Les 7 et 8 avril, Beyrouth accueillait la deuxième édition de la Mega Games Conference, organisée par l’IFP Group. Deux jours de conférences et d'ateliers de travail entre professionnels du jeu vidéo pour tenter de décrypter et d’anticiper les tendances du marché dans la zone Mena.
Avec 35 pays représentés, plus de 45 intervenants, 60 ateliers de travail et présentations, la deuxième édition de la conférence Mega Games, organisée début avril à l’ancienne station ferroviaire de Mar Mikhaël, a accueilli près de 500 visiteurs. Une réussite pour Habib Chams, responsable de l’organisation, qui se félicite de la participation de développeurs et de grands acteurs du marché du jeu vidéo venus de toute la région. Objectif de cet événement : mettre en avant le dynamisme du secteur du jeu vidéo en ligne dans la zone Mena – dont les recettes sont estimées à 300 millions de dollars avec une croissance annuelle qui avoisine les 30 % selon le cabinet d’études Newzoo –, mais aussi évoquer les obstacles qui entravent encore son développement.
Qu’ils viennent de Turquie, du Maroc, d’Iran ou du Liban, les développeurs qui défilent sur la scène centrale partagent le même constat : si les ordinateurs et les consoles demeurent les principaux supports de jeu, avec respectivement 37 et 27 % des parts de marché mondial du jeu vidéo, l’avenir se fera de plus en plus en ligne sur les téléphones portables et les tablettes. Selon Newzoo, les mobiles ont représenté, en 2015, 23 % des parts de marché du jeu vidéo, avec une croissance annuelle de 21 %, tandis que les tablettes se sont accaparées 13 % du marché avec une croissance de 14 %. Des taux de croissance bien supérieurs à ceux des jeux sur ordinateurs ou consoles (respectivement de 7 et 2 % en un an). Les prévisions du cabinet Newzoo confirment cette tendance : le mobile devrait cumuler, selon eux, 34 % des parts de marché du jeu vidéo en 2017 avec des recettes estimées à 35,4 milliards de dollars.
Alors que la production de jeux sur consoles et ordinateurs nécessite des millions de dollars d’investissement – en 2014, Activision Blizzard aurait investi quelque 500 millions de dollars dans un seul titre (Destiny) –, les jeux sur plates-formes Internet et mobiles semblent plus à la portée de la dizaine de développeurs de jeux libanais qui se sont lancés ces dernières années. Parmi eux, Falafel Games, société de production créée en 2010 et considérée comme « l’une des plus grosses entreprises du Moyen-Orient en termes de nombre d’utilisateurs et de chiffre d’affaires », selon son fondateur Vince Ghossoub. Avec ses 23 salariés et ses 10 000 utilisateurs actifs par jour, la société enregistre un chiffre d’affaires de l’ordre de quelques millions de dollars et une croissance multipliée par deux entre 2014 et 2015. « Nous allons passer à la vitesse supérieure », confie le jeune entrepreneur. Alors que Falafel Games a développé trois jeux en quatre ans, la société s’apprête à en lancer trois nouveaux en 2016.
Pourtant, malgré ces chiffres encourageants, le chef d’entreprise reste lucide sur les défis que le Liban doit encore relever pour assurer au jeu vidéo un avenir optimal. Selon lui, le manque de formation et d’expérience de la main-d’œuvre libanaise constitue aujourd’hui un véritable obstacle. « Le marché du jeu vidéo est un secteur qui change très rapidement et les talents doivent pouvoir se renouveler en permanence. Au Liban, nous avons de véritables talents, mais pas en quantité suffisante », explique-t-il. À cela s’ajoutent des problèmes d’infrastructures, largement évoqués par Marwan Hayek, le PDG d’Alfa, Nicolas Sehnaoui, ancien ministre des Télécommunications, et un représentant de Boutros Harb, actuel ministre, qui se sont succédé sur la scène centrale du salon. Selon eux, le Liban doit absolument rattraper son retard en matière de couverture 4G et 5G, mais aussi et surtout de développement de la fibre optique, afin de permettre aux Libanais de bénéficier d’un débit suffisant pour jouer en ligne. « L’infrastructure est une problématique essentielle, voire vitale pour le développement du jeu vidéo en ligne au Liban », a martelé Nicolas Sehnaoui, alors que Marwan Hayek a assuré que les abonnés d’Alfa auront accès au réseau 4G+ dès septembre 2016. Quant au ministère, il a rappelé les détails du plan “Liban 2020” qui prévoit notamment le développement et la mise en service du réseau de fibre optique jusqu’à l’utilisateur final à l’horizon 2022.
Par Mélanie Razzouk - Source de l'article Le Commerce du Levant
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