mardi 28 février 2017

Gaming: un tournoi doté de 100.000 dirhams organisé au Maroc

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Avis aux amateurs du jeu League of Legends au Maroc. Votre passion pourrait vous rapporter 100.000 dirhams.

L'e-sport marocain, qui sort progressivement de sa clandestinité,verra l'un de ses évènements majeurs se dérouler dès le début du mois de mars, avec le lancement de la Morocco League of Legends Cup 2017 le 11 mars. Il s'agit d'un tournoi dédié au célèbre jeu vidéo League of Legends (LoL), dans lequel les joueurs s'affrontent en ligne par équipes de cinq. Organisé par la filiale marocaine de la World Gaming Federation (WGF), le tournoi prévoit 4 manches qualificatives à l'issue desquelles les deux équipes finalistes se qualifieront pour la grande finale prévue dans le cadre du salon Morocco Game Show 2017 qui se tiendra à Casablanca.

100.000 dirhams pour le grand vainqueur

Les tournois qualificatifs se dérouleront chaque mois entre mars et juin, mais la date de la phase finale n'a pas encore été précisée par les organisateurs. "Nous sommes encore en négociations avec nos partenaires", nous explique-t-on. L'une des particularités du tournoi est que les équipes concurrentes devront être constituées exclusivement de joueurs de nationalité marocaine.

L'autre particularité, sans doute la plus intéressante, est la récompense conséquente attribuée aux meilleurs joueurs de chaque phase. Ainsi, les joueurs de chaque équipe qui remportera les éliminatoires se partageront 20.000 dirhams. Pour la grande finale, ce prix est multiplié par cinq, soit 100.000 dirhams pour la future équipe championne du Maroc de League of Legends.

Crédit: World Gaming Federation Maroc

"Nous voulons nous aligner par rapport à ce qui se fait un peu partout dans le monde et particulièrement dans la région MENA. Nous voulons développer l'E-sport au Maroc et pour cela il faut motiver les gamers marocains à participer aux compétitions en donnant des cash-prizes répondant aux normes internationales", explique Karim Moubarik, directeur général de WGF Maroc, contacté par Telquel.ma.

Un tremplin pour l'e-sport marocain?

Des cybercafés aux tournois organisés dans le respect des normes professionnelles, l'e-sport a amorcé sa mue ces dernières années avec la multiplication d'évènements qui gagnent en visibilité à l'instar des récents Orange PES Cup, Manga & Gaming Expo, ou du Morocco Gaming Show à venir cette année.

L'engouement est réel. Rien que pour League of Legends, "la communauté est évaluée à près de 150.000 joueurs actifs", nous assure Karim Moubarik, qui reconnait néanmoins qu'il est "très compliqué d’avoir des statistiques précises sur le nombre de joueurs". Une situation liée au relatif manque d'intérêt des éditeurs de jeux vidéos pour le Maroc, et plus généralement pour l'Afrique. "Tous les joueurs marocains ou africains passent par les serveurs de l'Europe. Ça veut dire que chaque fois qu'un joueur marocain s'enregistre dans League of Legends, il est comptabilisé comme français ou espagnol", se désole le directeur général de WGF Maroc.

Pour lui, organiser des évènements de l'envergure de la Morocco League of Legends Cup est donc une occasion d'attirer l'attention des éditeurs de jeux vidéos sur le potentiel des joueurs marocains. L'objectif de la démarche est de convaincre ces éditeurs de déployer des serveurs locaux permettant aux gamers de jouer dans des conditions optimales.

Il se trouve en effet que le plus gros frein à l'expansion du gaming au Maroc réside dans l'infrastructure. Dans les pays où la culture de l'e-sport est bien ancrée (USA, France, Japon, etc.), les éditeurs de jeux déploient des serveurs locaux. Ceci permet une meilleure interaction lors des parties en ligne, grâce à un ping (temps de latence) réduit. "Plus le serveur est très éloigné géographiquement, plus le temps de latence est important", nous explique Salim Ghazzal, un des gamers marocains le plus en vue à l'international (5.574 followers sur la plateforme de streaming Twitch). C'est donc à cet obstacle qu'est confrontée l'écrasante majorité des gamers au Maroc, et en Afrique en général, à l'exception de quelques privilégiés disposant de connexions à très haut débit. Or, "l'infrastructure des opérateurs actuels au Maroc ne permet pas des conditions de jeux aussi confortables qu'en Europe par exemple", conclut celui qui plus connu sous le pseudonyme de MagicvdK.

Source de l'article Telquel

samedi 25 février 2017

Riad Sattouf : "Il est impensable pour moi de me censurer"

Il est l’un des auteurs de bandes dessinées contemporains les plus lus à travers le monde. Riad Sattouf, également réalisateur, doit cette reconnaissance aux trois tomes de sa bande dessinée autobiographique L’Arabe du futur (deux tomes sont à venir avant de clore la série). 

À l’occasion de la sortie du tome 2 de son autre BD à succès, Les Cahiers d’Esther, l’auteur visitera, le 7 mars, deux librairies grenobloises : la librairie Momie Folie et la librairie Le Square. Avant de s’adonner à ces séances de dédicace – exercice qu’il prise fort –, Riad Sattouf a accepté de répondre à nos questions. 

