Cette année, le Festival international du cinéma d’animation de Meknès (FICAM) a décidé de mettre en avant les femmes dans l’animation.
Quelques heures avant la conférence inaugurale de Brenda Chapman, première femme à avoir remportée un Oscar pour la réalisation d’un long métrage d’animation, c’est la productrice française Judith Nora qui a donné, vendredi 16 mars, le premier “work in progress” de cette édition.
Cette dernière développe en effet une adaptation au petit écran de la série de BD de la dessinatrice française Pénélope Bagieu, “Culottées”. Une série qui dresse les portraits en bande dessinée de 30 femmes oubliées par l’Histoire et qui cherche à les réhabiliter et faire “voler en éclats les préjugés”.
Vous pourrez ainsi découvrir celui de Naziq al-Abid, née en 1887, indépendantiste syrienne et militante pour les droits des femmes, mais aussi Agnodice, gynécologue interdite d’exercer la médecine dans l’antiquité grecque (et qui bravera l’interdit), Annette Kellerman, Australienne à qui l’on doit l’invention du maillot de bain pour femmes, ou encore Lozen, chamane et guerrière apache...
C’est à la médiathèque de l’Institut français de Meknès, où se déroule la quasi-totalité des conférences du FICAM, qu’a eu lieu le “work in progress”. Une présentation réalisée devant un public composé majoritairement de jeunes femmes et au cours de laquelle Judith Nora a dévoilé les premières images de la série animée.
De “Connasse” à “Culottées”
“Culottées” n’est pas la première aventure dans l’animation pour la productrice. Judith Nora et son associée Priscilla Bertin fondent leur société de production Silex Film en 2009, qui produit d’abord des longs métrages “classiques”. Elles sont également derrière un des succès télé les plus connus de ces dernières années, la série “Connasse”, plus tard adaptée en film. Mais ce n’est qu’en 2013 que la société se lance dans l’animation par le biais de la série animée “Les aventuriers de l’art moderne”, diffusée sur la chaîne franco-allemande Arte.
Pour “Culottées”, Silex Film s’est associée avec une autre société de production française, Agat Films, qui détenait les droits de la BD de Pénélope Bagieu mais qui a décidé de s’associer avec les productrices. Commence alors un long travail d’adaptation pour les équipes de la série courte car, comme l’explique le modérateur Alexis Hunot, “la BD et l’animation sont deux langages différents”.
GALLIMARD
Rendre hommage à la femme
Jusqu’à cette année, Judith Nora ne connaissait pas encore le festival de Meknès, ”étant une débutante dans l’animation” explique-t-elle au HuffPost Maroc.
Elle entend parler du FICAM alors qu’elle présente “Culottées” au Festival international de bande dessinée d’Angoulême en janvier 2018. Elle rencontre alors Mohamed Beyoud, directeur artistique du FICAM, qui lui propose de présenter le projet à Meknès, le festival étant cette année dédié aux femmes.
“Mohammed Beyoud avait adoré ‘Les aventuriers de l’art moderne’. Pour lui, présenter un ‘work in progress’ de ‘Culottées’ était une bonne manière de rendre hommage à la femme”, déclare Judith Nora.
Il faut dire que le court métrage d’animation reste un des rares milieux dans le cinéma où les femmes sont plus présentes que les hommes. Une féminisation qui n’apparait pas cependant au niveau des longs métrages d’animation. “On y travaille”, assure la productrice.
De Miramax à 50/50
Judith Nora a d’abord débuté dans le cinéma dit “classique”. À 19 ans, elle s’envole pour les États-Unis où elle travaille pour la boîte de production Miramax, société fondée par les frères Weinstein et connue aujourd’hui pour être le “point zéro” du mouvement de libération de la parole autour du harcèlement sexuel. À l’époque, elle travaille avec Judith Goldstein, seule femme productrice de la société.
Aujourd’hui, Judith Nora est mobilisée dans la lutte contre le harcèlement et pour une plus grande représentation des femmes dans le cinéma français par le biais de 50/50 en 2020. “Ce collectif que l’on a monté en France, à l’initiative de l’association Deuxième regard, est un lobby politique participatif pour pousser les politiques à mettre en place des outils pour assurer la parité dans les salaires et les représentations”, explique la productrice.
Pour Judith Nora, le message de “Culottées” peut à la fois toucher un public français mais également en dehors des frontières de l’Hexagone. “On universalise des problématiques tout en racontant des histoires très intimes et concrètes de parcours de femmes”, conclut-elle. La série devrait être diffusée en format 3 minutes à l’horizon 2019.
Par Salma Kouja - Source de l'article Huffpostmaghreb
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire