Les échos quotidien : Qu’apprend-on aujourd’hui aux étudiants dans les studios d’animation en Afrique ?
Pierre Sauvalle : La première des choses, la plus essentielle, est l’humilité. Il faut leur apprendre à démystifier le monde de l’animation tel qu’on nous le présente en Occident. Il faut, sinon, qu’on leur apprenne l’abnégation et le travail. Certes, c’est très difficile, mais cela est le propre de tout métier artistique. Ce n’est pas un métier exclusivement réservé aux pays occidentaux. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’animateurs africains et même marocains qui interviennent sur les plus grands projets d’animation. Sur le plan de la formation, je recommande de passer par l’animation avant d’aborder la réalisation. Cela permet de comprendre la problématique du mouvement, pour que le réalisateur ne soit pas étranger à l’univers du monde de l’animation.
Quel chemin emprunter pour un jeune réalisateur dans un pays comme le Maroc ?
Utiliser le web pour véhiculer des messages d’animation vers le public. Les réalisateurs pourraient également réaliser des publicités ou des montages de messages de prévention. Cela permet à la fois de continuer l’exercice aux techniques d’animation et de réalisation. L’animation est le mode de communication le plus approprié et le plus direct pour engager des préventions sur un sujet donné. Souvent, ces campagnes ou publicités concernent la santé, l’hygiène, l’écologie… A fortiori, il faut créer un besoin pour engendrer une industrie.
Comment s’est déroulée la formation des étudiants que vous avez financée au Sénégal ?
J’ai commencé par former pendant 3 mois plus de 1.000 personnes qui ont été sélectionnées pour en garder 100 animateurs. Ils sont tous âgés de 18 à 26 ans, et pour la plupart, ils n’ont pas fait d’études aux beaux-arts. La formation a duré 3 à 4 ans à Pictoon. Elle a abouti à la production de Kabongo le Griot, première grande production qui affiche une volonté de vendre le savoir-faire africain. Avec ces mêmes animateurs, nous avons travaillé sur des spots publicitaires et de prévention pour permettre aux studios de subvenir à leurs charges financières. J’ai fait également un travail pour le clip musical d’un rappeur. Le studio emploie actuellement entre 60 et 80 personnes et nous disposons de notre propre pôle de formation. Une chose est certaine : je reviendrai au Maroc pour engager des partenariats de réalisation et de production
Source de l'article Les Echos Maroc
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