Riad Sattouf © Olivier Marty Allary Editions
Riad Sattouf. © Olivier Marty Allary Editions
Qu’il s’agisse de ses bandes dessinées ou de ses films – Les Beaux Gosses et Jacky au royaume des filles –, on trouve chez Riad Sattouf un humour, une délicatesse et un sens de l’observation hors normes.

Son sujet de prédilection ? L’adolescence, qu’il explore, on le devine, pour se défaire en partie de la sienne. Dans L’Arabe du futur et Les Cahiers d’Esther – séries parues toutes deux chez Allary Éditions –, l’auteur de bandes dessinées remonte plus loin dans l’enfance et nous invite à lire, en parallèle, deux parcours de vie aussi éloignés que possible.


L’Arabe du futur retrace sa propre enfance, dans les années 1980, entre la Libye de Kadhafi et la Syrie de Assad. Né d’une mère bretonne et d’un père syrien, le petit Riad, tout en blondeur et en bouclettes, a quelques difficultés pour se faire accepter de ses camarades lorsqu’il débarque à Ter Maaleh, petit village proche de Homs.

Même regard aiguisé – amusé et lucide – dans Les Cahiers d’Esther. À ceci près que l’écolière, de onze ans dans le tome 2 – en librairie depuis le 16 février – vit dans le Paris d’aujourd’hui.

Les Cahiers d’Esther racontent le mode de vie, les joies et les peines d’une petite fille d’aujourd’hui, scolarisée dans une école du XVIIe arrondissement de Paris. Comment vous est venue l’idée de consacrer une bande dessinée à ce personnage ?

J’ai eu l’idée Des Cahiers d’Esther alors que j’étais en train de raconter ma propre enfance dans L’Arabe du futur. J’ai revu cette petite fille – la fille d’un couple d’amis – qui avait beaucoup grandi. Elle avait dix ans et était devenue très volubile ! Elle s’est mise à me parler de son quotidien, de ses goûts, de sa manière de voir le monde… J’ai tout de suite eu envie d’en faire une bande dessinée pour mettre l’histoire de cette enfance moderne en parallèle avec la mienne, que je raconte dans L’Arabe du futur. C’est une forme de récit de voyage !

L’Arabe du futur, tome 1, de Riad Sattouf
Allary Éditions
Dans L’Arabe du futur, vous revenez sur votre enfance syrienne, dans un petit village près de Homs, dans les années 1980 : un espace-temps aux antipodes de celui que connaît Esther. Est-il toutefois possible de faire des rapprochements entre votre enfance et celle de votre personnage féminin ?

C’est amusant de voir qu’il y a tout de même des points communs très forts entre ce que vit Esther à l’école et ce que j’ai vécu dans mon école en Syrie. Ce sont bien sûr deux systèmes scolaires complètement différents. Mais, dans les deux cas, les garçons jouent au foot entre eux et les filles restent ensemble dans un coin tout en détestant les garçons. Et vice versa.

Je pensais que ces séparations seraient moins fortes aujourd’hui dans une ville riche comme Paris. C’est étonnant mais je crois que ça tient au patriarcat en place, à la fabrique des individus et des identités sexuelles.

Et les différences ?

La grande différence entre nous, c’est qu’elle est née dans un monde où la télépathie est rendue possible grâce à un organe extérieur à son corps. Elle doit l’acquérir pour pouvoir atteindre ce super pouvoir : c’est le téléphone portable. C’est vrai que quand on est adulte, on voit ça comme une forme de coquetterie ou de gadget. Mais pour elle, c’est très profond et très important cette communication avec le monde entier. À mon époque, cette chose-là était vraiment de la science-fiction.

L’autre dimension importante est qu’il faut payer pour pouvoir avoir accès à ce super pouvoir. On n’offre pas un téléphone aux gens pour qu’ils puissent communiquer avec tous de manière gratuite. Ça appartient à des marques. La société de consommation est inscrite dans le rapport entre les gens dès l’enfance.

Dans les propos d’Esther, l’argent et les marques semblent justement omniprésents. Est-ce que cela vous surprend ?

Les Cahiers d’Esther, tome 1, de Riad Sattouf
Allary Éditions
Ça existait aussi dans mon enfance. Il y avait déjà des marques. Mais c’est vrai que c’est devenu très fort aujourd’hui. Par exemple, dans le second tome des Cahiers d’Esther, elle me parle du nouveau clip de Maître Gims ou de Black M, au sein desquels il y a du placement de produits. Les jeunes sont stimulés par ces publicités déguisées. La mainmise du commerce est maintenant extrêmement présente partout.

Pourquoi suivre Esther sur plusieurs années ?

Ça m’intéresse de voir comment l’individu va se construire, comment vont évoluer ses valeurs morales, son jugement politique, son empathie envers les autres. Est-ce qu’elle va devenir de plus en plus individualiste ou est-ce qu’elle deviendra de plus en plus aimante ? C’est très intéressant à observer. C’est un projet au long cours pour raconter une jeunesse autre que la mienne.

Les trois tomes parus de L’Arabe du futur rencontrent un succès exceptionnel. Ils ont été traduits dans de nombreuses langues.

Ne craignez-vous pas les différentes lectures qui peuvent être faites de votre BD ? Est-ce qu’il vous est arrivé de vous censurer pour ne pas donner une image trop négative de votre éducation en Syrie, de votre famille et, plus particulièrement, de votre père ?

