Opportunités et atouts pour l’Afrique : avantages d’être un studio en Afrique
Même si le marché de consommation est freiné par des critères socio-économiques, l’Afrique peut exploiter le jeu vidéo comme un levier de développement. En effet, le secteur exige comme véritable matière première du talent artistique et informatique qui sont présents mais inexploité sur le continent.
Il y a donc encore moyen pour les africains de proposer de nouveaux jalons de créations, mais en ayant l’ambition d’internationaliser leurs produits pour un meilleur impact.
La culture africaine trouvera ainsi un nouveau support d’expression, mais aussi une source de défis pour se sublimer et évoluer. Car le jeu vidéo doit proposer des visions « fantaisistes et extraordinaires » des cultures qui lui servent de bases.
Un bon stratège doit souvent retourner un défaut en qualité, une faiblesse en opportunité. Notre inexistence sur le secteur rend les premiers qui s’y lanceront « visibles et particuliers » dans la masse de studios mondiaux.
Ce constat vient de la facilité que nous avons eue à approcher certains grands noms du secteur qui étaient intrigués de lire un mail avec « Video Game from Africa ». Mais nous n’aurons droit qu’à peu de chances.
Si après cet intérêt, les acteurs du secteur découvrent des œuvres de piètres qualités et des ambitions bas de gamme, la porte de leur curiosité se refermera pour très longtemps.
Nous avons donc la responsabilité d’ouvrir un chemin de qualité pour toutes les générations à venir de Game Designer africains.
De plus, notre expérience réalisée avec nos maquettes amateurs montrent que le jeu peut réussir là où le livre a échoué, pour transmettre les valeurs constructives à la jeunesse africaine.
Etat du marché de consommation
Hélas, comme sur beaucoup de plan, l’Afrique a raté le train du jeu vidéo. Le continent n’est même pas compté dans la carte commerciale des éditeurs à cause du faible pouvoir d’achat des populations généralement concentrées sur des besoins de survies.
La jeunesse africaine des pays africains politiquement stables a pu jusqu’ici rester à la page à travers le piratage qui met les jeux à leur disposition. Cette option devenant de moins en moins possible à cause de la taille des jeux, la faiblesse des connexions internet, et l’évolution des politiques anti-piratage, l’Afrique s’achemine vers une énorme fracture numérique notamment pour ce qui est des jeunes qui vont faire les frais du retard accusé dans le développement technologique et économique.
Dans le cadre du goût en matière de jeux, les choix sont en synergie avec les divertissements de la vie réelle auxquels ils ont droit. Les jeux de football ont la plus grande part de leur intérêt, ensuite les jeux d’aventure et de guerre pour leur facilité de prise en main.
Conséquence du système éducatif défaillant ayant tué l’intérêt pour la lecture auprès des jeunes du continent, on trouve une réticence de leur part à jouer des jeux abordant des thèmes ou des systèmes exigeant une immersion poussée (jeux de rôles, jeux de stratégie, etc.). Le projet Kiro’o montre toutefois que le fait de s’identifier à des personnages élimine cette barrière.
Le jeu a été conçu par le jeune camerounais Olivier Madiba, créateur de Kiro’o Games, premier studio de création de jeux vidéo au Cameroun et en Afrique centrale.
« Aurion : l’héritage des Kori-Odan » est le fruit du Kiro’o Tales, une nouvelle méthode visuelle, narrative et sonore qu’Olivier Madiba et son équipe jeune veulent mettre en place.
