L’andalou, diplômé en design graphique de l’Ecole supérieures des beaux-arts d'Alger (ESBA), auteur de E=MCA, recueil de bandes dessinées et dessins de presse paru aux éditions Dalimen, raconte, dans cet entretien, son parcours.
Liberté : Pourquoi l’Andalou ? Et pourquoi est-il masqué ?
Liberté : Pourquoi l’Andalou ? Et pourquoi est-il masqué ?
L’Andalou : L’Andalou vient d’une lointaine Andalousie… perdue et gâchée par notre soif de pouvoir, une Andalousie où régnaient la science, la littérature, la poésie, l’art, la tolérance… une utopie entre les religions, qui a été conquise par les Amazighs. Et à une certaine période, les hommes étaient masqués avec des chèches, c’était un signe de noblesse à l’époque… Mais moi c’est surtout par timidité (rire). En vérité, avoir un tel pseudo c’est pour inciter les gens à s’intéresser à mon travail plutôt qu’à ma personne, rester anonyme pour moi est une façon de rester libre.
Comment étaient vos débuts ?
Comment étaient vos débuts ?
Dans le monde de la presse, je n’ai qu’un an pile avec El Watan week-end, mais j’ai commencé à dessiner depuis bien longtemps. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai opté pour l’école supérieure des beaux-arts d’Alger, 5 années passées en design graphique m’ont poussé à m’intéresser de plus près à ce monde, et si j’ai appris quoi que ce soit d’utile c’est grâce à des efforts personnels et à des recherches acharnées dans les livres et sur internet, seulement il me reste beaucoup à apprendre…
Il y a peut-être un début mais je ne pense pas que ça a une fin. De toute façon, je suis toujours insatisfait de mon travail, je suis certain qu’un artiste satisfait de son travail est un artiste éteint, sauf qu’il ne le sait pas.
D'où tirez-vous votre inspiration ?
Il y a peut-être un début mais je ne pense pas que ça a une fin. De toute façon, je suis toujours insatisfait de mon travail, je suis certain qu’un artiste satisfait de son travail est un artiste éteint, sauf qu’il ne le sait pas.
D'où tirez-vous votre inspiration ?
Il suffit de vivre tout simplement à Alger pour être inspiré, le mode d’emploi est très simple ; on a qu’à sortir de chez soi pour rencontrer certaines blagues en forme humaine, si je me sens à l’aise à l’intérieur des cafés caverneux de cow-boys dans les quartiers populaires algérois, et que j’ai la même aisance dans les endroits branchés, c’est que… oui, c’est une expérience personnelle ! On est un peuple à la fois burlesque et tragique… Rien de mieux pour être inspiré.
Que voulez-vous en réalité véhiculer comme message à travers vos dessins?
J’ai plutôt des dessins avec une moralité dans la presse et la BD en général, ce que j’estime être juste je le dessine espérant que ça pourrait faire réfléchir des esprits rétrogrades ou d’autres idiots qui vénèrent la pensée unique et qui ont une peur innée de la liberté d’expression et de la différence.
Vous avez bien fait de dire «en réalité » dans votre question, car il y a beaucoup de gens qui prennent mes dessins aux premiers degrés, et essayent tout de suite de me caser dans une catégorie… mais hélas, ils se sentent déroutés après.
Dans vos dessins c'est toujours la femme qui triomphe, pourquoi ce choix ?
Ah bon ? Je vous avoue que moi-même je n’ai pas remarqué ça (rire) ! C’est vrai qu’il y a souvent des femmes qui triomphent dans mes histoires, mais détrompez-vous elles ne triomphent pas contre les hommes, peut-être contre les imbéciles, oui… J’ai un respect indéfini pour les femmes intelligentes et dignes, et je trouve les femmes algériennes très drôles, elles ont un sens de l’humour très singulier. Or je ressens du mépris pour les féministes hystériques pseudos cultivées qui stigmatisent l’homme algérien sans penser à salir son image à l’extérieur, lavons notre linge sale entre –nous, c’est tout ! Donc vous devinez bien quelle catégorie de femmes je mets en valeur.
Vous êtes plus à l'aise dans les BD ou les dessins de presse ?
Je m’adapte facilement dans les deux arts, sauf que dans la BD ça prend beaucoup plus de temps et de réflexion, je ne m’en plains pas, car c’est ce qui fait le charme du 9e art !
