vendredi 27 mai 2016

Hamid Sulaiman, la résistance en BD de Damas à Paris

Cet écrivain graphique syrien contraint de fuir son pays publie un ouvrage original où il concentre les contradictions de l’opposition syrienne dans les personnages d’un hôpital de fortune.


Dans Freedom Hospital, Hamid Sulaiman 
met en scène un hôpital clandestin en Syrie 
où se croisent une douzaine de personnages : 
médecins, patients, 
insurgés,… / J. Lortic/Arte Éditions
Réfugié depuis à peine trois ans à Paris, Hamid Sulaiman, né à Damas en 1986, signe déjà son premier roman en France : Freedom Hospital (1), un récit graphique mettant en scène un hôpital clandestin en Syrie où se retrouvent malades et soignants, militants de tous bords. Bref, un condensé de la Syrie en guerre.i Pourquoi lire La Croix ?

Son départ précipité un jour de 2012, alors qu’il défilait avec ses amis damascènes aux cris de plus de liberté et de démocratie, ne l’a pas empêché de suivre sa trajectoire de dessinateur. Tout au long de sa migration, son projet a mûri.

Comme beaucoup d’artistes syriens, le parcours de l’exil est passé d’abord par Le Caire, « le centre des médias de l’art » du monde arabe, précise-t-il. Mais, quelques mois plus tard, l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans et de Mohamed Morsi modifie ses projets. « Je m’étais lancé dans la bande dessinée, j’exposais mes planches de dessins dans des centres culturels du Caire. Mais les Frères musulmans, qui en ont pris le contrôle, ont commencé à imposer leurs choix. » Hamid Sulaiman doit changer ses plans.

À Paris, il fait la tournée des éditeurs

Un visa allemand lui permet de rejoindre sa mère outre-Rhin. Mais le destin en décide autrement. Il profite d’un passage à Paris pour faire la tournée des éditeurs, dessins et planches sous le bras. Devant leur intérêt manifeste, il s’imagine un avenir en France. Sauf que la législation européenne ne l’autorise à rester dans la capitale française que provisoirement, avant de continuer son périple jusqu’en Allemagne. Sentant que son sort se joue à Paris, il choisit la clandestinité, le temps d’obtenir le sésame : son titre de séjour.
Depuis, aux côtés d’Aurélie, comédienne avec qui il partage sa vie, il perfectionne son français. À l’image de sa personnalité ouverte et généreuse, son parler est un joyeux mélange d’« européanismes » franco-germano-britanniques. « Je fais beaucoup d’erreurs, surtout des “faux amis” », dit-il.

De son expérience de réfugié, il retire un enseignement : « L’adaptation dans le pays d’arrivée dépend de l’envie qu’on a d’y rester. Si c’est un choix, c’est plus facile. » Arrivé célibataire à l’âge de 26 ans, sans responsabilité familiale, « ça aide », dit-il encore.

Art de la débrouille et mental d’acier

À peine avait-il posé le pied à Paris qu’il prenait contact sur Facebook avec un groupe de Syriens. « Sur le Web, on partage nos expériences, on se donne des tuyaux, des professeurs posent des annonces pour donner des cours gratuits de français. Et il y a plein d’adresses de fast-foods syriens qui se sont ouverts à Paris, dans lesquels on se retrouve. » Comme à Damas, pourrait-il ajouter.

Art de la débrouille et mental d’acier sont le cocktail qui caractérise ce colosse à la voix si douce. « L’avantage que j’ai sur d’autres réfugiés, c’est que, pour dessiner, je n’ai pas besoin de la langue. Avec le dessin, tout le monde me comprend. »

« Dans toutes les villes de ­Syrie engagées en 2011 dans la résistance au régime de Bachar Al ­Assad, il y avait des ”freedom hospitals” (hôpitaux de la liberté), raconte-t-il. Les activistes venaient y installer leurs connexions Internet. L’hôpital était un îlot de militants, de médecins, de blessés, d’activistes. » Un lieu pour rassembler les douze personnages de son roman où, malgré la tragédie, l’humour est constamment présent. « C’est la vie qui continue, même dans la guerre. »

La bande dessinée, un art récent en Syrie

Assis sur le canapé d’une pièce baignée de lumière, Hamid Sulaiman roule avec application ses cigarettes. Il prend le temps de préparer un café, différent de celui qu’il aurait bu en Syrie, avec de la cardamome et le marc au fond de la tasse. Des « petits riens » qui font partie de sa culture, comme la musique, la langue ou la religion que « l’on n’oublie pas ». 