Je n’y pense pas. Je raconte ma vie telle que je m’en souviens. J’essaie d’éviter de penser à la manière dont ça va être reçu. De toute façon, j’ai une assez bonne idée de qui sont mes lecteurs – enfin ceux que j’ai rencontrés. Ils sont intelligents et intéressés par l’expérience humaine. Il est impensable pour moi de me censurer. Au contraire, je me sens totalement libre.

Pour exemple, il m’arrive très souvent qu’un lecteur, pendant une séance de dédicace, me dise : « Votre père est vraiment terrible, quel enfoiré ! » Et trois personnes plus loin, quelqu’un me dit « Votre père est touchant ». Cette double lecture est exactement celle que je cherche à provoquer. En tant que lecteur, j’aime bien être mis mal à l’aise dans mes certitudes.

Pour le moment, L’Arabe du futur n’est pas traduit en langue arabe. Pourquoi ?

J’aimerais beaucoup que ce soit le cas. Mais il y a très peu de traductions étrangères qui sont effectuées en langue arabe parce que le marché du livre est extrêmement faible. Pour l’instant, on a eu des propositions. Mais ce sont des éditeurs qui souhaitent publier le tome 1, et 2 éventuellement, et attendre de voir si ça marche pour faire la suite. C’est hors de question pour moi de prendre le risque que les lecteurs puissent n’avoir que le début de l’histoire. Surtout en langue arabe. L’histoire sera donc à prendre dans son ensemble ou pas du tout.

Que répondez-vous lorsque les médias vous demandent votre opinion sur le sort que connaissent les Syriens aujourd’hui ?

Ça me semble tout à fait normal qu’on me pose cette question. Je suis de toute façon pour l’accueil des réfugiés. Je pense que la France est un pays très riche qui peut accueillir des gens qui fuient la guerre. Après, je ne suis pas du tout à l’aise avec le temps médiatique. Ma façon de penser, je la mets dans mes livres. J’ai l’impression de ne pas être crédible quand je parle politique, donc je préfère m’abstenir.

Mardi 7 mars, à Grenoble, vous serez présent dans deux librairies très différentes : l’une – la librairie Momie Folie – est entièrement dédiée à la BD, l’autre – la librairie Le Square – est une librairie généraliste. Cela démontre une fois de plus que votre lectorat a largement dépassé les seuls amateurs de BD. Est-ce que c’est important pour vous ?

J’essaie justement de faire des bandes dessinées pour les gens qui n’en lisent pas. Je pense toujours à ma grand-mère. Je me demande toujours quelle BD elle aurait aimé lire malgré ses préjugés sur le genre ! C’est un peu ma muse ! C’est vrai que je n’ai pas tellement un public bande dessinée. Par exemple, il y a quelques temps, une petite mamie est venue me voir et m’a dit : « J’ai 84 ans et L’Arabe du futur, c’est la deuxième BD que je lis depuis Bécassine. La troisième, ça sera Esther ! » On ne peut pas me faire de plus beau compliment !

Les Cahiers d'Esther, tome 2, de Riad Sattouf, chez Allary ÉditionsEt de votre côté, êtes-vous lecteur de bandes dessinées ?

J’en ai lu quand j’étais ado mais aujourd’hui beaucoup moins. Je relis les vieilles BD de mon enfance.

Ne suivez-vous pas le travail de vos contemporains ?

Non, au contraire. J’essaie plutôt d’éviter de lire des BD modernes parce que j’ai peur d’être influencé.

En 2016, vous avez demandé à ce que votre nom soit retiré de la liste des nommés pour le Grand Prix du Festival international de la BD d’Angoulême car aucune femme n’y figurait. Le monde de la BD serait-il machiste ?

Oui, je pense qu’il y a beaucoup de machisme dans la BD, comme dans bien d’autres milieux. Ce qui me semblait aberrant dans cette histoire, c’était qu’il n’y ait aucune femme dans cette liste alors que d’immenses auteures n’avaient jamais été récompensées. C’était juste un oubli, et je crois que c’est pire qu’un truc volontaire ! Je ne verrais toutefois pas l’intérêt d’imposer 50 % de femmes et 50 % d’hommes parce que, de toute manière, il y a beaucoup plus d’auteurs garçons, même si c’est en train de changer.

Ce qu’il y a de pire dans cette domination masculine, c’est d’avoir complètement oublié des auteures aussi exceptionnelles que Claire Bretécher ou Posy Simmonds, qui sont des génies. Je crois que c’était l’expression d’un machisme profond et inconscient.

Par Adèle Duminy - Source de l'article Place Gre'net

lundi 20 février 2017

Creating Comics In Africa And The Touchy Subject Of Spiritism



One of the unique message creative people usually attempt to pass across to their teeming audience with an art is portraying objects, events and characters in a totally different way so as to create an alternative opinion about these characters by fans and critics alike, thereby making them widely accepted.

In Nigeria where Religion, either Christian or Islam, is considered so important by its adherents and believers, creating art with ethnic and traditional themes is often regarded as being ‘fetish’ or ‘spiritistic’. The Nigerian film industry faced this in its early stages and another fledgling industry is answering that important question: How do you create wholesome ethnic stories especially for children without pissing off the preachy parents ?

