Samedi dernier s'est achevée dans la sobriété et la détermination la première édition de l'International festival du film d'animation d'Alger qui s'est tenu à Riadh El Feth du 8 au 11 janvier.
Un événement qui a drainé une affluence appréciable d'un public fort curieux composé, entre autres, de familles, connaisseurs, mais aussi des professionnels algériens et étrangers, dont Djilali Beskri de la boîte Dynamic Art Vision, un des organisateurs de cet événement, mais aussi des invités arabes, africains et européens à l'instar de Sylvie Porte du Forum de l'image de France, Alexis Hunot, Vincent Gillot et Denis Chapon, les encadreurs d'un workshop de film d'animation sans oublier les conférenciers spécialistes dans ce domaine, à savoir le Burkinabé Boureima Nabaloum et Mohamed Ghazala de l'Egypte, responsable aussi de Assifa Film, un organisme lié au film animé dans les pays arabes et enfin le responsable de l'association Patrimoine, sans lequel cette louable initiative n'aurait jamais vu le jour en Algérie. Toufik Fadel est son nom. Il nous parle brièvement de ses sentiments et perspectives de par cette manifestation...
L'Expression: Vous avez déclaré tout à l'heure que vous avez réussi à convaincre les autorités. De quelle façon?
Toufik Fadel: De quelle façon, c'est-à-dire que pour la première fois la ministre de la Culture vient assister aux journées du film d'animation. Je crois que c'est une petite victoire. Elle ne venait pas avant. On a eu des professionnels, des étudiants, les gens des agences de communications, ceux qui ont réalisé des films étaient là aussi. Ils ont assisté à l'ouverture. Il y a des échos que la ministre va soutenir. D'ailleurs, ces journées-là sont placées sous le patronage et le soutien du ministère de la Culture. Ce qui ne s'est jamais fait. Là, c'est une petite victoire je pense. Arriver à la 6e année des Journées du film d'animation où y a plus ou moins de monde, alors qu'avant c'était le désert, c'est déjà pas mal. Avant, il n'y avait que des étudiants, des petits curieux sans plus. Aujourd'hui, on a accueilli pas mal de professionnels du métier. On a eu d'ailleurs les étudiants des universités d'Alger, la Télévision qui a couvert l'évènement. On a eu un plan média magnifique qu'on n'a jamais eu, excepté peut-être la presse écrite qui n'a pas tellement joué le jeu et qu'on n'a pas vu beaucoup, mais elle doit avoir ses raisons et obligations.
Etes-vous confiant quant à l'avenir de ces journées et, partant de l'animation en Algérie. Y a-t-il des projets concrets qui sont nés suite à cela?
Je suis très optimiste. D'ailleurs, en 2014 c'était de l'amusement d'abord. On était heureux de faire ce cinéma d'animation, de le produire et rendre visibles beaucoup d'Algériens, pour que cela puisse être un point de départ pour beaucoup d'Algériens qui aiment ce métier et qui aiment cet art.
L'Algérie a cumulé beaucoup de retard en ce sens tout de même...
Que voulez-vous? Il n'y a que l'association Patrimoine qui s'est penchée sur la question et cette problématique. En Algérie, on achète des dessins animés de l'étranger. C'est clair pour tout le monde. Nous, on a voulu y mettre un petit frein. On s'est dit pourquoi ne pas avoir des personnages algériens dans nos dessins animés? Arrêtons d'importer et d'acheter des dessins animés de l'étranger qui, non seulement coûtent tant pour l'économie algérienne, en plus les messages ne sont pas les mêmes. Il y a une question d'identité quand même à préserver. J'aimerai bien y voir dans nos dessins animés la place des Martyrs, une femme en hayek, un homme avec une chachia, la Kabylie avec ses beaux paysages etc. Là c'est une question de se réapproprier notre identité. Pourquoi recevoir des messages de Walt Disney? C'est bien beau. On s'est bien amusé, mais pour autant si on a le potentiel et le génie de créateurs qu'il faut, autant rentrer dans ce combat universel et montrer l'Algérie et ses particularités. C'est une question de préserver son identité. Nous, on a participé à des festivals en Belgique, en France, au Maroc, en Tunisie, en Afrique. C'est très bien, mais les travaux de nos jeunes Algériens n'ont rien à leur envier. Comme vous l'avez regardé dans les films projetés dans le cadre des Nuits arabes, l'Algérie et autres pays arabes produisent des dessins animés de très haut niveau, toute technique confondue. La magie existe aussi dans la tête des Algériens. Voilà ce qu'on voulait voir et faire voir. Au début, on a dit qu'on voulait être des montreurs de films. Maintenant, on voudrait montrer les films que produit l'Algérie.
Source de l'article l'Expression
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