Résultat de recherche d'images pour "Hamid Sulaiman, Freedom Hospital"Il affirme qu’il n’a pas le mal du pays, ce serait « un frein à l’intégration », lance-t-il. Mais il se retrouve avec ses amis syriens de Paris dans les bars : « Je dessine, on y joue de la musique. »

Il a mis quatre ans pour achever Freedom Hospital. La bande dessinée est un art récent en Syrie. Il n’existait pas avant la guerre. « C’est un formidable outil d’expression, qui se situe entre le visuel et le texte, et davantage dans l’imagination. C’est aussi moins contraignant que le cinéma, qui demande des financements, des sociétés de production, des techniciens, des acteurs,… » Mais pourquoi tant de noir dans ses dessins ? « Beaucoup de dessinateurs arabes utilisent le contraste noir/blanc, qui exprime symboliquement pour nous la dualité bourreau/victime, obscurité/lumière. »

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Sans jamais y mettre les pieds, faute de visa alors qu’il était invité, Hamid a même exposé avec d’autres dessinateurs étrangers au British Museum, à Londres. L’an prochain, il sera en tournée en Allemagne mais, cette fois, en toute légalité et sans crainte de ne pouvoir retourner en France.

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Son inspiration  : les romans arabes

Hamid ne peut se départir de son héritage culturel. « Comme dans la littérature arabe, où il y a le plus souvent de multiples personnages, par exemple dans les romans de Naguib Mahfouz ou, plus récemment, dans L’Immeuble Yacoubiand’Alaa El Aswany, moi aussi je mets en scène douze personnages dans Freedom Hospital. Alors que dans la littérature européenne les écrivains mettent souvent en scène un personnage principal, le héros, du début à la fin du roman. » Outre les auteurs classiques, Hamid a été bercé par ses maîtres de la BD comme Alan Moore, dessinateur britannique qui travaille aux États-Unis. « J’adore son style d’écriture. C’est aussi un militant, il y a toujours des symboles dans chacun de ses dialogues. » Il voue aussi une admiration sans borne pour l’artiste éclectique Alejandro Jodorowsky, Chilien d’origine russe.

Par Agnès Rotivel - Source de l'article La Croix

(1) Arte Éditions, 288 p., 23 €.

vendredi 20 mai 2016

Apple refuse de publier un jeu vidéo sur la bande de Gaza, estimant que « ce n’est pas un jeu »

Liyla and the Shadows of War est un jeu pour téléphones portables du développeur palestinien Rasheed Abueideh. « Inspiré d’événements réels », il propose au joueur d’incarner Liyla, une jeune fille vivant dans la bande de Gaza, dans une série de tableaux où la mort la guette à chaque pas, sous la forme de tirs de missile ou de balles perdues.

Résultat de recherche d'images pour "Liyla and the Shadows of War"Mais pour Apple, Liyla and the Shadows of War n’est pas un jeu vidéo. Après avoir soumis son titre pour publication sur l’App Store, M. Abueideh a eu la surprise de recevoir une réponse expliquant que « cette application n’est pas appropriée pour la catégorie jeux vidéo. Il serait plus correct de la classer dans les catégories informations ou référence ». Apple demande aussi au développeur de supprimer toute référence au fait que Liyla and the Shadows of War soit un jeu dans la description de l’application. L’application ne pourra être publiée que si M. Abueideh accepte de changer son jeu de catégorie.


Unfortunately Apple rejected the game as a game,they say its not game,it has a political statement. 

Pourtant, Liyla and The Shadows of War est bel et bien un jeu – il suffit de lancer l’application, d’ores et déjà publiée sur Google Play, pour s’en rendre compte. Dans sa thématique, comme dans sa direction artistique, le titre rappelle d’ailleurs l’un des succès critiques de cette année, This War of Mine, qui confronte le joueur à la difficile survie des civils en temps de guerre. Liyla and the Shadows of War a également reçu un prix pour ses graphismes dans la catégorie jeux vidéo indépendants à la convention Reboot.



Censure à géométrie variable

Par le passé, Apple a censuré plusieurs jeux vidéo en raison de leur contenu. En 2011, Phone Story, un jeu du collectif italien militant La Molle Industria, avait été retiré de l’App Store en raison de son principe même : le but du jeu était d’exploiter au maximum des travailleurs chinois pour construire encore et toujours plus de téléphones portables.
 