À la tête d’une équipe jeune, ambitieuse et créative, Olivier Madiba a pris part au « Google Day Games » (GDG) qui s’est déroulé à Douala au Cameroun du 1er au 2 mars. Toutes les entreprises invitées lors de cet événement ont été créées et sont gérées par des jeunes. Olivier Madiba était invité à partager son expérience avec les étudiants et les autres participants sur les idées d’innovation et de création d’une entreprise (Free Innovation Open Ideas Project Pitches). À travers des exemples personnels, il a invité tous les jeunes participants à se lancer sans crainte dans l’entrepreneuriat. Kiro’o Games, filiale de l’Entreprise Madia, est parrainé par le ministère de la Culture du Cameroun. La start-up est composée d’une équipe de vingt-cinq jeunes issus de milieux différents mais unis par la même passion : le jeu vidéo. Le Studio est présenté par les observateurs comme une des entreprises présentant un fort potentiel de développement pour 2014. La philosophie du Kiro’o Games est résumée dans la symbolique de son logo et de sa devise : Créer des jeux inspirés d’Afrique dans la narration ainsi que créer des jeux avec un gros potentiel gameplay pour gamers.
Kiro’o Tales : Trois axes de création
Kiro’o vient de l’expression Kiro’o Maono en Swahili qui signifie « Vision spirituelle ». Le studio se donne pour objectif de créer un éveil intérieur par le jeu vidéo. La stratégie de conception des jeux Kiro’o, qualifiée de « Kiro’o Tales », se décline en trois axes de création à savoir le Kiro’o narratif, le Kiro’o visuel et le Kiro’o sonore. Le Kiro’o narratif consiste à exploiter l’histoire, les traditions et les personnages historiques de l’Afrique comme base pour créer des mondes virtuels avec des nouveaux canons psychologiques et de potentiels nouveaux dilemmes et drame à mettre en scène. Le Kiro’o visuel vise à créer une signature graphique et un canevas de dessins qui soient directement identifiables mais avec un fort potentiel d’exportation. Le Kiro’o sonore exploite les musiques traditionnelles africaines. Le jeu vidéo développé par Kiro’o Games utilise ainsi les mythes et les cultures africaines comme trame narrative des jeux vidéos. « Le « Kiro’o Tales ne se pose pas comme un outil de l’Afrique pour le « choc des cultures », mais comme une huile pour leur harmonie. C’est la raison pour laquelle il intègrera également le meilleur d’autres sources diverses. À travers le Kiro’o Tales, l’Afrique doit se donner le rôle du continent qui va favoriser plus que jamais l’unité du monde, en s’inspirant des valeurs de cohésion qu’on retrouve dans le meilleur de nos traditions : rapport avec les autres et avec la nature, sens élevé de la famille, respect des ressources naturelles, etc. », indiquent les initiateurs du projet.
La tradition africaine au cœur du jeu
Dans « Aurion : l’héritage des Kori-Odan », le joueur va incarner Enzo Kori-Odan et Erine Evou sa femme. Enzo, prince de la citée de Zama, subit un coup d’État le jour de son couronnement et de son mariage. Le coup d’État est orchestré par le frère d’Érine (Ngarba Evou). Contraints de s’exiler, Enzo et Érine vont parcourir le monde pour qu’Enzo rassemble tout son Héritage guerrier et tente de reprendre son trône. Ainsi, l’équipe s’est amusée à mettre en scène une cérémonie de la dot en prenant soin d’exagérer les épreuves. C’est la première fois ainsi que dans un jeu vidéo, un joueur doit convaincre les amis du père de la mariée en allant passer différente épreuves symboliques. L’équipe a également exploité le culte du Ngondo chez les sawas, le groupe ethnique dont est originaire Olivier Madiba, afin de donner une profondeur à une épreuve de nage sous-marine. Par ailleurs, les cités du jeu sont construites avec des cases qui sont des versions « fantasmée » des traditionnelles à l’Ouest du Cameroun.
L’équipe de Kiro’o Games estime que même si le marché de consommation est freiné par des critères socioéconomiques, l’Afrique peut exploiter le jeu vidéo comme un levier de développement. « Les Africains doivent proposer de nouveaux jalons de créations avec l’ambition d’internationaliser leurs produits ». Pour Kiro’o Games, un studio en Afrique est viable s’il cible un marché extérieur déjà organisé et consommateur dans un premier temps, et qu’ensuite il organise lui-même son circuit de distribution continental.