RC1

According to Chief Executive Officer of Comic Republic, a Lagos based Comic studio and a leading light in the Nigerian Comic industry Jide Martin, on how they as a company avoid being fetish with the usage of different comic characters who also double as religious figures.
“Because we live in a religious and highly sensitive country like Nigeria. Things that has to do with religion are held in very high esteem by two of the most dominant religions Christianity and Islam. We try to make our concept more universal. For example we take a character like Obatala and we explain in our comics that Obatala is the Yoruba name for “Light”, the concept of light itself and by doing this, we demystify our character, thus making them universal.We are following companies like Marvel and Dc where you can see Tor in Avengers, he’s not pushed so much as a Greek-myth god but as an alien who we call a god coming to fight for certain reasons and that’s what we do with our characters. We try as much as possible to make them more central than more religious. We take religious concepts and transform into universally accepted works and that way we don’t dwell too much on spiritual or religious issues”.
RC

By Abayomi Gbade Bello - Source of article Farabaleweekly

dimanche 19 février 2017

Zainab Fasiki, la féministe de la bande dessinée marocaine

ZAINAB FASIKI

Marocaine et bédéiste. Elles sont encore trop rares à répondre à cette définition sommaire. Derrière sa courte frange brune et son épais trait d’eye-liner, Zainab Fasiki cumule ces deux caractéristiques, et y ajoute la casquette de future ingénieure en mécanique.

À tout juste 22 ans, cette étudiante de l’ENSEM (École nationale supérieure d'électricité et de mécanique) à Casablanca, compte près de 2000 abonnés sur son compte Instagram, et près de 4000 sur sa page Facebook, où elle publie régulièrement de nouvelles créations. Elle devrait bientôt comptabiliser plus de followers avec la sortie de Omor (Des choses), une bande dessinée qui explore les difficultés de la vie d’une femme au Maroc.

Girl Power

Munie d’un redoutable sens de l’observation et de sa tablette graphique (après des années d’entrainements et de papiers froissés, son crayon à mine s’est progressivement transformé en stylet électronique), Zainab dénonce au fil des cases les inégalités homme-femme.

Pour prôner la liberté et l’émancipation de la femme, elle aborde le harcèlement qu’elle subit en allant au marché, la négation de sa liberté sexuelle, ou encore les initiatives féminines dans le milieu artistique, qu'elle souhaiterait beaucoup plus nombreuses. 

L'illustratrice et scénariste donne corps à ces thématiques à travers les personnages de trois jeunes femmes marocaines. "La première a arrêté ses études pour pouvoir se consacrer à son mari et fonder une famille. La deuxième est étudiante, contrainte par ses parents de porter le voile et de consentir à un mariage arrangé. La troisième est célibataire et compte bien le rester. Elle est aussi plus indépendante que ses deux autres copines", raconte Zainab Fasiki au HuffPost Maroc.


Omor est le premier tome de cette nouvelle bande-dessinée qui souhaite briser, non sans un zeste d’humour, les stéréotypes qui collent à la peau des Marocaines, en s’inspirant d'histoires qu’elle entend dans la rue, de celles que lui rapportent ses amies ou voisines, mais aussi en se basant sur l'avis d'un sociologue et d’experts pour tisser avec réalisme son scénario.

À travers Omor, qui sera publié sous licence libre et vendu à un prix symbolique, l'auteure cherche en premier lieu à motiver les artistes marocaines. "Mon but est de les encourager à poursuivre leur passion, pour renforcer leur présence dans le monde de l’art, et ainsi les amener à déclencher un changement social à travers leurs différentes expressions artistiques", explicite Zainab au HuffPost Maroc.

Une belle carrière qui se dessine

Forte d'une patente professionnelle de bédéiste et d'illustratrice fraîchement obtenue, Zainab Fasiki se dit heureuse d'avoir enfin trouvé sa voie. Il faut dire qu'une fois le baccalauréat en poche, la jeune auteure a été tiraillée entre une carrière d'ingénieure et celle de bédéiste. "L’une n’empêche pas l’autre finalement", explique Zainab au HuffPost Maroc. "Je suis autodidacte, et j'ai toujours pu dessiner après les cours, même si c’est difficile de jongler avec les deux".

  

Zainab Fasiki est également contributrice à Skefkef, une bande-dessinée qui depuis plus de deux ans regroupe les œuvres de plusieurs artistes marocains. La publication du magazine constitue l'une des rares occasions d'être lue par le public. Le manque d’opportunités pour les bédéistes reste flagrant au Maroc, où le marché de la BD est encore quasi inexistant. 

Pas de quoi décourager pour autant Zainab, qui imprimera la bande dessinée Omor avec ses propres moyens, et continue de chercher associations ou maisons d'édition qui pourraient l'aider à financer ses projets. Les défenseurs de l'égalité homme-femme et amateurs de BD pourront découvrir le premier tome de Omor d'ici deux mois.

Bio express
- Juillet 1994 : Naissance à Fès.
- Septembre/Octobre 2016: Invitée au festival égyptien de BD "Comix", et au débat organisé par le Goethe Institute du Caire pour parler de la censure subie par les artistes dans les pays arabes.
- Novembre 2016 : Collabore avec l’association Racines pour publier trois bandes dessinées pour petits et grands lecteurs, pour expliquer la politique au Maroc.
- Février 2017 : Auprès d'autres bédéistes, Zainab présentera ses planches publiées dans le septième numéro de Skefkef, le 19 février à l’Uzine, à Casablanca.