Résultat de recherche d'images pour "Liyla and the Shadows of War"Sans surprise, le collectif a apporté son soutien à Liyla and the Shadows of War, faisant notamment remarquer qu’au moins un clone d’Angry Birds, accepté sur l’App store, proposait au joueur de contrôler un… missile israélien. Plus généralement, le fait qu’un jeu vidéo puisse ne pas être considéré comme tel parce qu’il contient un message politique a fait bondir de nombreux amateurs – d’autant que plusieurs jeux indépendants de ce type ont connu un important succès ces dernières années, comme Papers, Please, un jeu sur la dictature et la bureaucratie. Ironiquement, Papers, Please avait été rejeté de l’App Store dans un premier temps, non en raison de son message mais parce qu’il contenait des images de personnes dévêtues.

Résultat de recherche d'images pour "Liyla and the Shadows of War"La décision d’Apple est d’autant plus étonnante que Liyla and the Shadows of War n’est pas un jeu « militant » au sens strict. Résolument pacifiste, le titre se concentre sur les souffrances des civils. 
Comme l’écrit M. Abueideh dans la présentation du titre, si Liyla and the Shadows of War est bien un jeu, « ce n’est pas juste un jeu, c’est aussi un appel à l’aide ».

Source de l'article Le Monde

Le mystérieux blocage des jeux vidéo en ligne au Maroc

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Les gamers marocains sont en rogne. Après la VoIP, une partie des jeux vidéo en ligne sont bloqués. Les trois opérateurs nient toute implication. Que se passe-t-il ? Qui est responsable ?
Si vous êtes tentés par une partie sur Counter Strike, League of Legends, Rocket League, The Crew ou encore Dark Souls, sachez qu’ils sont inaccessibles pour le moment. Il s'agit de jeux vidéos très populaires, rendus injouables en ligne sur différentes plates-formes, que ce soit sur console ou PC. Depuis, les spéculations vont bon train : s'agit-il d'un nouveau blocage , à l'image de celui de la VoIP, opéré au début en catimini par les opérateurs ?
Depuis le 18 mai, plusieurs joueurs rapportent le blocage des parties de jeu en ligne, que ce soit ceux figurant sur cette liste ou d'autres encore. Nous avons nous-même testé le lancement d'une partie du jeu de football PES sur PS4: impossible d'établir la liaison avec les serveurs de Konami, développeur du jeu, pour accéder aux parties en ligne. «Au début, ça a commencé avec des bugs avant que les jeux ne soient complètement bloqués. A titre d’exemple, tous les services en ligne du Playstation Network (PSN) ne marchent plus sur la PlayStation 4» nous indique Omar Guendeli, développeur indépendant de jeux vidéo. Il ajoute : «Cependant, on arrive toujours à jouer sur PC sur les jeux de rôle en ligne. J'ai testé Guild Wars 2, Elder Scrolls Online et ça marche.»
Le site spécialisé Playerone.TV explique que le problème touche les principales plates-formes mondiales des jeux vidéo. «Il semblerait en effet que l'intégralité des jeux en ligne sur PC via Steam (une plate-forme de distribution de contenus en ligne, ndlr), sur PS4 via le PSN et sur Xbox via le Xbox Live soient devenus totalement injouables, avec des erreurs de connexion en pagaille.»
Du côté des opérateurs, on nie toute implication. «A notre niveau rien n’a été signalé, nous n’avons pas bloqué les jeux en ligne» nous explique Nadia Rahim du pôle communication de Inwi. Même son de cloche du côté de Kawtar Nadif, la chargée de communication de Méditel. Cependant, les erreurs signalées ont été surtout constatées sur les connexions ADSL, dont l'opérateur historique Maroc Telecom accapare 99% de parts de marché.  Contacté par Médias 24, une source autorisée de Maroc Telecom affirme: «Nous n’avons rien bloqué, nous n’y sommes pour rien, nous ne sommes jamais intervenus».
Pourtant, le blocage des serveurs a été constaté par des dizaines de milliers de joueurs, au même moment, sur plusieurs plateforme. Un "mystère" qui rappelle les débuts du blocage de la VoIP au Maroc, caractérisé par un silence assourdissant des opérateurs et du régulateur.
Une pétition a été lancée par la communauté des gamers afin d’appeler Maroc Telecom à débloquer les jeux online. «Le problème est grave! Des joueurs marocains professionnels qui portent le drapeau marocain dans des tournois internationaux sont aussi privés de l'accès online à tous les jeux...C'est irresponsable et scandaleux» peut-on lire la page de la pétition qui a atteint à l’heure où nous écrivons ses lignes plus de 10 000 signatures. Le cas des joueurs professionnels d’e-sport est plutôt épineux. «Ils gagnent de l’argent en jouant en ligne. Aujourd’hui ils se retrouvent bloqués»nous fait savoir Omar Guendeli. Un marché juteux, qui devrait peser 465 millions de dollars en 2017  et sur lequel plusieurs pays se positionnent, comme la France, dont le premier ministre a lancé un vaste programme de promotion de la discipline, estimant que le jeu en vaut la chandelle.

