirmer dans d’autres marchés relativement matures en matière de technologie tels que le Zimbabwe ou l’Angola, et profiter du déploiement des réseaux 4G dans de nouveaux pays. En 2015, 15 nouveaux réseaux 4G ont été déployés notamment en Éthiopie, au Kenya et en Angola.

Compétition. « Les Africains privilégient les jeux où ils peuvent jouer à plusieurs en réseau, ajoute Karim Koundi. L’aspect de compétition est très important. Ils essayent de gagner des points en jouant par exemple à Candy crush, ou se mesurent aux échecs ». Pour le moment, les utilisateurs privilégient les jeux gratuits. Mais progressivement, ils achètent des modules un peu plus avancés et payants. Les géants du secteur considèrent aujourd’hui l’Afrique comme une cible prioritaire et multiplient les partenariats avec les opérateurs mobiles.

C’est le cas de Gameloft, acteur mondial du jeu qui opère déjà depuis le Maroc et qui vient de s’installer au Nigeria pour lancer une industrie du jeu avant de s’implanter ailleurs en Afrique. Plus d’une dizaine de sociétés de création de jeux vidéo ont aussi vu le jour en Afrique du Sud, au Nigeria, en Côte d’Ivoire et en Tunisie, comme la startup Digitalmania. « L’industrie se met progressivement en place, pilotée par l’innovation, l’entrepreneuriat, et structurée par les jeunes générations », assure Karim Koundi.

Avantage : cette industrie est moins dépendante des capacités financières que des capacités d’imagination de leurs entrepreneurs. Pour accélérer le processus en cours, les experts de Deloitte recommandent la mise en place d’un cadre juridique approprié et d’incitations fiscales à l’industrie du jeu, afin d’attirer les investisseurs et les producteurs de contenus.

Source de l'article l'Opinion

jeudi 18 février 2016

Aurion, le jeu vidéo 100% camerounais du studio Kiro’o Games, sortira le 14 avril

La société camerounaise Kiro'o Games est toute proche de réussir son pari. Le 14 avril, elle lancera officiellement Aurion, un jeu vidéo conçu au Cameroun, sur la plate-forme Steam.


Le personnage principal du jeu vidéo Aurion : l'héritage des Kori-Odan © DR

L’attente aura duré treize ans, depuis que l’idée d’Olivier Madiba, aujourd’hui à la tête de Kiro’o Games et de sa vingtaine d’employés, a germé, alors qu’il était encore sur les bancs de l’université de Yaoundé. Après une levée de fonds réussie, le jeu vidéo « Aurion : L’Héritage des Kori-Odan » est enfin prêt à aller à la rencontre des gamers.

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Le jeu sera en effet lancé, via la plateforme Steam, le 14 avril, annoncé le studio jeudi 18 février. Il ne lui restera alors plus qu’à prendre son envol, en Afrique comme en Occident, où Olivier Madiba espérait également séduire avec une histoire exotique, mais accessible à toutes les cultures.

Pas d’elfe ou de nain

Résultat de recherche d'images pour "« Aurion : L’Héritage des Kori-Odan »"Le personnage principal, Enzo Kori-Odan, prince de Zama, cherchera en compagnie de sa fiancée, Erine Evou, à retrouver son trône, usurpé par son beau-frère. Contraint à l’exil, le couple royal va parcourir le monde et, au fil de ses aventures, « acquérir des compétences guerrières » qui aideront Enzo à récupérer son héritage.

« Aurion est assez différent des autres jeux de fantasy », expliquait Olivier Madiba, que nous avions rencontré dans le studio de Kiro’o Games à Yaoundé. « Il n’y a pas d’elfe, de nain ou de ninja… On a développé une thématique aux racines africaines. Le défi, c’est de rendre ce jeu universel. » La réponse ne devrait plus tarder.

Par Mathieu Olivier - Source de l'article Jeune Afrique

dimanche 14 février 2016

Paroles de jeunes Iraniens en bande dessinée

Deux journalistes ont rapporté de leurs pérégrinations en Iran les témoignages de jeunes Iraniens rencontrés dans la rue. Ils en ont fait une bande dessinée intitulée Love story à l’iranienne dans laquelle filles et garçons partagent leurs espoirs, leurs désillusions sur l’amour, la sexualité et la politique. Entretien. 