Source de l'article Huffpostmaghreb

vendredi 17 février 2017

Les supers héros débarquent au premier « Comic-Con » d’Arabie saoudite

Salon « Comic-Con » à Jeddah en Arabie saoudite, le 16 Février 2017.

Djeddah, la capitale économique du pays, accueille le « Comic-con », un salon consacré aux héros de bande dessinée, aux jeux vidéos, aux séries télévisées… Une première dans ce royaume ultra-conservateur.

Giancarlo Esposito, alias « Gus » dans la série « Breaking Bad », invité en Arabie saoudite pour un festival consacré à la bande dessinée, aux jeux vidéo ou aux feuilletons télévisés : improbable, le scénario est pourtant bien réel. Il se déroule jusqu’au samedi 18 février à Djeddah, deuxième ville du royaume wahhabite, sous le nom de « Comic-Con ».

Une référence à ces salons apparus dans les années 1970, aux États-Unis, au cours desquels des fans s’échangeaient des « comics » (des bandes dessinées) et qui réunissent aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de personnes – jusqu’à 100 000 à San Diego chaque année.

Au-delà des interdits

La surprise ne s’arrête pas là pour les sujets de l’ultra-conservateur royaume saoudien. Ceux-ci peuvent aussi apercevoir Charles Dance, acteur britannique de la série « Games of Thrones » ou, comme le veut tradition dans un « Comic-Con », se déguiser qui en personnage de BD, qui en héros de jeu vidéo…

Autre grande nouveauté : malgré des files d’attente séparées pour accéder au site de l’événement, hommes et femmes ont la possibilité de se côtoyer une fois les portes franchies.


Proposer une offre culturelle aux Saoudiens

Autant de révolutions à l’échelle de l’Arabie saoudite, où, en vertu du plus strict rigorisme religieux, la vie culturelle est sous étroite surveillance, les cinémas et les théâtres interdits, de sorte que nombre d’habitants se rendent dans les Émirats arabes unis voisins pour se divertir.

Ces innovations s’inscrivent dans le programme « Vision 2030 », un plan de réformes économiques et sociales afin d’anticiper l’« après-pétrole », lancé en 2015 par le fils du roi Salmane, le vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane. « D’ici à 2020, il y aura plus de 450 clubs professionnels et amateurs enregistrés proposant une palette d’activités culturelles et d’événements de divertissements », prévoit notamment « Vision 2030 ».

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L’Autorité du divertissement, créée il y a un an et qui supervise le « Comic con », dit tabler sur la visite de 25 000 personnes. « Il y a une forte demande pour accueillir ce genre d’événements dans le pays », a indiqué son président, Amr AlMadani, mentionnant « le grand nombre de participants saoudiens aux Comic-Cons ces dernières années à l’étranger ».

Plus généralement, l’objectif du gouvernement est de conduire les Saoudiens à doubler leurs dépenses consacrées au divertissement en leur proposant une offre. Ainsi la chaîne américaine de parcs à thème et de loisirs Six Flags doit-elle ouvrir un site dans le royaume.

Ou encore, en janvier, le chanteur populaire Mohammed Abdu a-t-il pu se produire pour la première fois en huit ans à Jeddah, où il a réuni 8 000 spectateurs, donnant ainsi l’un des rares concerts du pays. Le public était exclusivement masculin et, auparavant, le grand mufti Abdel Aziz al Cheikh avait rappelé que « les concerts de chanteurs et le cinéma sont une source de dépravation ».

Par Marianne Meunier - Source de l'article La Croix

mercredi 15 février 2017

Des bulles contre les balles

Des bulles contre les balles
Des bulles contre les balles Dessin Hamid Sulaiman
Dans le cadre du partenariat entre «Libération» et les Jeudis de l’Institut du monde arabe, nous publions une fois par mois une tribune de l’un des invités de ces débats hebdomadaires
Le journaliste Nicolas Hénin explique en quoi la BD permet d’exposer une situation tragique tout en s’adressant à un public très large. Un texte illustré par le dessinateur syrien Hamid Sulaiman.

L’histoire de Haytham al-Aswad en bande dessinée est le meilleur moyen de contredire ceux qui accusent les réfugiés venus de Syrie ou d’Irak d’être attirés par nos allocations.

On assiste depuis plusieurs mois à un débat renouvelé sur la qualité de la couverture médiatique de la guerre en Syrie. Partiale, biaisée, partisane, «droit-de-l’hommiste», elle aurait conduit l’opinion publique française à se leurrer sur la situation, et aurait invité les cancres du Quai d’Orsay à se fourvoyer gravement.

Alors que la bataille d’Alep se déroulait, un autre conflit se jouait dans nos médias : ­celui pour nous faire croire que «la vérité» serait «la principale victime de cette guerre». Quelle indécence, alors que les chiffres sont là : quelque cinq cent mille morts et disparus, plus de 10 millions de déplacés et réfugiés. S’il y a bien faillite de l’Occident dans ce conflit, elle est morale et elle résulte de l’incapacité que nous avons eue à le prévenir.

