lundi 3 février 2014

Sandra Ghosn, introspection libanaise

Pour le festival d'Angoulême, «Libération» est allé à la rencontre de dessinateurs étrangers dans leurs pays. A Beyrouth, focus sur Sandra Ghosn, dont les dessins confrontent le Liban à ses silences.

Extraits de «Résilience», «Phantagma» et «Piggy Stardust».
Extraits de «Résilience», «Phantagma» et «Piggy Stardust».
(Dessins Sandra Ghosn.)
Dessiner pour «exister», pour ne pas succomber à la fatalité de cet état de guerre permanent qui ronge le Liban depuis plus de quarante ans. C’est un peu le credo de Sandra Ghosn, cette Libanaise qui ne cesse d’interroger cette «normalité anormale», et fait ressurgir dans ses dessins les non-dits d’une société qui ne parvient pas – ou ne veut pas - réaliser son introspection, préférant rejeter la faute sur l’«autre», plutôt que d’entamer un indispensable travail de mémoire depuis la guerre civile (1975-1990).

Issue de la nouvelle génération d’illustrateurs libanais, à tout juste 30 ans, Sandra Ghosn est une touche à tout: après une expérience universitaire en psychologie et en Lettres modernes, elle s’est consacrée à l’étude de l’image à l’Académie libanaise des Beaux-Arts (Alba), puis à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs, à Paris. En 2007, elle s’est installée en France, quelques mois après la guerre entre Israël et le Hezbollah, «la goutte de trop». Elle collabore avec des magazines de bande dessinée libanais – la Furie des Glandeurs ou Samandal – illustre des livres pour enfants, et participe à plusieurs expositions collectives.

Parmi ses influences, on retrouve des auteurs de comics américains, comme Charles Burns ou Robert Crumb, mais aussi la peinture paléochrétienne ou les estampes japonaises. Dans Phantagma, sa dernière création présentée en 2013 à l’Inalco, Sandra Ghosn s’interroge sur l’intimité amoureuse, moyen de réminiscence des fantômes du passé qui forgent l’identité. Début 2014, la dessinatrice est revenue s’installer au Liban, un «nécessaire retour aux origines».


«Résilience». Dessin Sandra Ghosn. «Depuis la fin de l’année 2013, une explosion en moyenne frappe le Liban chaque semaine. Les Libanais assistent, impuissants et désabusés, à la dégradation de la situation sécuritaire, abreuvés par un déluge d’informations anxiogènes». 
Par   Thomas ABGRALL à Beyrouth - Source de l'article Libération

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