mardi 29 mars 2016

Saad Chlyeh: "Au Maroc, l'animation 3D se limite encore à la publicité aujourd'hui"


CONFITURE AICHA

Comment se porte le marché de l'animation 3D au Maroc? Est-il aujourd'hui concurrentiel? En marge du Festival international de cinéma d'animation de Meknès (Ficam), rencontre avec Saad Chlyeh, fondateur de Pix and Love, agence spécialisée dans l'animation 3D.

HuffPost Maroc: Pourquoi le marché de la 3D est toujours confidentiel au Maroc?

Saad Chlyeh: L'animation 3D est un secteur encore très restreint parce qu'il se limite au domaine de la publicité. Ceci pour différentes raisons: les coûts de fabrication élevés le rendent inaccessible pour les autres budgets de production marocaine tels que le cinéma ou les séries télé. Le manque d'écoles de formation spécialisées en animation y est également pour quelque chose.

Se rajoute à cela un manque de culture de l'image dans le pays. Des choses que nous espérons voir changer dans l'avenir avec des initiatives comme celle du FICAM, où des spécialistes de tous les horizons viennent à la rencontre des professionnels et artistes locaux. En plus des compétitions de courts métrages qui permettent de dénicher des jeunes profils talentueux.

Peut-on dire que le marché de la 3D au Maroc est concurrentiel?

Le marché de la publicité est concentré sur Casablanca surtout. Certaines grosses boîtes de production aiment s'accaparer le marché et appliquer un politique concurrentielle très agressive. Mais d'autres boîtes tout aussi grandes sont heureusement beaucoup plus ouvertes à la collaboration et n’hésitent pas à faire participer d'autres entreprises dans leurs projets.

Vous qui deviez être ingénieur informatique, comment vous êtes-vous retrouvé à faire de l'animation?

Au départ, je ne savais pas que je pouvais faire ce métier. Je me suis inscrit dans une école d'ingénieurs en informatique parce que j'étais un peu perdu. Quand je suis arrivé en école d’ingénierie, j'ai compris tout de suite que ce n'était pas fait pour moi. J'ai fait demi-tour et je suis allé chez le directeur pour lui dire que j'abandonnais la formation. Juste après, je suis parti m'inscrire dans une école de graphisme dans le but de devenir illustrateur professionnel car je suis un mordu du dessin. Ce n'est qu'en cours de parcours que je me suis dirigé vers l'animation où j'ai commencé à apprendre en autodidacte. Mon parcours n'a été qu'une succession de hasards.

Vous avez fait vos premiers pas à Sigma avant de lancer votre propre boîte...

Après avoir été formé dans une école d'art graphique, j'ai travaillé chez Sigma Technologies de 2001 jusqu'à 2009. J'y ai donc rencontré Philipe Recalt, qui a été le précurseur de la 3D au Maroc. Il m'a pris sous son aile à l'époque comme stagiaire et m'a formé ainsi que toute une génération d'artistes 3D de l'époque.

En 2009, j'ai co-fondé Mammoth Studio, une boîte spécialisée dans le domaine de la post-production et de l’animation 3D avec Mohamed Slaoui.

J'y ai travaillé en tant que Superviseur VFX jusqu'à l'année dernière. En janvier, j'ai créé ma propre entreprise Pix and love, dans l'optique de constituer, avec d'autres entités comme la mienne, un collectif d'artistes compétents dans le domaine. Je me suis fait un réseau de collaborateurs avec qui je travaille souvent et ça fonctionne plutôt bien.

Qu'est ce qui vous plaît dans l'animation, justement?

Le cinéma me plaît énormément. Étant donné que je suis toujours resté au Maroc, je n'ai pas pu travailler dans ce domaine-là. Si j'étais parti à l'étranger, j'aurais peut-être pu travailler dans de grandes productions cinématographiques. J'ai beaucoup d'amis qui ont franchi ce cap. Pour ma part, je tiens à rester au Maroc, me battre ici.

J'ai aussi adoré enseigner. Pendant des années, j'ai formé des jeunes de l'Ecole technique d'arts appliqués (ETAP) à la 3D. C'est gratifiant de voir les jeunes que tu formes travailler dans le milieu par la suite. 

Par Zaïnab Aboulfaraj - Source de l'article Huffpostmaghreb

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