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"Love story à l'iranienne" de Jane Deuxard et Deloupy est un recueil de témoignages 
de jeunes Iraniens collectés par des journalistes. ©"Love story à l'iranienne" 
de Jane Deuxard et Deloupy - Delcourt/Mirage

« Durant quelques heures, quelques jours parfois, ces Iraniens nous livrent ce qu’ils ont sur le coeur, ce qu’ils ne confient généralement à personne. Cette confiance, et ces histoires nous bouleversent. Le plus dur, c’est que nous ne les reverrons plus ». Ces quelques phrases écrites dans Love story à l’iranienne (Editions Delcourt/Mirage) résument bien le travail d’enquête entrepris en Iran par un couple de journalistes qui répond d’une seule voix au pseudonyme Jane Deuxard. 

Sous Mahmoud Ahmadinejad, Hassan Rohani ou encore pendant les négociations sur le nucléaire, ils se sont rendus clandestinement à maintes reprises dans toutes les grandes villes du pays pour rencontrer les jeunes. 

« En tant que journalistes, nous avons évidemment suivi ce qui se passait dans le pays en 2009 avec beaucoup d’attention », nous raconte Jane Deuxard. Ce mouvement populaire de contestation également appelé 'révolte verte', a été fortement réprimé par le pouvoir, après la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. « Nous étions curieux de savoir ce qu’il s’était passé car les journalistes ont dû déguerpir. Plusieurs d’entre eux ont été expulsés. C’était le silence total. Nous voulions donc savoir ce qu’il advenait des Iraniens. Puis, quand le printemps arabe 2011 a débuté, on s’est demandé si cela donnait des idées aux Iraniens, avaient-ils envie de recommencer ? Donc on a décidé d’y aller. »

Là bas, ils multiplient les rencontres avec, entre autres, Gila, Saviosh, Vahid, Kimia, Zeinab, Ashem et Nima, Jamileh… Dans la bande dessinée, ils sont une quinzaine de jeunes femmes et de jeunes hommes qui ont tous entre 20 et 30 ans et vivent notamment à Téhéran, Ispahan, Yadz et Shiraz.

Certains d’entre eux ont participé aux manifestations de 2009. Ils vivent, depuis, entre désillusion et désespoir de ne pas voir le pays changer même sous la présidence d’Hassan Rohani, vu comme un réformateur depuis l’étranger. D’autres s’accommodent du contrôle social et politique qui pèse sur les jeunes dans le pays, en premier lieu sur leurs relations amoureuses. 

Difficile voire impossible de choisir avec qui on flirte, avec qui on couche, qui on aime, ou qui on épouse. Tout est cadré par le pouvoir…et les familles. Certain(e)s s’en satisfont quand d’autres tentent de détourner les traditions à leur avantage. C’est le cas de Gila et Mila qui se sont choisis et ont imposé habilement leur choix à leurs familles en faisant croire qu’ils ne se connaissaient pas.

Leur histoire n’est qu’un témoignage parmi tous les autres, aussi intéressants que touchants, qui jalonnent cette BD Love story à l’iranienne, intelligemment mise en images par Deloupy. Les deux scénaristes nous en livrent les coulisses dans l’entretien ci-dessous.

Comment avez-vous rencontré tous ces jeunes Iraniens ? 

Quand les journalistes ne vont pas en Iran clandestinement mais avec un visa, il faut une autorisation pour partir en reportage, interviewer des Iraniens de la rue ... C’est pour ça que l’on entend peu la voix des Iraniens. Mais on avait en tête de ne pas interroger des personnes qu’on nous aurait indiquées et qui ne représenteraient pas tout le pays. On a donc voulu procéder comme pour un microtrottoir, en sillonnant toutes les grandes villes du pays, pour ne pas seulement rester à Téhéran. 

