En matière d'innovation numérique, l'Afrique n'est pas à la pointe. C'est dire si le premier hackathon organisé à Cotonou a fait l'effet d'une secousse. La vingtaine de développeurs béninois présents ont relevé le défi de créer en moins de 24 heures un jeu vidéo éducatif sur mobile.
Pour la jeunesse connectée à travers le monde, le terme de hackathon (contraction de "hack" (pirater) et de "marathon") n'a plus rien d'énigmatique.
Il évoque ces journées où des concepteurs se retrouvent pour faire de la programmation informatique. Des rencontres qui se multiplient un peu partout dans l'hémisphère nord.
En Afrique, rien de tel pour le moment. Tania Okanla, initiatrice de l'événement qui a eu lieu fin mars 2019 dans la capitale économique Cotonou, veut tout faire pour que le Bénin rattrape son retard. "Socialement, le jeu n'est perçu que comme une distraction, or c'est un secteur d'avenir", explique cette trentenaire qui a grandi avec les consoles de jeux, aujourd'hui cadre à l'Agence pour le développement du numérique.
Le jeu vidéo génère un argent fou
Au chapitre économique, le jeu vidéo est en effet la première industrie culturelle au monde, devant le cinéma et la musique : en 2018, le secteur a généré 138 milliards de dollars, selon des estimations citées par le site Newzoo, spécialisé dans les données sur le jeu vidéo. En revanche, les cabinets spécialisés évaluent à seulement 1% la part du continent africain dans ce marché, lequel ne peut qu'y croître et y créer des emplois.
Aux yeux de Patrice de Souza, 25 ans, l'un des participants au hackathon de Cotonou rencontré par l'AFP, "c'est l'occasion de produire des jeux qui parlent de l'Afrique, qui sortent des clichés et des stéréotypes qu'on voit dans les productions occidentales. On a beaucoup de choses à dire!".
La révolution se fera sur mobile
Jugeant la qualité du scénario, la créativité et les futures évolutions possibles de la partie, le jury du hackaton a récompensé, parmi d'autres, une course à travers le Bénin dans la peau d'une Amazone, ces redoutables guerrières qui ont existé jusqu'à la fin du 19e siècle dans l'ancien royaume du Dahomey, ou encore un jeu de zemidjans, le taxi-moto qu'on trouve à tous les coins de rue dans le pays.
Pour Tania Okanla, la révolution des jeux vidéo au Bénin se fera sur mobile. "L'accès s'est démocratisé, 90% des Béninois ont un portable", explique la passionnée. "Et à la différence des jeux sur console et PC, ça ne demande pas une technologie très poussée". Mais pour cela, les développeurs ont besoin du secteur privé et de ses investissements dans le "gaming" africain.
Des antennes françaises
Côté formation, une franchise de l'école française Epitech a ouvert en février 2019 à Cotonou et l'école du design de Nantes (ouest de la France) a pour projet d'installer une antenne dans la capitale économique béninoise.
Le Bénin veut se faire une place dans ce secteur très compétitif. Sidick Bakayoko, organisateur d'un Festival de l'électronique et du jeu à Abidjan (le FEJA), y croit : "Le jeu vidéo, c'est plein de métiers, énormément d'opportunités. L'Afrique a son rôle à jouer !"
Source de l'article Francetvinfo
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