Dans le cadre du festival de la francophonie 2014, célébré à Djeddah du 13 mars au 5 avril 2014, le Consulat général de France à Djeddah organise une soirée spéciale "Tintin et les Arabes". La conférence, tenue par Louis Blin, Consul Général de France à Djeddah, s’articule autour de la projection de quatre films : Les Cigares du Pharaon, Le Crabe aux Pinces d’Or, Tintin au Pays de l’Or noir et Coke en Stock.
Les aventures de Tintin ont exercé une influence considérable sur la psyché européenne au XXème siècle. Analyser la relation de Tintin aux Arabes révèle bien les ressorts du rapport de l’Europe à l’Orient. Il faut pour cela décrypter avec minutie les quatre albums de Tintin se déroulant au moins en partie dans le monde arabe et sa dernière aventure inachevée, où des Arabes viennent à l’inverse en Europe. Dans Les Cigares du pharaon, Tintin disparaît en Égypte pour renaître en mer Rouge avant d’aborder l’Arabie. Sa renaissance en Orient lui permet de dépasser de manière symbolique son mentor, Albert Londres, et de devenir lui-même un aventurier au spectacle du monde.
Dans Tintin au pays de l’or noir, Hergé renvoie son héros sur le même théâtre, mais doit interrompre l’aventure au moment où Tintin est abandonné en plein désert, le jour de l’invasion de la Belgique par les Nazis. Le Crabe aux pinces d’or permet à Hergé de prendre une revanche symbolique sur les envahisseurs, en mettant en scène un capitaine Haddock faisant fuir une bande d’assaillants. Dans Coke en stock, Tintin livre aux Arabes une leçon de morale en déjouant un trafic d’esclaves en Arabie saoudite. Certains des personnages arabes d’Hergé font leur réapparition dans Tintin et l’Alph-art, dernier album de la série, énigmatique et inachevé.
Hergé est un auteur fasciné par l’aventure exotique, qui projette sa vision orientaliste sur des contrées qu’il n’a jamais connues. L’image qu’il donne des Arabes dérive de sa conception du monde, marquée par une personnalité complexe et évolutive, son milieu catholique traditionnaliste et l’époque coloniale, durant laquelle il a composé les quatre aventures arabes de son héros. Cette image est dominée par un racisme profond, tempéré par un humanisme englobant certains de ses personnages arabes. Les stéréotypes des albums sur le monde arabe, sa langue et ses habitants forment un florilège de l’ignorance qui n’a pourtant pas dissuadé de nombreux Arabes d’apprécier Tintin.Pour comprendre ce paradoxe, il faut apprécier la dimension artistique de l’œuvre d’Hergé et ne pas la juger sur son seul aspect documentaire.
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