On les as tous rencontrés dans des parcs. Au début, quand on se rencontrait, on jaugeait si la discussion était possible. Certains ne voulaient tout simplement pas discuter avec des étrangers ; d’autres avaient des discours tout à fait de façade pour ne rien révéler. Si on sentait qu’il y avait quelque chose de possible, on révélait notre véritable objectif. Soit ils disaient "non, on ne parle pas", soit ils étaient contents de partager. Et vu que l’on était en couple, il se créait aussi une sorte de complicité car à chaque fois on visait si possible des couples, illégitimes ou illégaux selon les lois iraniennes. On a ainsi obtenu ces confidences qui étaient parfois le fruit d’une journée de discussion.

Les thèmes de la vie de couple, du mariage, de l’amour et de la sexualité sont au coeur de votre album. Etaient-ce des sujets dont les Iraniens vous parlaient spontanément ? 

Au départ, on avait très envie de parler de politique. On voulait savoir s’ils voulaient se soulever contre le régime ? Est-ce qu’après 2009 ils voulaient rempiler ? Est-ce que le printemps arabe les a inspirés ou découragés ?
C’est difficile de parler de politique pour les Iraniens parce que c’est évidemment un sujet sensible. Il ne faut pas qu’ils se fassent dénoncer alors il faut qu'il existe un vrai rapport de confiance entre eux et nous. Ils nous parlaient de politique mais finalement quand ils en venaient aux confidences, ils nous disaient que ce qui les préoccupaient le plus, c’est le quotidien et donc comment tomber amoureux d'X ou Y, comme le ou la séduire. Pour eux, ce n’est pas facile de se rencontrer, de flirter, de se marier, alors forcément, c’est un important sujet de préoccupation. Ce sont eux qui nous en parlaient spontanément parce qu’ils étaient obnubilés par ça. 

En tant qu’observateurs extérieurs, avez-vous perçu un changement dans le pays avec l'arrivée d'Hassan Rohani au pouvoir en 2013 ? 

Un portrait dans la BD y répond, quand l’un de nos témoins nous dit : « il faut vraiment être naïf pour penser que Rohani - un mollah parmi les mollahs, ancien ministre qui fait partie du sérail - puisse changer quoi que ce soit. »
Les Iraniens nous répétaient sans cesse que c’est le pouvoir religieux qui dirige. Le président iranien ne compte presque pour rien, il a très peu de pouvoir. Eux ne voient pas le changement. Ils espèrent quand même voir des changements économiques grâce à la levée progressive des sanctions. Les Iraniens ont ça de très particulier : ils sont à la fois fatalistes, mais ils espèrent. Jamileh, dans la bande dessinée, résume bien ça en disant « on sera peut-être un petit peu plus riches mais certainement pas plus libres. » 

©"Love story à l'iranienne" (Delcourt/Mirage)

Une nouvelle révolution de la jeunesse est-elle possible ? 

Il y a eu une telle répression en 2009 que ça a glacé le sang des personnes qui ont manifesté. Ils ont eu peur et n’ont pas envie de "remettre le couvert" car ils n’ont tout simplement pas envie de mourir.
Et puis, le régime a fait d’énormes "progrès" en matière de nouvelles technologies et a maintenant une longueur d’avance. Par les réseaux sociaux, les policiers arrivent avant les manifestants sur le lieu de rassemblement. 

Beaucoup d’Iraniens nous ont aussi dit : « regardez ce qui est arrivé après la révolution de 1979, le pays a reculé, on y a perdu, les révolutions, c’est dangereux ». Aujourd’hui, non seulement ils craignent le régime et la répression, mais ils ont peur d’imaginer une révolution et un scénario comme en Syrie, Libye, .... 
©"Love story à l'iranienne" (Delcourt/Mirage)

Pour la plupart, ils sont malheureux mais il y a aussi beaucoup de jeunes qui soutiennent un régime qui représente la stabilité. Ils préfèrent que le pays ne se transforme pas en Syrie ou Libye, quitte à devoir attendre encore quelques années pour que le pays se démocratise un peu. Il n'y a pas de révolution en vue en tout cas. 

Certaines jeunes femmes, dans les témoignages que vous avez recueillis, se satisfont de la société iranienne dans laquelle elles vivent car elles n'ont pas à travailler comme les Occidentales et sont très courtisées. Quelle place est accordée aux femmes ?