De grâce, n’ajoutons pas la vérité aux vic­times, déjà trop nombreuses, de la guerre en Syrie. Comment informer ? A cela, pas de secret. Que l’on soit journaliste, chercheur, historien, documentariste ou ­diplomate : il faut des sources. Revenir toujours aux sources. A ceux qui ont vécu l’histoire et qui peuvent témoigner. ­La Syrie crève depuis six ans de tous ceux qui kidnappent la parole des Syriens, qui s’identifient dans telle cause ou communauté et fabriquent ensuite un discours pour confirmer leurs a priori.

Haytham al-Aswad, le héros de Haytham, une jeunesse syrienne, est un jeune Syrien de Deraa, au sud du pays, près de la frontière jordanienne. Bien sûr, il n’est pas comme les autres (mais qui viendrait prétendre qu’il existe un «Syrien moyen»?) : il est le fils d’un opposant historique à la dictature des Assad. Et il est brillant, ce qui lui a permis une intégration remarquable en France. Mais ce qu’il nous ­raconte de sa jeunesse, à la première personne et avec une grande fraîcheur, casse toutes les propagandes.

On découvre, à travers son parcours, les tâtonnements d’un enfant confronté à une réalité politique extrême. La dictature, d’abord, dont il prend conscience qu’elle n’est pas un état normal, puis la révolte. Alors que son père est le tout premier ­«reporter citoyen» de la révolution ­syrienne, le jeune homme, 14 ans à l’époque, voit tomber les manifestants sous les balles de la répression.

Et ensuite ? Les menaces, la clandestinité, l’arrestation de sa mère, l’exil. Et le regard presque candide d’un adolescent, descendu de sa province syrienne, qui découvre Paris, son RER, sa tour Eiffel et ses fast-foods. Qui découvre aussi, avant la grande crise des réfugiés de 2015, les écueils rencontrés par les réfugiés. Qui se bat, enfin, pour ne pas être cantonné dans les recoins du système scolaire mais pour pouvoir faire valoir ses talents, là où beaucoup de jeunes étrangers, parce qu’ils maîtrisent mal la langue, sont simplement rangés parmi les mauvais élèves.


Le dessinateur Hamid Sulaiman afui la répression du régime de Bachar al-Assad en 2011. Réfugié en France depuis 2012, il se consacre au théâtre et au dessin pour raconter le chaos syrien. Crédit: Hamid Sulaiman

Bien sûr, j’aurais pu narrer l’histoire de Haytham dans un livre «classique». Mais la BD offre une formidable économie de mots. La précision toute documentaire des dessins de Kyungeun Park plonge le lecteur dans l’environnement syrien et permet d’évoquer, avec légèreté, à la fois une enfance syrienne, la construction «à la dure» d’une conscience politique dans les tourbillons d’une révolution et le parcours courageux d’une famille réfugiée en France.

La force de la BD, c’est sa capacité à restituer une ambiance. Comment raconter en une page le stress d’un interrogatoire ? Et même en deux vignettes la torture ? Des gros plans, suggestifs, mais dignes. Des profils, des ombres. La sueur sur le front et la peur dans les yeux. En quelques traits, l’ambiance est installée. Il aurait, sinon, fallu de longues descriptions ou sombrer dans le voyeurisme.

La BD est aussi remarquablement acces­sible. Elle reste un livre, donc un objet qu’on s’approprie, auquel on dicte son rythme, qu’on dévore ou qu’on picore, dans lequel on revient avec joie. Mais il est aussi ouvert à tout public. Là où un jeune lecteur, ou quelqu’un qui ne lit pas avec aisance, sera rebuté face à un gros pavé plein de mots, la BD offre le dessin en support.

Le savoir pour tous ! C’est important pour une fiction, mais aussi pour un ouvrage de reportage ou documentaire. Après, il se trouvera toujours des gens pour crier à la propagande. Pour accuser de désinformation. Pour décréter que la révolution ­syrienne était dès le départ illégitime, violente et radicale. Hurler d’indignation que les réfugiés sont des privilégiés attirés par nos allocations. L’histoire de Haytham est la meilleure arme pour les contredire. Parce que c’est un récit à la première personne. Un témoignage sans prétention. Parce qu’il ne fait pas de politique. Qu’il ne fait que se raconter et que la magie des bulles rend son récit splendide.

Les bédéistes du monde arabe

Nicolas Hénin, journaliste, a signé le scénario de Haytham, une jeunesse syrienne, dessiné par Kyungeun Park (Editions Dargaud, 18 euros).

Hamid Sulaiman, architecte de formation, a fui la répression du régime de Bachar al-Assad en 2011. Réfugié en France depuis 2012, il se consacre au théâtre et au dessin pour raconter le chaos syrien. Il est l’auteur de Freedom Hospital (Ca & Là éditions / Arte éditions, 23 euros).


Ce jeudi, à 18 h 30, à l’Institut du monde arabe, Jorj Abou Mhaya, Haytham al-Aswad, Brigitte Findakly, Nicolas Hénin, Kyungeun Park, Hamid Sulaiman et Lewis Trondheim débattent sur le thème : «Les bédéistes face à la décomposition des sociétés arabes.» La soirée sera animée par Akram Belkaïd, journaliste et chroniqueur au Soir d’Algérie et au Monde diplomatique. Entrée libre et gratuite. Consulter le programme complet.

