Eru, inspiré du dieu de la peur Yoruba, est un des super-héros des jeunes créateurs de la start-up Comic Republic. © Comic Republic |
Ils sont nés en Afrique et se battent pour le continent. Les nouveaux super-héros africains sont sortis de l’imagination de jeunes créateurs nigérians ou sud-africains, qui se réapproprient les codes de ce genre, sur un marché largement dominé par les géants américains Marvel et DC Comics et leur cortège de héros blancs.
Le premier super-héros sud-africain s’appelle Kwezi, « étoile » en xhosa et en zoulou, deux des langues sud-africaines officielles. Kwezi est un jeune homme de 19 ans, débrouillard, narcissique et ultra-branché, adepte des « selfies » et obsédé par sa popularité sur les réseaux sociaux.
Mais les pouvoirs surnaturels dont il est doté vont conduire le jeune Kwezi dans une quête initiatique et identitaire, à travers Gold City, une ville qui ressemble à s’y méprendre à Johannesburg. Les dialogues de cette série sont d’ailleurs relevés d’argots, d’expressions ou de blagues typiques de la culture populaire sud-africaine.
Le héros sud-africain Kwezi évolue à Gold City, double imaginaire de Johannesburg. © Kwezi Comics |
Le premier numéro de la série Kwezi a été publié en 2014 par Loyiso Mkize, un jeune artiste sud-africain de 29 ans. Son ambition : créer un super-héros « qui parle et pense comme un Sud-Africain » et qui évolue dans le même environnement que ses lecteurs. Et ce désir est partagé par d’autres jeunes auteurs africains, notamment au Nigeria.
Mythologie locale
A Lagos, la start-up Comic Republic a créé plusieurs super-héros africains, un peu sur le modèle des Avengers de Marvel. Sauf que ces personnages sont très ancrés dans la culture et la mythologie locale.
L’idée de son créateur Jide Martins, c’est que « l’on n’a pas besoin d’être blanc pour sauver le monde ». Lui et son équipe ont donc créé Eru, professeur le jour à l’Université de Lagos, qui devient à la nuit tombée une réplique du dieu de la peur Yoruba. Ou encore Ireti, une féroce guerrière protectrice du Royaume Yoruba et assoiffée de nouvelles conquêtes.
Le Nigeria sert également d’inspiration et de décor à la bande dessinée E.X.O. La légende de Wale Williams de Roye Okupe, dont l’intrigue se déroule à Lagoon City. Une Lagos futuriste, ravagé par la corruption et prise d’assaut par les islamistes.
Succès international
Vu les contraintes budgétaires, les éditions papier restent plutôt limitées. En revanche, la série sud-africaine Kwezi, tout comme les bandes dessinées de Comic Republic, sont accessibles en ligne et leur popularité est grandissante en Afrique, et au-delà.
Depuis la publication du premier numéro mettant en scène un super-héros habillé aux couleurs du drapeau nigérian, Comic Republic est ainsi passé d’une centaine de lecteurs à 28 000 pour le dernier numéro !
De plus, 30 % des téléchargements seulement sont réalisés depuis le Nigeria. L’autre moitié provient des Etats-Unis et d’Angleterre et, plus marginalement, de pays tels que le Brésil ou les Philippines.
Projet de série
En attendant des adaptations au cinéma ou des produits dérivés de ces bandes dessinées, le public pourra toujours se rabattre dès le mois de mai 2016 sur la première série télévisée mettant en scène un super-héros africain.
Entièrement tournée et produite à Johannesburg, la série racontera l'histoire de Jongo, un jeune homme qui acquiert des super-pouvoirs en touchant un cristal extraterrestre, légué par son père mineur de fond. Une preuve supplémentaire de l’intérêt croissant des Africains pour des héros qui leur ressemblent.
Par Liza Fabbian - Source de l'article RFI
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