Ces filles disent "on a appris à être malignes". Elles utilisent les contraintes pour les retourner et en faire des avantages. Formellement, il n’y a aucun progrès mais elles ont appris à faire avec le cadre. 

Comme il y a plus d’étudiantes que d’étudiants, on pourrait penser que l’on retrouve la même chose dans le monde du travail. Mais en Iran, il y a quand même un contexte économique difficile qui fait que les places sont très chères. Et la tradition fera que vraisemblablement, si une femme postule au même poste qu’un homme, c’est lui qui l’obtiendra.

©"Love story à l'iranienne" (Delcourt/Mirage)

Les femmes sont très nombreuses aussi à l’université parce que c’est le seul endroit en Iran où les jeunes peuvent se rencontrer dans des endroits mixtes et où les contrôles sont moins tatillons que dans la rue. C’est une sorte de bulle dont ils ont envie de profiter ne serait-ce que pour flirter, se rencontrer, et dans un second temps se marier pour essayer de s’émanciper de la famille et gagner un peu de liberté. 

Il y a aussi la difficulté pour les femmes de faire accepter aux familles (la leur ou celle de leur mari) qu’elles aient envie de travailler. Ce n’est pas encore inscrit dans le moeurs. Dans notre BD, une jeune femme voulait être juriste. Mais tout son entourage la dissuade, lui expliquant qu’elle ne trouvera jamais de clients parce que les hommes ne feront jamais confiance à une femme, parce qu’une femme c’est trop émotif, ce n’est pas fiable, donc elle est vouée à faire faillite si elle ouvre un cabinet d’avocat. 

Et puis parfois, les femmes elles-mêmes n’ont pas envie de travailler. Il y a plein de paradoxe de ce type en Iran. 

©"Love story à l'iranienne" (Delcourt/Mirage)

Pourquoi devez-vous vous cacher derrière un pseudo ?

C’est pour pouvoir continuer à faire notre travail, pour y aller sur la durée. Si on y va officiellement en qualité de journaliste, il y a automatiquement une surveillance qui se met en place et des autorisations à demander pour tout déplacement ou reportage que l’on voudrait faire. C’est un handicap qui fait qu’on n’a pas la liberté de travailler comme on le souhaite. Les Iraniens ne s’arrêteraient pas pour nous parler comme ils l’ont fait, s'ils savent que nous sommes-là officiellement et que nous sommes sous surveillance. 

Voilà, pourquoi nous prenons beaucoup de précaution. Et aussi, parce que les journalistes, qui travaillent sur des sujets sensibles et qui se font attraper, sont accusés d’espionnage. C’est là que les problèmes commencent.

Par Léa Baron - Source de l'article InformationTV5

jeudi 11 février 2016

L’industrie des jeux vidéo : À quand le décollage ?

L’industrie des jeux vidéo reste un secteur de niche au Maroc, pourtant son potentiel est grand. Relancer la dynamique de la filière nécessite un plan global de bout en bout.

La dernière levée de fond réalisée par RymGames, entreprise marocaine éditrice de jeux vidéos, auprès de MNF serait-elle un signe annonciateur d’un regain d’intérêt pour l’industrie ? On serait tenté de le croire, pourtant le retard qu’accuse le secteur dans le royaume persiste. Un manque à gagner qui contraste avec l’importance que revêt le secteur qui pèse quelques 70 milliards d’euros dans le monde. Une croissance fulgurante qui ne profite pas à notre pays, pourtant précurseur il y a quelques années en la matière. «Pour faire une rétrospective, le développement de jeux vidéo au Maroc a commencé officiellement en 1998 avec l’ouverture d’une filiale d’Ubisoft à Casablanca. Une très bonne initiative qui a propulsé le Maroc aux première loges dans toute la région Afrique et Mena.