Source de l'article Libération 

lundi 13 février 2017

Idir Ihamichène : “La BD algérienne a besoin de se libérer du manga pour se développer”



Le Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (MaMa) a abrité samedi une conférence autour du IXe art et les médias sociaux. Organisée par les éditions Z-Link, la rencontre a été animée par Idir Ihamichène, réalisateur de la web émission “BDZ”, spécialisée en bande dessinée algérienne

Dans l’optique de situer la BD dans son cadre actuel, le réalisateur est revenu sur l’état de la bande dessinée algérienne, qui, selon lui, a besoin de “se libérer du manga”, et de son influence. “Non seulement parce que ça nous empêche de développer réellement un style propre à nous, mais nous sommes en train de considérer le manga comme un genre alors qu’il ne l’est pas”, a-t-il expliqué. Tout en ajoutant que “le genre manga n’existe pas, c’est de la bande dessinée”. D’ailleurs, selon ce spécialiste de la bande dessinée, le fait de suivre à l’aveuglette les BD japonaises “nous empêche de développer notre style à nous, que ce soit pour le fond ou la forme”. D’autant plus que “le manga se porte actuellement très mal, il traverse une crise de créativité qui influe sur sa qualité. Ce n’est donc pas la meilleure époque pour s’en inspirer”. Idir Ihamichène a, par la même occasion, rappelé la partie historique du manga. “Il a été créé en réaction aux bandes dessinées étrangères. Les artistes japonais voulaient créer leurs propres histoires pour se libérer de la forte présence idéologique américaine.”

Concernant son émission, “BDZ”, disponible sur la chaîne Youtube Captendo Channel, le réalisateur a indiqué qu’elle était “scénarisée”, et d’une durée allant de 10 à 20 minutes. Ces capsules vidéo ont pour objectif de présenter et critiquer des bandes dessinées algériennes. Néanmoins, “BDZ” n’a pas rencontré le succès souhaité, à cause du manque du “sens du partage chez les Algériens”, a expliqué Idir Ihamichène. Et de renchérir : “J’ai l’impression que les Algériens continuent de considérer Youtube comme une chaîne de télévision. On est passif devant Youtube, de la même manière qu’on subi la télévision.” Par ailleurs, le podcasteur a signalé le manque du contenu spécialisé sur Youtube. “Les tendances des Algériens tournent autour des rediffusion des matchs, des émissions de télévision, des podcasts humoristiques, ou des tutoriels de beauté, et cuisine.” Contrairement aux pays étrangers dont les youtubeurs créent différentes vidéos, sur différents sujets. “Si tu veux par exemple apprendre à faire de la plomberie, tu vas sur Youtube et tu vas trouver ça dans toutes les langues, mais pas en Algérie”, a-t-il regretté.

Par Imène AMOKRANE - Source de l'article Liberté Algérie

jeudi 9 février 2017

Olivier Madiba : le pionnier du "Game" 100% camerounais

Aurion


Programmeur et designer, le Fondateur de Kiro'o Games a pris le temps de concevoir "Aurion : l'Héritage des Kori-Odan". Treize ans pour voir naître un jeu vidéo "made in Cameroon". Le projet a été financé grâce à une campagne de crowdfunding.

Depuis le 14 avril 2016, le Cameroun a donc fait son entrée sur le marché du jeu vidéo en Afrique. Un marché à la fois attractif et très compétitif. Déjà dans la place : le Nigeria, le Ghana, l'Egypte ou encore l'Afrique du Sud.

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"Il ne s'agit pas du bien contre le mal. Il s'agit d'une quête et d'un dépassement de soi" Olivier Madiba, Fondateur de Kiro'o Games
"Aurion : l'Héritage des Kori-Odan" s'inspire de la culture et de l'imaginaire africain. Le héros du jeu, Enzo Koni-Odan, cherche aux côtés de sa fiancée, Erine Evou, à retrouver son trône, usurpé par son beau-frère. "Il ne s'agit pas du bien contre le mal. Il s'agit d'une quête et d'un dépassement de soi", précise Olivier Madiba.

Son idée, il la peaufine depuis l'université de Yaoundé 1 où il a fait des études en informatique.

En 2013, il a créé Kiro'o Games, son studio de jeux vidéos. Mais il n'est pas seul. Il porte son projet avec une équipe composée d'une vingtaine de jeunes tous formés localement et qui sont "déterminés à réaliser leur passion d'antan". Ils espèrent plus tard sortir le jeu sur PS4 et XBOX ONE.

Cliquez ici pour réécouter l’émission Afrique Avenir avec Olivier Madiba

Source de l'article BBC

lundi 6 février 2017

Le réalisateur des Simpson attendu au FICAM 2017

FICAM 2017

La Fondation Aïcha, en partenariat avec l’Institut français de Meknès organise, du 17 au 22 mars 2017, la 16ème édition du Festival International de Cinéma d’Animation de Meknès.

Cette année encore, et comme à l’accoutumé, le FICAM a prévu la participation d’une grande personnalité du cinéma d’animation international notamment David Silverman, réalisateur de la série américaine « Les Simpson ».

David Silverman donnera « La leçon » de cinéma du FICAM 2017 et reviendra sur le développement et la production de l’émission et gratifiera le public du festival d’une démonstration de la technique d’animation des célèbres personnages de la série.

