Le jeu vidéo est un des divertissements qui va le mieux autant en matière de rentabilité (marché de 70 milliards de dollars) que de reconnaissance.
Moins en marge, la culture vidéoludique fait maintenant partie de celle populaire. Uniquement en 2016, 4 licences de jeux vidéo font leur début au cinéma (Ratchet et Clank, Angry Birds, Warcraft et Assassin’s Creed). Il n’y a donc plus de honte d’être un joueur et cet art a même intéressé les entreprises et les écoles par les serious games et la ludification.
Toutefois, un continent ne semblait pas touché par la ferveur du jeu vidéo. L’Afrique, en effet, ne fait jamais partie des plans des grands éditeurs et développeurs de jeux. Conséquemment, l’Afrique est souvent traitée comme un endroit exotique par les jeux vidéo et les personnages noirs se trouvent régulièrement stéréotypés. Or, tout est en train de changer en Afrique. Et si les Activision, EA et Ubisoft de ce monde ne sont pas prêts à investir le continent africain, de petites gazelles poussent et de se taillent une place peu à peu dans le marché du jeu.
Une poignée de développeurs pour un immense continent
Il ne faudrait pas croire que les Africains aient été à l’abri de la vague de jeux vidéo des 30 dernières années. Après tout, si le parc informatique n’y est pas aussi développé qu’en Occident, il reste que dans bien des quartiers des familles pouvaient se permettre un ordinateur. Toutefois, comme l’affirmeront des développeurs de jeux, il a fallu souvent avoir recours au piratage pour expérimenter les mêmes aventures que le reste du monde. À ce moment, ils se sont rendu compte que leur terre natale n’était que peu voire pas du tout mentionnée dans les titres populaires.
À eux donc de sensibiliser le public mondial à leur réalité et essayer d’intéresser aussi leurs compatriotes à des productions locales. Or, uniquement des pays politiquement stables pouvaient se permettre de former des petits studios. Ainsi, dans les premières années, seuls l’Afrique du Sud et le Nigéria en possédaient. D’autres pays ont toutefois suivi dans la foulée comme le Sénégal et Madagascar. En août 2015, la presse française traitait de ce qu’elle appela le tout premier jeu africain : NairobiX, développé par une équipe du Kenya, dans lequel le joueur y est un soldat qui défend Nairobi contre une attaque extra-terrestre. Rien de très original, mais l’action se passe au moins en Afrique, ce qui est déjà un changement majeur aux New York, Paris et autres villes vues mille fois dans les jeux vidéo.
Toutefois, il n’était pas exact de dire qu’il s’agissait du premier jeu africain. La première expérience, Toxic Bunny, qui mettait en vedette un lapin mutant dans un monde sous-terrain a été créée en 1996 par un studio sud-africain. Rien pour rivaliser avec les productions japonaises, américaines ou européennes, mais déjà à cette époque, certains s’y essayaient. Il s’agissait davantage d’un passe-temps que d’une activité économique, mais tout cela pourrait changer.
Le jeu qui pourrait tout changer
Un deuxième titre qui a demandé des années de conception a tout récemment trouvé sa place sur la plateforme Steam, le marché numéro un du jeu vidéo dématérialisé. Il s’agit de «Aurion — L’héritage des Kori-Odan», un jeu de rôles sénégalais dans la veine de la série nippone Final Fantasy. D’ailleurs, les créateurs ne nient pas la volonté de créer un jeu basé sur un style très connu des Occidentaux pour élargir le public. Difficile de dire si le pari a été réussi commercialement, mais les avis d’utilisateurs sont pour l’instant plutôt positifs ce qui est de bon augure pour l’avenir du studio et tout simplement de jeux provenant d'Afrique.
Actuellement, les gouvernements africains ne considèrent pas les possibilités de stimuler l’entreprise vidéoludique. Après tout, dans des pays où les connexions Internet sont difficiles et les machines coûtent cher, difficile d’y voir un avenir.
Et pourtant, le marché africain pourrait intéresser même des développeurs d’ailleurs. Si, en effet, il reste beaucoup de travail à faire pour réduire la fracture numérique et technologique, il y a une innovation technique qui a trouvé sa place largement en Afrique : le téléphone portable. Une récente étude a montré que 400 millions d’Africains jouaient sur leur téléphone.
Grâce aux téléphones intelligents à bas prix et le marché de l’occasion, ils sont nombreux à s’offrir ce type d’appareil. Un secteur d’autant plus intéressant que 2016 devrait être la première année où les ventes de jeux sur mobiles dépassent celles sur consoles et ordinateurs.
Il y a donc là tout un marché à conquérir. À plus forte raison que les jeux sur mobiles sont moins coûteux à produire et, pour le client, moins longs à télécharger. Et non seulement le marché du jeu vidéo comme divertissement pourrait y voir un intérêt, mais aussi celui du jeu à vocation pédagogique tel les serious games. Il ne resterait qu’au corps enseignant à les adapter dans leur pratique. Reste maintenant qu’aux développeurs aventureux à se lancer. Ils sont maintenant avertis. Les Africains aiment jouer et ils en veulent plus.
Par Alexandre Roberge - Source de l'article Cursusedu
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