lundi 20 mai 2013

« Nos films d'animation Iranien puisent dans la mémoire collective et les poèmes ».

Entretien avec Daryoush Dalvand  réalisé par Sébastien Thibault


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Le marché du film est plein de surprises. Alors que nous y allions pour parler d’Abbas Kiarostami et d’Asghar Farhadi, le stand iranien du Festival nous fait comprendre qu’il n’a pas été installé « pour ça ». Son objectif ? Vendre de l’animation 3D ! 


Une raison suffisante pour reconsidérer la raison de notre présence et s’engouffrer dans une brèche plutôt inattendue. Découverte.

Pouvez-vous vous présenter et nous dire pourquoi vous êtes à Cannes ?
Mon nom est Daryoush Dalvand. Je suis le PDG d’Aria Animation Studio, une entreprise située en Iran, et je promeus l’animation iranienne à l’étranger. C’est la raison pour laquelle je suis à Cannes, pour ouvrir de nouveaux marchés.

Depuis quant fait-on du cinéma d’animation en Iran ?
L’Iran fait de l’animation depuis 60 ans environ, mais notre studio en fait depuis 17 ans.
Et cela s’exporte depuis peu, je présume…
…oui, cela fait trois ans que nous essayons d’exporter l’animation en dehors du pays. Jusqu’à présent nous avons des marchés porteurs en Indonésie, au Maroc et en Tunisie.

Essentiellement des pays musulmans ?
Nos premiers clients sont en Asie et dans les pays musulmans, effectivement. Mais il y a maintenant des demandes en Russie, en Allemagne, en Pologne, en Belgique, aux États-Unis et au Canada. En tout, nous traitons avec plus d’une centaine de pays.

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La France en fait partie ?
Ce n’est pas un gros marché, non.

Parlez-moi de vos films, pour qui sont-ils ?
Pour les enfants et les parents. Ce sont surtout des films familiaux. Nous souhaitons nous conformer aux attentes d’un public très large.

Et de quoi parlent-ils ?
D’histoire et d’éthique. Nous prenons l’éthique très au sérieux…

C’est-à-dire ?
Nous ne montrons pas de violence, par exemple. Les parents veulent des films légers pour leurs enfants avec des héros, de vrais héros.

Qu’appelez-vous de « vrais héros » ?
Nous insistons sur les vieux héros persans, par exemple ceux issus des guerres médiques.

Est-ce pour promouvoir l’histoire perse ?
Non, nous voulons simplement honorer nos mythes pour ne pas les laisser dans l’oubli. Car pour faire un bon film d’animation, on a besoin d’un synopsis qui fasse rêver et de personnages issus de notre mémoire collective. C’est pour cela que nous puisons également chez les poètes historiques qui ont façonné notre patrimoine littéraire.

Chez quels poètes trouvez-vous l’inspiration ?
Nous nous retrouvons beaucoup dans Ferdowsî et son poème épique le Shâh Nâmeh. C’est l’un des plus grands poètes iraniens. Il y a aussi Saadi qui a écrit Le Golestân ou encore Djalāl ad-Dīn Rūmī avec le Masnavi-I Ma’navi. Á eux trois, ils représentent des centaines de milliers de vers qui sont au coeur de nos légendes. Nous faisons beaucoup attention à apporter un contenu populaire qui puisse satisfaire de façon ludique.
Diriez-vous que vos films sont éducatifs ?
Notre but n’est pas d’enseigner une leçon particulière sur l’histoire ou la culture, mais de montrer une représentation animée de nos héros. Nous voulons avant tout faire des film en 3D qui ravissent un public familial.

Quel film êtes-vous venus vendre à Cannes ? Et de quoi parle-t-il ?
Nous sommes en train d’ouvrir les discussions pour une série animée qui s’appelle Muhammad, the Last Messenger of God. Elle a mis quatre ans à être produite et prend la forme de vingt-six épisodes de vingt-deux minutes. Elle raconte l’histoire du Prophète, et pour ce faire, nous avons crée 1 750 personnages de cartoon dans le but d’enrichir la narration d’une inventivité nouvelle.

Á ce jour, quel est votre plus grand succès commercial ?
C’est The Battle of the kings (Rostam & Shorab). Nous sommes contents, cela veut dire beaucoup de travail et une très bonne réception. Vous le verrez ?

Certainement.
Alors merci à vous.
Source de l'article Dleditions

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