Il est à rappeler que David Silverman a remporté 4 fois le Emmy Award du meilleur réalisateur. Il est connu pour avoir réalisé plusieurs épisodes de la série d’animation télévisée Les Simpson, qui fête ses 30 ans cette année et dans laquelle il est impliqué depuis ses débuts. Il est animateur de tous les courts-métrages originaux des Simpson diffusés sur le « Tracey Ullman Show » dont il est également le superviseur et le directeur d’animation durant plusieurs années. En 2007, il réalise « Les Simpson – Le film ». En 2002, il co-réalise « Monstres et Cie » et en 2012 « The Longest Daycare », court-métrage avec pour vedette Maggie Simpson qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation.

Source de l'article La Nouvelle Tribune

vendredi 3 février 2017

Huberty & Breyne Gallery met la BD sud-africaine à l'honneur avec Bitterkomix

Couverture de Bitterkomix n°17 par Anton Kannemeyer et planche de Conrad Botes

À l'occasion de la Foire Art Paris, organisée du 30 mars au 2 avril 2017, Huberty & Breyne Gallery, pour sa 4e participation à l'événement, met à l'honneur la bande dessinée sud-africaine. 

Alain Huberty et Marc Breyne, pour répondre à la thématique annuelle autour du continent africain, mettront en avant l'œuvre d'Anton Kannemeyer et Conrad Botes, fondateurs de la revue d'avant-garde Bitterkomix.

Créée en 1992 par ces deux artistes originaires du Cap, Bitterkomix (littéralement bande dessinée amère) est une publication engagée politiquement, longtemps censurée. Dans un registre trash et volontairement provocateur, elle illustre avec cynisme les dérives de la société sud-africaine et les bouleversements nationaux tels que l'abolition de l'apartheid. À travers une sélection de planches originales corrosives, l'accrochage revient sur l'histoire de ce magazine aujourd'hui devenu culte sur tout le continent, présentées aux côtés d'œuvres récentes des artistes.

Parallèlement, Alain Huberty et Marc Breyne poursuivent le dialogue initié entre la Bande Dessinée et l’Art contemporain, en présentant une sélection de toiles aux allures de cases géantes hommage à la Bande Dessinée franco-belge. On pourra également découvrir sur le stand E24, les dernières créations des artistes emblématiques de la galerie tels François Avril, Dominique Corbasson, Jean-Claude Götting, Jacques de Loustal ou encore Miles Hyman.

Acteurs engagés de la protestation anti-militaire et anti-apartheid, Conrad Botes et Anton Kannemeyer désertent leur service militaire alors obligatoire au profit d'études artistiques, à l'issue desquelles ils créent Bitterkomix. La première revue underground aux accents punk trash du continent, dans laquelle ils dénoncent la brutalité, la haine et la répression ayant cours en Afrique du Sud. Ils tordent le cou à la société afrikaner avec leurs dessins outrageusement provocateurs et violemment sexuels. Les deux auteurs mettent sous les yeux du lecteur des scènes volontairement obscènes, dérangeantes et déroutantes pour déclencher une prise de conscience collective et faire sauter les tabous sur les dysfonctionnent du système alors en place et l'héritage postcolonial.

Créée peu après la libération de Mandela et alors que l'apartheid était encore en vigueur, la revue ne s'arrête pas pour autant de sévir lors de son abolition et continue de passer au vitriol la communauté blanche ainsi que l'hypocrisie de l'African National Congress. Bitterkomix saisit la persistance des carcans moraux et idéologiques au-delà de la réconciliation et de la pacification de la Rainbow Nation.

image Anton Kannemeyer, Moulinsart Lawyers I
Inspirés par la Bande Dessinée contestataire des années 70 tels que les collectifs français Métal Hurlant ou Bazooka, la revue dérange, choque. Le dessin est obscène, parce qu'il représente ce qui ne devrait pas l'être, et d'une façon délibérément insupportable, Kannemeyer et Botes fouillent, dénoncent et mettent à jour l'inavouable. Ils juxtaposent des récits historiques à des scènes oniriques surréalistes et détournent les codes. Les visions postcoloniales présentées dans les grands classiques de la BD franco-belge en prennent pour leur grade. Hergé et son Tintin au Congo en tête, qui correspondaient à la vision de l'Afrique de l'époque, soit un lieu exotique, sauvage, dangereux et primitif. 

Ces deux détracteurs de la société afrikaner sont devenus des auteurs cultes et leur notoriété dépasse les frontières. Outre leur implication dans l'univers de la Bande Dessinée, Conrad Botes et Anton Kannemeyer explorent également des chemins plus personnels d'un point de vue graphique sur des supports très variés : toiles, illustrations, planches ou encore multiples.

Leurs œuvres ont été présentées dans des centres d'art internationaux comme le Musée Louisiana d'Art Moderne au Danemark, ou encore la Gaité Lyrique à Paris en 2015. Des publications consacrées à leur travail ont également vu le jour en France. Pour Art Paris, une sélection de planches originales liées au projet Bitterkomix, côtoieront des peintures grand format ainsi que des illustrations et des sérigraphies récentes. Offrant ainsi un panorama complet de la production de ce duo d'artistes multidisciplinaires.

Par Anotine Oury - Source de l'article Actualitté