Originaire du Congo-Brazzaville, Anthony Van Den Reysen « Ntocha », 33 ans, est un artiste (dessinateur) prolifique. Graphiste web pendant 10 ans, il est actuellement artiste indépendant et professeur de dessin à l'école supérieure d'art, MJM Graphics, à Paris.
Les Dépêches de Brazzaville : Quelles sont vos différentes réalisations en tant que dessinateur ? Où puisez-vous votre inspiration ?
Anthony Van Den Reysen : Je fais plusieurs représentations dans différentes conventions et expositions parisiennes (Paris Manga, Japan Expo, ComicCon Paris, Paris Comics Expo, Geekopolis...) et étrangères, notamment en Suisse (Polymanga) et Belgique (ComicCon Bxl). Lors de ces représentations, j'expose mes réalisations au public et cela me permet de pouvoir échanger et partager en direct. L'inspiration est en même temps consciente et inconsciente, parfois elle vient "comme ça", parfois déclenchée par un média ou par ce qui nous entoure.
Mais il faut la stimuler constamment. L'inspiration se travaille aussi, c'est un de mes principes de base. Mon inspiration je la puise dans tout, ça paraît évidemment cliché mais je n’ai pas meilleure définition. Tout ce qui sort de ma tête est le résultat d'un mélange de mes connaissances, expériences, la nature, des sentiments... Ces dernières années je suis beaucoup plus inspiré par l'Afrique en général. Aussi, j'essaie de la mélanger avec d'autres univers, la science fiction par exemple, ou mélanger avec une autre culture comme la culture japonaise, pour essayer de réaliser quelque chose de plus riche et original.
LDB : Quelle est votre démarche artistique ?
AVDR : Ma démarche artistique est assez simple : dessiner, dessiner, dessiner et encore dessiner. Bien sûr c'est un principe et il faut le faire intelligemment, c'est ce que je m'efforce de faire. J'accorde aussi beaucoup de temps à apprendre, revoir les bases parce qu'on ne les maîtrise jamais assez !
Pour une illustration par exemple, je commence toujours par un jet de croquis pour voir ce que j'ai compris du thème, ensuite je fais une recherche approfondie sur le thème, une recherche de références directes ou indirectement concernées et je me relance dans une deuxième phase de croquis.
LDB : d’où vous est venue l’idée de votre personnage « Makaku » ? pourriez-vous nous décrire le profil de ce personnage ? Quels sont ses pouvoirs ou ses caractéristiques ?
AVDR : A l'origine, je suis un fan de la légende du Roi singe, une des légendes chinoises les plus célèbres, qui a donné naissance aux personnages les plus charismatiques. L'idée était donc juste de dessiner ma version de ce légendaire Monkey King, Sun Wukung ou Sun Wukong, Songoku en japonais. De fil en aiguille, j'ai commencé à m'éloigner de la légende pour en faire ce qu'il est devenu aujourd'hui mais au fond, l'esprit y est. Je l'ai donc nommé MAKAKU, qui veut dire singe en Lingala. C'est plutôt un terme péjoratif à la base mais j'aime sa consonance. C'est aussi la représentation de l'animal qui est sans nul doute mon préféré, le gorille, qui est d'ailleurs un fort symbole du Congo. C'est le genre de personnage au mauvais caractère, imposant par son physique mais aussi par son vécu. Il est déjà au maximum de ses capacités mais s'adapte aux situations qui nécessitent l'utilisation de celles-ci.
Makaku est un Bounty Hunter expérimenté dans la traque de créatures rares et dites "légendaires". Il parcourt le monde toujours à la recherche du plus gros butin, mais il finit par se retrouver devant des créatures de plus en plus agressives et féroces. Ces mystérieux évènements attisent sa curiosité, ce qui va le mener dans une aventure pleine de rebondissement au travers de cet univers vaste et méconnu.
LDB : Quel est le principal message que vous faites passer dans vos œuvres ?
AVDR : Je n'ai pas spécialement de message particulier à transmettre si ce n'est que de raconter des histoires, donner vie à mes personnages, montrer leurs aventures... Parfois le message est involontaire mais ce n'est pas forcément mon objectif. Je suis plutôt focalisé sur le fait de faire vivre une expérience émotionnelle, après tout, c'est aussi une forme de message. Bien sûr, une histoire se veut d’avoir un message à transmettre pour que les lecteurs ou spectateurs s'identifient. Tout dépend des moyens mis en œuvre. C'est parfois une bonne chose de laisser la porte ouverte à l'interprétation libre du lecteur. Là aussi c'est une forme différente de susciter l'identification et l'implication à travers l'œuvre.
LDB : Vos œuvres sont-elles également diffusées en Afrique ?
AVDR : Malheureusement non, mais il n'est jamais trop tard !
LDB : Quels sont vos différents projets en général et en Afrique en particulier ?
AVDR : Je suis actuellement sur mon projet Makaku. C'est un projet qui englobe à la fois la bande dessinée, le film d'animation et le jeu vidéo. Pour l'instant, j'en suis à la phase bande dessinée, phase cruciale pour introduire l'univers au public. J'ai déjà publié un premier chapitre en indépendant, la suite suit son cours. Je n'ai malheureusement pas de projet en Afrique, en tout cas pas dans l'immédiat. L'instabilité politique n'y aide pas, ce n’est donc pas évident de s'y projeter et c'est ce qui est malheureux, surtout que j'y suis né et y ai vécu une grande partie de ma vie... Mais qui sait, peut-être qu'un jour Makaku aura assez de succès pour pouvoir s'implanter en Afrique.
Par Patrick Ndungidi - Source de l'article Adiac Congo
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