C’était la première multinationale de jeu vidéo qui avait ouvert dans la région, où on a vu le développement de plusieurs grands projets mondiaux, notamment Prince of Persia», rappelle Yassine Arif, co-fondateur du collectif Moroccan Game Developers. L’initiative, qui devait se renforcer avec la création du campus Ubisoft (dont le but est de préparer une génération marocaine de concepteurs et d'artistes pour des jeux AAA (Jeux vidéo à grands budgets), a subi un échec retentissant avec l’arrêt de la formation au bout de la deuxième promotion. Les opérateurs de la filière épinglent le manque de suivi et l’absence de volonté. Aujourd’hui, le secteur du jeu vidéo reste une niche au Maroc puisqu’il concerne quelques dizaines d’acteurs (Ubisoft Casablanca, Ezelia, Lorem, RymGames, DevisIon, The Wall Games, etc) dont les débouchés sont internationaux principalement.

Leviers de développement :

Selon Newzoo, le Maroc est valorisé à 49 millions de dollars de revenus, générés exclusivement pour les compagnies internationales, mais pas exploités localement. Selon les opérateurs de l’industrie, le statu quo dans lequel se vautre le secteur n’est pas fatal. Un certain nombre de leviers sont susceptibles de permettre le décollage de cette industrie du divertissement.

Dans ce sens, la Tunisie est érigée en exemple. Un plan de développement du secteur a été lancé chez nos voisins avec le concours de l’Association des développeurs de jeux vidéo. Dans le royaume, les opérateurs pointent des blocages numériques. «Les blocages numériques sont légion. App Store (Apple), Xbox Live (Microsoft), PlayStation Network (Sony) ne reconnaissent pas le Maroc, on ne peut pas vendre via Google Play, ce qui constitue un gros obstacle pour les développeurs locaux», souligne Yassine Arif. Et comme le décollage d’une industrie passe inéluctablement par la mise en place d’un écosystème de bout en bout, les opérateurs marocains requièrent un plan d’accompagnement construit en amont sur des projets éducatifs pour assurer la formation des développeurs de jeux vidéos et en aval sur des incitations fiscales et un soutien à l’export. 

Par Asmaa Elkezit - Source de l'article Lesco Maroc

mardi 9 février 2016

«À travers Tintin, Hergé a fanstasmé l'Orient»

Le premier épisode des aventures de Tintin a été diffusé ce lundi 8 janvier à la radio.À l'occasion de la diffusion sur France Culture des Cigares du pharaon mettant en scène l'intrépide reporter à la houpette, l'auteur du Monde arabe dans les albums de Tintin Louis Blin revient sur la fascination qu'avait le dessinateur pour les pays orientaux.

Tintin est de retour. Interprétés par la troupe de la Comédie-Française, les célèbres personnages créés par Hergéreprennent vie dans une adaptation radiophonique inédite. Le premier épisode, Les Cigares du Pharaon, qui a été diffusé le 8 janvier, nous transporte tout droit en Égypte, en Inde et en Arabie. Des contrées que Tintin visitera plusieurs fois au cours de ses aventures.

Le tintinologue Louis Blin, qui vient récemment de publier Le monde arabe dans les albums de Tintin aux éditions L'harmattan, revient sur l'intérêt du dessinateur Hergé pour les pays orientaux.

LE FIGARO - Pourquoi Hergé était-il fasciné par les pays arabes?

LOUIS BLIN - L'Orient qu'Hergé nous fait découvrir à travers les yeux de Tintin est bien entendu fantasmé. Pour Hergé, Tintin est le découvreur de l'exotisme. Et l'exotisme, c'est l'Orient, c'est l'Arabie. C'est d'ailleurs dans cette contrée que Tintin a été le plus souvent. Trois de ses albums, Les cigares du pharaons, Tintin au payus de l'or noir et Coke en stock, se déroulent partiellement en Arabie, sans jamais que l'auteur ne l'indique de manière explicite. De même, dans son dernier album inachevé,L'Alph-art, le dessinateur met en scène deux héros arabes, un clin d'oeil volontaire de la part d'Hergé.

Quels pays arabes Tintin a-t-il visité en bon globe trotteur des années 1930?

