Fati Kabuika présente ses deux premiers albums : “ La Chiva Colombiana ”, et le tome I de “ La vie d’Andolo ” (Le Messager). Il travaille actuellement à Blois à la conception du tome II. © Photo NR
Fati Kabuika, diplômé des Beaux-Arts de Kinshasa, “ peint ” ses albums comme il le ferait de tableaux, avec un dynamisme rare et des histoires décoiffantes.
Le magazine Unidivers ne rigole pas : « Réussite émotionelle, le sentiment est lié à une parfaite osmose entre le scénario, le dessin et la mise en couleur. Dans la Chiva Colombiana (*), l’existence est mise à nu par la hardiesse des contours et l’éclat de couleurs primaires ravigotant les sombres décors de certaines planches. Mieux que d’y croire, on y est. »
Fati Kabuika, président de l’association des bédéistes congolais (Kin Label), figurait parmi les invités du dernier Festival d’Angoulême. Il a pu y faire connaître et dédicacer ses albums, et évoquer lors d’une conférence l’état de la bande dessinée en Afrique. « Dans les années 70, la BD, et même la lecture en général, n’était pas la chose la plus répandue au Congo. »
Son premier éditeur, les Enfants rouges, le met sur la piste des résidences à Blois où il est installé depuis le 8 janvier. « Paris est une très belle ville, mais… Blois, c’est calme, propre, l’image de l’Europe qu’on imagine quand on est Africain. »
Amateur de JD Pendanx, il a en main le tome I paru chez Toom-Comics de La vie d’Andolo. « J’ai été très influencé par Hergé. Andolo est un jeune homme qui vient d’avoir son bac. Comme Tintin a Milou, lui, il a Kili Kili ! Le chien porte des messages, il fait partie de l’action. C’est l’ambassadeur de cette aventure romantique. »Dans son art de créer postures dynamiques, jeux d’ombres et de lumières, on comprend pourquoi Fati a intégré les Beaux-Arts dès l’âge de 14 ans… Fati est son propre coloriste. Quand l’album débute, on découvre l’amour inconditionnel que se portent les lycéens Andolo et Ioanna. Quand on dit à cette dernière qu’elle est blanche, elle réagit avec humeur : « Je suis Congolo-Roumaine, s’il vous plaît !
– Il paraît que vous, les Roumains, êtes forts en gymnastique » commente un de ses camarades. « Et en dictature ! » persifle un autre ! Le moment de souligner la collaboration exemplaire avec le scénariste Christophe Edimo, Franco-Camerounais depuis longtemps en France.
On imagine que des éléments extérieurs vont perturber la romance des jouvenceaux. A commencer par le trafiquant Ya Tchoubou ! Il tue tous les chiens qu’il peut, et les revend comme du boeuf ! En attendant, Fati profite de sa résidence pour préparer son tome II, toujours aussi dépaysant. Il s’appellera, peut-être, La Chanteuse !
Rencontre le 22 février, à 18 h 30, à la Maison de la BD. (*) La Chiva – autobus aux couleurs criardes brinquebalant en Colombie – voyage au milieu du racisme, de la pauvreté, des narcotrafiquants.
Par Alain Vidart - Source de l'article La Nouvelle République
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