Les manifestations artistiques dédiées à l’animation ont, désormais, le vent en poupe au Maroc. Ce genre est en phase de voler la vedette au septième art. Et les pinceaux des dessinateurs s’y affûtent au grand bonheur d’un public grandissant.
Le temps d’un festival organisé par l’association « Animaroc », Casablanca a succombé aux pinceaux et effets animés de divers artistes en provenance des quatre coins du monde. Pendant huit jours, l’Ukraine, la Belgique, les Pays-Bas, Taiwan et la Chine ont été représentés par des férus de l’image itinérante. Ce fut lors de la quatrième édition du Festival Casanim, qui s’est récemment déroulé à la Villa des arts de la grande métropole marocaine et qui a pris d’assaut plusieurs centres culturels de la ville.
Au menu de ce rendez-vous, il a été question de divers ateliers, conférences, projections et expositions, dédiés au 75e anniversaire du journal de Spirou. Pourquoi Spirou, ce personnage emblématique de la bande dessinée européenne, précisément ?
Tout simplement parce que Casanim a souhaité, pour sa quatrième édition, rendre un hommage à la délégation Wallonie-Bruxelles à Rabat, en guise de reconnaissance de son engagement à assister l’animation cinématographique au Maroc et ce, tout au long de la dernière décennie.
Les séquences d’animation sont devenues indissociables des feuilletons et films marocains.
Cette édition a prouvé que ce pays du globe ne lésine pas sur les moyens pour briller dans l’art animé. En effet, il y a à peine un an, la troisième édition de Casanim a tenu en haleine tous ceux qui croient encore en l’existence du cinéma d’animation à l’ère du tout-cliquable, et a renforcé les efforts fournis par les éditions précédentes.
Pour le réalisateur et artiste animateur belge Gabriel Jaquel, « les temps sont encore au cinéma d’animation. Le progrès technologique ne pourra aucunement enfanter un art qui en remplacerait d’autres. Bien au contraire, la technologie est d’une assistance visiblement tangible pour ce qui concerne le triomphe de ce genre de cinéma ». Et d’ajouter : « Il n’existe aucune différence palpable entre le jeune public marocain et celui européen quant à l’engouement pour les films d’animation. Partout dans le monde, le cinéma d’animation n’est pas l’apanage des juniors ».
Cette quatrième édition de Casanim a mis en lumière l’ébullition de l’animation à Casablanca, donnant la parole à tous les professionnels marocains de cet art à la fois narratif et plastique. Les amateurs (jeunes et moins jeunes) ne sont pas exclus. « Nous envisageons de promouvoir le film d’animation marocain au niveau national et international », témoigne l’artiste graphiste marocaine Aïcha Hafidi.
Décidément, puisque les moyens et l’intérêt sont au rendez-vous, le cinéma d’animation permet à ses concepteurs et producteurs de se frayer un chemin certain et de s’offrir une belle place sous le soleil. De plus, à quelques détails près, les ingrédients nécessaires pour la création d’un film d’animation en deux ou trois dimensions ressemblent à ceux du film « réel ». Du scénario, à la musique, en passant par le décor … nous en serions à dire qu’il ne manquerait plus que certaines têtes d’affiche !
Les séquences d’animation sont devenues indissociables des feuilletons et films marocains.
Cependant, il y a lieu de s’interroger sur l’avenir de ce genre de films au Maroc. Sachant qu’il existe des filières dédiées à l’animation dans les écoles marocaines, force est de constater que les chaînes nationales exposent, à longueur de journée, des spots publicitaires en deux ou trois dimensions, entièrement réalisés par des concepteurs et animateurs marocains. De même, les séquences d’animation sont devenues indissociables des feuilletons et films cinématographiques marocains.
Seulement voilà, à l’instar du public égyptien, les Marocains préfèrent largement les films d’animation en provenance du pays de l’Oncle Sam, souvent doublés en arabe marocain ou en français.
En d’autres termes, malgré sa grande évolution en la matière, le Maroc ne pourra pas encore se déclarer concurrent à l’échelle internationale.
Par Houda Belabd - Source de l'article Al Ahram
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