Par Kaouthar Oudrhiri - Source de l'article TelQuel

mercredi 18 mai 2016

BD: une trilogie africaine conclue sur la thématique de l'excision

Un tout petit bout d'elles
Le scénariste belge Zidrou et le dessinateur français Raphaël Beuchot ont retenu le Congo comme décor pour aborder le délicat sujet de l'excision au travers d'une bande dessinée de 93 pages. 
L'album vient en effet boucler une "trilogie africaine", entamée en 2011, dans laquelle les auteurs abordent les "multiples réalités de la société congolaise contemporaine".
Ce dernier titre évoque le combat, contre le poids des traditions, d'Antoinette, victime d'une excision et faisant tout pour éviter le même sort à sa fille Marie-Léontine. "Sans voyeurisme, ni fausse pudeur, ni didactisme, 'Un tout petit bout d'elles', prend le biais de la fiction pour évoquer cette terrible réalité", détaille l'éditeur Le Lombard.
La fiction s'accompagne d'un dossier rédactionnel d'une dizaine de pages situant la problématique de l'excision à l'échelle internationale mais fournissant également quelques adresses et références d'associations pour la France et la Belgique. Le GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles) figure parmi ces points de contact. Il a été consulté dans le cadre de la rédaction du dossier final. "La bande dessinée nous permet de toucher un public qu'on n'atteint pas spécialement" par nos canaux classiques, commente Isabelle Gillette, directrice générale de GAMS France. "Cela permet de s'adresser tant aux jeunes qu'aux adultes ainsi qu'aux personnes directement concernées en leur faisant comprendre qu'il n'y a pas de fatalité à subir un tel sort où qu'on se trouve dans le monde", poursuit-elle.
En Belgique, on estime à 13.000 le nombre de femmes excisées. Quelque 4.000 fillettes à risque sont également recensées. "La pratique étant interdite par la loi, de nombreuses familles profitent de l'été pour retourner vers leurs pays d'origine et y pratiquer l'excision sur les jeunes filles", explique Fabienne Richard, directrice de la filiale belge. GAMS Belgique effectue un travail de prévention et encourage les professionnels de la santé, notamment dans les 'travel clinic', à repérer les familles à risque.
"Un tout petit bout d'elles" sort vendredi en librairie. Un tirage de 6.500 exemplaires a été prévu.
Source de l'article RTBF

dimanche 15 mai 2016

Le jeu vidéo et l'Afrique : une aventure qui commence

Le jeu vidéo est un des divertissements qui va le mieux autant en matière de rentabilité (marché de 70 milliards de dollars) que de reconnaissance.

Résultat de recherche d'images pour "Le jeu vidéo et l'Afrique"Moins en marge, la culture vidéoludique fait maintenant partie de celle populaire. Uniquement en 2016, 4 licences de jeux vidéo font leur début au cinéma (Ratchet et Clank, Angry Birds, Warcraft et Assassin’s Creed). Il n’y a donc plus de honte d’être un joueur et cet art a même intéressé les entreprises et les écoles par les serious games et la ludification.

Toutefois, un continent ne semblait pas touché par la ferveur du jeu vidéo. L’Afrique, en effet, ne fait jamais partie des plans des grands éditeurs et développeurs de jeux. Conséquemment, l’Afrique est souvent traitée comme un endroit exotique par les jeux vidéo et les personnages noirs se trouvent régulièrement stéréotypés. Or, tout est en train de changer en Afrique. Et si les Activision, EA et Ubisoft de ce monde ne sont pas prêts à investir le continent africain, de petites gazelles poussent et de se taillent une place peu à peu dans le marché du jeu.

