Il est l'un des formateurs invités de l'International festival du film d'animation d'Alger. Il nous parle de son activité dans l'apprentissage de ce 8e art en Algérie.
L'Expression: Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter?
Vincent Gillot: Je suis professeur à l'Ecole nationale supérieure des arts visuels de Bruxelles et je viens ici animer un atelier autour des films d'animation en trois matinées. Donc on a fait d'abord une présentation de ce qu'est l'animation et aujourd'hui on a travaillé sur les cycles avec le système du praxinoscope qui est l'ancêtre du cinéma d'animation dans les jeux optiques et demain, on travaillera sans doute le papier découpé. Cela se passe avec les étudiants des Beaux-Arts et de l'Ismas. Je suis déjà venu il y a 5 ans à l'invitation de l'association Patrimoine. J'avais rencontré les étudiants des Beaux-Arts et il y a 4 ans, je suis venu faire un atelier avec les étudiants de l'Ismas.
Comment cela se passe concrètement dans cet atelier aujourd'hui?
Ce n'est pas un travail pointu sur la technique, c'est plutôt une immersion et de se rendre compte de ce qu'est l'animation et leur faire vivre par une création personnelle assez courte de 12 dessins qui forment une boucle temporelle avec le 13e dessin. Ils travaillent donc sur 12 dessins pour faire une boucle. Ils vivent de l'intérieur l'animation, c'est-à-dire ce qu'est l'espace qui est entre les dessins qui sont projetés les uns derrière les autres ce qui donne une illusion de mouvement.
En quoi consiste votre démarche de travail?
La démarche c'est de les confronter à cette magie lorsqu'on fait des dessins et qui se suivent et qu'on les projette après et ça fait quelque chose!
Vous revenez souvent donc. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur cette dynamique du film d'animation qui se créé autour en Algérie?
Je vois que tout a progressé en 5 ans. Je constate effectivement que des étudiants que j'avais vus ou des gens que j'avais déjà croisés il y a 5 ans ou il y a 4 ans continuent à venir et sont tous intéressés. Il y a de tas de petits projets qui naissent. Des gens qui commencent à travailler et puis il y a le studio de Djilali Beskri, qui lui, fait vraiment du très bon travail et donc on a vu la projection de son film Le Chasseur de l'antilope. On voit donc que l'Algérie a décollé dans le film d'animation, se l'approprie pour rendre des images qui lui appartiennent tout en apprenant la technique..
Votre travail s'installe sur la durée avec l'Algérie ou c'est juste épisodique?
C'est inscrit sur la durée, car on va essayer de monter un atelier d'été à l'Ismas peut-être. On va essayer de mettre cela en place, un atelier beaucoup plus professionnel sur 15 jours pour permettre à des étudiants de voir beaucoup de films d'animation et avoir des réponses à des questions qu'ils se posent. Etant des autodidactes, ils arrivent sur des impasses et donc c'est peut-être l'occasion de les aider à franchir des étapes et avoir des réponses à des problèmes particuliers.
Vous venez de Belgique, le pays du film d'Angoulême de la BD. Un autre monde. L'animation a-t-elle pris le pas sur la BD chez vous?
Il y a les deux. L'école où je suis de la Cambre, il y a les deux sections et la section de cinéma d'animation existe depuis 1958. Elle a plus de 50 ans et donc le film d'animation c'est un médium artistique vraiment ancré dans la création dans une école de type Beaux-Arts.
Pensez-vous que cet art puisse être accessible à tout le monde?
Il y a une part technique certes, mais qui est accessible surtout avec les technologies digitales d'aujourd'hui et le cinéma d'animation coûte peu cher avec un matériel que l'on trouve, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ans quand il fallait des caméras et de la pellicule.
Maintenant, avec un appareil photo digital, un ordinateur, on peut commencer à faire de l'animation. Dans le cadre de l'école où je suis, on développe une étude artistique de l'animation. On l'apprend comme un médium artistique à l'instar du dessin, la peinture, ou la BD. On ne forme pas des techniciens pour l'industrie.On essaye de former des artistes qui se servent de l'animation à exprimer des choses qui leur sont personnelles.
Vous pensez vraiment que cela aide à renforcer l'identité culturelle d'un pays?
Je pense que l'intérêt et l'avantage du cinéma d'animation en Belgique en tout cas à l'école de la Cambre qui est une école des Beaux-Arts (fondée en 1927 donc il y a très longtemps) c'est une école qui a toujours mis en avant l'avant-garde et le travail personnel de l'artiste et le cinéma d'animation permet de s'approprier dans les dessins, le scénario et les sons des choses culturelles qui sont propres de les développer et d'aller les exporter. C'est vrai, qu'il y a un cinéma d'animation qui est plus mondialisé, avec des standards tels mis en place par l'industrie américaine et japonaise, mais l'animation permet à des gens de s'approprier leur propre culture et de la mettre en scène à travers un film d'animation
Source de l'article l'Expression
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