jeudi 21 mars 2013

«Le cinéma d’animation au Maroc a surtout besoin de formation»

Beyoud
Mohamed Beyoud, Directeur artistique du Festival
international du film d’animation de Meknès
 
Les ÉCO : Quelles sont les nouveautés de la 12e édition du Festival international du film d’animation de Meknès ?

Mohamed Beyoud : La première grande nouveauté est la thématique que nous consacrons au cinéma d’animation belge grâce à notre partenariat avec la délégation de la Wallonie-Bruxelles à Rabat. Nous accueillons ainsi de grandes personnalités de l’animation belge : Raoul Servais, réalisateur de renom, Vincent Patar et Stéphane Aubier, reconnus pour leur immense talent et leur humour décalé, Jung, auteur de BD et réalisateur du remarquable «Couleur de peau : miel» et enfin Vincent Gilot, responsable de l’option cinéma d’animation à la prestigieuse école d’art belge «la Cambre». Nous recevons également Peter Lord et pour nous c’est une fierté, lequel présentera les coulisses de la fabrication de son dernier long-métrage : «Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout» (nominé aux Oscars 2013). Peter Lord est le cofondateur des studios Aardman (Wallace et Gromit, Chicken run, Shaun the sheep). Ce dernier présentera à Meknès les marionnettes du son film, ce qui constitue un véritable évènement pour les amoureux du cinéma d’animation. Nous avons également et pour la première fois une librairie FICAM qui permet au public d’acquérir des DVD ainsi que des ouvrages en lien avec le cinéma d’animation et la possibilité de les faire dédicacer par les auteurs et réalisateurs invités. FICAM comporte aussi un volet formation. Nous comptons parmi nos partenaires Canal France international (CFI) et son projet Maarifa qui consiste à accompagner de jeunes réalisateurs arabes du pourtour méditerranéen, dont deux sont issus de nos ateliers de formation : Amine Beckoury et Aziz Oumoussa.

Comment sélectionnez-vous les films en lice ?
Personnellement, je me déplace dans les festivals internationaux et notamment celui d’Annecy qui est le plus grand festival de film d’animation au monde. Je m’y rends tous les ans. J’ai eu la chance de découvrir «Ernest et Célestine» (César 2013 du film d’animation) à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Pour ce qui est de la compétition internationale du court-métrage d’animation, nous avons reçu 200 films d’animation que nous avons soumis à un jury de présélection qui en a choisi une quarantaine, lesquels seront présentés pendant le festival. Nous nous appuyons également sur un réseau international de professionnels de l’animation qui nous permettent de coller à l’actualité de l’animation internationale.

Le cinéma d’animation a-t-il un public ? Une demande ?
Oui, bien sûr. Nous attendons plus de 7.000 enfants qui assisteront aux projections scolaires. Nous leur proposons des programmes de courts et de longs-métrages adaptés avec la possibilité d’une exploitation pédagogique en classe. Nous avons des séances familiales en soirée et pendant le week-end. Nous accueillons des étudiants de tout le Maroc qui se déplacent à Meknès. Des étudiants d’écoles d’art nous rendent visite en voyages organisés. Si nous avons une programmation pointue, comme la compétition internationale du court-métrage d’animation, les cartes blanches, les Masters Class, c’est que nous savons qu’il y a un public en face.

Comment se porte le cinéma d'animation au Maroc ?
Le cinéma d’animation au Maroc a besoin surtout de formation. Les jeunes artistes marocains, de notre point de vue, ont besoin de se former à l’écriture scénaristique et de s’ouvrir sur d’autres formes du cinéma d’animation universel en dehors des standards commerciaux. FICAM représente une belle occasion pour ces jeunes de se confronter à des artistes chevronnés mais aussi à des professionnels : producteurs, story-boarders, responsables de studios qui peuvent les aider en matière de montage de dossiers et demandes de financement auprès des chaînes de télévision par exemple.

Comment est né ce festival et pourquoi avoir choisi la ville de Meknès ?
C’est Meknès qui a choisi ce festival et l’a adopté. Nous aimons cette ville, ses remparts, ses greniers du Sultan Moulay Ismaïl, son patrimoine architectural moderne et son public. Vous savez, les plus grands festivals en France ne sont pas à Paris. Je peux vous citer des exemples comme le festival d’Avignon ou les Francofolies de la Rochelle. Le FICAM a de l’impact dans une ville comme Meknès. Nous programmons des projections et des rencontres dans plusieurs endroits entre la ville nouvelle et la médina, avec une grande facilité de déplacement. Nous sommes, de plus, très soutenus par les autorités et les institutions de la ville : La wilaya de la Région Meknès-Tafilalet, la Commune urbaine de Meknès, la direction régionale de la culture de la région Meknès-Tafilalet et la délégation de la jeunesse et des sports. Enfin, autre argument de taille parmi tant d’autres, Les conserves de Meknès-Aïcha, coorganisateur du FICAM avec l’Institut français de la ville, est à Meknès. Pourquoi donc aller ailleurs ?
Source de l'article Leseco

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