Mêlant humour et tragédie, le 1er hors-série du collectif Lab 619 ” Migration ” est le fruit d’une la résidence artistique ‘BD Art d’Asile’ organisée du 26 octobre au 2 novembre 2016 à Tunis au siège de la fondation Rosa Luxemburg Stiftung – North Africa.
En collaboration avec la fondation allemande ” Rosa Luxemburg ” , la résidence a regroupé des artistes de Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Egypte, Liban, Syrie et de la Palestine.
Ainsi, les histoires racontées dans ce numéro sont inspirées des témoignages de migrants subsahariens vivant en Tunisie et rencontrés pendant la résidence. Les dessinateurs ont aussi rencontré, à cette occasion, des étudiants et des travailleurs africains appartenant à l’Association Maliennes des Etudiants et Stagiaires en Tunisie (AMEST). A ce sujet, Abir Gasmi scénariste indépendante et coordinatrice du Lab 619 a expliqué à l’agence TAP, lors de la cérémonie organisée, samedi, au siège de la Fondation Rosa Luxemburg Stiftung – North Africa, que cette démarche a permis aux dessinateurs de mieux comprendre et saisir les difficultés quotidiennes des migrants vivant en Tunisie.
Les récits de migrants relayés par les médias et par les organisations internationales comme ” Avocats sans Frontières ” et ” Médecins sans Frontières ” ont été aussi une source d’inspiration, a souligné Abir Gasmi en affirmant que le thème de la ” migration ” a interpellé plusieurs dessinateurs en les mettant face à leur propre situation de migrant à l’exemple de la dessinatrice palestinienne Somer Salem née à Damas (Syrie) et qui se trouve aujourd’hui réfugiée en Algérie .
“Migration ” regroupe 11 histoires où les artistes lancent un regard critique vis-à-vis des attitudes et des comportements de leurs sociétés à l’égard des immigrés pointant ainsi du doigt le racisme, l’exclusion et la maltraitance dont souffrent en particulier les migrants subsahariens. Les bandes dessinées sont aussi une occasion pour parler d’une manière poétique et mélancolique des causes de la migration relatives à la guerre, la famine et à la détresse économique.
Interpeller le lecteur avec satire et allégorie en abordant le racisme et la maltraitance policières dont souffrent les migrants subsahariens, tel est l’objectif de l’illustrateur algérien Salim Zerrouki dans sa bande dessinée ” la vie en rose “. L’histoire raconte les périples douaniers d’un flamant noir qui décide de passer l’hiver en Tunisie pendant la période migratoire. En raison de sa couleur, les douaniers lui ont refusé l’entrée au territoire tunisien en le traitant de corbeau. A l’image d’un documentaire ou d’un reportage télévisé, la bande dessinée ” Une vie en suspens ” du libanais Barrack Rima relate l’histoire des réfugiés du camp de Choucha et leurs situations précaires en Tunisie.
Dans ” J’ai fuis l’enfer ” de l’algérien Said Ali Dhaker ou dans ” le dernier Voyage ” de l’algérien Kamel Zakkour et la tunisienne Abir Gasmi, les illustrateurs abordent la thématique de la perte : la perte d’une patrie à cause d’une guerre ou la perte des êtres chers au cours d’un voyage périlleux dans le Sahara.
D’une manière détournée et ludique, ” Migration ” interpelle et bascule le lecteur dans son humanité en l’invitant de sortir de sa zone de confort et de se projeter dans la situation d’un réfugié, une situation, où dans l’ère de la mondialisation et de la crise économique, peut arriver à chacun.
Lancé depuis 2013, le collectif Lab 619 est un collectif indépendant ouvert aux dessinateurs et scénaristes passionnés de bande dessinés expérimentales. Les bandes dessinés sont destinées aux adultes et traitent les problèmes sociétaux d’une manière humoristique et ludique. Depuis sa création, le collectif a publié 7 numéros. Le hors -série ” Migration “, est le second numéro d’une trilogie de la série de 7 numéros intitulé ” Frontières ” qui sera suivie par un huitième numéro intitulé ” identité “qui paraitra au mois de décembre 2017.
Source de l'article Webmanagercenter
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