Riad Sattouf a reçu le Fauve d’or du meilleur album dimanche pour le premier tome de L’Arabe du futur, seulement cinq ans après l’avoir obtenu pour le tome 3 des aventures de son héros protéiné Pascal Brutal.
Publié chez un nouveau venu sur le marché de l’édition, Allary éditions, L’Arabe du futur est un récit autobiographique dans lequel l’auteur raconte une courte période de son enfance, où ses parents ont emménagé dans la Libye du général Kadhafi puis dans la Syrie d’Hafez Al-Assad.
En gestation depuis le déclenchement, il y a quatre ans, de la guerre en Syrie (le pays natal de son père), ce roman graphique prévu en trois tomes se terminera en 2016 avec le récit de l’exil en France d’une partie de sa famille, originaire de Homs.
Notre collaboratrice Cathia Engelbach, chroniqueuse au blog Les Petits Miquets, avait rédigé la critique suivante en décembre dernier à propos de ce livre :
Lui, c’est Riad, petit bout d’homme de 2 ans, rejeton autoproclamé « parfait » d’une mère bretonne, dont il a hérité la chevelure blonde, et d’un père syrien issu d’un milieu paysan très pauvre. Suite à une thèse de doctorat en histoire contemporaine à la Sorbonne, ce dernier embarque femme et enfant dans la Libye de Kadhafi, puis dans la Syrie d’Hafez Al-Assad en 1984.
Obsédé par l’idée d’un panarabisme progressiste, sa transhumance au Moyen-Orient se fait avec cette pensée unique érigée en marotte : épousseter le monde arabe de tout obscurantisme religieux et faire de l’éducation l’accès royal aux lettres dorées de « l’arabe du futur ».
Pour Riad Sattouf, rompu à l’exercice des saynètes caustiques, par bulles (le père de l’antihéros à la testostérone amphigourique Pascal Brutal, c’est lui) ou par écrans interposés (le film Les Beaux Gosses, c’est lui aussi), l’idée de ce récit remonte au début de la guerre civile syrienne, en mars 2011.
L’incursion de l’histoire personnelle dans la grande histoire donne une dimension sociologique à l’album à travers l’œil naïf de l’enfant qu’il était. Par accumulation de micro-tableaux faussement anecdotiques, tantôt persifleurs, tantôt ubuesques, il confirme que l’autobiographie est l’un des parents riches de la bande dessinée actuelle.
Le jury a par ailleurs attribué son prix spécial à Chris Ware pour son livre-monde Building Stories (Delcourt) et le prix de la meilleure série à Lastman (Casterman), le manga français du trio Bastien Vivès, Mickaël Sanlaville et Balak. Le Japonais Katsuhiro Otomo, créateur de la série « Akira », avait été désigné jeudi Grand prix 2015 pour l’ensemble de son œuvre.
Par Frédéric Potet - Source de l'article Le Monde
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