Revenons-en à votre album « E=MCA », qui annonce votre premier album, par le titre vous faites un clin d’œil à la théorie d'Einstein…
Oui celle d’Einstein est bien connue, la fameuse équation émanant de la théorie de la relativité E=MC2, par contre ma théorie est connue par une élite mais inavouable par la masse, qui en vérité existe depuis des années, elle est à la fois politique et inavouable par beaucoup de personnes, le fait d’en parler dans notre société c’est comme parler de la mort, personne ne veut vraiment vous écouter, je l’ai nommée la théorie du vide, c’est simple suivez-moi :
La relation E=MCA exprime l'équivalence entre la masse et l'énergie. Si on multiplie la masse M d'un corps par la constante physique C (qui représente par ailleurs la vitesse de la lumière dans le “vide”), et on lui ajoute un A, alors on obtient une énergie ! L’énergie de toute une jeunesse algérienne.
Cela nous donne comme par hasard le nom de l’équipe algérienne de football MCA, et comme par enchantement en remplaçant le MC2 par MCA, la relation entre masse et énergie dans le vide devient on ne peut plus claire… pour celui qui veut !
Si toute cette énergie était dépensée dans la science la littérature et les arts, comme l’ont fait nos ancêtres en Andalousie berbéro-arabo-musulmane, on obtiendrait des résultats positifs dans tous les domaines scientifiques et artistiques... Et en toute logique le foot suivra ! Et ainsi on pourra gagner plusieurs coupes du monde le doigt dans le nez, prenons exemple du pays natal de l’inventeur de E=MC2.
J’ai toujours été sportif, et pourtant je ne comprends toujours pas cet amour exagéré pour le football en Algérie ! Le foot n’est qu’un sport où l’algérien doit entretenir son corps, et au mieux participer à des matchs intercontinentaux pour gagner ou perdre avec fair play. Mais de nos jours il n’y a que les esprits honnêtes qui avouent que ce sport particulièrement est devenu un opium… une nouvelle religion ! J’ai vraiment cru que la terre avait tremblé lorsqu’on a été sélectionné pour le mondial, et si au moins on l’avait gagné ce mondial ! Et puis l’histoire du pont aérien vers le Soudan pour se payer des égyptiens, le tout encouragé par les deux présidents ! J’hallucine ! Au lieu d’appeler à la sagesse et l’apaisement des cœurs… Tant d’énergie dans le vide ! Qu’avons-nous gagné ?
Au sujet de MCA je n’ai rien contre cette équipe, c’est simplement l’équipe où il y a le plus de monde, et surtout parce qu’elle contient les deux premières lettres de la théorie d’Einstein, car ceci est valable pour toutes nos équipes. Alors Chnawa calmez-vous mes frères, accepter cette réalité ne nous feras qu’avancer et nous élever tous plus haut.
Enfin, E=MCA n’est qu’un titre générique, mon album est un recueil expérimental de dessins de presse et de bandes dessinées.
Vous avez un style particulier, très coloré. Pourquoi ce choix des couleurs ?
Je trouve vos questions très pertinentes, c’est presque de la psychologie (rire). Vous savez, j’ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère, depuis mon enfance elle ne portait que des robes très colorées avec des ornements typiquement berbères et des couleurs chaudes, qui en quelque sorte représentent pour moi la gaieté et l’ambiance… Donc il est fort possible qu’en partie, inconsciemment, ces couleurs ont façonné ma vision des choses.
Mahfoud Aïder a préfacé votre album E=MCA. Pourquoi lui ?
Mahfoud Aïder a préfacé votre album E=MCA. Pourquoi lui ?
Mahfoud Aïder est un personnage unique dans son genre ! Ça, je peux vous le certifier, je vous défie d’ailleurs de tenir 5 minutes en sa présence sans piquer un fou rire. C’est l’un des pionniers de la BD algérienne et le fondateur du journal satirique El-Menchar. J’ai grandi avec les BD de Aïder, que je lisais comme un assoiffé ; Les aventures de Sindbad El-Harrag par exemple, mais c’est surtout Les mésaventures du Djinn Pharaon, un djinn demi-taré qui sort d’une boîte de chique ! Mais alors j’ai bien rigolé moi ! Les dessins étaient de Ryad et le scénario de Aïder. Vous savez, être préfacé par une personne dont j’étais fan étant petit… est quelque part pour moi un accomplissement, une complétude, et surtout une façon de lui rendre hommage.
Quels sont vos rêves les plus chers pour votre carrière artistique ?
C’est d’être bien rémunéré, d’abord (rire) et puis la reconnaissance envers mon travail, pas envers ma personne, comme je l’ai dis auparavant, je m’en fiche d’être célèbre en tant que personne, c’est mon travail qui compte, c’est l’ultime complétude.
Par : Imène AMOKRANE - Source Liberté Algérie
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