Tintin, effectue de brèves incursions en Égypte, en Palestine dans l'album Les Cigares du Pharaon.Il visiteégalement le Maroc dans Le Crabe aux pinces d'or, neuvième album de bande dessinée des aventures de Tintin, sorti dans les années 1940. Hergé n'a jamais vraiment voyagé dans ces contrées mais très maniaque, il s'est attaché aux détails en Arabie comme ailleurs. Sa recherche d'authencité transparaît dans sa mise en scène des Arabes, bien qu'il projette tout de même dans son oeuvre sa vision influencée par l'orientalisme et par l'époque coloniale durant laquelle il a composé les aventures arabes de son héros.

Les Cigares du Pharaon fait aujourd'hui l'objet d'une adaptation radiophonique par France Culture. Que pensez-vous de cette initiative?

Il s'agit d'un beau projet et c'est plutôt courageux. Cela a été jusqu'à aujourd'hui très compliqué d'adapter les aventures de Tintin. Le dessin animé peut facilement retranscrire l'histoire sans détériorer l'oeuvre mais c'est beaucoup moins évident à la radio. En comparaison, Astérix n'a pas ce souci car le ton de la bande-dessinée demeure toujours le même. L'humour reste identique. L'œuvre d'Hergé est philosophique avant tout. Ses albums sont une malle au trésor dans lequel on trouve de nombreux indices vers des réflexions sociétales et culturelles. Cela se prête mal par conséquent à l'oralité car les détails de l'intrigue se retrouvent dans les dessins et ne peut être adapter autrement.

Source de l'article LeFigaro

lundi 8 février 2016

BD : le collectif de dessinateurs tunisiens LAB619 expose ses planches à la Maison de la Tunisie


 LAB619 expose à la Maison de la Tunisie
© France 24, Nadia Dhab | La dessinatrice tunisienne Nadia Dhab pose un regard aiguisé sur une société tunisienne en pleine mutation. Vidéo par Mounia Ben AÏSSA Jonathan WALSH

Le collectif de dessinateurs tunisiens LAB619 expose ses planches à la Fondation de la Maison de la Tunisie, à Paris. Les dessins offrent un regard à la fois drôle, sarcastique et grave sur la société tunisienne de l'après-révolution.

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Il se trouvait trop bavard, il a choisi de dessiner pour ne pas déranger… avant de comprendre que ses dessins avaient l’effet inverse. Le Tunisien Nidhal Ghariani manie l’humour aussi bien que le crayon. Cet ex-informaticien est devenu dessinateur sur le tard, lorsque la révolution éclate en Tunisie, le 14 janvier 2011. Il prend alors le pseudonyme de Needall (prononcé à l’anglaise) "par rapport au sentiment qu’on a eu après le 14, l’envie de tout posséder, de conquérir cette liberté d’expression et cette liberté de penser", explique-t-il.

Puis il fonde, aux côtés d’autres dessinateurs, le collectif LAB619, devenu au fil des années un magazine BD trimestriel au succès croissant : il a remporté le premier prix du CairoComix Festival en Égypte en 2015.


Aujourd’hui, et pendant tout le mois de février, Nidhal Ghariani, accompagné de la dessinatrice Nadia Dhab, représentent le LAB619 à la Fondation de la Maison de la Tunisie à Paris. Il y exposent de nombreuses planches en noir et blanc, où l’humour et la gravité se mêlent. Dans une société tunisienne en pleine mutation, les sources d'inspirations sont nombreuses : religion, économie, politique… Rien n’échappe au regard aiguisé des artistes.

L’une des meilleures illustrations en est peut-être cette planche de Nadia Dhab, alias Dlog, qui décrit la longue et coquette toilette d’une femme qui se prépare à sortir… intégralement voilée. "Au-delà du fait que c'est pour faire rire, qu'il y a un côté moqueur ou un côté de la blonde idiote, je veux dire quoi ? Ça peut être aussi de l'autodérision, une femme qui se pose la question : si un jour dans mon pays je suis obligée de m'habiller comme ça, on reste malgré tout des femmes", explique la dessinatrice.

À coups de crayons bien aiguisés, le collectif s’est taillé une belle place dans les kiosques tunisiens. Et compte bien repousser les frontières. Pour leur prochain numéro, le LAB619 ouvre ses pages à des dessinateurs syriens, algériens et soudanais.

Source de l'article France 24