La réalisatrice irakienne compte présenter son court métrage de 10 minutes au Festival international du film de Dubaï, en décembre.
Dans la tradition des «Mille et Une Nuits», Fourat al-Jamil met les dernières touches à un dessin animé en 3D pour redonner vie à un personnage folklorique irakien en passe d'être oublié. La réalisatrice irakienne compte présenter son court métrage de 10 minutes, La nuit de Bagdad, au Festival international du film de Dubaï, en décembre. Le dessin animé raconte l'histoire d'une saâloua, mi-sorcière, mi-démon.
Ce personnage tiré du folklore irakien, également connu dans certains pays du Golfe, fait une brève apparition dans les contes des Mille et Une Nuits. Les parents irakiens, par le passé, faisaient peur aux enfants désobéissants en évoquant la saâloua, comme une sorte de Père Fouettard. Mais dans l'Irak, secoué par deux décennies de dictature et une décennie de violences, cette histoire risque de tomber dans l'oubli, comme des pans entiers de l'histoire et la culture du pays. «Je pense que la plupart des Irakiens l'ont oubliée, mais quand je mentionne ce personnage, ils s'en souviennent, sourient, et sont contents de se rappeler leur enfance», dit Mme Jamil, née à Baghdad de parents irakien et allemand. Elle espère que son film sur lequel elle travaille depuis deux ans va raviver la tradition orale et apporter une nouvelle vie à ce personnage de légende. L'histoire se passe de nos jours dans les vieilles rues de Baghdad où un chauffeur de taxi tombe sous le charme fatal d'une saâloua.
La saâloua apparaît sous nombre de formes différentes à travers l'Irak, mais celle que la réalisatrice vise à recréer lui a été transmise par son grand-père qui affirmait qu'il avait suivi une saâloua jusque dans un cimetière. Il s'agit d'une version urbaine de la légende, dans laquelle la saâloua séduit les hommes et les réduit en esclavage éternel. «Baghdad joue un rôle très important. Le personnage de la saâloua fait partie de la ville», dit Mme Jamil. Elle affirme avoir voulu tourner «un film sur Baghdad qui soit un conte de fées, plutôt qu'une histoire déprimante ou une histoire de guerre».
Les difficultés techniques pour la réalisation du film sont toutefois de taille. Ne disposant que d'un maigre budget de 135.000 euros, elle et son équipe doivent travailler sur des vieux ordinateurs et s'accommoder des coupures d'électricité quotidiennes. Et dans un pays où nombre de jeunes gens bénéficiant d'une bonne éducation recherchent avant tout un travail à l'étranger, il lui a fallu se battre pour maintenir une équipe technique capable de mener son projet à bien. Zaydoun Hussein est responsable de la bande son qui comprend des effets acoustiques évoquant Baghdad, et une version du Clair de lune de Debussy jouée sur des instruments de musique traditionnels irakiens. Ghaith Chawqi et Haidar Abdoulrahim sont responsables graphiques. Ils ont adapté de vieilles photos de la grand-mère de Mme Jamil pour représenter la saâloua, et recréer laborieusement les rues anciennes de Baghdad. M.Chawqi explique que ses ordinateurs prennent parfois des semaines pour rendre les images d'animation en 3D dont il a besoin. «L'électricité est un gros problème.
Les coupures font que nous sommes parfois obligés de recommencer à partir de zéro de gros dossiers informatiques», dit-il. Le financement est également chaotique. Au départ, Mme Jamil a produit elle-même le film y investissant ses propres économies. Mais au fur et à mesure, elle a reçu des subventions de plusieurs fondations, dont Enjaaz, liée au marché du film de Dubaï. Le ministère irakien de la Culture a également promis une aide financière.
Source de l'article l'Expressiondz
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