Une poignée de développeurs pour un immense continent

Il ne faudrait pas croire que les Africains aient été à l’abri de la vague de jeux vidéo des 30 dernières années. Après tout, si le parc informatique n’y est pas aussi développé qu’en Occident, il reste que dans bien des quartiers des familles pouvaient se permettre un ordinateur. Toutefois, comme l’affirmeront des développeurs de jeux, il a fallu souvent avoir recours au piratage pour expérimenter les mêmes aventures que le reste du monde. À ce moment, ils se sont rendu compte que leur terre natale n’était que peu voire pas du tout mentionnée dans les titres populaires.

Résultat de recherche d'images pour "Le jeu vidéo et l'Afrique"À eux donc de sensibiliser le public mondial à leur réalité et essayer d’intéresser aussi leurs compatriotes à des productions locales. Or, uniquement des pays politiquement stables pouvaient se permettre de former des petits studios. Ainsi, dans les premières années, seuls l’Afrique du Sud et le Nigéria en possédaient. D’autres pays ont toutefois suivi dans la foulée comme le Sénégal et Madagascar. En août 2015, la presse française traitait de ce qu’elle appela le tout premier jeu africain : NairobiX, développé par une équipe du Kenya, dans lequel le joueur y est un soldat qui défend Nairobi contre une attaque extra-terrestre. Rien de très original, mais l’action se passe au moins en Afrique, ce qui est déjà un changement majeur aux New York, Paris et autres villes vues mille fois dans les jeux vidéo.

Toutefois, il n’était pas exact de dire qu’il s’agissait du premier jeu africain. La première expérience, Toxic Bunny, qui mettait en vedette un lapin mutant dans un monde sous-terrain a été créée en 1996 par un studio sud-africain. Rien pour rivaliser avec les productions japonaises, américaines ou européennes, mais déjà à cette époque, certains s’y essayaient. Il s’agissait davantage d’un passe-temps que d’une activité économique, mais tout cela pourrait changer.

Le jeu qui pourrait tout changer

Résultat de recherche d'images pour "Le jeu vidéo et l'Afrique"Un deuxième titre qui a demandé des années de conception a tout récemment trouvé sa place sur la plateforme Steam, le marché numéro un du jeu vidéo dématérialisé. Il s’agit de «Aurion — L’héritage des Kori-Odan», un jeu de rôles sénégalais dans la veine de la série nippone Final Fantasy. D’ailleurs, les créateurs ne nient pas la volonté de créer un jeu basé sur un style très connu des Occidentaux pour élargir le public. Difficile de dire si le pari a été réussi commercialement, mais les avis d’utilisateurs sont pour l’instant plutôt positifs ce qui est de bon augure pour l’avenir du studio et tout simplement de jeux provenant d'Afrique.

Actuellement, les gouvernements africains ne considèrent pas les possibilités de stimuler l’entreprise vidéoludique. Après tout, dans des pays où les connexions Internet sont difficiles et les machines coûtent cher, difficile d’y voir un avenir.

Et pourtant, le marché africain pourrait intéresser même des développeurs d’ailleurs. Si, en effet, il reste beaucoup de travail à faire pour réduire la fracture numérique et technologique, il y a une innovation technique qui a trouvé sa place largement en Afrique : le téléphone portable. Une récente étude a montré que 400 millions d’Africains jouaient sur leur téléphone.

Grâce aux téléphones intelligents à bas prix et le marché de l’occasion, ils sont nombreux à s’offrir ce type d’appareil. Un secteur d’autant plus intéressant que 2016 devrait être la première année où les ventes de jeux sur mobiles dépassent celles sur consoles et ordinateurs.

Il y a donc là tout un marché à conquérir. À plus forte raison que les jeux sur mobiles sont moins coûteux à produire et, pour le client, moins longs à télécharger. Et non seulement le marché du jeu vidéo comme divertissement pourrait y voir un intérêt, mais aussi celui du jeu à vocation pédagogique tel les serious games. Il ne resterait qu’au corps enseignant à les adapter dans leur pratique. Reste maintenant qu’aux développeurs aventureux à se lancer. Ils sont maintenant avertis. Les Africains aiment jouer et ils en veulent plus.

Par Alexandre Roberge - Source de l'article Cursusedu