A l’occasion des 10 ans du Lyon BD Festival, la Mairie du 2e présente l’exposition « 50 ans de la BD algérienne » : un demi-siècle de création BD très marqué par l’histoire de ce pays bouillonnant.
Vernissage le 9 Juin à 18h30 en présence des auteurs et illustrateurs. Exposition du 9 juin au 13 juillet.Salle Camille Georges, entrée libre.
Dans les années cinquante, les jeunes Algériens découvrent la bande dessinée à travers les petits albums européens de l’époque. Leurs héros, Akim, Miki le Ranger, Zembla, Mandrake le Magicien et tant d’autres, les passionnent. Quand Blek le Roc naît en 1954, la guerre débute et le trappeur américain d’origine bretonne dessiné par des Italiens devient l’incarnation juvénile des combattants de la libération.
Naissance et désillusions : C’est parmi ces dizaines de milliers de lecteurs que sortiront, après l’indépendance du pays en 1962, les premiers dessinateurs de BD algériens. La première bande dessinée, «Naâr, une sirène à Sidi-Ferruch», voit le jour en 1967. C’est le début d’une belle aventure dans laquelle s’engagent les précurseurs du neuvième art national avec ardeur. Leur mobilisation débouche en 1969 sur la première revue de BD, «M’Quidèch» qui leur sert à la fois de tremplin et d’école. Tirée en arabe et en français, son succès est phénoménal. On se l’arrache dans les kiosques, on se la prête jusqu’à l’usure. Mais, en 1974, la société publique qui la finance, décide d’interrompre cette expérience qui gêne par son ton et ses audaces. De nombreuses publications naissent et meurent aussitôt. Les premiers bédéistes algériens se trouvent livrés à eux-mêmes, leurs espoirs évanouis.
Nouvelles illusions et désillusions : Au milieu des années ‘80, avec le soutien d’une commune proche d’Alger, Bordj El Kiffan (ex-Fort-de-l’Eau) ils créent un Festival international de la BD réalisé avec des moyens de fortune. Les trois éditions de cette manifestation reçoivent le soutien de grands noms du 9e art dans le monde. Mais, faute de moyens, alors que la crise pétrolière frappe durement l’Algérie, le festival est arrêté. Une autre phase d’errance commence. Après les émeutes d’octobre 1988, une nouvelle Constitution est adoptée, ouvrant la voie à la liberté d’expression et au pluralisme politique. Des partis voient le jour, des journaux indépendants sont créés et les bédéistes organisent en 1989, à Alger, le premier Festival Méditerranéen de la BD. La manifestation est censée caboter sur les rivages de la Méditerranée. Mais ce sera sa première et dernière édition.
De l'effusion à l'explosion : L’ouverture démocratique entraîne un foisonnement artistique. Mais les contradictions de cette nouvelle conjoncture mettent à jour des conflits qui déboucheront sur la tragédie nationale des années ‘90. Le neuvième art algérien se mobilise pour défendre la démocratie. Le dessin de presse prend alors une dimension extraordinaire. La première revue satirique «Manchar» (La Scie) naît alors, regroupant les précurseurs de la BD et de nouveaux dessinateurs. Le terrorisme islamiste se déploie, causant d’immenses pertes humaines et matérielles. Le 9e art est frappé à travers l’assassinat de Saïd Mekbel, Brahim Guerroui et Mohamed Dorbane. Plusieurs dessinateurs menacés doivent se cacher ou prendre les chemins de l’exil.Ils ne cessent pourtant pas de créer, publiant leurs dessins dans les journaux indépendants ou organisant des expositions à l’étranger.
De la confusion à l'éclosion : Au début des années 2000, l’Algérie commence à panser ses plaies. La sérénité s’installe peu à peu. La vie reprend ses droits en dépit de difficultés diverses. C’est le début d’une effervescence culturelle. En octobre 2008, a eu lieu la première édition du Festival international de la bande dessinée d’Alger, le FIBDA. En cinq éditions, il est parvenu à ouvrir le pays à la bande dessinée internationale en invitant des créateurs du monde entier. Il a surtout remobilisé les précurseurs du 9e art algérien tout en engageant un programme de formation en direction des jeunes talents. Désormais, deux générations de bédéistes et de dessinateurs de presse travaillent en Algérie. La dynamique s’étend à l’édition. Des revues naissent et des albums paraissent. Les professionnels étrangers du neuvième art en visite en Algérie en attestent aujourd’hui.
Des auteurs et une exposition à Lyon
En partenariat avec L'AARC, la bande dessinée algérienne à l'honneur au 10e festival de BD de Lyon.
Après Angoulême, Montréal et aujourd'hui Lyon, l'Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel (AARC) accompagne le FIBDA à l'international.
Le programme ci-dessous :
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